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Idées

  • Marcel De Corte à l'honneur aux éditions de l'Homme Nouveau

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    "Collection Marcel De Corte" :

    Petit visuel du produit
    Descartes Philosophe de la ...

    20,00 €

    Descartes Philosophe de la modernité

    Marcel De Corte

    Préface d´Arnaud Jaÿr

    Octobre 2022. 226 pages

    Qui n’a pas entendu dire que les Français étaient un peuple cartésien ? Mais qu’est-ce qu’être cartésien exactement ?

    En plongeant au cœur de la philosophie de René Descartes, Marcel De Corte montre qu’il ne s’agit pas tant de donner à la raison toute sa place que d’opérer une rupture radicale avec l’héritage reçu des Anciens, dans une conception prométhéenne de l’homme à l’origine de la modernité et qui postule qu’il peut agir sur l’ordre naturel, la société et l’être humain lui-même.

    Collection Marcel De Corte

    Petit visuel du produit
    Philosophie de l'économie

    25,00 €

    Philosophie de l'économie

    Marcel De Corte

    Introduction d’Adrien Peneranda

    282 pages. Octobre 2024

    Philosophe aristotélicien, Marcel De Corte (1905-1994) s’est confronté toute sa vie aux questions contemporaines et notamment à la place et au rôle de l’économie dans nos sociétés modernes. Les réflexions qu’il propose dans cet essai inédit sont destinées aux (futurs) chefs d’entreprise, aux cadres et plus largement à tous ceux qui transforment la matière en utilités économiques. Il pointe notamment l’influence grandissante des techniques qui, dans le domaine de la production, se libère de plus en plus de la finalité de l’économie.

    Collection Marcel De Corte

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    Les mutations de l'Église au ...

    25,50 €

    Les mutations de l'Église au XXe siècle

    Marcel De Corte

    Introduction de Mère Marie-Geneviève Rivière

    Novembre 2025, 538 pages

    Les textes et les analyses du célèbre philosophe sur la crise traversée par l’Église après le concile Vatican II, telle qu’il a pu la vivre à son rang de laïc engagé et d’intellectuel catholique intervenant dans les débats de l’époque. Après d’autres, il s’agit là d’un témoignage historique sur une époque difficile pour l’Église.

    Collection Marcel De Corte

  • Quand un physicien et normalien explore les liens profonds entre science et foi

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    De la chaîne youtube REVHEALING (Ahlem Schröder) :

    Et si le monde quantique nous menait à reconsidérer complètement la façon dont nous voyons la vie, voire à nous confronter à la présence d’un esprit créateur… à Dieu, peut-être ? Dans cet échange fascinant, le physicien et normalien Yves Dupont explore les liens profonds entre science et foi. Il interroge les mystères de l’univers : la réalité serait-elle une création de l’esprit ? Et Dieu… une dimension de la conscience elle-même ?

    Au cœur de cette conversation :

    • La physique quantique comme langage spirituel du réel
    • Les limites du rationalisme face à l’invisible
    • Le rôle de la conscience dans la création du monde matériel

    Une discussion lumineuse où la science devient mystique, et la foi, une expérience du réel.

    Merci à notre invité du jour, Yves Dupont, pour son ouvrage et son travail : L’Empreinte de Dieu dans le monde quantique, à la recherche de l’esprit créateur au-delà de la matière.

  • C'est un grand redressement intérieur qu'il nous faut, pas la peur d'un remplacement ni le fatalisme d'un renoncement

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    D'Emmanuel Tourpe sur le site de la Libre (libre accès) :

    Devant les peurs migratoires : grand remplacement ou grand redressement ?

    L'avenir appartient à ceux qui rêvent haut : c'est un grand redressement intérieur qu'il nous faut, un destin attirant et désirable – pas la peur d'un remplacement ni le fatalisme d'un renoncement.

    2-11-2025

    Une chronique d'Emmanuel Tourpe (tourpe@hotmail.com), philosophe, théologien, homme de médias

    "L'avenir appartient à ceux qui investissent tôt". Cette publicité d'une banque française – un jeune homme tapotant sur son ordinateur, de toute évidence pour placer des actions – m'arrête net près d'une colonne Morris. Autant je reste de marbre devant les convulsions politiques et budgétaires de l'heure, autant ce marketing de degré zéro m'attriste subitement au milieu de la rue.

    À quel moment avons-nous donc troqué les idéaux de Mai 68 ("l'imagination au pouvoir") pour un appel aussi vide, n'offrant plus pour horizon que l'argent ? Boltanski et Chiapello ont donné la clé : Mai 68 voulait libérer l'homme de la société de consommation, mais le capitalisme a su recycler cette révolte ; l'autonomie, la créativité et la liberté en sont devenues les slogans. L'utopie anti-matérialiste s'est muée en moteur du marché.

    Mais devant ce miroir publicitaire, je vois surtout ce qu'il reste de notre projet de société : une liberté vide, un sens de la vie réduit à des "placements". Quel échec pour la génération de la liberté sans entraves de nous avoir ainsi enfermés dans la superficialité et l'individualisme. Était-ce cela, la plage sous les pavés ? Ce sont les rives d'un égout existentiel. C'est vraiment cela que nous proposons à nos jeunes ?

    Me revient alors la mise en garde de Pierre Brochand, ancien patron de la DGSE, qui alarme le Tout-Paris en ce moment : l'immigration incontrôlée, la disparition des repères collectifs et la montée de l'individualisme menaceraient la paix civile. La "société des individus", centrée sur les désirs personnels, a dissous l'idée de bien commun. L'État, débordé, ne garantit plus ni ordre ni solidarité. Sans sursaut, dit-il, la France risque la fracture, voire le chaos. Il faut protéger notre culture.

    Le mot n'est pas prononcé mais le thème du "Grand Remplacement" de Renaud Camus résonne derrière cet appel angoissé. Eh bien, moi, devant cette réclame écœurante, je vois autre chose. Un grand Effacement – par notre faute.

    Le vrai danger est intérieur : un déficit civilisationnel. S'il y a remplacement, c'est qu'il y a d'abord un estompement de notre puissance culturelle propre. La nature a horreur du vide : comme Rome, nous ne tomberons pas sous la poussée des barbares, mais par l'effondrement de notre garde spirituelle. Ce qui est grand tient dans la tempête – et nous sommes devenus médiocres dans nos désirs, visions, et projets communs.

    Voici donc à quoi nos idéaux de Mai 68 se sont donc réduits : investir, acheter, soigner nos pensions, maximiser nos congés, éviter les contraintes, y compris d'enfants ; défendre nos libertés tournées vers nous-mêmes ; nous enfoncer dans la peur de perdre et la hargne à gagner, faire ce que je veux quand je veux où je veux : tout est "moi, ma gueule – et mon pognon".

    Et l'on s'étonne que ce vide d'idéal soit menacé par le plein de convictions de cultures plus habitées de transcendance ? Qu'un "grand remplacement" de rêves saturés se substitue à nos illusions?

    Non, la réponse n'est pas dans la peur de l'autre ni dans la défense d'une société fatiguée. Elle est dans le relèvement spirituel – et certes pas à la manière des resucées de Charles Maurras, comme dans le dernier livre d'Éric Zemmour (La messe n'est pas dite) : revenir à la source, à ce qui fit la grandeur et l'attraction de notre culture, mais à la manière d'un rayon qui réchauffe et non d'une identité figée. Redonnons l'envie non pas de nous "remplacer", mais de s'intégrer à une vision du monde redevenue nôtre, qui ne se réduise ni à la liberté abstraite ni à l'argent insipide, mais porte un élan violent, combatif vers le vrai toujours plus grand, le beau toujours plus sublime et le bien toujours plus commun.

    Theodor Haecker, inspirateur de la Rose Blanche, écrivait dans son Virgile, père de l'Occident : "L'homme, isolé, n'est pas l'homme, et il ne peut, à lui seul, faire l'unité de sa diversité. Chez Virgile, la piété et la grandeur ne font qu'un : son héros n'est pas celui qui conquiert, mais celui qui porte. Rome fut grande parce qu'elle désira de grandes choses ; sa grandeur ne fut pas avidité, mais service : la volonté de donner un ordre au monde."

    L'avenir appartient à ceux qui rêvent haut : c'est un grand redressement intérieur qu'il nous faut, un destin attirant et désirable – pas la peur d'un remplacement ni le fatalisme d'un renoncement.

  • Newman « a pressenti le monde dans lequel nous vivons et a essayé de préparer les chrétiens à y faire face »

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Un nouveau livre éclaire d'un jour nouveau la vision de Newman pour les laïcs et sa pertinence moderne : « La sainteté est la fin ultime ».

    Paul Shrimpton, expert reconnu de Newman, affirme que le plus récent docteur de l'Église « a pressenti le monde dans lequel nous vivons et a essayé de préparer les chrétiens à y faire face ».

    Le nouveau livre de Paul Shrimpton est disponible chez Word on Fire.
    Le nouveau livre de Paul Shrimpton est disponible aux éditions Word on Fire. (Photo : Courtoisie de Word on Fire/Paul Shrimpton)

    ROME — Saint John Henry Newman, que le pape Léon XIV a déclaré officiellement docteur de l'Église au Vatican samedi, a défendu le rôle essentiel des laïcs dans l'Église catholique, insistant sur leur besoin d'une foi bien formée, d'une solide formation théologique et d'un engagement actif dans la vie et la mission de l'Église.

    Newman enseignait que les laïcs ont un rôle central et indispensable et que, dans l'histoire de l'Église, ils ont souvent défendu l'orthodoxie lorsque le clergé a failli. Il insistait sur le fait que les laïcs devaient être saints et connaître le credo « si bien qu'ils puissent en rendre compte » et le défendre – un concept novateur au XIXe siècle. 

    Mais jusqu'à présent, aucune étude approfondie n'a été menée sur son héritage à cet égard, ni aucune argumentation sérieuse avancée pour anticiper l'enseignement de l'Église sur le sujet. Or, dans un ouvrage majeur récemment paru, intitulé « L'homme le plus dangereux d'Angleterre : Newman et les laïcs »Paul Shrimpton, spécialiste reconnu de Newman, propose une analyse inédite, originale et exhaustive des conceptions audacieuses du théologien du XIXe siècle sur les laïcs, conceptions qui ont remis en question les structures ecclésiales de son époque. 

    Dans cet entretien par courriel du 29 octobre avec le Register, Shrimpton, qui enseigne à la Magdalen College School d'Oxford, explique comment la pensée de Newman sur les laïcs a influencé le concile Vatican II, sa recherche d'équilibre et la réalisation de la complémentarité entre la hiérarchie et les laïcs, et ce que Newman penserait de la synodalité et de l'utilisation de son célèbre enseignement sur le développement de la doctrine à des fins idéologiques. 

    Docteur Shrimpton, quelle a été l'impulsion derrière ce livre, et quelle a été l'ampleur du projet ? 

    L'écriture de ce livre a duré trois ans, mais sa réflexion, trente-trois. Le thème de Newman et des laïcs a toujours été présent en filigrane dans mes recherches sur Newman, axées sur l'éducation. Au fil des ans, j'ai constaté que ce sujet était négligé, malgré l'affirmation selon laquelle sa « théologie des laïcs » compte parmi ses contributions majeures à l'Église moderne. 

    Pourquoi n'y a-t-il pas eu, jusqu'à votre livre, d'étude majeure sur Newman et les laïcs, étant donné que le rôle des laïcs dans l'Église était un sujet si central pour lui ? 

    Je soupçonne que cette omission peut s'expliquer par le fait que les chercheurs se concentrent sur les contributions théologiques abondantes et fondamentales de Newman au détriment de ses enseignements et de son exemple plus pratiques ; par le fait qu'ils privilégient Newman le penseur plutôt que l'homme d'action ; par le fait qu'ils se consacrent aux facultés théologiques plutôt qu'au monde actif.

    Il existe d'autres domaines connexes des études newmaniennes qui ont été relativement peu explorés, comme Newman et le journalisme ou son don pour l'amitié. Ce seront des sujets passionnants à explorer.

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  • George Gänswein parle du relativisme comme d'une menace pour la foi et la liberté

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    De Bryan Lawrence Gonsalves sur omnesmag.com :

    George Gänswein parle du relativisme comme d'une menace pour la foi et la liberté

    L’archevêque a mis en garde à Šiluva (Lituanie) contre les dangers du relativisme, qu’il a décrit comme « un poison qui empoisonne la foi ».

    27 octobre 2025

    liberté de foi

    L'archevêque Gänswein prononce sa conférence. ©Juozas Kamenskas

    Le nonce apostolique en Lituanie, en Lettonie et en Estonie, l'archevêque Georg Gänswein, a rappelé aux chrétiens les dangers du relativisme dans la société actuelle lors d'une récente conférence à Šiluva, en Lituanie. Il a souligné que ce relativisme « conduit à l'érosion, et finalement à la destruction, d'une foi fondée sur la confession de la vérité. Et cela conduit à un empoisonnement de la foi ».

    La conférence, organisée conjointement par le groupe civique lituanien Laisvos visuomenės institutas (Institut d'une société libre), le Syndicat des travailleurs chrétiens lituaniens et la Faculté de théologie catholique de l'Université Vytautas Magnus, a réuni des universitaires, des dirigeants civiques, des intellectuels publics et des membres du clergé pour discuter des principes de la Déclaration de Šiluva.

    Construire positivement

    Il s'agit de la troisième conférence de ce type consacrée à la réflexion sur la Déclaration de Šiluva, publiée le 12 septembre 2021, lors de la fête mariale annuelle de la ville. Ce document public prône la défense des droits humains fondamentaux, la promotion de la vertu et le bien commun de la société. Il reconnaît l'importance d'une société fondée sur les piliers de la vérité, des valeurs familiales, de la dignité humaine et de la foi en Dieu. Il est depuis devenu une référence morale pour les penseurs sociaux catholiques en Lituanie.

    L'archevêque Georg Gänswein, ancien préfet de la Maison pontificale et secrétaire personnel de longue date du pape Benoît XVI, a prononcé le discours d'ouverture, s'appuyant largement sur la philosophie du défunt pontife. Sa conférence a offert une riche réflexion philosophique et théologique sur la foi, la raison et le relativisme, aspects qu'il a décrits comme un « thème constant dans l'œuvre de Ratzinger ». L'archevêque Gänswein a averti que l'affaiblissement de la foi ou de la raison conduit inévitablement à « des pathologies et à la désintégration de la personne humaine ».

    La conférence a été ouverte par les discours de l'archevêque de Kaunas, Kęstutis Kėvalas, et de l'archevêque de Vilnius, Gintaras Grušas, qui ont tous deux souligné le devoir chrétien de défendre la vérité dans la vie publique.

    Dans son discours d'ouverture, l'archevêque K. Kėvalas a appelé à la vigilance contre les tentations d'expérimentation sur la nature et la dignité humaines. Il a également rappelé aux participants que Šiluva, sanctuaire marial connu pour l'une des premières apparitions approuvées d'Europe, symbolise la fidélité à l'ordre divin dans la création. « Le lieu saint de Šiluva invite au respect de l'ordre que le Créateur a donné à ce monde », a-t-il déclaré.

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  • Matthieu Lavagna : comment réfuter les mauvais arguments pro-avortement

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    De Teresa Aguado Peña sur Omnes :

    Matthieu Lavagna : comment réfuter les mauvais arguments pro-avortement

    L'auteur de « La raison est pro-vie » remet en question les mythes sur le fœtus, démonte les arguments simplistes tels que « des amas de cellules » ou « mon corps, ma décision », et montre pourquoi le débat sur la vie n'est pas seulement religieux mais une question de raison.

    10 octobre 2025

    Matthieu Lavagna

    Matthieu Lavagna ©Avec l'aimable autorisation de l'auteur

    En rapport

    Matthieu Lavagna, diplômé en mathématiques, philosophie et théologie, dans son livre « La raison est pro-vie », analyse l'avortement d'un point de vue scientifique, philosophique et éthique, déconstruisant les mythes les plus répandus sur le fœtus et défendant la protection de la vie humaine dès la conception. Il y aborde les arguments concernant l'avortement, le statut moral du fœtus et l'urgence de défendre la vie humaine dès la conception.

    Pourquoi écrire un livre sur un sujet aussi tabou et sensible ?

    Parce que l'avortement est un acte banalisé dans la plupart des sociétés modernes. Le nombre d'avortements (IVG) est très élevé chaque année, et cette pratique est considérée comme de plus en plus banale. On constate également que nombre de nos contemporains sont très mal informés sur cette question. Les faits scientifiques et biologiques liés à l'avortement sont souvent mal expliqués au public, et en pratique, les arguments pro-vie sont rarement entendus. Ce livre vise à combler ce manque d'information et à éclairer objectivement le lecteur sur cette question, d'un point de vue scientifique et philosophique.

    En fin de compte, c'est le statut moral du fœtus qui est en jeu. Pourquoi ?

    En effet. Gregory Koukl résume parfaitement la situation avec cette phrase : « Si le fœtus n’est pas un être humain, il n’y a aucune raison de justifier la légalisation de l’avortement. Inversement, si le fœtus est un être humain, aucune justification à la légalisation de l’avortement n’est valable. »

    Dans le débat sur l'avortement, tout le monde admet que le fœtus est éliminé. Mais qu'est-ce qu'un fœtus ? S'il ne s'agit que d'un amas de cellules, l'avorter n'est pas plus immoral que de se couper les ongles ou d'aller chez le dentiste. Si le fœtus n'est pas un être humain, l'avortement devrait quand même être légal. Aucun problème. Mais si le fœtus est un être humain, et que tous les êtres humains ont droit à la vie, il y a de bonnes raisons de penser que l'avortement est immoral et devrait être interdit. J'explique cela en détail dans le livre.

    Du point de vue scientifique, vous montrez qu’il existe un consensus général sur le fait que le fœtus est un être humain.

    Oui. Le fœtus est biologiquement un être humain, car c'est un organisme vivant appartenant à l'espèce  Homo sapiens . Cet organisme génétiquement distinct se développe continuellement jusqu'à sa maturité. Dès la conception, il possède l'intégralité de son patrimoine génétique, qui le caractérise en tant qu'individu. Les manuels d'embryologie sont unanimes pour affirmer que la vie humaine commence dès la conception.

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  • La « droite » et la « gauche » ont-elles leur place dans l’Église catholique ?

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    De R. Jared Staudt sur le CWR :

    La « droite » et la « gauche » ont-elles leur place dans l’Église catholique ?

    Les factions sont peut-être inévitables, voire nécessaires, comme l'a concédé Paul. Mais le Corps du Christ, en revanche, ne peut être divisé dans son essence.

    Les divisions partisanes profondément ancrées aux États-Unis ont récemment pris une tournure violente. Les affiliations politiques révèlent des visions contradictoires de l'avenir du pays et, de plus en plus, de la vie humaine elle-même.

    La liberté est-elle absolue et doit-elle progresser quelles qu'en soient les conséquences ? Ou existe-t-il des vérités et des biens fondamentaux qui doivent être préservés et respectés ?

    Nous parlons souvent de la division fondamentale entre ces positions générales de droite et de gauche, de conservatrice et de libérale, comme étant uniquement politique, sans réaliser le lien catholique surprenant avec leur origine.

    Il est courant d'entendre les catholiques s'opposer à l'utilisation d'étiquettes droite-gauche et conservatrices-libérales dans l'Église. Néanmoins, il est impossible de nier l'existence de factions qui se sont largement développées dans ce sens. Les factions ne sont pas nouvelles, bien sûr, comme l'a clairement expliqué saint Paul aux Corinthiens : « D'abord, lorsque vous vous réunissez en Église, j'apprends qu'il y a des divisions parmi vous ; et je le crois en partie, car il faut qu'il y ait des divisions parmi vous, afin que soient reconnus parmi vous les véritables » (1 Co 11, 18-19). Les controverses sur la doctrine, la liturgie et la morale tendent à diviser en deux factions principales, et les étiquettes conservatrices et libérales reflètent, de manière généralement précise, les positions de préservation ou d'innovation.

    Les divisions contemporaines au sein de l'Église, bien que différentes des camps politiques, convergent souvent de manière surprenante. Cette réalité a récemment pris le devant de la scène lorsqu'une figure majeure du camp catholique progressiste, le cardinal Blaise Cupich, a suscité une vive controverse en cherchant à honorer un homme politique démocrate, le sénateur Dick Durbin, auteur d'un long historique de soutien à l'avortement. En revanche, les ecclésiastiques engagés dans la défense de la vie humaine, du mariage et de la liberté religieuse trouvent souvent des alliés au sein du Parti républicain. D'ailleurs, trois évêques américains siègent actuellement à la Commission sur la liberté religieuse du président Trump. Compte tenu des dynamiques internes et externes à l'Église, les distinctions « gauche-droite » ou « libéral-conservateur » ne doivent pas être écartées comme inapplicables ou hors de propos.

    Les étiquettes politiques « droite » et « gauche » remontent à la Révolution française, notamment à l'Assemblée nationale, où les représentants se plaçaient à droite ou à gauche du président de l'Assemblée, selon qu'ils soutenaient les droits du roi (la droite), la position de la majorité des catholiques, ou l'abolition de la monarchie (la gauche) et, par conséquent, les droits de l'Église. Après la chute du roi, ceux qui étaient considérés comme de droite étaient favorables à une restauration de l'Ancien Régime, tandis que la gauche continuait de prôner une libéralisation accrue de la société selon des principes républicains ou démocratiques.

    Cette division politique avait une énorme signification religieuse, car un camp avançait la notion française de laïcité (la suppression de tout rôle public de l'Église) et la légalisation du divorce, tandis que l'autre cherchait à restaurer l'union du trône et de l'autel.

    Après la Révolution française, les papes ont soutenu la restauration des monarques catholiques et ont même sanctionné les prêtres qui prônaient la démocratie. Le concile Vatican II, cependant, a permis une réhabilitation des catholiques affichant des positions associées au libéralisme politique en favorisant une plus grande ouverture au monde moderne. Vatican II a largement enterré la traditionnelle division droite-gauche entre catholiques, qui avaient soutenu soit la restauration de la monarchie, soit la démocratie moderne (bien que le mot « démocratie » n'apparaisse pas dans ses documents).

    Le clivage droite-gauche des dernières décennies se situe désormais principalement entre ceux qui soutiennent les valeurs traditionnelles de la démocratie moderne (la nouvelle droite) et ceux qui continuent à pousser la révolution contre toute forme d’autorité et de moralité traditionnelles (la nouvelle gauche).

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  • "Contre la machine"; sur la destruction de l'humanité

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    De sur le CWR :

    Against the Machine est une critique pénétrante de la culture des illusions, fortement axée sur la technologie.

    Paul Kingsnorth est loin d’être le premier écrivain à décrire nos conditions actuelles, mais il apporte un mélange unique de passion, d’expérience passée, d’une richesse de sources et d’une logique persuasive à son récit.

    Mon entretien avec Kingsnorth, réalisé il y a deux ans, est disponible ici.  L'étendue de son œuvre est impressionnante. Son roman «  Awake  », paru en 2015 et écrit dans une langue de l'ombre mêlant anglais ancien et anglais moderne, est un récit formidable de la résistance anglo-saxonne, païenne et vouée à l'échec, face à l'invasion normande de l'Angleterre au XIe siècle  . Son ouvrage « Abbey of Misrule Substack » est une mine d'or de textes de qualité, allant de réflexions sereines sur la nature et les saints à une critique culturelle urgente. Kingsnorth possède le don rare de transmettre un contenu profond dans un style élégant et d'une clarté simple.

    Son histoire personnelle renforce l'attrait de son œuvre. Ancien militant écologiste sans convictions religieuses, il a migré vers la Wicca et le bouddhisme à l'âge adulte, avant de se convertir au christianisme en 2020. Il a été baptisé dans l'Église orthodoxe en 2021. Sa foi imprègne désormais presque tout ce qu'il écrit.

    Et cela nous ramène à son dernier livre.

    Contre la Machine  s'appuie sur deux années d'  essais préliminaires visant à peaufiner les idées de l'auteur. En bref, il s'agit d'une critique pénétrante de la culture faustienne, accro aux machines et à la technologie, des illusions que nous avons tissées autour de nous depuis 300 ans, un cocon d'artifices rutilants qui menace désormais d'étouffer et de supplanter l'humanité de ses créateurs.

    Comme le note Kingsnorth dans ses premières pages, « il n'y a jamais eu d'organisation unitaire de la culture occidentale en dehors de l'Église chrétienne » – un cadre religieux qui donnait un sens à la vie quotidienne et constituait un fondement de cohésion sociale. « Derrière le modèle en constante évolution de la culture occidentale », écrit-il, « il y avait une foi vivante qui donnait à l'Europe un certain sentiment de continuité spirituelle, malgré tous les conflits, les divisions et les schismes sociaux qui ont marqué son histoire. »

    Ce jour est désormais passé. Et il ajoute que

    Lorsqu'une culture bâtie autour d'un ordre aussi sacré disparaît, des bouleversements s'ensuivent à tous les niveaux de la société, du politique jusqu'au niveau spirituel. La notion même de vie individuelle est bouleversée. La structure familiale, le sens du travail, les attitudes morales, l'existence même de la morale, les notions de bien et de mal, les mœurs sexuelles, les perspectives sur tout, de l'argent au travail, en passant par la nature, la parenté, la responsabilité et le devoir : tout est à prendre.

    Aujourd'hui, comme on pouvait s'y attendre, alors que le christianisme recule en Occident, « nous [les modernes] – du moins si nous sommes parmi les plus chanceux – avons à notre disposition tous les gadgets, sites web, boutiques et vacances exotiques du monde », mais il nous manque les deux choses dont nous avons le plus besoin : un sens et des racines. Par conséquent, nous sommes à la dérive dans une époque que l'auteur présente comme « Le Grand Déstabilisation ». C'est le fruit de nos appétits et de nos vanités à courte vue, incarnés de façon éclatante par nos élites.

    Kingsnorth est loin d'être le premier écrivain à décrire notre situation actuelle. Il n'est pas non plus le premier à utiliser la Machine comme métaphore des troubles spirituels et des menaces technologiques croissantes qui pèsent sur notre humanité. EM Forster a écrit sa nouvelle prophétique, « La Machine s'arrête », il y a près de 120 ans. Mais Kingsnorth apporte à son récit un mélange unique de passion, d'expérience, de richesse des sources et de logique persuasive.

    L'auteur emprunte une phrase au théoricien social américain Craig Calhoun pour suggérer son propre esprit directeur : une sorte de « radicalisme réactionnaire ». Dans l'approche de Kingsnorth, il ne s'agit  pas d'une idéologie politique. Elle opère en dehors des conflits habituels gauche-droite. Elle est « radicale » au sens premier du terme : elle s'attaque aux racines ; en l'occurrence, aux racines de ce que signifie être humain et de ce dont nous avons besoin.

    Il s'agit d'une « tentative active de création, de défense ou de restauration d'une économie morale fondée sur les quatre P ». Ces quatre éléments incluent, premièrement, le passé :  l'origine d'une culture, son histoire et ses ancêtres. Deuxièmement, le peuple, qui définit une culture : le sentiment communautaire d'être un « peuple » distinct. Troisièmement, le lieu,  où se situe une culture, son sentiment d'appartenance, la nature dans sa beauté locale et ses manifestations particulières. Quatrièmement, et enfin,  la prière,  où une culture se dirige, sa tradition religieuse et sa destinée, sa compréhension de Dieu ou des dieux.

    La culture machiniste annihile tous ces éléments d'une réalité saine, à échelle humaine, pour en faire une homogénéité mondialisée et consumériste. Ce faisant, elle assure l'abondance matérielle tout en aspirant l'âme de la Création. Kingsnorth ne prétend pas que la technologie soit intrinsèquement mauvaise. Au contraire, ses nombreux avantages sont évidents, à commencer par l'ordinateur qu'il utilise pour écrire. Mais lorsque nous laissons cette technologie devenir une forme d'idolâtrie – comme c'est le cas actuellement dans le monde postmoderne « développé » – l'idole dévore ses fidèles.

    Il m'est impossible de choisir un chapitre préféré du texte. Trop nombreux sont ceux qui sont trop bons : Mille Mozart, Want Is the Acid, Come the Black Ships, You Are Harvest, Kill All the Heroes, The Abolition of Man (and Woman), What Progress Wants, et d'autres. Mais le dernier chapitre, The Raindance, est peut-être le plus important, car il offre une voie à suivre ; une voie difficile, mais qui, dans les temps apparemment sombres, fonctionne invariablement :

    J'en suis arrivé au bout, et voici ce que je pense : l'ère de la Machine n'est finalement pas désespérée. En réalité, c'est l'époque pour laquelle nous sommes nés. Impossible de la quitter, il nous faut donc l'habiter pleinement. Il nous faut la comprendre, la défier, y résister, la subvertir, la traverser vers quelque chose de meilleur. Si nous pouvons la voir, nous avons le devoir de la dire à ceux qui ne la voient pas encore, tout en luttant pour rester humains. Les gens, les lieux, la prière, le passé. La communauté humaine, les racines dans la nature, le lien à Dieu, les souvenirs transmis de génération en génération. Voilà les choses éternelles.

    En fin de compte, nous ne sommes pas impuissants. Aucun chrétien ne l'est jamais. La seule révolution qui compte est celle que nous menons dans notre cœur ; le choix de connaître, de vivre et d'agir réellement selon la foi que nous prétendons croire, quel qu'en soit le prix.

    Quand cela se produit, le monde commence à changer. Dieu, en son temps, s'occupe du reste.

    Contre la machine : sur la destruction de l'humanité
    par Paul Kingsnorth

    Penguin Random House, 2025
    Relié, 368 pages

  • Garder la foi avec saint John Henry Newman

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    Du Père David Elliott sur le Catholic Herald :

    2 octobre 2025
     
    Garder la foi avec saint John Henry Newman

    Pour ceux qui connaissent l'œuvre de saint John Henry Newman, sa reconnaissance imminente comme docteur de l'Église ne surprendra personne. Un domaine dans lequel il a exercé une influence durable est sa philosophie de l'éducation. Son traité « L'Idée d'une Université » est particulièrement précieux . Sa lecture n'est pas des plus aisées, mais il offre une excellente synthèse sur l'éducation.

    Newman fonda deux institutions éducatives : en 1854, l'Université catholique d'Irlande, qui fut absorbée par l'Université nationale d'Irlande en 1909, et, en 1859, l'Oratory School de Birmingham, aujourd'hui située dans le sud de l'Oxfordshire.

    Tout d'abord, deux anecdotes personnelles tirées de la vie de Newman. En 1816, il avait 15 ans et son père, directeur de banque, subit le malheur de voir sa banque faire faillite. Cela bouleversa profondément la famille Newman. John Henry dut donc rester à l'écart pendant l'été et rester à son école d'Ealing. À cette époque, il tomba gravement malade, mais l'un de ses maîtres, Walter Mayers, prit soin de lui et devint une figure paternelle importante. Mayers lui donna des livres religieux à lire, et c'est cela, combiné à leurs conversations, qui conduisit Newman à une conversion profonde au christianisme – non pas à une adhésion enfantine et servile aux adultes, mais à une foi qu'il partageait et qu'il aimait. Cette conversion au christianisme évangélique le réconforta jusqu'à ce que ses études le conduisent progressivement à l'Église.

    Cela rappelle que le contact individuel entre enseignant et élève est souvent crucial pour amener les jeunes à la foi. Cet aspect individuel allait influencer le charisme oratorien choisi par Newman après son ordination, où la forme d'engagement oratorienne de « pêche à la ligne » était plus attractive que la « pêche au filet » des Jésuites et autres.

    Lorsque Newman entra à l'université, Mayers continua de jouer un rôle important de mentor. Il l'encouragea à être prudent dans le choix de ses amis. Contrairement au pauvre cousin Jasper dans Brideshead Revisited , les paroles de Mayers semblent avoir été entendues. Mayers lui recommanda d'avoir quelques vrais amis plutôt que de nombreuses connaissances superficielles et d'éviter ceux qui mènent une vie dissolue. Il l'encouragea également à se faire ordonner dans l'Église d'Angleterre au plus vite.

    En licence, Newman fréquenta le Trinity College d'Oxford, où ses tuteurs reconnurent en lui un élève brillant, ce qu'il était. Il y entra à 16 ans, plus jeune que ses camarades, mais c'était un étudiant perspicace et érudit. Il travailla si dur pour ses examens finaux qu'il s'épuisa – ce que l'on pourrait appeler une dépression – et échoua. Heureusement, le système lui permit d'être connu personnellement par ses tuteurs, et il se vit offrir une bourse à l'Oriel College pour enseigner à d'autres étudiants.

    Ces deux anecdotes illustrent l'importance d'enseignants qui connaissent leurs élèves et qui investissent temps et énergie pour connaître et former les jeunes esprits. L'importance de la prière pour susciter des vocations à la profession d'enseignant est essentielle dans la vie catholique et, plus largement, dans l'éducation. Sans l'encouragement de ceux qui ont enseigné à Newman, nous ne célébrerions peut-être pas son admission au rang des Docteurs de l'Église.

    Ce n'est que plusieurs années plus tard que Newman fonda son université et son école. Dans son ouvrage Idea of a University, Newman observe que les gens fréquentaient de plus en plus l'université et étudiaient leur matière dans un isolement complet par rapport au reste de l'académie. Le concept d'université consiste à rechercher la vérité universelle. Si chaque matière vise à découvrir la vérité, alors elles doivent être reliées entre elles, et on ne peut découvrir la vérité que si l'on comprend l'ensemble. Il prônait donc une éducation aux arts libéraux. Il fallait étudier de nombreuses matières différentes et comprendre les liens entre elles afin de pouvoir découvrir la vérité. Newman pensait que la théologie devait être au centre et que tout le reste — l'histoire, les sciences, l'art, la géographie, les mathématiques, la littérature, la philosophie, etc. — devait être relié comme une toile d'araignée.

    Newman prônait également une laïcité éduquée :

    « Je veux une laïcité... qui connaissent si bien leur credo qu'ils peuvent en rendre compte, qui connaissent si bien l'histoire qu'ils peuvent le défendre. Je veux des laïcs intelligents et bien instruits. ... Je souhaite que vous élargissiez et cultiviez votre raison, que vous compreniez la relation entre la vérité et la vérité, que vous appreniez à voir les choses telles qu'elles sont, que vous compreniez comment la foi et la raison s'articulent l'une par rapport à l'autre, quelles sont les bases et les principes du catholicisme. »
    (Conférence : Position actuelle des catholiques en Angleterre, 1851)

    De nombreux ecclésiastiques de l'époque considéraient cela comme une innovation dangereuse. Les laïcs pourraient avoir des idées néfastes, et il serait difficile pour le clergé de défendre les vérités historiques. C'était, et c'est toujours, un danger, mais Newman a pris conscience d'au moins deux autres faits importants.

    Premièrement, l'éducation allait de toute façon finir par être universelle. Il valait mieux que les catholiques soient éduqués par d'autres catholiques plutôt que par des personnes susceptibles d'être hostiles à l'Église.

    Deuxièmement, Newman connaissait son histoire. Rappelez-vous sa célèbre maxime tirée de l'introduction à L'évolution de la doctrine chrétienne :

    « Être profondément imprégné d'histoire, c'est cesser d'être protestant. »

    Newman savait que la clé pour convertir les protestants était d'étudier l'histoire de manière approfondie et correcte afin de découvrir la vérité. Il comprenait qu'au IVe siècle, lors du concile de Nicée, face à la menace de l'arianisme, alors que de nombreux évêques et théologiens étaient influencés par la version non divine de Jésus proposée par Arius, ce sont les laïcs qui ont maintenu la foi orthodoxe face à l'hérésie. (Voir l'article de Newman intitulé On Consulting the Faithful in Matters of Doctrine, 1859.) Il cite saint Hilaire :

    « Les oreilles du peuple sont plus saintes que le cœur des évêques. »

    Newman percevait qu'une autre tempête se préparait : la menace du rationalisme et d'une philosophie athée cohérente à l'ère moderne. Le clergé seul ne serait pas en mesure de combattre cette menace. Les laïcs devaient être prêts à prendre leur place sur le champ de bataille, et ils devaient être équipés sur le plan éducatif pour le faire.

    À notre époque, nous avons plus que jamais besoin de la philosophie de l’éducation de Newman : des laïcs instruits, une éducation holistique et des enseignants pour inspirer la vérité, l’enthousiasme, des conseils judicieux et la persévérance à nos jeunes.

    Le père David Elliott est prêtre de l'Ordinariat de Notre-Dame de Walsingham et directeur de théologie à l'école de l'Oratoire.

  • Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations militantes de la langue – Sous la direction de Sami Biasoni 

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    De gènéthique.org :

    Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations militantes de la langue – Sous la direction de Sami Biasoni

    30 septembre 2025

     

    Encyclopédie des euphémismes contemporains et autres manipulations militantes de la langue

    Les mots ont un sens. Mais parfois plus encore. Ils peuvent être « porteurs d’une charge émotionnelle importante » et « enfreignent » alors « la neutralité axiologique de la langue ». Dès lors, « par l’acte d’énonciation, celui qui parle prend une position politique et morale, malgré lui ».

    C’est particulièrement vrai en matière de bioéthique où l’on fait disparaitre la mère derrière la « gestation pour autrui », où l’on « aiderait » à mourir quand en réalité on abrège la vie, où l’on « interrompt » des grossesses qui ne peuvent être reprises et où le sexe serait « assigné » à la naissance quand il est simplement constaté.

    Dans un ouvrage collectif passionnant, 41 intellectuels réunis par Sami Biasoni, docteur en philosophie de l’Ecole normale supérieure, décortiquent différents néologismes nés de revendications. Les thèmes abordés vont bien au-delà de la bioéthique, bien qu’elle tienne une place significative, que ce soit à travers des éléments de cette encyclopédie – on notera entre autres la critique d’actualité de la « GPA éthique » – ou au détour d’autres concepts comme celui de la « Démocratie participative ».

    « Nul ne saurait contester que les totalitarismes se sont toujours préoccupés au plus haut point du sort de la langue. Car la langue est non seulement ce qui permet de dire, mais aussi le matériau premier de la pensée construite. »

    Un appel à ne pas se laisser imposer des mots, pour ne pas se laisser imposer des idées.

    Editions : Cerf

    Date de publication : 11/092025

    Nombre de pages : 312

  • La foi est-elle raisonnable ? La réponse de Benoît XVI à Westminster résonne encore

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    De

    La foi est-elle raisonnable ? La réponse de Benoît XVI à Westminster résonne encore.

    COMMENTAIRE : Il y a exactement 15 ans aujourd'hui, le discours de Benoît XVI au Westminster Hall de Londres renversait la question classique : non pas de savoir si la foi est raisonnable, mais si la raison elle-même a un sens sans le christianisme.

    La question est aussi vieille que le christianisme lui-même. 

    Est-il raisonnable de croire qu'un homme nommé Jésus est le Fils de Dieu qui, pleinement divin et sans renoncer à sa divinité, est né d'une Vierge, est mort, est ressuscité et est monté au ciel ? Est-il raisonnable de croire que le Dieu unique, indivisible, est composé de trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit ?

    Ou bien ces vérités sont-elles un affront à la raison ? Devons-nous renoncer à notre raison pour les accepter ?

    Les tentatives pour répondre à cette question abondent au fil des siècles. Certaines ne reçoivent pas l'attention qu'elles méritent. J'ai donc été heureux de voir Stephen P. White revenir sur la visite du pape Benoît XVI au Royaume-Uni en septembre 2010, où, à Westminster Hall, le Saint-Père a non seulement apporté l'une des réponses les plus originales et les plus finement articulées à cette question, mais l'a même inversée.

    Bien que 15 ans se soient écoulés, le souvenir de ma collaboration avec une équipe exceptionnelle de la Secrétairerie d'État pour préparer cette visite au Royaume-Uni reste vif dans ma mémoire. Nous avons eu le privilège de travailler pour un pape qui avait consacré sa vie à la recherche de la sagesse théologique et au dialogue permanent avec l'Église et le monde, en tant que professeur d'université, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et successeur de saint Pierre. 

    Bien que j’aie déploré que Joseph Ratzinger n’ait pas eu l’occasion de se consacrer pleinement à la recherche, aujourd’hui, plus d’une décennie après sa démission et trois ans après sa mort, j’apprécie davantage la façon dont chaque phase de sa vie extraordinaire a façonné sa pensée et l’a imprégné d’une sagesse qu’il n’aurait pas atteinte autrement.

    Son discours à Westminster Hall en témoigne. Il illustre une stratégie innovante que même saint Jean-Paul II n'a pas pleinement exploitée.

    Quelle était cette stratégie ?

    Il s'agissait tout simplement de renverser la question. Plutôt que de se demander si la foi est raisonnable, pourquoi ne pas se demander si l'Europe et son héritage le sont sans le christianisme ? Pourquoi ne pas se demander si les institutions politiques ancrées dans la « tradition occidentale », au sens large, sont compréhensibles indépendamment des marques distinctives que leur ont laissées la Révélation et la foi chrétiennes ?

    Avec Joseph Ratzinger, nous disposions d'une matière abondante issue de ses recherches intellectuelles antérieures. Elles seraient trop nombreuses pour être énumérées, mais permettez-moi de mentionner son dialogue de 2004 avec le philosophe Jürgen Habermas, dans lequel Ratzinger exprimait notamment des réserves quant à la position de Habermas selon laquelle la communication interpersonnelle suffit à elle seule à permettre à la raison d'atteindre la vérité. 

    Ratzinger partageait l'avis de Habermas sur l'existence d' un tel fondement, mais soutenait que la raison humaine, en raison de ses limites inhérentes (même dans la communication interpersonnelle), ne peut constituer le fondement ultime de sa propre certitude. Selon lui, c'est précisément ce qui a conduit le christianisme à se considérer comme la religion de la raison ou « logos » et à développer une théologie du Logos .

    Cela peut paraître ésotérique, mais comme Benoît XVI l'a démontré à Westminster Hall, ce n'est pas le cas. Cela a de réelles conséquences sur la sphère politique. 

    La première est que les limites de la vérité atteignables par la communication interpersonnelle justifient un gouvernement limité. Elles légitiment également les positions d'opposition au gouvernement, comme le refus de saint Thomas More de prêter le serment de suprématie. 

    Pour citer White citant Benoît XVI : « Si les principes moraux qui sous-tendent le processus démocratique ne sont eux-mêmes déterminés par rien de plus solide que le consensus social, alors la fragilité du processus devient tout à fait évidente — c’est là que réside le véritable défi pour la démocratie. »

    Comme je l’ai noté ailleurs, le pape Léon XIV a commencé à réaffirmer l’importance d’un gouvernement limité dans ses discours publics, et il le fait d’une manière qui rappelle Benoît XVI. 

    Pour étayer cet argument, Benoît XVI a dû renverser une autre idée fausse répandue. À savoir, la loi naturelle est trop souvent perçue comme un simple tremplin vers la Révélation divine. Elle est trop facilement écartée de sa source divine. Autrement dit, ce n'est pas seulement la loi naturelle qui ouvre un horizon à la Révélation, mais la Révélation elle-même qui ouvre un horizon de compréhension de la loi naturelle. 

    J’ai plusieurs amis intellectuels catholiques qui sont mal à l’aise avec cette dernière interprétation parce qu’ils craignent qu’elle atténue le pouvoir de persuasion de la loi naturelle dans le discours public ou qu’elle cède la place à l’intégralisme , l’idée selon laquelle le spirituel et le temporel doivent être pleinement intégrés dans les structures politiques.

    Ce n'est pas du tout ce que pensait Benoît XVI. Il pensait que la dignité humaine, la liberté d'expression et les autres droits fondamentaux, bien qu'accessibles à la raison humaine indépendamment de la Révélation, ne se révèlent pleinement qu'avec l'illumination de la Révélation. L'explication que White donne du discours de Benoît XVI le montre bien :

    (Benoît XVI) a ensuite soutenu que la tradition catholique soutient que « les normes objectives régissant l'action juste sont accessibles à la raison, indépendamment du contenu de la Révélation ». Par conséquent, le rôle de l'Église n'est pas de dicter ces normes à la communauté politique comme si elles ne pouvaient provenir d'aucune autre source, mais de « purifier » et d'« éclairer » la manière dont le débat raisonné doit rechercher, découvrir et appliquer les principes moraux objectifs. La religion joue un « rôle correctif » dans la quête de la raison.

    Si vous écoutez attentivement Benoît XVI, vous l'entendrez développer un argument convaincant en faveur du rôle incontournable de la religion dans le discours public. Au sein de la Secrétairerie d'État, nous avons travaillé assidûment à corroborer cet argument, un argument qui prend toute sa valeur si l'on compare le discours de Westminster à celui dit de Ratisbonne (2006) et au discours des Bernardins (2008) prononcés à Paris. 

    Je serai honnête en disant que j’ai été déçu lorsque l’élan du débat a été sérieusement ralenti en raison de la démission de Benoît XVI, mais il avait ses raisons . 

    Bien qu'il ne l'ait jamais dit ouvertement, je crois que l'une des raisons était que plusieurs facteurs malheureux l'empêchaient de se faire entendre, même pendant son règne de souverain pontife. C'est pourquoi il a consacré un temps considérable à terminer sa trilogie sur la vie de Jésus, la donnant même la priorité sur ce qui devait être sa dernière encyclique, car il était beaucoup plus facile de transmettre un tel document à son successeur.

    Je serai tout aussi honnête en affirmant que nous ne pouvons pas laisser ce débat s'éteindre. Malgré sa subtilité et sa sophistication, il a des conséquences désastreuses sur la vie politique. À tout le moins, il nous aide à naviguer sur un chemin difficile entre des aspirations débridées à une interprétation purement laïque de la démocratie libérale et une nostalgie irréfléchie de la chrétienté pré-moderne. Ces deux phénomènes sont aujourd'hui d'une importance inquiétante.

    Autrement dit, en nous ouvrant pleinement au plan de Dieu pour nous, révélé par la Révélation divine, nous sommes moins enclins à déformer l'Évangile en le forçant à se conformer au monde profane. Nous devrions plutôt permettre au monde profane d'être éclairé par l'Évangile. 

    Personne n’a exprimé cela avec plus de concision que George Weigel : 

    Vatican II n'a pas simplement appelé l'Église à « rencontrer le monde moderne ». Le Concile a appelé l'Église à convertir le monde moderne. Comment ? En offrant Jésus-Christ comme icône d'un humanisme authentique et l'Église sacramentelle comme icône d'une authentique communauté humaine.

    Il y a des raisons d’espérer que, grâce à nos prières, le pape Léon XIV poursuivra l’appel conciliaire à convertir le monde plutôt qu’à simplement le rencontrer.

    Daniel B. Gallagher est maître de conférences en philosophie et en littérature au Ralston College. Il a travaillé pendant dix ans à la Secrétairerie d'État du Vatican sous les papes Benoît XVI et François.

  • L'avortement ou la tyrannie du fort contre le faible

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    De Mgr Rob Mutsaerts sur LifeSiteNews :

    Mgr Mutsaerts : Chesterton a montré pourquoi l'avortement est la tyrannie du fort contre le faible

    Pour G.K. Chesterton, une civilisation juste protège ses membres les plus innocents et les plus démunis. L'avortement inverse la justice, accordant à l'enfant à naître une protection encore moindre que dans la Rome païenne.

    Image en vedetteGK Chesterton

    LifeSiteNews ) — Je suis un fervent admirateur de G.K. Chesterton. Chesterton (1874–1936) était un écrivain et penseur anglais connu pour sa défense acharnée de la morale traditionnelle et des valeurs chrétiennes. Bien que l'avortement à son époque n'était ni légal ni répandu comme aujourd'hui, il a clairement abordé des thèmes connexes dans ses essais et ses livres : la valeur de chaque vie humaine, le caractère sacré de la famille et les dangers des tendances modernes comme l'individualisme et le matérialisme.

    Dans cet essai, j'examine la réaction de Chesterton face aux lois modernes sur l'avortement, qui n'offrent aucune protection juridique à l'enfant à naître. Cette situation contraste fortement avec le principe juridique romain du curator ventris , selon lequel un tuteur était désigné pour protéger les intérêts de l'enfant à naître.

    Chesterton a toujours été convaincu que chaque vie humaine possède une valeur et une dignité intrinsèques, en tant que créature de Dieu. À son époque, il s'opposait fermement aux théories eugéniques et à toute philosophie considérant certains groupes comme moins humains. Il observait que de telles idées ne pouvaient atteindre leurs « avantages » qu'en niant l'humanité à une catégorie entière de personnes.

    Là où les eugénistes déshumanisaient les « inférieurs », l'avortement agit de la même manière avec un groupe encore plus vulnérable : « les personnes les plus faibles et les plus sans défense : les enfants à naître ». Chesterton insistait sur le fait que l'enfant à naître est un être humain à part entière, et il parlait sans équivoque de l'avortement comme d'un « massacre des enfants à naître ». Un langage aussi fort montre qu'il considérait l'avortement comme une atteinte directe à la dignité humaine et à la vie humaine elle-même.

    Profondément religieux, Chesterton considérait la vie – même in utero – comme sacrée et voulue par Dieu. Il soulignait qu'aucune personne ni institution n'a le droit de détruire délibérément une vie humaine innocente. Fidèle à la tradition, Chesterton croyait que le droit à la vie vient directement de Dieu pour chaque être humain, y compris l'enfant dans l'utérus, et qu'aucune raison matérielle (qu'elle soit médicale, sociale ou économique) ne peut justifier sa destruction.

    Son indignation morale contre l'avortement découle de ce principe. Il a ridiculisé un correspondant qui prônait l'avortement pour réduire la pauvreté, affirmant que cet homme était « optimiste » face au « massacre des enfants à naître », tout en se « désespérant » à l'idée d'une simple augmentation des salaires. Avec une ironie mordante, Chesterton a écrit à propos de ces réformateurs : « Il nourrit de l'espoir face à la dégradation féminine, de l'espoir face à la destruction humaine. » Cela montre que Chesterton considérait l'avortement non seulement comme un tort personnel, mais aussi comme une maladie sociale – une horreur permise seulement lorsque la société oublie la vérité fondamentale selon laquelle chaque vie humaine, aussi petite ou fragile soit-elle, est infiniment précieuse.

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