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L'illusion d'un monde "hors souffrance"

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Sur son blog, Bruno Leroy, éducateur et écrivain, propose cette belle réflexion:

Cette illusion d'un monde "hors souffrance"

Chacun poursuit toujours, d'une manière ou d'une autre, un rêve d'immortalité et de non-souffrance. La poursuite de ce rêve se manifeste dans les mécanismes de défense qui visent à occulter la réalité de la souffrance et à la rejeter hors du champ de la conscience ; on peut la voir, on détourne les yeux, on fait " comme si " elle n'existait pas.

Dénier la souffrance de cette manière, c'est se complaire dans l'image idéale de soi et du monde où la finitude et la mort ne sont pas reconnues. Ainsi le sujet peut-il entretenir, inconsciemment sans doute, une sorte de délire d'immortalité. Il se barricade dans un monde imaginaire en estimant que la souffrance et la mort, ce sont toujours celles des autres, mais jamais la sienne. Il se construit ainsi un univers conforme à son besoin de sécurité et de complétude sans faille.

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Commentaires

  • Je me demande bien par quelle perversion nos sociétés sont tombées dans un tel refus ou déni de la souffrance. La souffrance fait partie intégrante de toute vie. La souffrance nous alerte quand nous sommes en danger. La souffrance due à la faim ou la soif nous alerte sur notre besoin corporel de nourriture et boisson. La souffrance due à la solitude ou au mépris nous alerte sur notre besoin spirituel de relation et de respect.
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    La souffrance peut donc être vue comme bonne et nécessaire, si nous sommes lucides sur les dangers dont elle nous alerte et qu'elle veut nous éviter. Si vous avez installé une alarme contre l'incendie ou l'effraction dans votre habitation, vous ne vous plaindrez pas qu'elle vous fasse mal aux oreilles lorsque le danger se présente et qu'elle vous en prévient.
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    En outre, l'on sait bien que la souffrance est non seulement utile mais nécessaire pour atteindre un objectif que l'on s'est fixé. Tout sportif, tout artiste, tout artisan, tout étudiant, tout entrepreneur, tout homme, accepte de souffrir lorsqu'il vise un objectif plus précieux pour lui que cette souffrance qu'il s'inflige à lui-même (formation, échecs, apprentissage, efforts, essais infructueux, améliorations). À l'inverse, le refus ou le déni de la souffrance pourrait donc signifier une incapacité à voir l'utilité de cette souffrance, à voir plus loin que la souffrance.
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    D'ailleurs, lorsqu'un homme voit la souffrance d'un autre, et qu'il n'en souffre pas lui-même, n'est-ce pas là qu'il y a un vrai problème ? Ne pas souffrir face à la souffrance d'autrui est donc pire qu'en souffrir. Être humain n'est-ce pas finalement souffrir et surtout savoir souffrir, apprendre à souffrir en découvrant l'utilité ou même la nécessité de cette souffrance ?

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