Le hasard de nos recherches sur le net nous a fait amenés sur un site où figure la synthèse (juin 2010) consacrée au drame des abus sexuels reproduite ci-dessous. Nous nous permettons de l'emprunter et de la proposer à votre lecture tant nous savons quels ravages ces faits ont provoqué dans notre pays et quels effets désastreux ils ont eu sur l'opinion publique et sur les croyants eux-mêmes. L'Eglise de Belgique semble avoir du mal à sortir de l'accablement dans lequel ces révélations l'ont plongée et ses adversaires, qui le savent, n'hésitent pas à "remettre le couvert" dès que l'occasion s'en présente. Profitons que cette question ne soit pas à la une pour le moment pour nous y arrêter en-dehors des polémiques.
Scandale des prêtres et mystère de la sainteté de l'Eglise
Un flash back et une remontée vers les cimes
La révélation publique d'abus sexuels perpétrés par des prêtres sur des mineurs ont fini par « interpeller » les croyants, notamment les jeunes qui manifestent encore, dans ce temps d'abandon des repères, une soif d'absolu.
Comme l'a exprimé le saint Père dans sa lettre pastorale du 19 mars 2010 aux catholiques irlandais, comment ne ressentiraient-ils pas comme une vive blessure la révélation des « actes scandaleux et criminels » commis par des clercs et ne seraient-ils pas « bouleversés » par leur « trahison » et par les ravages causés dans les jeunes victimes ?
Pour autant, si grande que soit notre déception, il ne nous parait ni chrétien ni même simplement juste de nous réfugier dans une attitude de méfiance envers l’Eglise dans son essence et sa vocation salvatrice. Gardons-nous d’ajouter à la trahison des coupables notre complicité avec ceux qui se frottent les mains de la crise que traverserait un certain milieu catholique et attisent des sentiments de haine et d’exclusion envers l'Eglise. Ce n’est pas en désertant - comme ces rats qui quittent le navire dès qu’il a pris un peu l’eau - que nous pourrons guérir la blessure qui est en nous, mais en nous efforçant de procéder, sous le regard du Christ et à la lumière de l’Esprit Saint, à une analyse lucide de la nature, de la dimension et des causes réelles des scandales sexuels impliquant des membres du clergé.
Donc, essayons d'y voir clair. Que penser de ces faits ?
1) Nature et ampleur des scandales
a) De quoi s'agit-il ?
Une observation s’impose : la pédophilie, au sens précis du terme, touche des enfants pré-pubères soit généralement en dessous de 10 ans. De ce point de vue: le nombre d’inculpations de pédophilie prononcées contre les prêtres ou religieux impliqués dans les scandales sexuels récemment mis en exergue par la presse, est très nettement moindre que ce que celle-ci le laisse croire : aux Etats-Unis, 22% des cas d’abus sexuels (Rapport officiel John Jay) ; en Irlande moins de 6% (Rapports officiels Ryan et Murphy) ; en Allemagne, en Autriche, en France et Belgique, quelques dizaines de cas tout au plus. C’est, pour l’essentiel, le grief de détournement de mineurs pubères qui domine ce qu’on appelle (« éphèbophilie »).
Cette rectification n’est pas secondaire : la véritable pédophilie est une monstruosité qui revêt un caractère criminel au sens fort du terme.
A ses auteurs s’applique ce terrifiant avertissement du Christ : « Quiconque scandalise un seul de ces petits qui croient en moi, il serait de son intérêt qu’on lui suspende une meule d’âne autour du cou et qu’on le précipite dans les profondeurs de la mer. Malheur au monde à cause des scandales ! Il est inévitable, certes, que des scandales arrivent mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! » (Mat.18-6).
Les méfaits sexuels des clercs en cause sont déjà suffisamment scandaleux sans qu’il soit donc besoin d’en rajouter par l’emploi inexact du terme de « prêtres pédophiles ». Il faut bien noter la différence entre « un acte pédophile » et « un pédophile ». Un pédophile est quelqu’un qui aura vraiment le vice ancré en lui par la répétition des actes, avec un aspect pathologique dominant. Tandis qu’un acte pédophile isolé, unique, si grave soit-il, ne fait pas de la personne « un pédophile ». Cela dit, le grief d’abus sexuel qui leur est fait n’en demeure pas moins d’une terrible gravité : ils ont perverti l’autorité spirituelle et morale qui leur a été conférée en abusant d’adolescents à un âge de grande vulnérabilité. Ce faisant, leur dit le pape dans son Message aux Irlandais : « Vous avez trahi la confiance placée en vous par de jeunes innocents et par leurs parents. Vous devez répondre de cela devant Dieu tout-puissant, ainsi que devant les tribunaux constitués à cet effet… Ceux d'entre vous qui sont prêtres ont violé la sainteté du sacrement de l'Ordre sacré… En même temps que le dommage immense causé aux victimes, un grand dommage a été perpétré contre l'Eglise et la perception publique du sacerdoce et de la vie religieuse.»
b) La réalité des statistiques
La seconde donnée de base a trait à la période où remontent, en majeure partie, les drames en cause et à l’âge des clercs et religieux coupables de ces crimes. La soudaine révélation en cascade de leurs abus sexuels porte, pour l’essentiel, sur une phase antérieure à la nôtre de 20 à 30 ans et plus (entre 1970 et 1980) et concerne des clercs dont la plupart sont aujourd’hui au moins sexagénaires, voire octogénaires (plusieurs d’entre eux sont même déjà décédés). Il n’est certainement pas innocent que surgisse de partout, tout d’un coup et presque dans un même élan, une multiplicité de déclarations ayant tout du « réchauffé », quand les premières dénonciations et les rapports auxquels elles ont donné lieu remontent à trois ou quatre ans, six pour l’Irlande, huit pour les Etats-Unis…
Certes, n’y aurait-il eu, dans chaque pays concerné, qu’un seul abus sexuel sur une période de trente ans, c’eût été quand même une affreuse tache, une tache de trop. Raison de plus pour éviter de dénaturer la réalité statistique des perversions reconnues. Cette réalité est parfaitement illustrée à travers les cas majeurs des Etats-Unis et de l’Irlande :
- Le rapport du John Jay College of Criminal Justice de New York évalue à 4.400 le nombre de prêtres accusés d'abus sur des mineurs aux Etats-Unis entre 1950 et 2002, soit 4 % de l'ensemble des 110.000 prêtres en fonction pendant cette période ; or il s'agit là du pays le plus touché au cours de la période la plus troublée (les Etats-Unis étant alors massivement concernés par une décadence morale certaine (n'oublions pas que tout jeune entrant au séminaire est issue du monde où il vit, avec ses fragilités).
- En Irlande, le rapport Ryan publié le 20 mai 2009 conclut une enquête effectuée sur une période allant de 1936 à 1999 et portant sur « toutes les formes d’abus dans les institutions religieuses d’enfants » (punitions et brimades physiques, intimidations psychologiques ou violences sexuelles). Sur les quelques 25.000 enfants inscrits dans les établissements confessionnels au long de cette période, 253 cas d'abus sexuels ont été déclarés par des garçons et 128 par des filles, encore que, dans leur immense majorité, celles-ci aient mis principalement en cause le personnel civil insuffisamment surveillé par les religieuses. Au total, 800 adultes impliqués (prêtres, frères des écoles chrétiennes, personnel civil). Compte tenu d’un effectif de plus de 12.000 prêtres séculiers sur la totalité de la période et d’au moins 30.000 religieux de tous ordres, on conviendra que le taux d’incrimination (1,90%) n’est pas celui que les médias laissent imaginer.
- Toujours en Irlande, une seconde enquête officielle, cette fois sur les années 1975 à 2004, débouche en novembre 2009 sur le rapport du juge Murphy qui relève 46 cas de prêtres coupables d'abus sexuels. Si l’on rapporte ce chiffre au nombre actuel des prêtres diocésains (3.400) et des religieux (20.000), il n’en représente plus que 0,2%.
En outre, ces divers éléments chiffrés devraient être placés dans le contexte général qui montre que :
- « 96% des délits d’abus sexuel ou de maltraitance sur mineurs ont hélas lieu dans le cercle familial » (bloc-notes d’Ivan Rioufol, Le Figaro du 2.4.2010)
- le taux de pédophilie est de 2 à 10 fois plus élevé dans d’autres confessions religieuses où les pasteurs protestants sont pour la plupart mariés (cf Philip Jenkins, professeur d'histoire des religions à l'université de Pennsylvanie)
- les membres du personnel d’éducation scolaire et d’encadrement de la jeunesse – non clérical , non religieux, en grande majorité mariés également- reconnus coupables d’abus sexuels sur mineurs par les tribunaux américains, avoisinait les 6000 dans le même temps où une centaine de prêtres américains étaient condamnés pour ce motif.
On veut bien faire des actes de contrition pour le mal qui a été commis par des membres de l’Eglise ; mais cela ne devrait pas empêcher de reconnaître et regretter ce mal partout où il se commet !..
2) Causes et circonstances de ces scandales chez des religieux
Dans son message aux catholiques irlandais, ayant noté en effet que «… le problème de l'abus des mineurs n'est pas propre à l'Irlande, ni à l'Eglise…. », le Saint-Père déclare : « Il est certain que parmi les facteurs qui y ont contribué, nous pouvons citer : des procédures inadéquates pour déterminer l'aptitude des candidats au sacerdoce et à la vie religieuse; une formation humaine, morale, intellectuelle et spirituelle insuffisante dans les séminaires et les noviciats… ». A quoi le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, ajoute « la question de ce qui s’est passé suite à la révolution sexuelle de 1968 ». Nous examinerons ici, point par point, chacun de ces facteurs.
a)- L’accès au sacerdoce et à la vie religieuse : il a pu y avoir un manque de discernement
Il est clair qu’un des facteurs les plus décisifs du dévoiement d’un certain nombre de prêtres a peut-être été l’absence de discernement pour leur admission dans les grands séminaires.
Quelques uns d’entre eux ont pu –au cours de leur jeunesse et de leur séminaire – faire la confusion entre une véritable vocation et une perception trop humaine du sacerdoce et de la visibilité sociale de l’Eglise.
D’autres encore, croyant d’abord avoir la vocation, puis, les années suivantes, hésitant, ont pu reculer devant l’aveu de leur trouble et le changement d’objectif ou le retour à leur ancien état de vie (par exemple dans le cas où il pouvait exister chez leurs proches une forme de pression sociale – on aide financièrement le futur séminariste, mais il faudrait que ce soit en lui laissant pleine liberté de changer d’avis au moment du discernement !- ou pour d’autres raisons encore).
Ce processus de maintien dans les séminaires, il y a cinquante ans, de jeunes gens qui n’y avaient pas leur place explique sûrement une grande part des drames qui se révèlent aujourd’hui. Il faut le dire avec force un bon nombre de ceux qui ont fini par s’adonner à des pratiques sexuelles scandaleuses n’avaient peut-être pas la vocation de prêtre ou de religieux.
Aujourd’hui, les jeunes qui réponde à un véritable appel de Dieu le font généralement librement. Ceux qui viennent d’un milieu catholique fervent ont peut-être entendu souvent la prière de demande des vocations, mais savent que cette prière nécessaire ne désigne pas des personnes en particulier. Par ailleurs ils doivent même plutôt faire face à une pression sociale contrariant toute vocation ; ce qui n’est pas plus normal que la pression inverse.
Il faut bien remarquer que ce n'est pas seulement l'existence ou non d’une vocation qui doit être discernée chez un jeune aspirant à la vie sacerdotale ou religieuse, mais aussi bien d’autres aspects humains et spirituels parmi lesquels les fragilités affectives graves comme les tendances homosexuelles chez certains (quoiqu’on en veuille aujourd’hui il est bien prouvé qu’il y a souvent un lien entre homosexualité et pédophilie ; les chiffres parlent). Ceci ne signifie pas que ces jeunes n'auraient pas droit à la sainteté ; mais la prudence et la charité peuvent exiger d’eux de vivre la sainteté en dehors du sacerdoce, leur fragilité ne leur permettant pas ce rôle si grave de pasteur et modèle du troupeau.
b)- La révolution de mai 1968 s'est introduite partout
A finalité politique, culturelle mais aussi sexuelle, dans son orientation profonde, la révolution de mai 68 a introduit un esprit de contestation complète de tous les repères moraux. Pendant une ou deux décennies avant et après, la pression sociale et médiatique dans ce sens a été tellement forte qu'elle ne pouvait que bouleverser tous les milieux sans exception (sauf ceux suffisamment préparés, solides et vigilants). Ce bouleversement s'est introduit partout : dans les universités, les familles, les écoles et … les séminaires et couvents, forcément en contact avec le monde.
Ainsi, même des prêtres ont commencé à déraper. En France, une association anarchisante de clercs dénommée Echanges et Dialogue vit le jour dans ces années-là. Elle fut un des phares majeurs du mouvement de revendication des prêtres contestataires, désireux de s’affranchir des chaînes - sexuelles, liturgiques, hiérarchiques - qui, selon eux, entravaient leur insertion dans la société moderne et leur « épanouissement ».
Le mouvement allait rapidement révéler sa vocation résolument révolutionnaire, au sens politique du terme aussi : trois ans plus tard, naissait l’association de chrétiens homosexuels David et Jonathan qui, dès les premières heures, défendait le droit, pour les membres du clergé et les religieux, de vivre selon la loi de leurs appétits sexuels…
Mais insistons : les déviances n'auraient pas pris une telle ampleur si dans les séminaires et noviciats on avait donné une formation solide et équilibrée en philosophie, théologie, vie intérieure, affectivité, dans le respect des règles de vie ascétique éprouvées par l’expérience des siècles précédents. « Celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive », dit Notre Seigneur.
c)- La formation dans les séminaires
Le Saint-Père et le cardinal Schönborn évoquent la formation dans les séminaires comme une des causes des déviances des ecclésiastiques. On sait aujourd’hui ce qu’il en a été, hélas, de la vie au séminaire dans les années post-conciliaires (avec par exemples des réformes introduites à partir des années 1970 dans les séminaires, réformes qui ne suivaient pas ce que demandait réellement le Concile). De nombreux témoignages ont été publiés par d’anciens séminaristes dégoûtés ou renvoyés de « formations » qui étaient à tendance tout autre que chrétienne. Les séminaires se sont vidés progressivement... Mais il semblerait que déjà dans les années 50, dans certains séminaires ou noviciats, il y ait eu des failles dans la formation théologique et ascétique, qui laissaient pressentir la crise des années suivantes.
Le pape Benoît XVI entend donc étudier sans tarder la question des programmes des séminaires. Il dispose pour cela de modèles qui font la preuve du succès de formations exigeantes aux plans tant spirituel et moral que doctrinal. Lorsque l'on parle de « formations exigeantes », il ne s'agit pas seulement d'un corps de doctrine abstraite. Rien ne peut mieux aider un prêtre (comme tout chrétien !) à se garder pur que, par-dessus tout, l'apprentissage du contact personnel avec le Christ ; la connaissance de soi, de ses blessures, de ses limites ; la capacité à s'ouvrir à un père spirituel en toute transparence ; la compréhension profonde de ce qu'est un engagement de tout soi dans toute une vie. Combien de prêtres en effet sont tombés car, au fond, ils ne vivaient pas de l'amour du Christ (et auraient comblé ce vide par n'importe quoi) ; et combien sont tombés en menant longtemps une double vie sans chercher ou trouver le moyen d'être tiré hors du péril. L’histoire de l’Eglise montre combien la perte d’une vie d’oraison et d’une ascèse chrétienne conduit à la dépravation morale même des meilleurs (cf au temps de Ste Catherine de Sienne, de la Réforme, etc…).
d)- Le mystère de chaque vie humaine.
Quelles que soient les causes générales connues, ne pas schématiser : le processus du drame de chacun est unique et complexe. Vieilles blessures familiales, mauvaises expériences adolescentes, films, pornographie, solitude, difficultés à trouver des directeurs spirituels, ambiance décadente de la société, banalisation de l'homosexualité, occasions dangereuses, provocations et tentations, complicités ou silence de l'entourage, vraies pathologies psychologiques aussi, parfois très lourdes, etc. C'est l'histoire de l'éternelle confrontation de la liberté avec la grâce mais aussi avec le diable, le monde et la misère de l'homme.
3) Le célibat consacré, au delà de nos limites purement humaines
Pédophilie : le célibat des prêtres en question, titrait, en mi-mars, l’ensemble de la presse nationale quasiment inféodée aux courants subversifs en guerre contre l’Eglise. Le cardinal Schönborn a clairement rappelé dans un entretien au Figaro du 2 avril suivant : « Le célibat n’est pas à l’origine des abus. Cela paraît manifeste, compte tenu du fait que la plupart des abus surviennent dans la sphère familiale. La recommandation que j’ai publiée dans le journal interne de mon diocèse visait à souligner qu’il s’agissait de bien vivre le célibat. »
Tout est bon, en effet, chez certains médias, pour tenter encore d’infléchir la position ecclésiale sur le célibat des prêtres ou tout simplement pour attaquer le sacerdoce comme tel, ou la crédibilité de l’Eglise. Il est frappant de remarquer la faiblesse du raisonnement dans l’un ou l’autre article, raisonnement que l’on peut résumer par le sophisme suivant : il y a eu -il y a- des prêtres pédophiles ; donc les prêtres ne sont pas crédibles ; ou encore : donc supprimons la prêtrise !.. C’est comme si l’on disait : il y a des parents (ou éducateurs) pédophiles ; donc les parents ne sont pas crédibles ; donc supprimons l’autorité parentale et les liens familiaux.
« Lorsqu’on veut détruire la religion, on commence par attaquer le prêtre » dit St Jean-Marie Vianney. Non, ce déchaînement contre l’Eglise, au cœur de l’année jubilaire du saint patron des prêtres, n’est pas une coïncidence.
« Viens, quitte tout et suis moi »
« La corruption du meilleur est ce qu’il y a de pire »…ce dicton bien connu explique que nous soyons choqués par le scandale des prêtres. Mais il rappelle aussi que précisément le sacerdoce est ce qu’il y a de plus grand au monde.
Le 10 juin 2010, Benoît XVI a évoqué à nouveau les raisons profondes du célibat des prêtres.
« Le centre de notre vie doit être réellement la célébration quotidienne de la sainte Eucharistie. « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Nous parlons donc in persona Christi. Nous parlons avec le « moi » du Christ, le Christ nous « attire en lui » et il nous unit avec son « moi ». Cette unification de son « moi » avec le nôtre implique que nous sommes «attirés » aussi dans sa réalité de Ressuscité. C'est une vie « nouvelle » dans laquelle nous sommes déjà au-delà du mariage. En ce sens, le célibat est une anticipation. Nous transcendons ce temps et nous allons de l'avant, en « attirant » ainsi nous-mêmes et notre temps vers le monde de la résurrection, vers la nouveauté du Christ, vers la vie nouvelle et vraie. Le Seigneur nous invite toujours à nouveau à nous transcender nous-mêmes, à transcender ce présent, vers le vrai présent de l'avenir qui devient présent aujourd'hui.
Il est vrai que pour le monde agnostique, le monde où Dieu n'a rien à voir, le célibat est un grand scandale, parce qu'il montre précisément que Dieu est considéré et vécu comme une réalité. Et cela devrait disparaître ! En un certain sens la critique permanente contre le célibat à une époque où il devient toujours plus à la mode de ne pas se marier pourrait surprendre. Mais ce non mariage est une chose totalement, fondamentalement différente du célibat, parce que le non mariage est basé sur la volonté de vivre uniquement pour soi-même.
Le célibat (consacré) est précisément le contraire : c'est un « oui » définitif, c'est laisser Dieu nous prendre par la main, s'offrir entre les mains du Seigneur, dans son « moi » et donc c'est un acte de fidélité et de confiance. Et nous voulons ainsi aller de l'avant et rendre présent ce scandale d'une foi qui fait reposer toute l'existence sur Dieu.
Nous savons qu'à côté de ce grand scandale que le monde ne veut pas voir, il y a aussi des scandales secondaires de nos péchés, qui cachent le vrai et grand scandale, et laissent penser : « Mais ils ne vivent pas réellement sur le fondement de Dieu ! ». Mais il y a une si grande fidélité ! Le célibat, et ce sont précisément les critiques qui le montrent, est un grand signe de la foi, de la présence de Dieu dans le monde. »
Jésus n’a pas été marié ; l’Ecriture parle de l’Epouse du Christ : c’est l’Eglise, pour laquelle il donne sa vie, elle est tout son amour. « Et, laissant tout, ils le suivirent » (Luc
5) Comme le Christ, les prêtres qui vivent le célibat consacré servent l’Eglise, elle est tout leur amour, c’est en elle qu’ils exercent leur paternité.
N’ayons pas la mesquinerie de vouloir contrarier ou diminuer la générosité de ceux (et celles) qui répondent pleinement à cette vocation.
Ce qui distingue, entre autres, l’homme de l’animal, c’est sa capacité à dominer ses instincts, quels qu’ils soient. Et la preuve est incontestablement établie que l’abstinence sexuelle, quand elle est vécue comme une réponse d’amour à l’Amour de Dieu, est non seulement possible sans perte de l’équilibre psychique et vital, mais encore porteuse de fruits intellectuels, spirituels et physiques surprenants. Les moines, en particulier, en font l’expérience quotidienne. Des centaines de milliers de prêtres, de par le monde, également. Mais de ceux-là on ne parle pas !...
« Seigneur, donnez-nous de saints prêtres !
Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints prêtres !.. »
4) Mon choix : déserter ou souffrir, défendre, rayonner et sauver ?
a) Faire face
Au final, autant que ces scandales, c'est la société dans ce qu'elle a de pervers (et d'entraînant à la perversion : "structures de péché") qu'il faudrait épingler. Là nous voyons bien l'hypocrisie des médias qui se scandalise (à juste titre) de ces crimes, mais fournit par ailleurs tous les ingrédients pour y conduire.
L’Eglise est aujourd’hui la seule institution de poids à s’opposer aux dérives du nouvel ordre mondial de la sexualité et à sa culture de mort. C’est cela qu’on ne lui pardonne pas. « Feu à volonté sur les catholiques. Leur Eglise n’en finit pas de subir les assauts de la meute, lâchée y compris de leurs rangs » écrit Ivan Rioufol dans son bloc-notes précité.
L’attaque se veut résolument mortelle puisqu’elle vise principalement le « chef des prêtres », le Souverain Pontife. Du sarcasme à la fausse compassion en passant par une indignation qui se veut vertueuse, les réactions journalistiques témoignent surtout d’une formidable hypocrisie endémique (« mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ») et d’une haine sans frein de la papauté. Un exemple typique : « L’archevêché de Munich a reconnu vendredi que Mgr Joseph Ratzinger, devenu pape sous le nom de Benoît XVI, avait approuvé l’accueil, en 1980, d’un prêtre pédophile présumé…». Cette affirmation de la grande presse était totalement mensongère ; ramant à contre-courant, La Croix du même jour rectifiait : « Le P. Frederico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, a diffusé un communiqué argumenté et précis du diocèse de Munich, rétablissant la chronologie des faits, exonérant le pape de toute responsabilité. »
Plus haut, nous avons donné quelques chiffres « officiels ». Mais ces chiffres mêmes sont sujets à caution. On sait en effet qu’un certain nombre d’accusations de pédophilie se sont avérées être de pures calomnies. Il y a eu ainsi le cas d’un prélat dont certains voulaient se débarrasser ; quoi de plus facile et plus efficace pour cela que de lancer une accusation de pédophilie… Cela « prend » à tous les coups, comme lorsqu’on lançait, à une autre époque, l’accusation de fasciste. Comment ne pas citer l’exemple de la grotesque manipulation médiatique que fut l’émission de Christophe Dechavanne (octobre 1995) durant laquelle Thierry Meyssan (du Réseau Voltaire) s’en est pris au Père Daniel Ange ! Ce saint prêtre fait trop de bien à la jeunesse de France justement dans le domaine de la pureté…il est donc l’homme à abattre. D’autres cas se sont avéré des inventions d’enfants fortement perturbés par la pornographie entre autres. L’affaire d’Outreau (2004) – gigantesque erreur judiciaire- est tristement célèbre en France, où elle a scandalisé l’opinion publique en mettant en évidence les dysfonctionnements de l’institution judiciaire, des médias, du monde politique et de certains acteurs sociaux, dans la lutte contre la pédophilie
Interrogeons nous aussi sur notre impressionnabilité face à tous ce que les médias – ou "les gens"- disent.
Ne nous étonnons donc pas de ce que nous avons à subir : comment l’Eglise catholique serait-elle épargnée dans l'œuvre de séduction et de pourrissement entreprise par le « Prince de ce monde » : il n’a pas hésité à tenter le fils de Dieu Lui-même !
Le Christ lui-même ne nous a-t-il pas avertis : « Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. » ; « Comme ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. »
Dans son homélie de la messe chrismale 2010, Mgr Rey a fait l'historique, l'inventaire, et l'analyse des attaques incessantes contre Benoît XVI depuis le début de son pontificat.
b) Posons-nous plutôt cette question : Et moi, que vais-je faire ?
Vais-je hurler avec les loups sous prétexte qu’il y a dans l’Eglise des brebis égarées ? Vais-je me faire, à mon tour, le persécuteur de mes frères dans la foi pour cacher ma lâcheté face aux assauts dont le Saint-Père est la cible ? Vais-je à mon tour trahir le Christ ? Ou bien, au contraire, aurai-je le courage d’offrir ma souffrance et mes sacrifices pour réparer les offenses, les péchés cachés ou publics.
On nous donnait récemment l'exemple d'un couple catholique qui, lorsqu'un prêtre de leur connaissance a été mis en prison pour pédophilie, est venu lui rendre visite deux fois par mois pendant trois ou quatre ans, pour l'aider à avancer en se corrigeant. Il est maintenant sur le chemin d'une véritable conversion... Ces prêtres qui ont touché au mal restent cependant prêtres pour l'éternité. L’Eglise l’a toujours affirmé et expliqué. Ste Catherine de Sienne (imitée en cela par St JMVianney, par JP II, etc…) nous a laissé, dans ses Dialogues les paroles très fermes de Dieu à cet égard: « Vous devez détester les défauts de ceux qui vivent mal. Vous ne devez pourtant pas vous faire leurs juges. Je ne veux pas, car ils sont mes « Christs ». Vous devez détester, vous devez haïr leurs défauts et vous appliquer, par votre charité et vos prières, à les revêtir du vêtement de la charité, à les laver avec vos larmes. » Dialogue chap 20
Cette sainte a été elle-même un modèle dans son attitude face aux scandales des prêtres à son époque.
Il s'agit (comme l'a très bien souligné le Saint Père ainsi que Monseigneur Rey et tant d'autres aujourd'hui…) de nous positionner nous mêmes face à notre propre péché, face à l'immense Amour et Miséricorde de Dieu.
Et moi, suis-je pur dans mes pensées, mon corps ?
Est-ce que je me convertis ?
Qu'attend-on pour devenir des saints dont l'amour ardent, la joie et les sacrifices brûleront le mal en nous, par la grâce de Dieu, et rachèteront les âmes par milliers... Comme sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus a taché de le faire pour les prêtres tout au long de sa vie courte mais dense. Est-ce que je suis vraiment témoin du Christ ?
Pense-t-on souvent à louer Dieu pour les vocations qu'Il nous donne, et la fidélité de tant d'âmes consacrées ; que fait-on pour les soutenir avec chaleur ?
L'Eglise est Sainte parce qu'elle est le Corps Mystique du Christ, le Christ répandu et communiqué. Sa sainteté se manifeste d'une façon évidente par la cohorte des saints qu'elle a engendrés et continuera d'engendrer. Le Christ est parfaitement pur, d'une beauté divine transcendante; et pourtant, l'Evangile de la Passion (et le St Suaire) nous le montrent couvert des blessures qui viennent du péché de l'homme.
Ainsi de l'Eglise qui, tout en étant "sans tâche ni ride", "sainte et immaculée", peut apparaitre parfois portant sur elle (comme le Christ a porté sur lui) les péchés de ses enfants, que précisément elle a pour tâche de convertir et sanctifier.
La frontière entre ce qui est de l'Eglise Sainte et ce qui est du Mauvais passe par chacun de nous, dans la mesure où nous avons tous une part d'ombre -qu'elle tente de convertir en Lumière- et une part sanctifiée… Tout ce qui est saint en nous vient du Christ, par elle; tout ce qui ne l'est pas est résistance à son influence.
"Dieu nous a donné un Esprit de force, d'amour et de maîtrise de soi." 2Tim 1
"Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que la parole de Dieu demeure en vous
et que vous avez vaincu le Mauvais.
N'aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde." 1ère Epître de St Jean 12
"Ne dites pas : "Les temps sont mauvais."
Soyez bon, et les temps seront bons !..."
Fête du Sacré Cœur 2010 – clôture de l’année sacerdotale
Commentaires
Il faut avouer que vivre en peu de temps, deux chocs culturels comme Vatican II et mai 68, cela ne pouvait qu'en déboussoler certains.
Beaucoup ont cru bon de ne retenir de Vatican II que le côté ouverture au monde, sécularisation, ce qui revient à tourner le dos au Christ et congédier Dieu. En transformant le prêtre en simple animateur de réunion et organisateur de paroisse, bon à tout faire, et non plus bon à laisser le Christ agir en lui et être visible par lui. En transformant aussi la messe en quelque chose de banal, comme une réunion d'une amicale quelconque agrémentée d'un spectacle et de chants, mais en ayant évacué tout le sacré, tout le mystère de Dieu. En méprisant l'humble foi du plus petit, du publicain, et en exaltant l'exégèse savante de la Bible par le lettré, le pharisien.
Quant à mai 68, ce fut l'apologie d'une 'libération sexuelle', qui se révéla bien vite être en réalité un esclavage sexuel, un asservissement à ses instincts les plus primaires. On transforma la beauté de la sexualité humaine orientée vers la transmission de la vie, en une basse exploitation du sexe pour le sexe, pour le plaisir hédoniste. Et cela se traduisit par toutes sortes de comportements de recherche de ce plaisir, comme l'homophilie et la pédophilie. Un écrivain français, pédophile notoire, obtint même le Prix Médicis pour un livre faisant l'apologie de la pédophilie. Un Cohn-Bendit se vanta dans un livre de l'avoir pratiquée. Elle était donc à cette époque considérée comme une libération sexuelle de l'enfant, quelque chose qui servait à son épanouissement.
Comment voulez-vous que ces deux chocs culturels : désacralisation du prêtre et de la liturgie, et 'sacralisation' du plaisir sexuel, ne se soient pas ligués pour en déboussoler certains, prédisposés sans doute à écouter les sirènes de la modernité ?