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  • Vivre du Christ (homélie pour le 21e dimanche du temps ordinaire)

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    Jésus est l’être le plus merveilleux que la Terre ait porté. Le connaître, c’est avoir une espérance indestructible. Marcher avec lui, c’est avancer dans la lumière. L’aimer, c’est se brancher sur la source de la vie. Celui qui commence cette vie d’amitié avec le Seigneur le découvre petit à petit ainsi. Mais comment avons-nous su qu’il était bon de lui ouvrir son cœur ? Comment même est-il arrivé jusqu’à nous ? C’est l’Église qui l’a apporté jusqu’à la porte de notre cœur, et c’est par les apôtres qu’elle Le connaît. Il est donc important pour nous de réfléchir à la manière dont Jésus s’est fait connaître à ses apôtres.

    Il ne leur a pas dit un jour : asseyez-vous là, je vais vous expliquer que je suis le Fils de Dieu. Jamais on ne trouve ce genre d’attitude chez Jésus. Et aujourd’hui, ce serait perdre notre temps de vouloir démontrer aux autres que Jésus est le Seigneur — ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas défendre la foi avec des arguments, ce qu’on appelle l’apologétique ; notre monde a un grand besoin d’apologétique ; mais l’apologétique ne prouve pas, elle prépare seulement par l’intelligence le chemin du cœur.

    Au contraire, Jésus a proposé à des disciples de vivre avec lui, de l’accompagner dans les bons et les mauvais moments, les miracles éclatants et les débats les plus âpres, les enseignements doux et les enseignements décapants, les fêtes et les retraites dans des lieux déserts. Et après un certain temps, quand leur cœur a commencé à être touché et à comprendre, il peut leur demander : qu’est-ce qu’il y a dans votre cœur et dans votre intelligence à mon égard ? Qui suis-je à vos yeux ?

    Pierre, au nom de tous, peut dire : tu es le Christ, le Fils de Dieu. Les apôtres avaient déjà dit cela dans la barque après la marche sur la mer. Mais maintenant, Pierre le dit à froid, sans miracle, dans le calme de la plaine. C’est la conviction tranquille de son cœur. Et maintenant, il aura à nourrir encore cette conviction, en y intégrant tous les combats à venir, la trahison, la croix, jusqu’à la résurrection.

    Jésus dit à Pierre que ce n’est pas de lui-même qu’il est venu à le connaître vraiment. C’est le Père qui le lui a révélé. Cela me fait penser à cette autre parole que nous avons entendue le 9 juillet : nul ne connaît le Fils, sinon le Père (Mt 11,27). C’est bien le Père qui nous révèle la richesse qu’il y a dans son Fils, qui nous fait percevoir la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur de l’amour du Christ (Ép 3,18). Et ce jour-là, Jésus avait continué en disant : nul ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Sans réfléchir nous pourrions dire qu’il y a là une impossibilité : si on ne peut connaître le Père sans l’aide du Fils, ni le Fils sans l’aide du Père, comment entrer dans ce cercle ? La méthode est celle du compagnonnage. Je vais marcher avec toi, Seigneur… Je vais apprendre pas à pas qui tu es et qui est le Père… Petit à petit vous vous révélerez l’un l’autre à mon cœur, au fur et à mesure que je vous choisirai, que je vous mettrai à une place de plus en plus élevée dans ma vie. Vous êtes venus ce matin, et je suis admiratif de votre fidélité, de la façon dont dimanche après dimanche vous cherchez le cœur du Christ pour vivre de lui de plus en plus. Continuez ce chemin vers la lumière, continuez même les jours où vous ne sentez rien, car ces jours-là le Seigneur creuse et prépare encore davantage de joie pour quand il vous aura creusé par la foi !

    Avançons ensemble sur ce chemin, en faisant confiance à l’Église, car Jésus a dit qu’elle était « son Église » et que c’est lui qui la bâtirait sur la pierre qu’est l’apôtre Simon-Pierre et que sont ses successeurs les évêques de Rome où Pierre et Paul ont donné leur vie. C’est l’Église qui a le pouvoir d’amener le Christ sans cesse à la porte de notre cœur. Elle a beaucoup de taches, c’est vrai, mais elle est vivante et elle est belle lorsqu’elle vit de foi.

  • Pierre, le roc sur lequel le Christ a fondé l'Eglise (21e dimanche du temps ordinaire)

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    De Benoît XVI lors de l'Audience générale du mercredi 7 juin 2006 :

    Pierre, le roc sur lequel le Christ a fondé l'Eglise

    Chers frères et soeurs,

    Nous reprenons les catéchèses hebdomadaires que nous avons commencées ce printemps. Dans la dernière, il y a quinze jours, j'ai parlé de Pierre comme du premier des Apôtres. Nous voulons aujourd'hui revenir encore une fois sur cette grande et importante figure de l'Eglise. L'évangéliste Jean, racontant la première rencontre de Jésus avec Simon, frère d'André, souligne un fait singulier:  Jésus, "posa son regard sur lui et dit:  "Tu es Simon, fils de Jean; tu t'appelleras Képha" (ce qui veut dire:  pierre)" (Jn 1, 42). Jésus n'avait pas l'habitude de changer le nom de ses disciples:  à l'exception de la dénomination de "fils du tonnerre", adressée dans une circonstance précise aux fils de Zébédée (cf. Mc 3, 17) et qui ne fut plus utilisée par la suite, Il n'a jamais attribué un nouveau nom à l'un de ses disciples. Il l'a fait en revanche avec Simon, l'appelant Kepha, un nom qui fut ensuite traduit en grec Petros, en latin Petrus, et il fut traduit précisément parce qu'il ne s'agissait pas seulement d'un nom; c'était un "mandat", que Petrus recevait de cette façon du Seigneur. Le nouveau nom Petrus reviendra plusieurs fois dans les Evangiles et finira par supplanter le nom originel Simon.

    Cette information acquiert une importance  particulière  si  l'on tient compte du fait que, dans l'Ancien Testament, le changement du nom préfigurait en général une mission qui est confiée (cf. Gn 17, 5; 32, 28sq. etc.). De fait, la volonté du Christ d'attribuer à Pierre une importance particulière au sein du Collège apostolique résulte de nombreux indices:  à Capharnaüm, le Maître  va  loger dans la maison de Pierre (Mc 1, 29); lorsque la foule se presse autour de lui sur les rives du lac de Génésareth, entre les deux barques qui y sont amarrées, Jésus choisit celle de Simon (Lc 5, 3); lorsque, dans des circonstances particulières, Jésus ne se fait accompagner que par trois disciples, Pierre est toujours rappelé comme le premier du groupe:  c'est le cas lors de la résurrection de la fille de Jaïre (cf. Mc 5, 37; Lc 8, 51), de la Transfiguration (cf. Mc 9, 2; Mt 17, 1; Lc 9, 28) et enfin, au cours de l'agonie dans le Jardin du Gethsémani (cf. Mc 14, 33; Mt 26, 37). Et encore:  c'est à Pierre que s'adressent les percepteurs de la taxe du Temple, et le Maître paie pour lui-même et pour Pierre uniquement (cf. Mt 17, 24-27); c'est à Pierre qu'Il lave les pieds en premier lors de la Dernière Cène (cf. Jn 13, 6) et c'est seulement pour lui qu'il prie afin que sa foi ne disparaisse pas et qu'il puisse ensuite confirmer en celle-ci les autres disciples (cf. Lc 22, 30- 31).

    Du reste, Pierre lui-même est conscient de sa position particulière:  c'est lui qui souvent, également au nom des autres, parle en demandant l'explication d'une parabole difficile (Mt 15, 15), ou le sens exact d'un précepte (Mt 18, 21), ou bien encore la promesse formelle d'une récompense (Mt 19, 27). C'est lui en particulier qui résout certaines situations embarrassantes en intervenant au nom de tous. Ainsi, lorsque Jésus,  attristé  en raison de l'incompréhension de la foule après le discours sur le "pain de vie", demande:  "Voulez-vous partir vous aussi?", la réponse de Pierre est ferme:  "Seigneur, vers qui pourrions-nous aller? Tu as les paroles de la vie éternelle" (cf. Jn 6, 67-69). C'est également de manière décidée qu'il prononce la profession de foi, encore au nom des Douze, dans les environs de Césarée de Philippe. A Jésus qui demande:  "Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?", Pierre répond:  "Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant!" (Mt 16, 15-16). En réponse, Jésus prononce alors la déclaration solennelle qui définit, une fois pour toutes, le rôle de Pierre dans l'Eglise:  "Et moi, je te le déclare:  Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise... Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux:  tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux" (Mt 16, 18-19). Les trois métaphores auxquelles Jésus a recours sont en elles-mêmes très claires:  Pierre sera le fondement rocheux sur lequel reposera l'édifice de l'Eglise; il aura les clefs du Royaume des cieux pour ouvrir ou fermer à qui lui semblera juste; enfin, il pourra lier ou délier, au sens où il pourra établir ou interdire ce qu'il con-sidérera nécessaire pour la vie de l'Eglise, qui est et qui demeure au Christ. Elle est toujours l'Eglise du Christ, et non de Pierre. C'est ainsi qu'est décrit par des images d'une évidence plastique ce que la réflexion successive appellera le "primat de juridiction".

    Cette position de prééminence que Jésus a voulu conférer à Pierre se retrouve également après la résurrection:  Jésus charge les femmes d'en porter l'annonce à Pierre, de manière distincte par rapport aux autres Apôtres (cf. Mc 16, 7); c'est à lui et à Jean que s'adresse Marie-Madeleine pour informer que la pierre a été déplacée devant l'entrée du sépulcre (cf. Jn 20, 2) et Jean lui cédera le pas lorsque tous les deux arriveront devant la tombe vide (cf. Jn 20, 4-6); ce sera ensuite Pierre, parmi les Apôtres, le premier témoin d'une apparition du Ressuscité (cf. Lc 24, 34; 1 Co 15, 5). Son rôle, clairement souligné (cf. Jn 20, 3-10), marque la continuité entre la prééminence qu'il a eue dans le groupe apostolique et la prééminence qu'il continuera à avoir au sein de la communauté née avec les événements pascals, comme l'atteste le livre des Actes (cf. 1, 15-26; 2, 2 14-40; 3, 12-26; 4, 8-12; 5, 1-11.29; 8, 14-17; 10; etc.). Son comportement est considéré à ce point décisif qu'il est au centre de remarques et également de critiques (cf. Ac 11, 1-18; Ga 2, 11- 14). Au Concile dit de Jérusalem, Pierre exerce une fonc-tion directive (cf. Ac 15 et Ga 2, 1-10), et c'est précisément parce qu'il est un témoin de la foi authentique que Paul lui-même reconnaîtra en lui une certaine qualité de "premier" (cf. 1 Co 15, 5; Ga 1, 18; 2, 7sq.; etc.). Ensuite, le fait que plusieurs des textes clefs se référant à Pierre puissent être reconduits au contexte de la Dernière Cène, où le Christ confère à Pierre le ministère de confirmer ses frères (cf. Lc 22, 31sq.), montre comment l'Eglise qui naît du mémorial pascal célébré dans l'Eucharistie trouve dans le ministère confié à Pierre l'un de ses éléments constitutifs.

    Ce cadre du Primat de Pierre situé lors de la Dernière Cène, au moment de l'institution de l'Eucharistie, Pâque du Seigneur, indique également le sens ultime de ce Primat:  Pierre, en tout temps, doit être le gardien de la communion avec le Christ; il doit guider à la communion avec le Christ; il doit prendre garde à ce que la chaîne ne se brise pas et que puisse ainsi perdurer la communion universelle. Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons être avec le Christ, qui est le Seigneur de tous. La responsabilité de Pierre est de garantir ainsi la communion avec le Christ à travers la charité du Christ, en conduisant à la réalisation de cette charité dans la vie de chaque jour. Prions afin que le Primat de Pierre, confié aux pauvres personnes humaines, puisse toujours être exercé dans ce sens originel voulu par le Seigneur et puisse ainsi être toujours davantage reconnu dans sa véritable signification par nos frères qui ne sont pas encore en pleine communion avec nous.