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Le départ de Benoît XVI : cinq ans déjà

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De Jean-Marie Guénois sur le site du figaro.fr :

Il y a cinq ans, Benoît XVI renonçait à sa charge de pape

Le 11 février 2013, Benoît XVI créait un tremblement de terre dans l'Eglise et suscitait l'émoi de la planète catholique.

La nouvelle tombe comme un coup de canon, ce 11 février 2013. Benoît XVI renonce à sa charge de pape! Jamais ou presque un pape n'avait osé démissionner. Les lointains précédents - Benoît XI en 1045 ; Grégoire VI en 1046, Célestin V en 1294, Grégoire XII en 1415 - décidés en période de fortes crises et d'agitation interne de l'Eglise catholique - ne sont pas comparables. La tradition voulait en effet qu'un pape était élu à vie. Jusqu'à sa mort donc.

D'où l'émoi de la planète catholique: un milliard quatre cent millions de fidèles présents dans tous les pays du globe et dans toutes les cultures. D'où la révolution pour le Saint-Siège: cette entité morale reconnue par le droit international dont le territoire, 44 ha, de la cité du Vatican est aussi l'une des plus anciennes administrations du monde.

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Benoît XVI, pape considéré comme conservateur, ouvrait là une brèche très moderne dans l'édifice de la Curie romaine. Ses us et coutumes, inscrites dans le marbre depuis des siècles, se trouvaient chamboulés à l'extrême. Ce pape frêle provoquait un tremblement de terre. Il le savait mais ne voulait une révolution pour autant.

Ce qu'il ne pouvait pas prévoir fut sa succession. Il s'en remit à la «providence divine». Dans la foi chrétienne, ce mot exprime la confiance en l'intervention constante de Dieu dans la conduite des affaires de l'Eglise et du monde.

Benoît XVI avait un penchant pour l'archevêque de Milan, le cardinal Scola, mais les cardinaux italiens se montrèrent trop divisés pour l'élire pape. Après avoir élu deux non italiens - le polonais Jean-Paul II en 1978 et l'allemand Joseph Ratzinger, Benoît XVI, en 2005 -, une première depuis des siècles, les 120 cardinaux tournèrent leur regard vers l'hémisphère sud.

L'Afrique ne proposait pas, cette fois, de candidat apte à une telle charge. L'Asie, avec le cardinal Tagle, archevêque de Manilles aux Philippines, était trop jeune. Ce fut donc le tour de l'Amérique Latine - 40 % des catholiques du monde. On savait qu'elle donnerait tôt ou tard un pape.

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Depuis, le pape François, un argentin qui avait déjà été en lice lors du conclave de 2005 (cardinal Jorge Bergoglio opposé au cardinal Joseph Ratzinger) opère une réforme fondamentale de l'Eglise catholique.

Il l'appelle la «révolution de la tendresse». Il veut changer le visage de l'Eglise catholique, perçu comme sévère, par une main tendue vers tous ceux qui ne veulent plus, ou n'osent plus y entrer. Il appelle cela «se rendre vers les périphéries». Avec un mot clé, une sorte de programme du pontificat: «La miséricorde».

L'Eglise, comparée à un «hôpital de campagne» ne doit donc plus détailler qui entre ou n'entre pas en son sein. Il n'y a plus de «garde-barrière» dit-il. L'Eglise catholique doit être une ville ouverte. Ce qu'elle a toujours été du reste, mais elle donnait l'impression du contraire.

D'où par exemple la possibilité ouverte pour certains divorcés remariés, très motivés, d'accéder à la communion eucharistique, votée par un synode sur la famille en 2015.

Le synode est l'assemblée des évêques. Le pape François, plutôt autoritaire à titre personnel, voudrait - autre réforme - s'appuyer davantage sur ce synode pour gouverner dans une perspective plus collégiale de la fonction papale, plus démocratique.

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Benoît XVI avait-il prévu de telles évolutions? C'est assez improbable puisque son pontificat a été marqué par un retour aux fondamentaux de la doctrine catholique classique. Avec un fort accent mis sur l'orthodoxie de la liturgie et un renforcement de la centralité romaine.

Mais jamais Benoît XVI, au cœur de sa retraite monastique installée dans une maison des jardins du Vatican, n'a critiqué son successeur, ni émis un seul regret. Homme de prière et d'unité, il entend chasser toute division par le haut.

Le 16 avril prochain, il devrait fêter ses 91 ans. S'il est diminué physiquement par une arthrose, il a gardé toute sa tête, lit beaucoup et prie intensément. A la manière d'un moine qu'il aurait rêvé d'être… Le 5 février il a confié au Corriere della Sera, premier quotiden italien: «Face au lent déclin des forces physiques je suis intérieurement en pèlerinage vers la Maison». La «Maison» pour lui, n'est pas la mort dont il ne parle pas mais pour cet homme d'une grande foi, «la vie éternelle».

 

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Commentaires

  • "Paix à vous!Lc 24,36

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