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Existe-t-il un désir naturel de Dieu ?

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Suffit-il d’aimer ? Existe-t-il un désir « naturel » de Dieu ? A la veille de cette « année de la foi » et du synode romain sur la « nouvelle » évangélisation,  l’abbé Guillaume de Tanoüarn s’interroge sur le lien entre la foi et la charité, la connaissance et l’amour (extraits)

(…) Expertus potest credere quid sit Jesum diligere. "Seul celui qui en fait une expérience peut CROIRE ce que c'est qu'AIMER Dieu". Et plus précisément : ce que c'est qu'aimer Jésus fils de Dieu dit ici l'hymne du Saint Nom de Jésus. Si nous ne croyons pas, nous n'aimerons pas, nous ne pourrons jamais donner à l'amour toute son ampleur, vraiment surnaturelle et divine.

On a trop souvent cru que le désir de Dieu était seulement une question d'amour. On a répété, après Gilbert Cesbron, dans le grand b... mental des années Soixante : "Il suffit d'aimer". On voulait dire par là : l'amour n'a pas besoin de cette béquille qu'est l'intellect. L'amour va immédiatement à son objet. Il suffit à tout. Le compositeur du Jesu dulcis memoria nous montre bien que sur la terre au moins, on n'en a jamais fini avec la foi, ce mode de connaissance supérieur, qui seul permet l'amour. Expertus potest credere... 

La prière, dans la mesure même où elle est un acte de foi est un acte de connaissance. De quoi ? Des dogmes ? Bien sûr. Il faut élever son esprit jusqu'au dogme dans la beauté de leur proposition et s'en nourrir par une attention constante et une méditation qui en intériorise le contenu. Il faut aussi se souvenir que la foi nous propose une véritable science de la vie dans toutes ses dimensions. Les dogmes sont les balises qui nous évitent de nous égarer sur l'Océan de la Divinité. Mais l'objet de la foi est bien plus ample. Quel est l'objet de notre foi ? L'initiative divine sur notre vie. Le salut réalisé dans le Christ Fils de Dieu. Le salut ? Ce Moment où notre vie et la sienne ne font qu'une seule vie. (…)

Plus on connaît Dieu et sa volonté de salut, plus on l'aime. Et lorsque l'on ne le connaît pas, lorsque tout est fait pour nous faire oublier Dieu, lorsque l'athéisme est un véritable conditionnement social, alors, sauf grâce particulière, secrets intérieurs et chemins singuliers, le désir de Dieu disparaît dans les coeurs.

On mesure peut-être mieux, si l'on a attentivement marqué la place de ce préambule sur le désir de Dieu l'importance du combat culturel. Benoît XVI nous disait (c'était à Malte il y a deux ans) que la culture chrétienne était devenu une véritable contre-culture. Cette contre-culture - oh paradoxe ! - est aujourd'hui la seule culture universelle, celle qui s'impose sur tous les continents. N'en faisons pas trop avec l'Underground. Il est bon qu'il existe de petits groupes underground (le Centre Saint Paul en est un). Mais il ne faut pas perdre de vue la dimension universelle (vraiment "catholique") de la culture chrétienne. Il faudrait que chacun puisse avoir libre accès à cette culture, à ces questions fondamentales et à la diversité des solutions qui leur ont été apportées, toutes tournant, depuis le début, autour du christianisme ou d'une réécriture humaine du christianisme, toute tournant depuis le début (depuis le Paradis terrestre) autour de la question de la Divino-humanité. La question : comment diviniser l'homme est égale pour l'homme à la question : comment survivre ? C'est pourquoi elle était devenue, jusqu'au XXème siècle, la question fondamentale.

Ainsi à travers les questions que cette culture l'amène à se poser, chacun pourra-t-il redécouvrir l'élan qui a porté ses ancêtres à construire les cathédrales ou à partir en mission dans les pays les plus improbables au péril de leur vie. D'une manière ou d'une autre, pour chacun, la divine invitation retentira dans ses oreilles et il sera amené à se positionner par rapport à elle.

L'Eglise a trop souvent voulu marginaliser la vie intellectuelle, ou encore (dans les grands moments, après la Renaissance) confondre la pensée avec l'érudition. Les gens qui pensent sont dangereux pour les institutions trop fragiles. Réfléchir c'est commencer à désobéir. On connaît ces refrains qui sont plus sérieux qu'ils n'en ont l'air. Les deux derniers papes - que ce soit Jean-Paul II avec ses hymnes répétés à la vieille Europe ou Benoît XVI avec les méditations exigeantes qu'il mène partout et dont le Discours des Bernardins peut être considéré comme emblématique - ont manifestement compris l'importance pastorale de la culture, comme "bain" à partir duquel peut se développer à nouveau, au-delà des fausses satiétés de la Consommation à outrance, un véritable désir de Dieu.

Tant que l'homme a été "un animal religieux", ce "naturel" (qui n'était pas le désir naturel de voir Dieu mais le besoin naturel du "sacré") pouvait constituer la base à partir de laquelle l'évangélisation avait lieu. Il me semble que depuis la disparition en Europe occidentale de l'animal religieux, seule la culture peut constituer le nouveau point de départ, seule une connaissance culturelle de Dieu et du christianisme peut être cette praeparatio evangelica toujours nécessaire pour que les esprits supportent ce que Benoît XVI dans La Porte de la Foi, appelle encore "la nouveauté radicale du christianisme", l'extraordinaire bonne nouvelle de notre divinisation... Si seulement nous la voulons.

 Tout l’article ici : Quel est notre désir de Dieu ?

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