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La réforme à l’heure du pape François : le regard d’un cardinal

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Dans  la revue «Famille chrétienne», le cardinal Nicolas Cheong Jin-Suk, archevêque émérite de Séoul, donne son point de vue sur quelques enjeux majeurs à l’heure du nouveau pape (extraits) :

Formation des prêtres

«  En Corée, nous accueillons chaque année cent cinquante nouveaux prêtres formés dans les universités catholiques à Séoul, Daegu, Gwangju, etc. Dans chaque diocèse, nous avons mis en place des organismes pour ceux qui envisagent la vocation, à partir de l’âge de 13 ans.

Mais le plus important n’est pas le nombre. Ce qui est essentiel, c’est de faire en sorte que ces nouveaux prêtres aiment Jésus. C’est pourquoi nous mettons particulièrement l’accent sur une éducation poussée, sur le développement spirituel et sur la formation du caractère. »

Gouvernement de l’Église

«  Je ne partage pas l’idée que Jean-Paul II et Benoît XVI auraient insuffisamment gouverné l’Église. Nous vivons aujourd’hui dans une société très diversifiée. L’un comme l’autre ont eu pleinement conscience de leur devoir de pape et se sont vite adaptés à une société qui change très rapidement. Jean-Paul II modifia le cours de l’histoire en mettant fin à la période de la guerre froide. Benoît XVI apporta une grande contribution en travaillant à la prise de conscience et au développement de ce qui fait le fondement de l’Église. L’Année de la foi qui est actuellement célébrée est une chance, pour tous les chrétiens, de réformer leur foi.

Le nouveau pape devra marcher dans les pas de ses prédécesseurs, être le “serviteur des serviteurs” et mener l’Église sous la conduite du Saint-Esprit. »

Réforme de la curie

« Avec deux mille ans d’histoire, l’Église catholique a développé de solides traditions. Pour continuer son œuvre dans le temps, elle évolue en s’adaptant aux conditions et aux défis de chaque époque. Bien que des erreurs aient été commises, l’Eglise n’a pas perdu son essence en se réformant. Je pense qu’elle la perdrait si elle n’évoluait pas, en partie, en tenant compte des nouveaux défis du temps. Conformément à la spiritualité du concile Vatican II, l’Église doit toujours se réformer (Ecclesia semper reformanda). Elle doit toujours rester attentive aux défis de chaque époque.

Dans l’Église, il n’est pas possible de séparer “spiritualité” et “administration”. La raison de son existence est le service des pauvres, de ceux qui souffrent et sont dans la peine. Nous n’avons pas le droit de laisser de côté cette mission essentielle au profit de questions administratives. »

Respect de la vie humaine

« En tant que gardienne de la vie, l’Église doit s’opposer à toutes les actions qui sont menées contre la vie humaine et encourager les mouvements de défense de la vie. Il est également important que l’Église soutienne le progrès technologique et les biotechnologies qui respectent la vie et permettent de soigner les maladies. Dans le même temps, cependant, il lui faut être attentive au fait que la dignité de la vie peut être maltraitée par un système de concurrence basé sur la performance et la fuite en avant dans le progrès technologique. Il me paraît essentiel que l’Église soutienne fermement une vision sur le long terme du respect de la vie. »

Mission des évêques

« La mission des évêques est clairement indiquée dans le décret Christus dominus sur la charge pastorale des évêques dans l’Église : “Les évêques doivent proposer la doctrine chrétienne d’une façon adaptée aux nécessités du moment” (§ 13) . “Dans l’exercice de leur charge de père et de pasteur, que les évêques soient au milieu de leur peuple comme ceux qui servent, de bons pasteurs connaissant leurs brebis et que leurs brebis connaissent, de vrais pères qui s’imposent par leur esprit d’amour et de dévouement envers tous et dont l’autorité reçue d’en haut rencontre une adhésion unanime et reconnaissante. Ils rassembleront et formeront toute la grande famille de leur troupeau, en sorte que tous, conscients de leurs devoirs, vivent et agissent dans une communion de charité.” (§16) De nombreux critères interviennent dans le choix d’un évêque. Je pense néanmoins que le plus important est celui de la profondeur de sa foi, son sens du jugement et du discernement et sa sagesse. Celle-ci est adaptée aux différentes situations. »

Rôle des cardinaux

« Le mot “cardinal” vient du latin cardo, qui signifie principe ou chef. Le pape porte la lourde croix d’être le chef de l’Église. Le rôle d’un cardinal est d’être à la fois l’assistant et le conseiller du pape. Afin qu’il y ait entre eux une bonne relation, il me semble essentiel qu’ils aient une grande foi dans l’Église et dans le pape, et qu’ils soient à l’écoute attentive du Saint-Esprit. »

Référence La réforme à l’heure du pape François : le regard d’un cardinal

Précisons tout de même que l’adage « Ecclesia semper reformanda » ne date pas de Vatican II, ni de la réforme protestante au XVIe siècle : il remonterait en fait au moyen âge (on l’attribue au pape Grégoire VII) : plus que de structures, ou d’attitudes formelles,  c’est d’une purification spirituelle qu’il est toujours question, dans sa double dimension, individuelle et collective. Et cessons de faire du dernier concile l’horizon historique insurpassable de l’Eglise.

Commentaires

  • Que veut dire la phrase « l’Église doit toujours se réformer (Ecclesia semper reformanda). Elle doit toujours rester attentive aux défis de chaque époque. » ?

    De quels défis parle-t-on ? Sont-ils ceux par exemple du modernisme scientifique et technologique en tant que tel, ou plutôt ceux des paganismes ou de hérésies contre la foi catholique que peut introduire ou favoriser ce modernisme ? Chaque époque, depuis 2000 ans, a été tentée d'introduire des paganismes ou hérésies propres à cette époque, et liées à la situation économique et politique de cette époque.

    Il me semble que l'Église doit toujours distinguer ce qui revient à César et ce qui revient à Dieu. Mais veiller à ce que les réformes envisagées par César n'introduisent pas ou ne favorisent pas des réformes hérétiques ou païennes au regard de Dieu.

    Je pense que le Vatican est assez ferme et courageux sur la défense de la doctrine de l'Église. Mais que ce sont plutôt certaines Église locales, sous la pression plus proche et plus forte de certains César locaux, qui ont tendance à trouver des arrangements avec le diable, à envisager des accommodements avec les réformes du César, pour éviter de se trouver en confrontation directe avec celui-ci, ou parce que celui-ci les a déjà placés sous sa coupe.

    L'Église locale belge est trop souvent un triste exemple de cette soumission au César local, et de ces tristes arrangements avec les réformes de celui-ci, imposées par des lois en contradiction totale avec la doctrine de l'Église catholique.

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