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  • Cardinal Maradiaga : on peut critiquer le pape avec amour

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    50031_pape-francois-cardinaux-curie-rome-vatican_440x260.jpgL'agenda du pape est surchargé, varié et compliqué, cette semaine plus que les autres. Notre compatriote Bruno d’Otreppe y revient, lui aussi, sur le site web de l’hebdomadaire « La Vie ». Extraits :

    «  (…) C'est ce lundi en effet que le pape reprend un troisième tour de discussions avec son « G8 » (ou « C8 », pour « Cardinals 8 », comme on l'appelle à l'international), ses huit cardinaux qu'il avait choisis pour l'aider à réformer la gouvernance de l'Église.(…)  Peu de chance cependant que mercredi nous en sachions beaucoup plus sur les nouveaux horizons qui attentent la curie. Le Vatican reste extrêmement discret (…).Un dossier institutionnel très sensible est la réforme de l'IOR (l'Institut des œuvres de religion), la banque du Vatican. (…) Ce dimanche, le président de l'IOR lui-même, Ernst von Freyberg, avouait au quotidien argentin La Nacion, que si le moment était « crucial », personne ne pouvait encore présager de la décision du Saint-Père (…). Outre ces questions institutionnelles, le pape reçoit à Rome jeudi et vendredi l'ensemble des cardinaux. Presque un an après qu'ils lui aient confié les clés de l'Église, il s'entretiendra avec eux de la pastorale de la famille, un autre sujet polémique (statut des divorcés-remariés...) qui touche au cœur même des sacrements. Enfin, ce samedi, le pape créera ses premiers cardinaux. La semaine sera donc très observée. (…).

    Le Vatican est un lieu de débats au sein duquel le pape, avec énormément de poigne, agit et réfléchit avec un petit cercle de proches (ce qui ne contente pas tout le monde). Ses gestes sont soumis aux regards de catholiques de tout bord, et il ne sera pas facile de contenter l'ensemble. Pour autant, le pape sait qu'il peut compter sur la prière, son discernement, le dialogue et... le cardinal Maradiaga, coordinateur du « G8 », qui a tenu à rappeler ce week-end que si l'on pouvait critiquer le pape, il fallait toujours le faire avec « amour », « comme un fils peut critiquer sa propre mère ».

    Réf. Semaine décisive pour le pape François

    Toutes les questions abordées ne sont pas à mettre sur le même pied. Les unes sont techniques (la réforme des organes de la curie papale et en particulier de l’institut pour les œuvres de religion), les autres mettent en jeu, outre des choix "pastoraux", la doctrine de la foi et la fidélité à la parole évangélique (indissolubilité du mariage, primauté du pontife romain). Prions, en effet, pour que le Saint-Esprit ait son mot à dire dans ce « remue-méninges » au sommet de l’Eglise. JPSC

  • Consistoire sur la famille : le récit du cardinal Ricard

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    Pour « Famille Chrétienne », Jean-Marie Dumont a interviewé le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux :

    A Rome, le Consistoire extraordinaire qui réunissait à Rome quelque 150 cardinaux autour du thème de la famille vient de se terminer. Le récit du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux. Le Consistoire s’est ouvert jeudi matin : quelle impression gardez-vous de ces premiers moments ?

     Le pape était à l’entrée de l’aula pour nous accueillir, nous serrer la main... C’est le style François ! Nous étions environ 150 cardinaux, avec à la fois des électeurs et des cardinaux de plus de 80 ans. Le pape a prononcé quelques mots d’introduction soulignant l’importance de la famille comme cellule de base de la société. Il a déclaré que la famille était aujourd’hui malmenée et qu’il fallait annoncer le message d’espérance de l’Eglise sur la famille, de façon constante, courageusement.

    Les cardinaux ont ensuite pris la parole …

    La première matinée a été occupée presque intégralement par une longue conférence sur la bonne nouvelle de la famille donnée par le cardinal Walter Kasper. Une conférence en deux temps, entrecoupée d’une pause café ! C’est une intervention que le pape lui avait demandée, en l’encourageant à poser des questions. C’est ce qu’il a fait, en particulier dans sa dernière partie. Le cardinal a bien rappelé qu’il ne s’agissait pas d’un document magistériel mais qu’il avait simplement pour but d’ouvrir des questions.

    Pouvez-vous nous parler du contenu de cette intervention ?

    Dans la première partie, plutôt classique, le cardinal a repris l’enseignement actuel du magistère sur le mariage : la famille dans l’ordre du créé ; les structures de péché au sein de la famille ; la famille dans l’ordre de la rédemption. C’était clair, précis. Un bon résumé de l’enseignement de l’Eglise. Puis sont venues deux parties plus innovantes : l’une concernait sur la famille comme Eglise domestique, comme lieu où la foi se vit, où l’on apprend à vivre en écoutant l’Evangile. Avec une dimension évangélisatrice. Je pense que creuser ces points et les expliquer pastoralement peut être d’un grand intérêt. Une autre partie concernait les divorcés remariés.

    Quelles pistes de travail le cardinal Kasper a-t-il évoqué à ce sujet ?

    Le cardinal a d’abord rappelé ce que dit l’Eglise, qui souligne l’impossibilité pour les chrétiens mariés à l’Eglise ayant contracté un nouveau mariage civil d’accéder à la pénitence et à la confession. Il a également proposé deux questions pouvant servir de piste de travail : faut-il simplifier les procédures de déclaration en nullité de mariage, qui sont souvent longues et complexes ; peut-on ouvrir un chemin pénitentiel pour des personnes civilement remariées qui remplissent certaines conditions, notamment : regretter l’échec de son premier mariage ; être dans une situation stable ; être dans une situation dont on ne peut pas sortir car des enfants sont nés de la 2e union ; avoir un véritable désir des sacrements, de transmettre la foi à ses enfants, de la porter aux autres ; accepter d’entrer dans un parcours d’accompagnement par l’Eglise, qui prendrait du temps. Il a précisé que cette idée ne concernerait pas la masse mais qu’elle pourrait permettre d’apporter certaines solutions à la diversité des situations.

    D’autres cardinaux ont ensuite pris la parole …

    C’est toujours un peu fastidieux car les interventions se succèdent les unes après les autres. 69 cardinaux ont pris la parole entre jeudi après-midi, vendredi matin et vendredi après-midi, soit un peu moins de la moitié. Le premier jour les interventions étaient limitées à 7 minutes mais cette durée a ensuite été limitée à 5 minutes. 30 secondes avant la fin, vous êtes averti par une sonnerie … Certaines interventions concernaient la situation de la famille dans l’ère géographique du cardinal concerné. Par exemple, dans certains pays, c’est la polygamie qui est un problème, beaucoup plus que les divorcés remariés. Le cardinal Luis Antonio Tagle a évoqué les familles philippines dont les pères sont souvent dispersés dans le monde pour le travail et qui communiquent parS kype… Beaucoup d’interventions ont concerné le procès canonique en nullité, certaines allant dans le sens d’une simplification de la procédure, d’autres soulignant l’importance de prendre du temps pour des questions aussi graves, de ne pas les brader. Il y a eu la suggestion qu’une commission travaille cette question. Des interventions ont porté sur la question des divorcés remariés.

    Y avait-il des oppositions ou des tensions entre les cardinaux ?

    Le climat était vraiment serein. Je n’ai pas senti de tension. Il y a des différences, des appréciations parfois divergentes. Mais les débats étaient sereins, avec une bonne écoute fraternelle. Les cardinaux sont véritablement d’accord sur l’essentiel. Deux choses doivent être tenues : d’une part, la fidélité à la parole du Christ qui a dit « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », la grâce du mariage, le Christ qui s’engage à soutenir la fidélité du couple qui prend le chemin avec Lui. Il y a vraiment une volonté commune de ne pas revenir sur cet enseignement fondamental du Christ. D’autre part, le désir de prêter attention aux personnes, aux conditions des familles, souvent difficiles : pauvreté, migrations, santé, malnutrition, problèmes affectifs liés à l’essor du divorce, enfants qui souffrent de la désunion de leurs parents … Avec en arrière-plan une question : quelle bonne nouvelle de la famille pour ceux qui souffrent ?

    Quel est le lien entre ces deux jours de travail menés par les cardinaux et ceux du Synode des évêques qui se tiendra au mois d’octobre ?

    Personne ne sait très bien répondre à cette question… Je pense que le pape attendait de sentir le climat des questions. L’équipe du synode des évêques a pu identifier un certain nombre de points sensibles, à travailler. Cela a permis de formaliser un certain nombre de questions, ce qui est utile pour l’élaboration du document préparatoire au Synode (Instrumentum laboris). Mais on n’a pas d’indication plusprécise sur ce point. 

    Y a-t-il pour vous des écueils à éviter, dans ces travaux sur la famille ?

    Pour moi, l’une des questions est : comment prendre en compte la difficulté de certaines situations sans qu’elles monopolisent les discussions. Il me semble important d’aborder ces questions dans leur ensemble. 

    Certains sujets, par exemple la famille comme lieu d’évangélisation, me semblent très importants. Il peut y avoir un risque de ne pas prendre tout le champ de la réflexion et de la restreindre. 

    Mais je pense que le pape va garder le cap, en tenant compte des personnes qui ont connu l’échec mais sans s’enfermer dans cette préoccupation.

    L’Evangile de la famille est beaucoup plus large que cela. Il ne faut pas nous laisser enfermer par la psychose de l’échec même si ces échecs existent. Nous sommes en effet porteurs d’une bonne nouvelle que nous avons à annoncer à tous, aux jeunes notamment, en les aidant à accueillir cette bonne nouvelle et à la vivre.

    Comment le pape a-t-il eu l’idée d’organiser cette grande réflexion sur la famille ?

    Le pape est revenu sur ce point à la fin du Consistoire. Il nous a raconté comment l’équipe de pilotage du synode lui avait proposé différents thèmes de travail dont celui-ci : « qu’est-ce que le Christ doit apporter à l’homme d’aujourd’hui ? ». Il a retenu son attention mais il a suggéré d’y ajouter « et à la famille ». Si bien que la famille est passée en quelque sorte au centre des réflexions. L’idée de ces travaux est donc de servir la bonne nouvelle du Christ pour la famille.

    Et le Saint Esprit dans tout ça ?

    Pendant ces deux jours, le pape est resté silencieux, a écouté. A la fin, pourtant, il a repris la parole, disant simplement que cette intuition de pouvoir réfléchir sur la famille lui paraissait être une intuition du Saint Esprit. Il est sûr que le Seigneur nous accompagne. Nous devons donc être dans une attitude de confiance, mais aussi de prière. On nous a d’ailleurs distribué une prière que nous avons dite, tous ensemble (cf. texte ci-dessous).

    Réf. Consistoire sur la famille : le récit du cardinal Ricard

    Mais c’est tout de même l’étrange recette du Cardinal Kasper qui a retenu l’attention des médias : un divorcé remarié pourrait accéder  à la communion sacramentelle s’il regrette l’échec de son premier mariage ; se trouve dans une situation stable dont il ne peut pas sortir car des enfants sont nés de la 2e union , exprime un ‘vrai désir ‘ des sacrements, de transmettre la foi à ses enfants et de la porter aux autres. « Regrets, vrai désir, impasse », bref une porte ouverte sur la casuistique dont parlait déjà Pascal dans ses célèbres  « Lettres à un Provincial » de la Compagnie de Jésus. Il est vrai que Pascal était un janséniste...

    JPSC

  • Cardinal Kasper : au nom de la miséricorde

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    Lors de son premier Angélus, le pape François a recommandé un ouvrage de théologie du cardinal Kasper, un livre qui «m'a fait beaucoup de bien» ajoutait-il, parce qu'il dit que «la miséricorde change tout; elle change le monde en le rendant moins froid et plus juste».  A  propos de cet ouvrage, le site « Benoît et moi » a  traduit une interview du Cardinal Kasper parue ici https://www.commonwealmagazine.org/kasper-interview-popefrancis-vatican (extraits):

    Commonweal: Dans votre livre, «Miséricorde», vous soutenez que la miséricorde est la base de la nature de Dieu. Comment la miséricorde est-elle la clé pour comprendre Dieu?

    Cardinal Walter Kasper: (…). La relation de Dieu à Moïse dans le buisson ardent n'est pas «je suis», mais «je suis avec toi». Je suis pour toi. Je vais avec toi». Dans ce contexte, la miséricorde est déjà très fondamentale dans l'Ancien Testament. Le Dieu de l'Ancien Testament n'est pas un Dieu en colère, mais un Dieu miséricordieux (…).  C'est une question de liberté. Pardonner, c'est ma liberté, et l'autre est libre de l'accepter ou non.

    CWL: Dans votre livre, vous parlez de la seconde encyclique de Jean-Paul II, dans laquelle il écrit que la justice seule ne suffit pas, et que, parfois, la plus haute justice peut finir par devenir la plus haute injustice. Cela a-t-il été le cas à l'intérieur de l'Église elle-même, en particulier en ce qui concerne la façon dont la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a traité certains théologiens?

    Kasper: (…) La miséricorde est également un point critique pour l'Église. Elle doit la prêcher. Nous avons un sacrement de la miséricorde - le sacrement de pénitence, mais nous devons le réévaluer, je pense … Le Pape François a dit que nous devons devenir une Église pauvre pour les pauvres - c'est son programme. À cet égard, il commence une nouvelle phase de la réception du Concile.

    CWL: Vous notez également que la miséricorde et la justice ne peuvent pas être établies ici sur la terre, et que ceux qui ont essayé de créer le paradis sur terre ont plutôt créé l'enfer sur terre. Vous dites que cela est vrai aussi pour les perfectionnistes ecclésiastiques - ceux qui conçoivent l'église comme un club pour les purs. Quel est l'impact de ce point de vue au sommet de l'Église aujourd'hui ?

    Kasper: (…) J'ai l'impression que cela est très important pour le pape François. Il n'aime pas les gens dans l'Église qui condamnent les autres….

    CWL: Dans votre discours en préambule au consistoire, vous avez noté que, pour le bien de leurs enfants, beaucoup de partenaires qui ont déserté dépendent d'un nouveau partenariat, un mariage civil, qu'ils ne peuvent quitter sans une culpabilité supplémentaire. Plus loin, dans votre discours, vous parlez de la possibilité qu'un catholique divorcé et remarié puisse, après une période de pénitence, recevoir à nouveau la communion. Vous dites que ce serait un petit nombre de personnes, ceux qui veulent vraiment le sacrement et qui comprennent la réalité de leur situation et répondent aux préoccupations qu'aurait leur pasteur. Envisagez-vous une situation dans laquelle un divorcé-remarié catholique - un catholique avec un nouveau partenariat et un mariage civil - pourrait vivre avec son nouveau partenaire «comme frère et sœur» sans détruire ce partenariat (…) ?

    Kasper: L'échec d'un premier mariage n'est pas seulement lié à un comportement sexuel erroné (…).Il a échoué; il y avait un problème. Cela doit être confessé. Mais je ne peux pas penser à une situation dans laquelle un être humain est tombé dans un fossé et qu'il n'y a pas moyen de sortir. Souvent, il ne peut pas revenir à son premier mariage. (…). Mais la pénitence est la chose la plus importante - se repentir de ce qui s'est passé, et une nouvelle orientation. La nouvelle quasi-famille ou le nouveau partenariat doit être solide, vécu d'une manière chrétienne.  Est-ce que l'absolution n'est pas possible dans ce cas? Et si l'absolution, alors aussi la sainte la communion? Il y a beaucoup de thèmes, de nombreux arguments dans notre tradition catholique qui pourraient permettre cette avancée.
    Vivre ensemble comme frère et sœur? Bien sûr, j'ai beaucoup de respect pour ceux qui font cela. Mais c'est un acte héroïque, et l'héroïsme n'est pas pour le chrétien moyen. Cela pourrait également créer de nouvelles tensions (…).

    CWL: Un défenseur de l'enseignement actuel de l'Église et de la pratique pastorale dirait que l'absolution nécessite la pénitence, et que cela implique une ferme intention d'amendement - c'est-à-dire que vous n'avez pas l'intention de revenir à la situation de péché, comme si rien n'a changé. Vous avez l'intention non seulement de ne plus pécher, mais d'éviter «la prochaine occasion de péché». Les détracteurs de votre proposition diront, oui, nous sommes d'accord avec l'absolution pour ces gens, mais cela pourrait exiger ce que vous décrivez comme un ajustement héroïque de leur vie pour être en mesure de recevoir la communion.

    Kasper: (…) Je dirais que les gens doivent faire ce qui est possible dans leur situation. Nous ne pouvons pas, en tant qu'êtres humains, faire toujours l'idéal, le mieux. Nous devons faire le mieux possible dans une situation donnée. Une position entre rigorisme et laxisme - le laxisme n'est pas possible, bien sûr, parce que ce serait contre l'appel à la sainteté de Jésus. Mais le rigorisme non plus n'est pas dans la tradition de l'Eglise (…).

    CWL: Donc, pour être clair, quand vous parlez à un divorcé et remarié catholique qui n'est pas en mesure de satisfaire aux exigences de rigoristes sans encourir une nouvelle culpabilité, qu'est-ce qui le rendrait coupable?

    Kasper: L'éclatement de la deuxième famille. S'il y a des enfants, vous ne pouvez pas le faire. Si vous êtes engagé avec un nouveau partenaire, vous avez donné votre parole, donc ce n'est donc pas possible (…).


    CWL: Dans votre allocution au consistoire, vous demandez si nous pouvons «dans la situation actuelle, présupposer sans balancer que les fiancés partagent la croyance dans le mystère qui est signifié par le sacrement, et qu'ils comprennent vraiment et affirment les conditions canoniques pour la validité du mariage» (…).

    Kasper: C'est un vrai problème. J'ai parlé au pape lui-même à ce sujet, et il a dit qu'il croit que 50 pour cent des mariages ne sont pas valides (…).Beaucoup de canonistes me disent qu'aujourd'hui dans notre situation pluraliste nous ne pouvons pas supposer que les couples donnent vraiment leur accord à ce que l'Eglise requiert…


    CWL: Vous parlez aussi de la différence entre le principe orthodoxe oriental de l'oikonomia et le principe occidental de l'epikeia . Pourriez-vous nous expliquer la différence entre ces choses (…) ?

    Kasper: Les orthodoxes ont le principe de oikonomia, qui leur permet dans des cas concrets de "dispenser", comme diraient les catholiques, le premier mariage pour en permettre une second dans l'église. Mais ils ne considèrent pas le second mariage comme un sacrement (…).Epikeia dit qu'une règle générale doit être appliquée à une situation particulière - souvent très complexe - prenant en considération toutes les circonstances particulières (…).Nous pouvons commencer par là. Nous avons nos propres ressources pour trouver une solution.

    CWL: (…). S'il y avait un changement dans la manière dont l'Eglise catholique romaine traite les catholiques remariés, cela rendrait-il les choses beaucoup plus faciles, ou même un peu plus faciles, pour le rapprochement entre l'Orient et l'Occident? Ou pas faciles du tout?

    Kasper: Ce serait plus facile. Ils ont cette tradition, et leur tradition n'a jamais été condamnée par un concile œcuménique (…).

    CWL: Quand il s'agit de la question de la communion pour les catholiques divorcés et remariés, vous avez vos détracteurs, dont certains ont trouvé à s'exprimer dans la presse italienne. Le Cardinal Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, a eu droit à un large espace dans Il Foglio pour critiquer votre proposition. Il a une question pour vous: «Qu'est-ce qui se passe avec le premier mariage?»

    Kasper: (…) Si nous regardons à l'action de Dieu dans l'histoire du salut, nous voyons que Dieu donne à son peuple une nouvelle chance. C'est la miséricorde. L'amour de Dieu ne s'arrête pas parce qu'un être humain a échoué - s'il se repent. Dieu donne une nouvelle chance -pas en annulant les exigences de la justice: Dieu ne justifie pas le péché. Mais il justifie le pécheur. Beaucoup de mes détracteurs ne comprennent pas cette distinction. Je ne nie pas que le lien du mariage reste. (…). Le second mariage, bien sûr, n'est pas un mariage dans notre sens chrétien. Et je serais contre le célébrer dans l'église. Mais il y a des éléments d'un mariage. Je comparerais cela à la façon dont l'Eglise catholique considère d'autres églises. L'Eglise catholique est la véritable Eglise du Christ, mais il ya d'autres églises qui ont des éléments de la véritable Eglise, et nous reconnaissons ces éléments. De la même manière, pouvons-nous dire, le vrai mariage est le mariage sacramentel. Et la deuxième n'est pas un mariage dans le même sens, mais il y a des éléments en lui - les partenaires prennent soin les uns des autres, ils sont exclusivement liés les uns aux autres, il y a une intention de permanence. C'est la meilleure situation possible. De façon réaliste, nous devons respecter de telles situations, comme nous le faisons avec les protestants. Nous les reconnaissons comme chrétiens. Nous prions avec eux.

    CWL: Est-il juste de dire que vos détracteurs pensent que c'est un désaccord sur l'indissolubilité du mariage, mais que vous dites que le désaccord, tel qu'il est, concerne les sacrements de la réconciliation et de l'Eucharistie?

    Kasper: En aucun cas, je ne nie l'indissolubilité du mariage sacramentel. Ce serait stupide (…). Mais nous devons reconnaître que les chrétiens peuvent échouer, et alors nous devons les aider.  A ceux qui diraient: «Ils sont dans une situation de péché», je dirais: le pape Benoît XVI a déjà dit que ces catholiques peuvent recevoir la communion spirituelle. La communion spirituelle est d'être un avec le Christ. Mais si je suis un avec le Christ, je ne peux pas être dans une situation de péché grave. Donc, s'ils peuvent recevoir la communion spirituelle, pourquoi pas aussi la communion sacramentelle ?...

    CWL: Comment décririez-vous l'atmosphère au Vatican en ce moment (…) ?

    Kasper: (…) Au Vatican, il y a beaucoup d'entre nous qui sont très en faveur du pape François parce que nous avons vu à la fin du dernier pontificat des événements comme Vatileaks, donc quelque chose n'allait pas. (…) J'ai l'impression que le pape François est déterminé à faire quelques changements. Il en a déjà fait de très importants. Je pense qu'il y a déjà un point de non-retour (…).  Le pape, très déterminé, va de l'avant. Si quelques années lui sont données, il va faire quelque chose.

    CWL: Le pape a soixante-dix-sept ans. Compte tenu du fait que d'autres seront responsables de la réalisation de ses réformes (...) quelles sont les perspectives de succès?

    Kasper: Le Pape Jean XXIII a eu seulement cinq ans, et il a changé beaucoup de choses. Il y avait aussi un point de non-retour avec Paul VI. Le Pape François ne peut pas tout faire par lui-même; il pense en catégories de processus. Il veut lancer un processus qui se poursuit après lui. Il aura la possibilité de nommer, je crois, 40 pour cent des cardinaux, et ce sont eux qui éliront un nouveau pape. De cette façon, il est capable de conditionner un nouveau conclave. Bien sûr, le Saint-Esprit est également présent (…) »

    Réf.  Une longue interviewe-provocation du cardinal Kasper au magazine américain Commonweal . Bref, au nom de la miséricorde, un boulevard s'ouvre entre l'annulation possible des cinquante pourcents de mariages présumés illégitimes et, sous certaines conditions, exclure l'état de concubinage du champ de la faute l'état de concubinage: aujourd'hui pour les divorcés-remariés; pourquoi pas demain la cohabitation juvénile, et après-demain d'autres types de "partenariats"... ? Il est douteux que ce genre de "pastorale" résolve vraiment le fond du problème. JPSC

  • Retour sur la condamnation inique du cardinal Barbarin

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    De François de Lacoste-Lareymondie sur le site de l'Incorrect :

    L’AFFAIRE BARBARIN : RETOUR SUR UN JUGEMENT INIQUE

    @dr

    Le jugement rendu par le tribunal correctionnel de Lyon à l’encontre du cardinal Barbarin laisse un goût amer. Aussi mérite-t-il un examen juridique précis de ce qu’a été la démarche du juge, ce qu’a accepté de faire François de Lacoste-Lareymondie pour l’Incorrect.

    L’obligation de dénoncer les abus sexuels sur mineurs est posée par l’article 434-3 du code pénal. Le fait de s’en abstenir constitue lui-même un délit. Le tribunal avait ici deux questions à traiter :

    • La première portait sur la définition du délit de non-dénonciation.
    • La seconde portait sur l’appréciation des faits dans le cas particulier.

    1/ La définition du délit de non-dénonciation.

    La question avait déjà tranchée par le parquet de Lyon lorsque les poursuites avaient été engagées en 2015 contre le P Preynat. Celui-ci avait alors classé sans suite la demande de poursuite contre le cardinal Barbarin, en tenant le raisonnement suivant :

    L’obligation de dénonciation, pour avoir un effet utile, ne peut pas viser des infractions qui seraient prescrites.

    • L’obligation de dénonciation, pour avoir un effet utile, ne peut pas viser des infractions qui seraient prescrites ;
    • Or les enquêtes menées ont montré que les abus sexuels reprochés à Preynat sont tous antérieurs à 1991, comme il l’avait affirmé au cardinal ; les délits d’abus sexuel se prescrivant alors par 10 ans, même s’il faut calculer le délai à compter de l’âge de la majorité quand une victime était mineure, ils étaient à l’évidence prescrits ; il était donc devenu juridiquement impossible de poursuivre et de condamner Preynat.
    Par conséquent leur dénonciation eût été inopérante et le cardinal Barbarin ne pouvait y être obligé du point de vue pénal . Cela semblait acquis pour tous les juristes.

     

     

    Le tribunal a voulu sortir de ce cadre qui vidait le procès de sa substance. Il l’a fait par un raisonnement inédit en quatre temps :
    • A la différence des autres obligations de dénonciation de crimes ou délits qui ont pour but de les prévenir, d’en limiter les effets, ou d’en éviter la récidive, en matière d’abus sexuels il a considéré qu’elle est est de portée générale et absolue ;
    • Il en a déduit qu’il importait peu que les faits fussent prescrits : il faut quand même dénoncer (sans qu’il dise dans quel but) ! Posture qui lui permettait de faire subsister l’accusation. Mais il butait alors sur un autre obstacle : ce délit de non-dénonciation se prescrit lui-même par 3 ans.
    • Or Mgr Barbarin a été informé pour la première fois des agissements du P Preynat de façon précise en mars 2010. L’éventuel délit de non-dénonciation se trouvait alors prescrit en 2013.
    • Est-ce que la démarche effectuée par Alexandre H (le fondateur de « la parole libérée » et le principal accusateur du présent procès) en 2014 créait un fait nouveau et faisait renaitre l’obligation de dénoncer ? Le parquet avait, encore une fois, écarté cette conclusion : d’une part, il s’agissait de faits identiques ; d’autre part le parquet avait constaté que les victimes, à commencer par Alexandre H lui-même, étaient à présent des hommes mûrs et n’étaient plus dans un état de faiblesse ou de vulnérabilité qui l’eût empêché de porter plainte contre le P Preynat (d’ailleurs, Mgr Barbarin et ses collaborateurs les avaient invité à le faire). Mais ils s’en étaient abstenu à cause de la prescription. À nouveau le juge a estimé le contraire : il y a vu un second délit de non-dénonciation qui, cette fois-ci, n’était pas prescrit : il pouvait donc poursuivre (CQFD).

    2/ L’appréciation du délit en l’espèce.

    Pour qu’il y ait délit, il faut aussi un élément intentionnel de la part de son auteur. Autrement dit, le cardinal Barbarin voulait-il faire obstacle à la justice, puisque l’obligation de dénonciation est précisément destinée à permettre à celle-ci de faire son travail ?
    Le parquet avait à nouveau répondu par la négative. De fait, le cardinal Barbarin ne s’est jamais opposé à la justice mais a coopéré avec elle lorsqu’elle a commencé à enquêter.
    Le juge a pris la position exactement opposée, en s’efforçant par tous les moyens de montrer que le cardinal Barbarin aurait systématiquement trainé les pieds pour agir, en soulignant que le secret ecclésiastique ne pouvait être invoqué puisque l’affaire était quasi-publique, en écartant sa conviction quant à la prescription des faits puisqu’elle ne reposait que sur les dires du P Preynat lesquels, par construction, n’avaient aucune valeur.

    Au demeurant, puisqu’il avait cette conviction, pourquoi s’est-il tourné vers Rome, demande le juge ? Sinon parce qu’il commençait à s’inquiéter de l’activisme d’Alexandre H. C’est alors qu’il reçut instruction d’éloigner le P Preynat de tout ministère (ce que précisément l’accusateur reproche au cardinal Barbarin de n’avoir pas fait avant) tout en « évitant le scandale public ». Avec ce bout de phrase, le juge tenait son élément intentionnel en lui faisant dire qu’il fallait d’abord « protéger l’institution ». On a eu beau expliquer les raisons canoniques du recours à Rome et la signification de ce propos dans le cadre applicable (respect de la présomption d’innocence et non atteinte à la réputation des personnes), le juge a balayé cela d’un revers de main. Dès lors, le délit était constitué.

    Quant à la peine, elle coulait de source : puisque le cardinal Barbarin voulait « couvrir » l’institution, qu’il a ainsi pris le risque d’empêcher d’autres victimes de se manifester et d’« exprimer leur douleur », elle devait être lourde.

    3/ Paradoxe et interrogations :

    Paradoxe : alors que tous ses collaborateurs étaient poursuivis pour le même motif, ils auraient dû être condamnés aussi (l’obligation de dénonciation s’impose à toute personne, dans les mêmes termes), quitte à ce que les peines soient plus légères. Mais non ! ils ont tous été relaxés… Cette contradiction est, à mon avis, la preuve a contrario que le juge, voulait « se faire » Barbarin, et qu’il a pris tous les moyens pour y parvenir.

    Selon un principe ancien et fondamental destiné à protéger le justiciable, la loi pénale doit s’interpréter strictement.

    En droit, je pense que ce jugement est fragile. Selon un principe ancien et fondamental destiné à protéger le justiciable, la loi pénale doit s’interpréter strictement ; ici le juge l’a tirée autant qu’il a pu. La position du cardinal dans l’Église et son autorité n’y étaient sans doute pas étrangères dans un contexte tout à fait propice. Si le but était de l’abattre ; il est atteint.

    Mgr Barbarin a fait appel ; mais aussi, de façon plus étonnante, le parquet alors que sa représentante avait été évanescente à l’audience où elle expliquait que ce n’était pas son procès mais celui des plaignants. Nous verrons bien…

    En attendant, le cardinal n’avait pas d’autre choix que de présenter sa démission d’archevêque de Lyon car, objectivement, et même si le jugement de première instance est annulé, il n’est plus en état de gouverner son diocèse. 

    Lire aussi : Le spectre du lobby homosexuel dans l’Eglise.

    Enfin, pour aller au bout de ma réflexion, je crois également qu’il paye une série d’erreurs d’appréciation et de comportement.

    Il n’a pas vu la manœuvre se dessiner : pour certains, il n’y a pas de rémission imaginable de la part des salauds, ni de miséricorde possible envers eux, même après plus de vingt ans sans rechute ; ils doivent être liquidés et les victimes doivent être vengées (cet esprit de vengeance est en train de tout envahir).

    Il n’a pas non plus pris la mesure de l’impact de ses propos, parfois maladroits, dans l’opinion et du contexte très défavorable dans lequel il allait se trouver.

    Il a commis l’erreur de ne pas ouvrir une enquête canonique dès 2010 alors qu’il était évident lui fallait muscler son dossier, quelle que fût sa certitude personnelle, afin de disposer de données objectives.

    Il a commis l’erreur de ne pas ouvrir une enquête canonique dès 2010 alors qu’il était évident lui fallait muscler son dossier.

    Il est vrai que :

    • Trop d’évêques ignorent le droit canonique ; ils préfèrent régler les affaires par les voies administratives, plus discrètes et plus expéditives, même si elles piétinent les droits élémentaires des parties prenantes.
    • Ils manquent de canonistes, et surtout de canonistes expérimentés en matière pénale ; et ils manquent aussi de moyens pour faire tourner leurs officialités et mener de vraies enquêtes. C’est une conséquence du manque de prêtres et de la pauvreté de l’Église de France ; c’est aussi le fruit d’une réticence à laisser les laïcs y prendre plus de place et à y assumer plus de responsabilités.
    • Ils craignent que la justice d’État saisisse leurs dossiers s’ils en constituent : en effet, depuis longtemps, la Cour de Cassation a récusé le secret ecclésiastique sur les affaires pénales et validé les perquisitions d’officialité. Donc, comme l’a reconnu ingénument Mgr Ravel il y a quelques jours, on attend que la justice d’État mène les enquêtes et fasse le travail pour ensuite en entériner les conséquences sur le plan canonique.
    • Enfin, c’est vrai que Rome, depuis le pontificat de Benoit XVI et pour surmonter les réticences épiscopales, exige que tous les délits sexuels de prêtres soient remontés à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et que celle-ci pilote ensuite la procédure canonique ; avec des risques de télescopage et d’incompréhension.

    Quoi qu’il en soit de toutes ces considérations, demeure une réalité massive : l’Église est désormais dans le collimateur de toutes les puissances terrestres (et pas que terrestres…) qui semblent s’être liguées pour utiliser contre Elle toutes les fautes de ses membres (ils n’ont pas fini : nous sommes tous des pêcheurs !). Toutes les persécutions commencent ainsi ; celle-ci n’y fera pas exception, car le serviteur n’est pas au-dessus de son Maitre.

     
  • Le grand livre politique du cardinal Sarah

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    De Guillaume de Thieulloy sur le site "les 4 vérités" :

    Cardinal Sarah : un grand livre politique

    J’ai beaucoup d’admiration pour le cardinal Sarah, originaire de la Guinée française. Je me promettais donc, en ouvrant son dernier livre, un bon moment capable d’élever l’âme. De ce point de vue, je n’ai pas été déçu, mais j’ai été surpris de constater à quel point ce livre était aussi un grand livre politique.

    C’est de cet aspect que je voudrais parler ici.

    Que le cardinal ne soit pas très « politiquement correct » était déjà clair. J’avais naguère été frappé par un livre – paru alors même que la société française pataugeait en plein psychodrame sur l’identité – où l’auteur disait sa reconnaissance à la France pour lui avoir appris à dire « nos ancêtres les Gaulois » – lui donnant par là même accès à sa riche culture.

    Dans son dernier livre, le cardinal n’est pas plus adepte de la langue de bois ni des inepties médiatiques à la mode.

    La première chose que je retiens de cet ouvrage, sur le plan politique, c’est une profonde défiance pour le mondialisme – c’est-à-dire cette idéologie qui voudrait faire des nations et des civilisations des survivances archaïques, des hommes des êtres interchangeables, et des frontières des ennemis à combattre.

    Pour le cardinal Sarah, au contraire, bien connaître notre identité, bien maîtriser nos frontières est la condition de tout échange pacifique entre des personnes humaines.

    Logiquement, il a donc des mots très durs contre l’immigration incontrôlée. Il la critique d’un double point de vue. Comme fils de l’Afrique souffrant de voir la jeunesse de son continent l’abandonner et comme fils de la civilisation européenne souffrant de voir l’Europe devenir une sorte de « no man’s land », sans identité ni culture.

    Au mondialisme, à l’invasion migratoire, il oppose une sorte d’écologie des civilisations où la diversité des cultures humaines apparaît comme une richesse (voulue par Dieu lui-même) et non comme un handicap.

    À la suite de Benoît XVI, il place le débat très haut, ciblant prioritairement la crise culturelle et identitaire de l’Occident.

    « L’Occident ne sait plus qui il est, parce qu’il ne sait plus et ne veut pas savoir qui l’a façonné. Cette autoasphyxie conduit naturellement à une décadence qui ouvre la voie à de nouvelles civilisations barbares, écrit-il. »

    Le grand prélat désigne sans ambages le totalitarisme islamique comme un ennemi. Mais il insiste aussi sur le fait que l’Occident est menacé également par le totalitarisme nihiliste. D’ailleurs, nihilisme et islamisme se nourrissent l’un l’autre.

    Plus remarquable encore, le cardinal Sarah invite à ne pas croire que la démocratie libérale soit l’horizon indépassable de la pensée comme disait Sartre du communisme.

    Je note enfin une condamnation appuyée de la répression macronienne contre les gilets jaunes. Emmanuel Macron est d’ailleurs ciblé plusieurs fois comme symbole du dirigeant mondialiste, indifférent à son peuple et à sa culture et soumis aux puissances d’argent. Dans le même temps, le cardinal loue les « populistes » européens comme Matteo Salvini et Viktor Orban pour leur courage à défendre leurs peuples.

    En bref, voici un livre d’une remarquable hauteur de vue, capable de réveiller les Européens pour qu’ils défendent enfin leur civilisation si nécessaire au monde !

  • Le cardinal Barbarin : un bouc émissaire ?

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    De Pierre-Yves Gomez sur le site du Figaro Vox :

    Philippe Barbarin est-il un bouc émissaire?

    FIGAROVOX/TRIBUNE - S'il ne remet pas en cause le jugement, Pierre-Yves Gomez émet des réserves contre la condamnation publique de Philippe Barbarin. Il s'inquiète de la dérive de nos sociétés vers des formes les plus archaïques de règlement des tensions. 


    Pierre-Yves Gomez est économiste et directeur de l'Institut français de gouvernement des entreprises.


    D'abord ce fut le silence. Près de trente ans de silence. Entre les années 1970 et 1985, à Lyon, un prêtre catholique a abusé de jeunes scouts. Il s'est tu. Les victimes aussi se sont tues ; les psychologues savent ce qui se noue dans ces moments ; combien ils murent la victime dans un silence où les blessures s'enveniment. Les familles des jeunes se sont tues ; on croyait vaguement avoir entendu que ; on soupçonnait un peu, on chuchotait ; on ne cherchait pas à en savoir davantage ; silence. La hiérarchie catholique s'est tue, entre incrédulité, honte et défense de l'institution, encore un mélange complexe de motivations ; quoi qu'il en soit: silence. Les médias se sont tus ; aucune enquête de société dont elles sont coutumières n'a été menée à l'époque ; silence radio. La société s'est tue; la pédophilie n'était pas un sujet d'indignation en ce temps-là ; encore moins un combat ; on plaisantait même parfois sur les scouts, on faisait des blagues en clignant de l'œil sur le tourisme sexuel ; il arrivait que des prédateurs évoquent cela librement, au détour de leurs souvenirs ; dans l'indifférence générale ; notre silence.

    Des décennies de silence.

    Une société c'est un bouillon de culture : ça fermente; et subitement voilà qu'on soulève le couvercle.

    Et soudain, on parle. En 2014, une victime se confie. Elle rencontre le cardinal Barbarin. Il faut plusieurs mois au prélat pour lui demander de porter plainte, le temps d'enquêter, de prendre la mesure de ce que furent ces événements déjà lointains. Plainte est finalement déposée, le crime est dénoncé ; des mots sont mis sur des actes; abjection ; la parole est libérée. Grâce à quelques victimes qui ont repris courage.

    Mais cela n'est pas suffisant pour ramener la paix. Le trop long silence de ces décennies a fait grouiller les culpabilités ; une société c'est un bouillon de culture: ça fermente; et subitement voilà qu'on soulève le couvercle. Ceux qui se sont tus si longtemps, c'est-à-dire presque tout le monde, s'expriment à présent: ils n'ont rien su ; et s'ils ont su, ils n'ont rien fait ; ils pensent qu'ils ne pouvaient rien faire parce qu'on leur avait caché la vérité; et, de plus en plus fort, ils disent que certains étaient sûrement au courant ; que l'Église, des puissants, savait, sans aucun doute ; que quelqu'un les a donc trompés, qu'on a voulu étouffer l'affaire, sans quoi, ils auraient agi ; bien sûr. Il y a un coupable pour leur long silence ; eux ne savaient pas ; mais lui devait tout savoir.

    Lui, finalement, c'est Philippe Barbarin.

    Il a beau se défendre, le cardinal. Dire qu'il n'était pas évêque, ni même prêtre dans ce diocèse au moment des faits ; qu'il ne pouvait savoir que ce qu'on lui a raconté en 2014 ; que ses prédécesseurs avaient géré les choses 25 ans auparavant et qu'il en héritait ; qu'il y avait eu des bruits, des chuchotements mais pas de plaintes ; et qu'un jour ce garçon, quadragénaire désormais, vient le voir enfin ; mais comment être sûr? Comment porter plainte pour des faits prescrits sur lesquels il ne peut y avoir d'enquête? Facile de faire la morale après coup, mais il faut bien se renseigner, demander conseil, pas si simple ces affaires-là.

    Il a beau clamer qu'il n'a rien cherché à cacher ; qu'il considère bien évidemment la pédophilie comme un crime qu'il faut punir, qu'il l'a prouvé en d'autres cas avant cette affaire. On ne l'écoute plus, on n'est pas là pour l'écouter. Ceux qui se taisaient hier invectivent à présent ; les chuchoteurs pétitionnent ; les silencieux font des discours ; les muets donnent des leçons: il n'a pas assez vite réagi ; il n'a pas voulu entendre les victimes ; il a voulu taire la vérité ; il est coupable…

    Le mécanisme archaïque du bouc émissaire se déploie sous nos yeux, sous les projecteurs, en pleine actualité, avec toute la bonne ou la mauvaise foi du monde.

    D'abord les juges restent impartiaux malgré le bruit de la foule. Ils relaxent le cardinal et ses collaborateurs à l'issue du procès qui lui est intenté en 2016. Mais l'emballement indigné ne se relâche pas: on ne peut pas s'en tirer à si bon compte. On saisit le procureur en citation directe. Deuxième procès en correctionnelle. Imperturbable, la procureure ne requiert aucune peine à l'encontre des prévenus.

    Désormais autour du tribunal, l'excitation est à son comble ; des médias, des salles de cinéma, des paroisses et des bars, les journaux et l'internet sont quasi unanimes: Barbarin doit être condamné. L'émotion publique l'exige. Le juge cède.

    Pour Philippe Barbarin, six mois de prison ; avec sursis, car on ne peut tout de même pas exagérer. Bizarrement, ses collaborateurs, eux, sont relaxés.

    À l'issue du verdict, les victimes des abus du prêtre pédophile s'embrassent ; la foule médiatique se félicite ; les moralistes s'applaudissent. Mais ce n'est pas fini. La paix n'est pas encore revenue. La paix ne revient pas seulement parce que le bouc émissaire est chargé des fautes communes. Il faut aussi l'expulser de la communauté. Ce n'est donc pas tout qu'il soit condamné, il faut qu'il parte, le cardinal ; qu'il démissionne. Nouveaux cris de la foule: il ne peut pas rester.

    Et Philippe Barbarin présente sa démission.

    Le mécanisme archaïque du bouc émissaire se déploie sous nos yeux, sous les projecteurs, en pleine actualité, avec toute la bonne ou la mauvaise foi du monde. Ne disons pas que nous l'ignorons ; qu'on nous le cache: il crève les yeux. Ne disons pas qu'il faut que quelqu'un paie pour ramener la paix dans la société ; pour que ceux qui ont souffert aient le sentiment d'être dédommagés ; pour que la foule des muets de naguère soit apaisée et que les silencieux d'hier soient absous.

    Alors pardon de troubler le repos des grandes âmes, mais je ne suis pas solidaire de la condamnation publique de Philippe Barbarin.

    Et pire encore, ne disons pas que c'est important que Philippe Barbarin soit condamné au nom du symbole -pour l'exemple.

    Le mécanisme victimaire fonctionne précisément quand la violence de la foule réduit un homme à n'être qu'un symbole qu'elle peut charger de ses propres ressentiments.

    Alors objection: je ne veux pas être de ceux qui auront honte de s'être tus aujourd'hui ; des bonnes âmes y compris des bons cathos, qui, encore une fois, ne veulent pas faire de bruit, parce qu'il faut passer à autre chose ; et tant pis pour celui qui tombe.

    C'est en citoyen que je parle. Je suis inquiet de la dérive de nos sociétés vers les formes les plus archaïques de règlement des tensions. Je n'ai aucune envie de polémiquer ; ni de juger ou de défendre tel dossier. Seulement de dire que nous sommes pris chaque jour un peu plus dans des mécanismes de lynchage que commande l'émotion collective. Et qu'on s'en satisfait désormais avec une complaisance terrifiante ; par crainte d'attirer sur soi les déchaînements refoulés.

    Alors pardon de troubler le repos des grandes âmes, mais je ne suis pas solidaire de la condamnation publique de Philippe Barbarin.

    Les victimes du prêtre prédateur réclament justice pour les crimes dont ils ont été objets. Personne ne peut oser la leur refuser. Mais ce n'est pas minorer leur souffrance que de dénoncer la violence faite à un homme. C'est, au contraire, prendre très au sérieux leur souffrance ; c'est croire que leur cause mérite une justice sans tache. Pour l'exemple. Car aucun combat, s'il est juste, ne peut légitimer une injustice. Même à l'égard d'une seule personne. Même pour servir une juste cause.

    Aucun combat, s'il est juste, ne peut légitimer une injustice.

    Pour notre société fiévreuse, ne pas céder aux mécanismes du bouc émissaire est une question de survie. Le crime exige le châtiment ; le péché, qui relève d'un autre ordre, demande le pardon ; l'erreur invite à la correction bienveillante. La justice remplit sa fonction quand elle maintient ces distinctions ; quand elle déjoue les emballements collectifs. Mais si le criminel est blanchi comme s'il n'avait commis qu'une bévue alors que l'erreur est traitée comme un crime, aucun apaisement n'est durable. Les boucs émissaires se succéderont en vain, comme des symboles inutilement sacrifiés, ici un homme, ailleurs une communauté ou un peuple. La mauvaise conscience poursuivra en silence son travail de rongeur.

    Quant aux catholiques qui se sentent objets d'un complot ou d'un harcèlement inique ; plutôt que de crier avec la foule ou de se replier à leur tour dans le ressentiment ou la culpabilité, n'ont-ils pas désormais matière à se réjouir? Ils sont invités à reprendre la place redoutable qui leur a été assignée dès l'origine et qu'ils n'auraient jamais dû quitter, la seule qui honore leur foi: être au côté de toute victime.

  • Nouvelle mise en garde du Cardinal Müller

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    Lu sur le site « Pro Liturgia » :

    « Certains évêques sont clairement sortis de leur domaine de compétence. »

    C’est ce que déclare le Cardinal dans un récent interview repris par le site Kathnet

    « Il semblerait qu’il existe des évêques qui abusent de leur autorité en exigeant qu’on leur obéisse lorsqu’ils qu’ils édictent des comportements s’opposant à la loi naturelle et qu’ils propagent de faux enseignements concernant la foi et les mœurs.

    Il semblerait que Mgr Theodore McCarrick, ancien archevêque de Washington, ait demandé à certains séminaristes et prêtres d’accomplir des actes contraires aux bonnes mœurs, abusant de son pouvoir en distribuant récompenses et de punitions. Il ne s’agit pas là d’une simple évocation du scandale des abus sexuels, mais de l’incapacité à y mettre un terme : on ne veut pas voir que la source du problème est dans l’effondrement de la morale sexuelle et l’on se refuse à crever cet abcès. 

    C’est aussi grave que si un évêque, s’appuyant sur le principe de « l’obéissance religieuse » que lui doivent les prêtres et les fidèles de son diocèse (Cf. Lumen Gentium, n.25), demandait aux fidèles et aux clercs placés sous son autorité d’opérer, en guise d’enseignement et de pastorale, une entorse à « la vérité de l’Evangile » (Cf. Gal 2, 14). Le cas échéant, les catholiques - et tout particulièrement les clercs - auraient, comme l’avait fait Paul face à Pierre, le devoir de « s’opposer ouvertement à lui parce qu’il [est] dans son tort » (Cf. Gal 2, 11).

    Malheureusement, tous nos pasteurs ne sont pas de la trempe de Saint Paul. Certains évêques pratiquent le libéralisme, c’est-à-dire la négligence et l’indifférence en matière de doctrine de la foi, quand ce n’est pas le relativisme, alors qu’en même temps ils se comportent avec autoritarisme en ne s’imposant qu’en usant de menaces et de sanctions face au catholique voulant demeurer fidèle à sa foi.

    En arrière-fond, on devine le processus de sécularisation de l’Eglise. Les catégories idéologiques que sont la « modernité » et le « conservatisme » opèrent une distorsion de notre perception lorsqu’il s’agit de faire une claire distinction, dans l’expression et la défense de la foi catholique, entre ce qui est orthodoxe et ce qui relève de l’hérésie.

    La sainte Communion ne peut être reçue dignement que par un chrétien baptisé qui vit en total accord avec le « Credo », c’est-à-dire avec la doctrine de l’Eglise Catholique, avec ses sacrements, et avec le pape et les évêques. A cela s’ajoute la Réconciliation avec Dieu et l’Eglise en cas de péché grave, sous forme du sacrement de la Pénitence ou d’une parfaite contrition avec la ferme volonté de confesser ses péchés à un prêtre dès que l’occasion se présentera. Par conséquent, en remettant au pape leur proposition concernant la réception de la communion par le conjoint protestant d’une union mixte - proposition très maladroite et mal préparée (de l’avis même de la Congrégation pour la doctrine de la foi en accord avec le pape François) - les évêques allemands ont clairement outrepassé leurs compétences doctrinales. 

    Il ne peut pas être question de laisser la seule conscience du fidèle catholique ou du chrétien non-catholique décider s’il veut participer à la communion, dans le sens catholique du terme, ou s’il préfère se tourner vers la communion version luthérienne ou humaniste (c’est-à-dire procurant un sentiment de chaleur communautaire).

    La communion avec l’Eglise et la communion sacramentelle sont inséparables, à moins que les évêques ne veuillent « désacramentaliser » l’Eglise. 

    Toutes ces exigences touchant à la vraie foi, en effet, n’ont pas lieu d’être dans un christianisme simplement culturel, c’est-à-dire sans référence à la Révélation historique. Car s’il en est ainsi, alors l’Eglise devient une organisation humaine avec des relents de religiosité sentimentale et d’engagement social ; les dogmes deviennent des métaphores d’une transcendance sans contenu et les sacrements se muent en symboles d’inclusion de tous dans sa propre sentimentalité.

    Les serviteurs du Christ que sont les évêques et les prêtres ne sont que des intendants des mystères de Dieu (Cf. 1Cor 4, 1). Ils sont donc « les ambassadeurs du Christ, et par eux c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (Cf. 2Cor 5, 20). 

    Le ministre de l’Eglise n’a pas le pouvoir de refuser les sacrements à celui qui est bien préparé, qui adhère à la compréhension catholique des sacrements et désire les recevoir. Mais il est aussi du devoir du ministre de l’Eglise de vérifier, chez celui qui demande à recevoir un sacrement, la réalité de sa pleine communion avec l’Eglise et sa volonté d’adhérer au sens catholique de l’acte. De même, il incombe à chaque personne de ne pas se présenter de façon péremptoire à la table de communion sans avoir examiné auparavant sa conscience pour savoir si elle est dans les bonnes dispositions et si elle a fait sienne la foi de l’Eglise concernant la communion ecclésiale et la communion sacramentelle. 

    Il en va d’une certaine correction et du respect dû à une autre croyance : on doit savoir se retenir de s’approprier les rites d’une autre religion tant qu’on n’accepte pas le sens qui les fonde et les exprime, c’est-à-dire qu’on ne se lie pas totalement à cette communauté. 

    Un bon pasteur essaiera, bien sûr, d’éviter un scandale lors de la distribution de la communion ; il n’utilisera pas non plus ce qui lui a été confié dans le secret de la confession pour renvoyer une personne dont il connaît la situation de péché grave. Cependant, il n’omettra jamais d’expliquer la doctrine de l’Eglise avec clarté et charité. Il n’est tenu par aucun décret divin de donner la communion à un non-catholique ; et par-dessus tout, sur le plan strict du droit canon, il ne peut pas être obligé, sur ordre d’un évêque, de poser un acte qui blesserait et obscurcirait la sacralité de l’Eglise.

    L’évêque qui engage des sanctions contre un prêtre qui lui aurait ainsi désobéi avec raison, abuse gravement de ses pleins pouvoirs apostoliques et doit être amené à se justifier devant un haut tribunal ecclésiastique relevant du pape. A condition toutefois que la règle de justice impose des critères clairs. Car si des tractations menées en coulisses devaient favoriser certains pour qui le pouvoir est devenu un jeu, ce serait bien sûr l’autorité du magistère, et en particulier celle du pape, qui serait irrémédiablement sapée par un tel manque d’objectivité. »

    Source : Kathnet (Trad. MH/APL) via Pro Liturgia

    Le cardinal Gerhard Müller est le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi nommé par le pape Benoît XVI et « remercié » par le pape François.

    JPSC 

  • Le cardinal Mindszenty en chemin vers la béatification

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    Lu sur le site Vatican news (Cyprien Viet) :

    cardinal-mindszenty-2.jpg« Le Pape François a reconnu les vertus héroïques de l’ancien archevêque d’Esztergom-Budapest, figure de la résistance au communisme.

    Dans les décrets publiés ce mercredi sur la reconnaissance de l’héroïcité des vertus de plusieurs personnalités qui sont donc en chemin vers la béatification, se détache la figure du cardinal hongrois Joszef Mindszenty (1892-1975). Cet évêque fut l’une des personnalités les plus actives dans la lutte contre le totalitarisme au XXe siècle en Europe centrale, qu’il s’agisse du fascisme ou du communisme.

    Résistant au communisme

    Ordonné prêtre en 1915 et évêque en 1944, Mgr Mindszenty est rapidement emprisonné par le régime fasciste hongrois. Libéré en avril 1945, il devient archevêque d’Ezstergom-Budapest, et donc primat de Hongrie, dès la fin de la guerre. Pie XII le crée cardinal un an plus tard. Mais le régime communiste se durcit: le lendemain de Noël 1948, il est arrêté pour trahison, conspiration et non-respect des règles de l’État.

    Condamné un an plus tard à la prison à vie, il sera libéré lors de l’insurrection de 1956 et apporte alors son soutien au réformiste Imre Nagy. Mais peu après, la violente répression soviétique et le rétablissement d’un gouvernement autoritaire pousse le cardinal Mindszenty à se réfugier à l’ambassade des États-Unis. Tout en gardant le titre de primat de Hongrie, il se voit une nouvelle fois empêché d’exercer concrètement son ministère.

    Son confinement durera 15 ans: en 1971, il quitte finalement la Hongrie pour Vienne, en Autriche, où il s’éteindra quatre ans plus tard, sans jamais avoir renoncé au titre de primat de Hongrie, bien qu’un nouvel archevêque ait été nommé pour le diocèse de la capitale hongroise dans le cadre d’un accord entre le Saint-Siège et le gouvernement.

    «L’Église du silence»

    Cette période douloureuse a beaucoup marqué les catholiques de Hongrie, et reste symbolique du combat mené par «l’Église du silence» dans les pays communistes. Saint Jean-Paul II, qui avait fait de la lutte contre le totalitarisme l’axe structurant de son pontificat, rendra hommage au cardinal Mindszenty lors d’un voyage en Hongrie en août 1991. Il se recueille alors sur la tombe où venait alors d’être transféré le corps du cardinal, quelques mois après la chute du régime communiste et 16 ans après son décès en Autriche.

    La joie des catholiques de Hongrie

    L’annonce de ce nouveau pas vers la béatification du cardinal Mindszenty a été accueillie avec une grande émotion en Hongrie. L’actuel archevêque d’Esztergom-Budapest, le cardinal Peter Erdö, a expliqué dans un communiqué publié ce mercredi 13 février que son prédécesseur portera désormais le titre de «vénérable».

    L’examen des grâces reçues et des miracles liés à son intercession «pourra démontrer que dans la figure du cardinal Mindszenty nous pouvons voir non seulement un exemple, mais aussi quelqu’un qui peut nous soutenir avec son intercession efficace», a-t-il précisé.

    «Nous sommes très reconnaissants au Saint-Père et nous avançons dans la prière pour pouvoir célébrer au plus vite notre vénérable prédécesseur qui, acceptant chaque souffrance, a aimé Dieu, l’Église et notre peuple, avec une indestructible fidélité, dans la chaîne des Bienheureux», s’est réjoui le cardinal Erdö. »

    Ref. Le cardinal Mindszenty en chemin vers la béatification

    JPSC

  • Le cardinal Maradiaga aurait été injustement calomnié

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org (23 décembre) :

    Honduras: l’Université catholique soutient les diocèses, explique le card. Maradiaga

    Aucune somme versée à son nom

    Le cardinal Maradiaga affirme qu’il ne reçoit pas d’argent de l’université catholique à titre personnel mais que l’université verse de l’argent à l’archidiocèse de Tegucigalpa pour les besoins pastoraux.

    Le cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa (Honduras), également coordinateur du Conseil des cardinaux, le “C9”, il a répondu dans une interview d’Andrea Gagliarducci pour l’agence CNA (Etats-Unis, groupe ACI), aux accusations lancées par l’hebdomadaire italien L’Espresso du 21 décembre 2017, qui lui reproche des émoluments qui s’élèveraient à 35 000 euros par mois, perçus de l’université catholique, et qui affirme que des sommes importantes ont été versées auprès de l’institution financière londonienne Leman Wealth Management.

    Interrogé à ce sujet, vendredi 22 décembre 2017, le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke, confirme qu’il y a eu « une enquête voulue en personne par le Saint-Père », sans préciser sur quoi ni le résultat.

    L’hebdomadaire italien cite le nom de Mgr Jorge Pedro Casaretto, évêque argentin, envoyé au Honduras en mai dernier, comme visiteur apostolique.

    L’archevêque explique que l’Université est propriété de l’archidiocèse de Tegucigalpa qui l’a faite grandir au point qu’elle a maintenant 11 campus dans le pays et qu’elle peut « aider les œuvres pastorales » de l’Eglise.

    Il indique que les sommes versées chaque mois permettent de payer les études « des séminaristes », « entretenir et construire » des églises, « soutenir les curés des paroisses rurales », secourir « de nombreux pauvres qui viennent tous les jours chercher de l’aide », acheter les véhicules des paroisses, payer les « dépenses de santé des prêtres ». Il précise : « aucun d’entre nous n’a de salaire ».

    Ces sommes, souligne-t-il, « ne sont pas virées à mon nom, mais à l’archidiocèse ».

    Les accusations portées par la publication italienne ressemblent à celles portées contre l’archevêque il y a un an auprès des autorités locales qui l’ont disculpé : pourquoi les republier « maintenant » ?, interroge l’archevêque, qui rappelle que d’ici huit jours il présente sa démission au pape.

    Il atteindra en effet la limite d’âge canonique de 75 ans, pour l’exercice d’une charge épiscopale le 29 décembre: il présentera sa démission et le pape François prolongera ou pas son mandat.

    Il se demande aussi comment les informations sont parvenues à l’hebdomadaire italien.

    Il indique qu’il y a plus d’un an, il a renvoyé un administrateur de l’Université « parce qu’il était en train de voler ». C’est après ces événements que le pamphlet accusateur anonyme a été diffusé.

    Le cardinal Maradiaga estime que ces accusations viennent aujourd’hui de « personnes contraires à la réforme de la curie vaticane qui désirent [le] calomnier pour lui faire quitter ce service de la Mère Eglise et du Saint-Père François ».

    Il cite Voltaire : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Il conclut : « Je continuerai à servir jusqu’à la décision du Saint-Père ».

    Pour sa part, le père Carlos Rubio, curé de San Martín de Porres à Tegucigalpa, a répondu à l’agence ACI, au nom du diocèse, en révélant que « tous les évêques reçoivent une aide [de l’université] pour leur diocèse, pas pour leur usage personnel ».

    Le p. Rubio souligne qu’il ne s’agit pas d’acte de « corruption »: « Ce n’est pas de l’argent de l’Etat, mais d’une institution [l’Université catholique] qui dépend de l’Eglise. » Il explique que « c’est une aide de l’université catholique pour la mission des diocèses », dans un contexte « de grande pauvreté » et de « grands besoins ».

    En outre, toujours selon l’agence ACI, l’évêque auxiliaire de Tegucigalpa, Mgr Juan José Pineda Fasquelle, 57 ans, nommé en 2005, a été accusé auprès du Vatican, notamment pour des opérations financières.

    D'Anita Bourdin, sur zenit.org, le 26 décembre :

    « Je suis désolé pour le mal qu’ils t’ont fait »: le pape téléphone au card. Maradiaga

    Des sommes perçues par l’archidiocèse pour ses besoins pastoraux

    “Je suis désolé pour le mal qu’ils t’ont fait”, a déclaré le pape François au cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa, au Honduras, mis en cause par un hebdomadaire italien qui reprend un pamphlet du Honduras – qui s’est révélé mensonger il y a environ un an -, comme nous l’indiquions déjà le 23 décembre 2017.

    Le pape François a en effet parlé au téléphone avec le cardinal Maradiaga qui lui même déclare, à la télévision Suyapa de l’Eglise catholique du Honduras – relayée par Radio Vatican en italien – que ces attaques viennent de “qui ne veut pas les réformes”, et qu’il a reçu “de nombreuses manifestations de solidarité, même de non-catholiques”.

    En effet le cardinal Maradiaga est aussi le coordinateur du Conseil des cardinaux, le “C9” qui assiste le pape dans le gouvernement de l’Eglise et la réforme de la curie romaine.

    Le cardinal a fait état d’un appel téléphonique du pape François qui lui a dit: “Je suis désolée pour le mal qu’il ont fait contre toi. Mais toi, ne t’inquiète pas.” Le cardinal dit avoir répondu: “Sainteté, je suis ne paix. Je suis en paix parce que je suis avec le Seigneur Jésus qui connaît le coeur de chacun.”

    La publication italienne a accusé le cardinal  d’avoir perçu des émoluments de l’université catholique du Honduras qui s’élèveraient à 35 000 euros par mois.

    Le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke, confirme qu’il y a eu « une enquête voulue en personne par le Saint-Père ».

    L’archevêque explique que l’Université est propriété de l’archidiocèse de Tegucigalpa qui l’a faite grandir au point qu’elle a maintenant 11 campus dans le pays et qu’elle peut « aider les œuvres pastorales » de l’Eglise.

    Il indique que les sommes versées chaque mois permettent de payer les études « des séminaristes », « entretenir et construire » des églises, « soutenir les curés des paroisses rurales », secourir « de nombreux pauvres qui viennent tous les jours chercher de l’aide », acheter les véhicules des paroisses, payer les « dépenses de santé des prêtres ». Il précise : « aucun d’entre nous n’a de salaire ».

    Ces sommes, souligne-t-il, « ne sont pas virées à mon nom, mais à l’archidiocèse ».

    Les accusations portées par la publication italienne ressemblent à celles portées contre l’archevêque il y a un an auprès des autorités locales qui l’ont disculpé : pourquoi les republier « maintenant » ?, interroge l’archevêque, qui rappelle que d’ici huit jours il présente sa démission au pape.

    Il atteindra en effet la limite d’âge canonique de 75 ans, pour l’exercice d’une charge épiscopale le 29 décembre: il présentera sa démission et le pape François prolongera ou pas son mandat.

    Il se demande aussi comment les informations sont parvenues à l’hebdomadaire italien.

    Il indique qu’il y a plus d’un an, il a renvoyé un administrateur de l’Université « parce qu’il était en train de voler ». C’est après ces événements que le pamphlet accusateur anonyme a été diffusé.

    Le journaliste italien a donc relayé des accusations déjà lancées de façon anonyme en 2016 par un ancien employé de l’université licencié pour une gestion malhonnête de fonds de l’institution.

    Pour le cardinal, rapporte Radio Vatican, la déontologie aurait voulu qu’avant de lancer de telles accusations, on cherche à écouter la personne accusée. Il rappelle que la calomnie est un “péché” mais aussi un “délit” punissable.

    Le cardinal Maradiaga estime que ces accusations viennent aujourd’hui de « personnes contraires à la réforme de la curie vaticane qui désirent [le] calomnier pour lui faire quitter ce service de la Mère Eglise et du Saint-Père François ».

    Il cite Voltaire : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Il conclut : « Je continuerai à servir jusqu’à la décision du Saint-Père ».

    Il dit qu’il sera heureux que le pape accepte sa démission ou la repousse: « Je suis évêque depuis 39 ans et depuis 25 ans archevêque de Tegucigalpa. Je suis aussi tenté par la possibilité de me retirer en paix. »

  • Quand Benoît XVI écrit au Cardinal Müller

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    Comme le rapporte aussi le site « Pro LiMuller.jpgturgia » de Denis Crouan, pour son 70eme anniversaire fêté hier (31/12/2017), le cardinal Gerhard Ludwig Müller s’est vu offrir un livre de mélanges comprenant plusieurs articles en forme d’hommage.

    Pour la circonstance, Benoît XVI a tenu à saluer celui qu’il avait nommé à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, récemment (2/7/2017) - et pour le moins brutalement - démis de ses fonctions par le pape François. La lettre que le pape émérite écrivit au cardinal Muller le 31 juillet, en la fête de saint Ignace de Loyola, constitue la préface de ce livre collectif. Le site « Benoît et moi » publie aujourd’hui la traduction intégrale de celle-ci en français :  

    « Eminence, cher confrère,

    Ton 70e anniversaire approche, et bien que je ne sois plus en mesure d'écrire une véritable contribution scientifique pour le recueil d'analyses qui te sera consacré pour cette occasion, je voudrais y participer malgré tout avec un mot de salutation et de remerciement.

    Vingt-deux ans se sont écoulés depuis que tu m'as offert ton Katholische Dogmatik für Studium und Praxis der Théologie en mars 1995. Ce fut pour moi à ce moment-là un signe encourageant que même dans la génération théologique post-conciliaire, il y avait des penseurs avec le courage d'aborder la totalité, c'est-à-dire de présenter la foi de l'Église dans son unité et son intégralité. En effet, tout comme l'exploration des détails est importante, il n'est pas moins important que la foi de l'Église apparaisse dans son unité interne et dans son intégrité, et qu'en fin de compte la simplicité de la foi émerge de toutes les réflexions théologiques complexes. Parce que le sentiment que l'Eglise nous charge d'un fardeau de choses incompréhensibles, qui finalement ne peuvent intéresser que les spécialistes, est le principal obstacle à la proclamation du oui au Dieu qui nous parle en Jésus-Christ. À mon avis, on ne devient pas un grand théologien parce qu'on est capable de traiter des détails minutieux et difficiles, mais parce qu'on est en mesure de présenter l'unité ultime et la simplicité de la foi.

    Mais ton Dogmatik en un volume m'a également intéressé pour une raison autobiographique. Karl Rahner avait présenté dans le premier volume de ses écrits un projet pour une nouvelle construction de la dogmatique, qu'il avait élaboré avec Hans Urs Von Balthasar. Ce fait éveilla évidemment en nous tous une soif incroyable de voir ce schéma rempli de contenu et mené à son terme. Le désir d'une dogmatique signée Rahner-Balthasar, qui naquit à cette occasion, se heurta à un problème éditorial. Dans les années 1950, Erich Wewel avait convaincu le père Bernard Häring d'écrire un manuel de théologie morale qui, après sa publication, devint un grand succès. Alors, l'éditeur eut une idée: que dans la dogmatique aussi, quelque chose de semblable devait être fait et qu'il était nécessaire que ce travail soit écrit en un seul volume, d'une seule main. Il s'est évidemment adressé à Karl Rahner, lui demandant d'écrire ce livre. Mais Rahner s'était entre-temps empêtré dans une telle masse d'engagements qu'on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'il accomplisse une si grande entreprise. Curieusement, il conseilla à l'éditeur de s'adresser à moi qui, au début de mon chemin, enseignais la théologie dogmatique et fondamentale à Freising. Cependant, bien que j'en fusse à mes débuts, j'étais moi aussi impliqué dans de nombreux engagements et je ne me sentais pas capable d'écrire un travail aussi imposant en un temps acceptable. Alors je demandai de pouvoir impliquer un collaborateur - mon ami le père Alois Grillmeier. Dans la mesure du possible, j'ai travaillé sur le projet et j'ai rencontré le Père Grillmeier à plusieurs reprises pour une consultation approfondie. Cependant, le Concile Vatican II requit tous mes efforts, en plus de me demander de réfléchir d'une manière nouvelle à toute l'exposition traditionnelle de la doctrine de la foi de l'Église. Lorsque j'ai été nommé archevêque de Münich-Freising en 1977, il était clair que je ne pouvais plus penser à une telle entreprise. Quand en 1995 ton livre m'est arrivé entre mes mains, je vis de façon inattendue qu'un théologien de la génération suivant la mienne avait réalisé ce qui avait été souhaité plus tôt, mais qu'il n'avait pas été possible d'accomplir.

    J'ai pu ensuite te connaître personnellement, quand la Conférence épiscopale allemande te proposa comme membre de la Commission théologique internationale. Tu t'y es distingué avant tout pour la richesse de ton savoir et pour ta fidélité à la foi de l'Église qui jaillissait de toi. Lorsque le Cardinal Levada quitta son poste de Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour des raisons d'âge en 2012, tu apparus, après diverses réflexions, comme l'évêque le plus apte à recevoir cette charge.

    Quand j'acceptai cette charge en 1981, l'archevêque Hamer - alors secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi - m'expliqua que le Préfet ne devait pas nécessairement être un théologien, mais un sage qui, en abordant les questions théologiques, ne fasse pas d'évaluations spécifiques, mais reconnaisse ce qu'il fallait faire à ce moment pour l'Église. La compétence théologique devait plutôt se trouver chez le secrétaire qui dirige le Consulta, c'est-à-dire les réunions d'experts, qui ensemble donnent un jugement scientifique précis. Mais comme en politique, la dernière décision n'appartient pas aux théologiens, mais aux sages, qui connaissent les aspects scientifiques et, en plus de ceux-ci, savent considérer l'ensemble de la vie d'une grande communauté. Durant les années de mon office, j'ai cherché à répondre à ce critère. Dans quelle mesure j'y ai réussi, d'autres peuvent l'évaluer.

    Dans les temps confus que nous vivons, l'ensemble de compétence théologique et scientifique, et de sagesse, de celui qui doit prendre la décision finale me semble très important. Je pense, par exemple, que dans la réforme liturgique, les choses se seraient terminées différemment si la parole des experts n'avait pas été la dernière instance, mais si, en plus, une sagesse capable de reconnaître les limites de l'approche d'un "simple" spécialiste avait jugé.

    Au cours de tes années romaines, tu t'es toujours employé à ne pas agir seulement comme spécialiste, mais aussi comme sage, comme père dans l'Église
    . Tu as défendu les traditions claires de la foi, mais selon la ligne du Pape François, tu as cherché à comprendre comment elles peuvent être vécues aujourd'hui.

    Le Pape Paul VI voulait que les grandes charges de la Curie - celle du Préfet et du Secrétaire - ne fussent assignées que pour cinq ans, afin de protéger ainsi la liberté du Pape et la flexibilité du travail de la Curie. Entre-temps, ton contrat quinquennal dans la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a pris fin. De cette façon, tu n'as plus de charge spécifique, mais un prêtre et surtout un évêque et un cardinal ne part jamais en retraite. C'est pour cette raison que tu peux, et que tu pourras aussi à l'avenir servir publiquement la foi, à partir de l'essence intime de ta mission sacerdotale et de ton charisme théologique. Nous sommes tous heureux qu'avec ta grande et profonde responsabilité et le don de la parole qui t'est fait, tu seras aussi présent dans le futur, dans la lutte de notre temps pour une juste compréhension de la condition d'homme et de chrétien. Que le Seigneur te soutienne.

    Enfin, je tiens également à exprimer un remerciement tout personnel. En tant qu'évêque de Ratisbonne, tu as fondé l'Institut Papst Benedikt XVI, qui - dirigé par l'un de tes élèves - accomplit un travail vraiment louable pour maintenir publiquement présent mon travail théologique dans toutes ses dimensions. Que le Seigneur te récompense de tes efforts.

    Ton Benoît XVI »

    Ref. Benoît XVI écrit au Cardinal Müller

    JPSC

  • Le cardinal Monsengwo, ”le Wojtyla congolais”

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    D'Isabelle Cousturié sur aleteia.org :

    RDC : le Cardinal Monsengwo, bien plus qu’un homme d’Église 

    Portrait de celui que les Congolais appellent le « Wojtyla congolais », bête noire pour les pouvoirs barbares et source d’espérance pour le peuple.

    « Que les médiocres dégagent ! », lançait l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, pour décrire les dirigeants « barbares et incapables » de la République démocratique du Congo à la suite de la fusillade qui a fait au moins cinq morts, le 31 décembre dernier lors de la marche pacifique des catholiques censée, à son appel, « libérer l’avenir et faire du pays une terre de paix, de dignité, d’hospitalité, de progrès pour tous ».

    Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya est « un homme de Dieu courageux » soulignait alors Réveil FM International, une radio congolaise fermée par le gouvernement mais toujours accessible sur Internet. Un homme  de Dieu à la parole « rare mais pointue », ajoutait encore ce média qui soutient celui que certains appellent désormais « le Wojtyla congolais », pour ses franches prises de position en politique. Une nouvelle marche a eu lieu le 21 janvier faisant à nouveau au moins 6 morts et 49 blessés.

    Lire aussi : Nouvelle marche sanglante des chrétiens en RDC

    Pasteur et patriote

    Né en 1939 – en pleine colonisation belge — ordonné prêtre en 1963, Laurent Monsengwo est le premier Africain titulaire d’un doctorat en Écritures saintes à l’Institut biblique pontifical de Rome, en 1970. Il est ordonné évêque par Jean Paul II, en visite à Kinshasa, en 1980. Et nommé évêque de Kisangani en 1988. À 41 ans à peine, il s’impose comme l’un des acteurs politiques majeurs de la période de retour à la démocratie qui a suivi le régime du dictateur Joseph-Désiré Mobutu. En 1991, il devient président du Bureau de la conférence nationale souveraine, et de 1992 à 1996, dirige le Haut conseil de la République, érigé en parlement de transition en 1994.

    À 78 ans, l’archevêque de Kinshasa est reconnu comme une autorité morale incontestée dans son pays. Il « plie mais ne rompt jamais » quant il s’agit de défendre les droits humains et lutter en faveur de la démocratisation d’un pays qui a connu la plus cruelle des guerres civiles entre 1998 et 2002, faisant des milliers de morts dans l’est du pays. Car chez les gouvernants, « l’appétit de pouvoir est une drogue. J’en sais quelque chose : malgré moi, j’ai pratiqué le pouvoir six ans ! Quand vous y êtes, il faut beaucoup d’esprit des Béatitudes pour ne pas succomber à la tentation de modifier la Constitution pour rester en poste ! », a-t-il confié en 2011 au quotidien La Croix, lors d’une visite en France. Il évoquait ses années de forte implication politique.

    Lire la suite sur aleteia.org

    Lire aussi : "Cardinal Monsengwo : « Nous voulons que règne la force de la loi et non la loi de la force. »

  • Le cardinal Sarah critique la communion dans la main

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    Le cardinal Sarah critique la communion dans la main (source : Gloria.tv)

     
     
    Le cardinal Robert Sarah remarque dans une préface pour le livre italien 'La distribution de la communion sur la main. Relevé historique, juridique et pastoral' que la communion dans la main "implique sans aucun doute une grande dispersion de fragments" des hosties.

    Il explique que l'attention portée aux moindres miettes, le soin de purifier les vases sacrés, de ne pas toucher l'hostie avec des mains moites - des choses perdues dans l'Église actuelle - "deviennent des professions de foi dans la présence réelle de Jésus".

    Il qualifie la communion debout et dans la main "d'attitude de manque de soumission aux signes de Dieu". La préface de Sarah a été publiée sur la nuova bussola quotidiana le 22 février.

    Image: Robert Sarah, © Lawrence OP, CC BY-NC-ND#newsGlerdaikck

    Voir : Pour le cardinal Sarah, communier dans la main est un manque de respect