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Saint Dominique (8 août)

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San-Domenico.jpgVoici la présentation qui nous est faite du fondateur des dominicains par Luc-Henri Gihoul sur leur site belge : (http://www.dominicains.be/)

Pourquoi nous est-il moins familier et moins connu que St. François d’Assise, son contemporain et son ami ? C’est que St. Dominique, plus peut-être qu’aucun autre saint, apparaît inséparable de son œuvre, c’est-à-dire de l’Ordre qu’il a fondé. Il en résulte qu’à un regard superficiel, sa physionomie peut paraître moins attrayante que celles d’autres saints. On aurait tendance à oublier l’architecte en admirant le monument ! Sa sainteté est celle de l’homme et de l’œuvre mais, à l’origine, St. Dominique c’est son œuvre même. C’est pourquoi il mérite le titre que lui donne la piété filiale de ses fils : « Notre Père St. Dominique. » Comment naquit l’âme apostolique de Dominique ? Il s’identifie tellement à sa mission qu’avant l’inauguration de celle-ci, nous n’avons presque rien à dire de lui. Oui, comme notre Seigneur lui-même, il apparaît soudain au Moyen-Age, après une longue vie cachée, environ 35 ans. Mais nous savons que c’est dans le silence que s’est façonnée son âme. Dans cette obscurité, nous percevons quelques anecdotes qui révèlent déjà le cœur de cet apôtre.

1) Nous discernons une immense charité, car Dominique, étudiant à Palancia, vend ses livres pour porter secours aux pauvres au cœur d’une famine. 2) Nous devinons une grande piété, car son évêque le met à la tête du chapitre réformé par lui alors qu’il n’était que tout jeune chanoine d’Osma : Charité et piété, mais cela devait être commun dans les cloîtres monastiques et canoniaux de la fin du 12ème et début du 13ème. 3) Un troisième trait va révéler Dominique en lui-même et c’est le jour où apparaît l’apôtre. Dominique, alors envoyé-royal chargé d’une mission diplomatique, traverse pour la première fois le Languedoc et occupera toute sa nuit à convertir son hôte hérétique . Enfin, l’apôtre est reconnu lorsqu’à son retour de Rome, avec son évêque, ayant vu le Pape et reçu ses instructions, il laissera son canonicat, dira adieu à son cloître d’Osma et se lancera à la conquête des âmes. « Virum canonicum auget in apostolicum », dit la liturgie. Le chanoine s’accroît d’un apôtre.

Pourquoi naquit l’ordre des prêcheurs, les Dominicains ? 1) Pour faire face à une mission que les dons de Dominique lui permirent de percevoir, l’Esprit Saint lui a donné le don de voir(Rilke).Il a vu ce que ne voyaient pas la plupart des ecclésiastiques, évêques, légats pontificaux, abbés de monastère, de son époque. Il a perçu que le mal dont souffrait l’Eglise était l’ignorance. Celle-ci vide la foi de sa substance et, par là, est à la base des hérésies et de tous les déchirements. Seuls quelques esprits jouissaient de cette claire vision, le pape Innocent III, son neveu le cardinal Eugolin et sans doute quelques personnages, comme cet évêque de Toulouse, Foulque, qui fut le grand ami de Dominique et le premier protecteur de son ordre. Mais ceux qui « voyaient » étaient impuissants tandis que Dominique avec le don de voir le mal recevra en même temps le remède ! 2) S’il ne peut attendre comme les autres, c’est parce qu’il a reçu un autre don, celui de souffrir du mal. Il n’a pas reçu le don de juger du mal. Juger suppose qu’on se situe extérieurement, que l’on ne s’engage pas. Or, Dominique va descendre à l’intérieur de la misère humaine. C’est parce qu’il consent à souffrir, comme le Christ, qu’il va devenir sauveur. C’est parce qu’il souffre personnellement du mal dont souffre la Chrétienté qu’il va s’attaquer au mal. Ne s’écrie-t-il pas dans son angoisse : « Que vont devenir les pauvres pécheurs ? » (Laurent VI,4, comme St Paul II Cor XI,29) 3) En effet, pour Dominique, cette souffrance n’est pas une pure passivité. L’Esprit Saint lui fait un troisième don, celui de « réaliser ». Si c’est d’ignorance que périt la Chrétienté, c’est donc de vérité que les âmes ont le plus besoin. Il va, par une initiative sans précédent pour des religieux, fonder un ordre de prédicateurs, de docteurs enseignants

Grandeur de cette œuvre, rapidité de son expansion, efficacité de la formule. En 1207, au moment du 4ème concile de Latran, ils ne sont que 16 au diocèse de Toulouse. Deux ans plus tard, le nombre ne s’est pas accru mais un coup de théâtre se produit. Par une imprudence merveilleuse, propre au génie et au saint, par une audace inouïe née de l’Esprit Saint, Dominique va disperser sa petite troupe de par l’Europe. « Comme le grain, dit-il, qui pourrit s’il reste entassé, mais qui lève en moisson, s’il est jeté au vent ». Et de fait, le grain prend racine, germe et se multiplie. Après Toulouse, Paris, Rome, Madrid, ce sont les fondations de Bologne, d’Orléans, de Limoges, Reims, Metz, Ségovie, Bergame, Milan, Florence, Viterbe. Les deux frères Hyacinthe et Ceslas gagnent la Pologne. Douze frères partent pour l’Angleterre et s’établissent à Oxford après le premier chapitre général en 1220. D’autres atteignent la Hongrie, le Danemark, les pays scandinaves, tandis qu’un groupe s’embarque pour la Grèce. A la mort de Dominique, en 1221, cinq ans seulement après sa fondation, l’ordre a 8 provinces et compte 60 couvents. Tout St. Dominique est là, dans cette décision hardie de disperser son petit troupeau, et dans cette humilité de vie qui l’efface devant ses œuvres. Il demande à être enterré « sous les pieds de ses frères » et, fidèle à son esprit, ses fils ne susciteront pas un mouvement de pèlerinage autour de son tombeau. Sa sainteté ne repose pas dans ses reliques mais dans cet esprit dominicain fait d’un amour vrai et intelligent des hommes, dans l’audace et la joie. Il n’a pas disparu sous les dalles du cloître de Bologne. Il vit et agit partout où son ordre est présent. « Vous ferez les œuvres que je fais, disait Jésus, et vous en ferez même de plus grandes. » (Jean XIV,12). Il n’a pas enseigné dans les universités, mais ses fils, Albert, Thomas et tant d’autres, seront les grands Docteurs de l’Eglise. Il n’a pas, malgré son grand désir, porté l’Evangile aux pays lointains, mais ses fils Hyacinthe, Louis Bertrand et leurs émules, seront missionnaires jusqu’aux extrémités de la terre. Il n’ a pas subi le martyre mais ses fils, en grand nombre, le seront. Il n’a pas occupé de charges dans l’Eglise, mais crée un ordre pour cette Eglise qui comptera des évêques et des papes dominicains. Et même s’il n’a pas prêché autant que d’autres, il a fondé l’ordre des Prêcheurs. Enfin, chaque fois que l’Ordre connaît une croissance nouvelle, c’est encore Dominique qui intervient. Ne dit-on pas du Père Lacordaire qu’il était Dominique revenu à la vie ! (Dominus redivivus) La liturgie de la fête de St. Dominique nous dit « Imple, Pater, quod dixisti. » Accomplissez, Père, ce que vous avez dit. Que Dominique nous donne, à notre époque battue par le mal humain, de voir le mal.( C’est toujours l’ignorance, les préjugés, les mensonges qui président à la haine) et le remède qui sont toujours la lumière et l’amour. Qu’il nous obtienne de souffrir personnellement du mal universel, de nous assimiler aux pécheurs que nous sommes, afin de porter avec eux leur fardeau et de payer pour eux leur dette. Qu’il nous donne enfin d’agir, sans précipitation mais avec énergie, sans jamais être obnubilés par le souci d’intérêts temporels, la routine ou le poids d’institutions qui ne supportent plus la vie, convaincus que la rédemption se fait par des moyens pauvres, de constantes reprises de soi, de l’effort et de l’espoir.

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