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La Fraternité Saint-Pie X peut-elle encore chercher à temporiser ?

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Allons-nous vers la fin d’un schisme, la réconciliation entre les héritiers de Mgr Lefebvre et Rome ? Aujourd’hui, il semble que la balle soit dans le camp de la Fraternité Saint-Pie-X. Son supérieur, Mgr Fellay acceptera-t-il le préambule doctrinal remis par le cardinal Levada le 14 septembre ? Et, s’il le fait, la fraternité le suivra-t-elle ? Les réponses de son porte-parole l’abbé Lorans (photo), qui l’accompagnait à Rome

Le moment est-il historique ou s’agit-il d’un simple rebondissement ?

C’est plutôt une étape. Après les préalables demandés par Mgr Fellay au Saint-Père sur la messe traditionnelle, les sanctions canoniques contre les évêques de la fraternité, les entretiens doctrinaux sur le concile Vatican II, il était normal d’envisager les perspectives d’avenir. Ce qui a été fait le 14 septembre.

On peut noter  la grande franchise des théologiens de la fraternité, lors de ces entretiens au cours desquels ils ont fait savoir sans détours les difficultés doctrinales que posent certains textes du concile. Cette franchise n’a pas interdit une nouvelle étape. En clair, Rome sait très exactement nos positions, et c’est avec cette connaissance précise que le cardinal Levada a présenté à Mgr Fellay ce préambule doctrinal.

La fraternité suivra-t-elle Mgr Fellay s’il donne son accord à ce préambule ?

Un accord avec Rome réglerait la situation canonique de la Fraternité Saint-Pie-X. Mais ce n’est pas tant cela qui est important que de rendre à la tradition – souvent décriée, voire persécutée, depuis plus de quarante ans – son droit de cité dans l’Église. Ce qui a commencé avec le motu proprio Summorum pontificum déclarant que la messe traditionnelle n’avait jamais été abrogée. Si, après l’étude attentive que lui demande Rome, Mgr Fellay peut donner son adhésion, la fraternité y sera certainement favorable.

 Quelle est la marge légitime de débat autour des textes de Vatican II ?

C’est la question ! Le préambule doctrinal demeurant confidentiel, je ne peux rien ajouter au communiqué officiel : « laissant ouvertes à une légitime discussion l’étude et l’explication théologique d’expressions ou de formulations particulières présentes dans les textes du concile Vatican et du magistère qui a suivi ».

Certains avancent que les points qui font difficulté dans le concile pourraient être discutés sans que cela remette en cause l’appartenance à l’Église. Ce qui reviendrait à reconnaître que ces textes litigieux n’exigent pas l’adhésion requise pour des dogmes.

D’autres insistent sur le fait que ce préambule doctrinal – qui n’est pas public, rappelons-le – exigerait le respect en bloc du concile, de son authenticité et de la légitimité de son enseignement. Pour eux, si je reprends les termes de votre question, la simple possibilité d’une discussion sur Vatican II doit paraître « un peu beaucoup », – sans virgule entre les deux …

Ce que l’on peut constater, c’est une différence entre le communiqué du 14 septembre 2011 et la note rédigée par la Secrétairerie d’État le 4 février 2009 qui disait : « La condition indispensable pour une future reconnaissance de la fraternité Saint-Pie-X est la pleine reconnaissance du concile Vatican II et du magistère des papes Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean-Paul II et de Benoît XVI lui-même ». Entre ces déclarations, il y a deux années de discussion théologique qui ont permis « d’approfondir et d’éclaircir les problèmes doctrinaux » selon Mgr Fellay. Y a-t-il évolution de Rome entre 2009 et 2011 ? L’exposé des théologiens de la fraternité y a-t-il contribué ? Je vous laisse répondre.

C’est ici : Pour la fraternité Saint-Pie-X, la marge d’interprétation du concile est « la » question

 

 

Commentaires

  • En attendant de voir ce que cela va donner, on peut lire avec intérêt le résumé suivant concernant la question :

    http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/Religion/Integristes-L%E2%80%99unite-a-quel-prix-?/Default-4-3113.xhtml

  • Le papier paru dans Témoignage Chrétien se saisit en réalité de l’affaire d’Ecône pour défendre son point de vue dans le débat (bien plus large) sur la portée de Vatican II, ce qui est son droit mais alors il ne faudrait pas laisser croire aux gens qu’il s’agit d’une sorte d’observation impartiale d'un spectateur au-dessus de la mêlée.

    En fait, cette feuille moderniste tremble à l’idée de voir s’envoler les fameux « acquis du concile » dont on goûte cependant aujourd’hui les fruits amers.

    Personnellement, au contraire -sans être un adepte de la Fraternité en question- j’ai la conviction que l’Eglise ne peut plus continuer sur la voie sans issue où elle s’est laissée entraîner depuis les années conciliaires. Et je fais confiance à Benoît XVI pour l’en sortir, si Dieu lui prête vie.

    Le recentrage entrepris par le pape comporte en effet bien d’autres choses qu’un règlement du conflit avec la Fraternité Saint-Pie X (qui n’est pas, nous sommes d’accord là-dessus, une panacée contre tous les maux issus de ce que le cardinal Ratzinger a appelé un jour l’esprit du concile.). De toute façon, le « retour » souhaité des Lefébvristes (mais redouté par une certaine nomenklatura ) n’est pas gagné d’avance parce que la Fraternité s’est durcie au fil du temps, à force d’être ostracisée par l’ « l’idéologie conciliaire » dominante.

    « Il y a un esprit du concile qui n’est pas le concile » disait déjà Mgr Ratzinger dans son entretien sur la foi avec Messori en 1985 (et on pourrait remonter bien plus haut encore dans les citations de cet esprit lucide). Elu au pontificat suprême, Benoît XVI s'est de suite interrogé publiquement en ces termes :« pourquoi l'accueil du concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit ».

    En premier lieu, il faut remettre les choses à leur juste place : le concile Vatican II n’est pas un super-dogme « plus important que Nicée » (pour reprendre la malencontreuse qualification employée par Paul VI). Ensuite, assainir l'Église ce n’est pas annuler Vatican II, mais le libérer du prétendu « esprit du Concile ».

  • Il est intéressant de noter cette information parue aujourd’hui dans plusieurs médias et commentée ainsi sur le blog « riposte catholique » :

    "Une supplique au Saint-Père signée de 36 noms, aux premiers rangs desquels Mgr Brunero Gherardini, les professeurs Paolo Pasqualucci, Antonio Livi, Roberto de Mattei, et datée du 24 septembre , présente 12 questions argumentées. Elle demande respectueusement au Pape d’ouvrir un examen, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’ouverture de Vatican II, en 2012, sur la nature véritable de ce concile totalement atypique et sur les points principaux de son contenu qui font de réelles difficultés pour une réception traditionnelle.
    Il est clair que le processus ouvert de la reconnaissance canonique de la FSSPX, et du questionnement jusqu’à ce jour « extérieur » qu’elle représentait, dynamise déjà considérablement le questionnement « intérieur », et de ce fait, la progressive relativisation d’un certains nombre d’éléments discutés de ce Concile".

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