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Médias

  • "Le progressisme est fondamentalement un régressisme"

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    De l'European Conservative () :

    Démasquer le progressisme : entretien avec Stelios Panagiotou

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  • Etats-Unis : la quasi-sanctification d'une icône par une partie du peuple américain

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    Tentative d’Assassinat : «Trump se voit désormais comme le nouveau Christ de l'Amérique»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - La portée des clichés de la tentative d’assassinat contre l’ancien président des États-Unis s’explique par la simplicité du symbole qu’il incarne, analyse la professeur de français, Ophélie Roque, une sorte de chevalier chrétien au service des laissés-pour-compte.

    Ophélie Roque est professeur de français en banlieue parisienne. Elle a publié Black Mesa (Robert Laffont, 2023), son premier roman.


    Rares sont les occasions de contempler, non seulement l'histoire en marche, mais encore la formation de ses sédiments iconographiques. Or, ce 13 juillet 2024, nous avons assisté à la quasi-sanctification d'une icône par une partie du peuple américain.

    Tout dans le cliché pris par Evan Vucci clame une intégration prochaine dans les livres d'histoire tant il résume, à lui seul, toutes les facettes de l'Amérique républicaine. Contreplongée «héroïsante», poing tendu, drapeau américain se détachant sur fond de ciel si bleu qu'il en devient irréel - moins un ciel qu'une idée de ciel ! Sans compter que la composition de l'image fait songer aux monumentales descentes de croix peintes par Rubens ou Van der Rogier van der Weyden. Ici comme là, même présence d'un sang rédempteur. Trump se voit comme le nouveau Christ de l'Amérique ; il en a jusqu'aux stigmates.

    D'ailleurs est-il toujours pleinement conscient de la portée iconique des postures qu'il adopte ? Peut-être que oui, peut-être que non, et à la rigueur qu'importe puisque l'image ne prend son sens que dans le regard d'autrui. Chacun est libre d'interpréter ce qu'il voit comme autant d'indices signifiants, la vie n'est qu'une mosaïque de sens et le candidat à la présidence laisse à son audience le soin de composer avec.

    C'est d'autant plus impressionnant que Donald Trump, qui sait parfaitement toute l'importance du récit imagé, se fait le démiurge de sa propre geste. Il n'attend pas que d'autres construisent à sa place son image et on le sent assez soucieux du «qu'en penseront-ils ?» de la postérité. Que l'on ne s'y trompe pas, ceci est finalement assez rare dans la sphère politique car si beaucoup aiment à se projeter dans la figure du sauveur, peu sont ceux à y parvenir. Il n'est qu'à se souvenir du discours sur fond de pyramides d'Emmanuel Macron au soir de sa victoire. L'image avait de quoi laisser perplexe tant la symbolique était tout à la fois trop simple ou trop complexe. C'était d'autant plus raté que pour se concrétiser, l'idée doit faire corps avec son porteur, las on sentait ici le symbole désincarné.

    Nous avons tendance à négliger le fait que les États-Unis sont encore un pays jeune et à la recherche de ses héros.

    Ophélie Roque

    Mais alors pourquoi Trump réussit là où d'autres échouent ? C'est que la raison se construit autour de la nuance et du compromis, or - dans une époque souvent saturée de discours tièdes et «sensés» - l'évidente simplification des idées séduit. N'est fort que ce qui est simple. On peut le déplorer mais c'est ainsi, et que ceux qui s'en offusquent aillent cracher sur le tableau «La Liberté guidant le peuple» de Delacroix puisque après tout, elle aussi, est construite autour d'une allégorie à la subtilité toute discutable.

    Surtout, Donald Trump s'inscrit dans une ascendance iconographique millénaire et reprend à son compte l'image du chevalier chrétien. N'oublions pas qu'alors seule la légitimation de l'Église pouvait créer un sentiment d'ordre dans ce qui n'était encore qu'une nichée de chevaliers suants, bedonnants et violents. En échange, elle se servait de la puissance de ces bras souillés pour constituer (et se constituer) un intermède de paix et de prospérité. Aussi, les évangélistes actuels usent de Trump comme d'une violence nécessaire qui leur sert à protéger leur foi quand bien même l'individu franchirait mille fois les limites de la décence la plus élémentaire. Nous sommes presque dans une symbiose entre espèces, chacune prête à l'autre et reçoit en retour. Argent contre influence, violence contre respectabilité.

    C'est d'autant plus vrai que le candidat a la même ambiguïté que la figure du chevalier qui devient inquiétante en diable quand ce dernier vagabonde licol au cou et sans attaches. Donald Trump c'est la violence mise au service de ceux qu'il entend représenter : à savoir les «white trash» et autres névrosés de la Rust Belt. Il souhaite parler aussi bien à l'ouvrier désargenté qu'au pasteur prêchant dans son église coincée entre un drugstore et une station essence. L'Amérique des paumés. L'Amérique des tréfonds. Celle qui existe aussi et demande à ne pas être enterrée tout de suite.

    Trump n'est ni le Chevalier au Lion (qui, lui, est prudent et réfléchi) ni le naïf Perceval, c'est le Roland furieux de L'Arioste. C'est la force brute du mercenaire qui s'échappe dans les pourtours de l'incontrôlé. Qu'on se le dise (et que ceci nous plaise ou non !) pour gagner il n'a nul besoin d'avoir l'aval de la Silicon Valley ou d'être encensé par l'establishment culturel. Il a su inscrire un monde changeant et complexe dans l'arène qui voit se combattre les forces du bien et du mal. La vision est peut-être simpliste mais qu'importe puisque, pour une bonne partie de l'Amérique, celle-ci fait sens ! N'oublions pas que nous sommes un vieux continent qui traîne après lui des siècles de désillusions politiques et que nous avons tendance à négliger le fait que les États-Unis sont encore un pays jeune et à la recherche de ses héros.

  • Rire de Dieu ? Ce que le Pape n’a pas dit sur sa rencontre avec les comiques

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur Diakonos.be) :

    Rire de Dieu ? Ce que le Pape n’a pas dit sur sa rencontre avec les comiques

    (s.m.) Contribution externe. L’auteur de la lettre, Leonardo Lugaresi, est un expert reconnu des Pères de l’Église.

    L’événement auquel il fait référence, c’est la rencontre du 14 juin dernier entre le Pape François et une centaine d’acteurs comiques issus de quinze pays du monde, dont plusieurs célébrités.

    L’invitation à cette rencontre a été une surprise pour tous les invités, et le discours lu par le Pape pour l’occasion n’a pas apporté de réponse, comme en témoigne le compte-rendu ironique publié le 24 juin dans le quotidien « Il Foglio » par l’un des invités, Saverio Raimondo.

    Mais l’inconnue sur la raison de cette rencontre entre le Pape François et les comiques n’est rien par rapport à une autre inconnue bien plus sérieuse et profonde, celle sur le pourquoi « on peut rire aussi de Dieu ».

    Le Pape a répondu à cette question par une boutade, alors qu’au contraire – écrit le professeur Lugaresi – il s’agit d’une question « théodramatique » au plus haut degré qui a culminé dans le spectacle de Jésus sur la croix, que « le peuple restait là à observer » (Luc 23, 36), qui en croyant au Fils de Dieu, qui en le tournant en dérision.

    La parole au professeur Lugaresi.

    *

    Cher M. Magister,

    Votre dernier article, « Le Pape François, superstar sur la scène mondiale », m’a donné l’envie d’avancer une considération certes marginale mais peut-être utile pour approfondir le problème que vous avez mis en évidence. Elle m’est suggérée par la coïncidence dans la même journée de la double représentation de François, d’abord avec les comiques réunis au Vatican et ensuite avec les chefs d’État et de gouvernement du G7 dans les Pouilles le 14 juin dernier.

    Le Pape a déclaré aux comiques : « Peut-on aussi rire de Dieu ? Certes, et ce n’est pas un blasphème, on peut rire, comme on taquine et on plaisante avec les personnes que nous aimons. […] On peut le faire mais sans blesser les sentiments des croyants, et surtout des plus pauvres ». Que penser d’une telle affirmation, certes bien intentionnée, et qui n’aura pas manqué de susciter l’approbation enthousiaste du public qui l’écoutait ? Je dirais qu’elle est vraie : le monde peut rire de Dieu, mais dans un sens beaucoup plus profond, engageant et dramatique que ce que ne laisse entendre la boutade aguichante de François.

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  • Superstar sur la scène mondiale, le pape l'est un peu moins dans l’Église

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (Diakonos.be) :

    Le Pape François superstar sur la scène mondiale, un peu moins dans l’Église

    Le primat de l’apôtre Pierre et de ses successeurs est l’une des grandes questions ouvertes qui divisent toujours les catholiques, les protestants et les orthodoxes.

    Le 13 juin dernier, le Dicastère pour l’unité des chrétiens présidé par le cardinal Kurt Koch a publié un document d’étude qui tire le bilan des trente années de dialogue œcuménique ayant suivi l’encyclique de Jean-Paul II « Ut unum sint » de 1995, qui appelait à trouver « ensemble » les formes dans lesquelles le ministère de l’évêque de Rome « puisse réaliser un service d’amour reconnu par les uns et les autres ».

    L’époque actuelle n’est certes pas la plus pacifique en matière de relations entre les différentes confessions chrétiennes, surtout entre l’Occident et l’Orient.

    Mais entretemps, il y a un primat du pape non pas « ad intra » mais « ad extra », c’est-à-dire non pas au sein de l’Église ou des Églises mais pour le grand public sur la grande scène mondiale, qui est en train de vivre une saison très particulière.

    Le Pape François a déjà donné un avant-goût de ce « spectaculum » singulier dans les heures qui ont suivi la publication du document théologique en question sur le primat du pape.

    Pour comprendre ce qui s’est passé, il suffit de reparcourir l’agenda papal très chargé du 15 juin, une journée à couper le souffle pour un homme de 87 ans à la santé chancelante.

    De bon matin la scène s’est ouverte par un prélude, constitué de l’accueil par François au Vatican, à la salle Clémentine, d’une centaine d’acteurs comiques issus de quinze pays du monde, dont une douzaine venant des États-Unis, certains jouissant d’une grande notoriété, tels que Whoopi Goldberg.

    Le Pape y a tenu un discours pour faire l’éloge du sourire, il a conclu en demandant de prier pour lui « en sa faveur et pas contre » comme il le dit de plus en plus souvent ces derniers temps. Puis il les a salués un par un.

    L’élément curieux de cette audience, c’est qu’aucun des invités n’a su expliquer pourquoi il avait reçu cette invitation de la part du Vatican, ou plus précisément du Dicastère pour la culture, présidé par le cardinal José Tolentino de Mendonça. L’invitation était une surprise pour tous. Parmi eux figuraient bon nombre d’anticléricaux acharnés et l’accueil n’était certes pas comparable à celui d’une messe du dimanche. Et pourtant ils ont tous massivement répondu oui à l’invitation. Et cela pour une seule et unique raison : le pape.

    Il est difficile de trouver quelqu’un d’autre, dans le monde, qui jouisse d’une telle capacité d’attraction, pour offrir en échange non pas tellement un discours de rigueur et une poignée de mains de quelques secondes, mais simplement sa propre personne, c’est-à-dire le fait qu’il soit le pape.

    François le sait. Et il pense même que sur la scène mondiale, cela suffit, et qu’il n’est pas toujours tenu à offrir de lui-même autre chose qui n’appartienne déjà au langage du monde. Il suffit qu’il soit le pape, avec toute cette puissance d’image modelée par des siècles d’histoire.

    Quant au faible de François pour quelques acteurs comiques italiens qu’il affectionne tout particulièrement, allant jusqu’à s’identifier avec eux, elle est sous nos yeux à tous. Le vénérable Lino Bafi, que le Pape qualifie de « grand-père de l’Italie » et prophète de sagesse, est fréquemment son invité à Sainte-Marthe et aux liturgies pontificales. Et l’acteur oscarisé Roberto Benigni peut quant à lui s’enorgueillir de deux rencontres révélatrices avec le pape : la première le 7 septembre 2022 : dans une chaleureuse audience filmée dans laquelle il a illustré l’une de ses émissions télévisées sur le Cantique de saint François programmée pour le lendemain, fête de l’Immaculée Conception ; la seconde le 26 mai 2024, où il a été jusqu’à confier à l’acteur comique une homélie supplémentaire de vingt minutes place Saint-Pierre, à l’issue de la messe célébrée par François à l’occasion de la journée mondiale des enfants.

    Pour en revenir à l’agenda du Pape François du 14 juin, au prélude matinal de la rencontre avec les comiques a fait suite un intermède lui aussi bien chargé, avec deux audiences relevant typiquement de la compétence du pape : le président de la République du Cap Vert et les évêques de Guinée Équatoriale en visite « ad limina ».

    Après quoi, François s’est envolé en hélicoptère en direction des Pouilles pour rejoindre la station balnéaire de Borgo Egnazia où se déroulait le G7, ce groupe intergouvernemental informel réunissant les sept principales économies des pays développés : Canada, France, Allemagne, Japon, Italie, Royaume-Uni et États-Unis, rejoints cette fois-ci par une dizaine de dirigeants d’autres pays et organisations internationales importants.

    Et c’est à rien de moins qu’au Pape – invité par le chef du gouvernement italien, Giorgia Meloni, qui assure la présidente tournante du G7 – qu’il est revenu d’ouvrir en début d’après-midi la session de travail commune, avec un discours sur l’intelligence artificielle en tant qu’ « outil fascinant et redoutable » et de « ses effets sur l’avenir de l’humanité ».

    Le Pape François a lu le discours dans une version abrégée, proposant aux invités le texte intégral, rédigé par le franciscain Paolo Benanti, un expert de réputation internationale en la matière qui est chargé de mission aux Nations Unies. Il a parlé pendant une vingtaine de minutes devant tous les leaders qui l’écoutaient autour d’une grande table ovale. En arrivant, il les a salués un par un, embrassant très chaleureusement son compatriote argentin Javier Milei et l’Indien Narendra Modi.

    En soir, la participation du pape au G7 constitue déjà une première absolue, avec le traditionnel rituel de la photo de groupe avec lui au centre. Mais en plus de cela, François a eu, avant et après son discours, pas moins de neuf entretiens bilatéraux, avec dans l’ordre : Kristalina Georgieva, la présidente du Fonds Monétaire International, l’Ukrainien Volodymyr Zelensky, le Français Emmanuel Macron, le Canadien Justin Trudeau, l’Indien Narendra Modi, le Turc Recep Tayyip Erdogan, le Kenyan William Samuel Ruth, le Brésilien Luis Inácio Lula da Silva et l’Américain Joseph Biden.

    Quand François est rentré à Rome en hélicoptère, la nuit était tombée et les images de lui au G7 avaient déjà fait le tour du monde, pas tant pour son discours – construit avec compétence mais uniquement circonscrit au thème, sans aucune référence à Dieu et à la « loi morale naturelle qu’Il a inscrite dans le cœur de l’homme » (Benoît XVI, « Caritas in veritate ») – que pour sa simple présence au milieu des puissants de la terre, non seulement d’Occident mais également de pays-clés du « Global South » comme l’Inde et le Brésil. En Inde, son accolade avec le président Modi a immédiatement été interprétée en matière de politique interne comme un point en faveur du gouvernement contre l’opposition.

    Parmi les chefs religieux, il n’y a personne au monde susceptible de rivaliser avec ce pouvoir d’image extraordinaire, stellaire, du Pape, incarné jusqu’à l’excès par Jorge Mario Bergoglio même, dans une période de déclin du christianisme et de divisions entre les Églises.

    Pour mieux percevoir la distance entre lui et son prédécesseur, il suffit de se rappeler qu’on avait interdit à Benoît XVI, à la suite de l’opposition d’un grand nombre de professeurs, dont un futur prix Nobel, de mettre les pieds dans l’université « La Sapienza » de Rome, où le 17 janvier 2008 il était censé prononcer un discours engagé dans la foulée de celui prononcé deux ans plus tôt à Ratisbonne.

    Parmi les observateurs, le vaticaniste américain John Allen a pointé du doigt la contradiction entre d’une part le redimensionnement prévisible du primat du Pape si l’on parvenait à une réconciliation entre les confessions chrétiennes et d’autre part le triomphe persistant, pour ne pas dire grandissant, de l’image du Pape sur la scène internationale : « la ressource singulière la plus précieuse que la chrétienté ait à sa disposition ». Oui, mais au prix de s’assimiler au monde ?

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur Diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Geek, cyber-apôtre, le jeune Carlo Acutis sera bientôt reconnu saint

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    Carlo Acutis : jeune geek, cyber-apôtre et bientôt reconnu saint

    Fin mai, le Vatican attribuait un second miracle au bienheureux Carlo Acutis (1991-2006), adolescent italien mort d'une leucémie fulgurante à l'âge de 15 ans. Cette étape ouvre la voie à sa canonisation, stade ultime de la reconnaissance par l'Église catholique. Le « geek de Dieu » offre l'image d'une sainteté ordinaire, moderne et accessible. De quoi rafraîchir le monde catholique.

    Ni soutane, ni robe de bure mais un sweat à capuche : Carlo Acutis était à l'aise dans sa foi comme dans son époque. Loin de l'iconographie sulpicienne, mièvre et datée, il ne se confondait pas non plus avec les stéréotypes du prosélytisme évangélique ou du conservatisme tradi. Les barrières n'existaient pas pour lui, à l'image du net dont il était un prodige.

    Carlo naît à Londres le 3 mai 1991 dans une famille aisée peu pratiquante. Ses deux grands-mères sont issues de la noblesse italienne. Il est fils unique mais Carlo prédira à sa mère qu'elle sera maman à nouveau. Antonia Salzano aura des jumeaux à l'âge de 43 ans, Michele et Francesca. Lui meurt le 12 octobre 2006 à Monza, près de Milan.

    Fait extraordinaire : son corps est retrouvé « intègre » (et non « intact ») plus de dix ans après sa mort. En 2019, lorsqu'on l'exhume pour sa béatification, les experts ne constatent que des signes minimes de décomposition, ce qui est perçu comme un signe de sa sainteté. L'intégrité « signifie, selon Famille chrétienne, qu'il a subi une décomposition normale mais que tous ses organes ont cependant été préservés. Son visage a été en partie recomposé, avec un réalisme déconcertant ». Une tombe vitrée l'héberge dans la basilique Saint-François à Assise où il voulait reposer. À sa mort, Carlo a la corpulence du Poverello (70 kg, 1 m 82). Il avait d'ailleurs écrit qu'il mourrait lorsqu'il aurait atteint 70 kg. On le voit allongé vêtu d'un jean et de baskets, visage poupin et cheveux de jais bouclés.

    Ce qui étonne chez lui, c'est sa précocité et sa piété. C'est Beata, sa nourrice polonaise, qui lui parle de Dieu pour la première fois et l'emmène à l'église dans sa poussette pour prier la Vierge, raconte Bénédicte Delelis dans une biographie consacrée à ce témoin de l'invisible (éditions de L'Emmanuel, 2022). Dès l'âge de quatre ans, il demande à visiter les lieux saints. À sept ans, il fait sa première communion. À neuf ans, le « geek de Dieu » crée ses premiers sites web ! À onze ans, il monte une exposition virtuelle sur 136 miracles eucharistiques reconnus par l'Église. Ce projet l'occupera jusqu'à sa mort. « Ce qui est incroyable, c'est qu'avec un ordinateur (...) relativement obsolète, il ait réussi à rejoindre des milliers de personnes sur tous les continents », souligne sa mère. Cette exposition est aujourd'hui multilingue.

    Le jeune Carlo conjugue catho et techno« Pas moi, mais Dieu », c'est sa devise. Quand il utilise internet, il ne dépasse jamais une certaine durée. Son autodiscipline est remarquable, à rebours de toutes les injonctions de la société. Il va à la messe et à l'adoration eucharistique tous les jours, se confesse régulièrement. Cela ne l'empêche pas de s'amuser : « Il aime le foot, les animaux et ses amis », écrit Camille de Prévaux, auteur de la BD Carlo Acutis, un saint pour la jeunesse (Plein Vent, 2022). Ses deux chiens, Teddy et Pippy, l'accompagnent souvent pendant ses heures de prière.

    Le jeune Carlo ne vit pas replié sur lui-même. Il défend les élèves victimes d'intimidation, offre des sacs de couchage aux sans-abri avec ses économies, visite des personnes âgées. Ses camarades de classe le consultent. Son charisme est tel qu'il parvient à réunir des jeunes de toutes origines autour de la prière et de la Bible.

    « Tous les hommes naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies, ne permets pas que cela t'arrive ! » recommande-t-il à ses pairs. Cette citation est incluse par le pape François en 2019 dans un long texte adressé aux jeunes, pour les mettre en garde contre un internet guidé par de « gigantesques intérêts économiques » et pollué par de « fausses nouvelles ».

    En 2006, Carlo sait qu'il va mourir bientôt. Face à la maladie, il offre ses douleurs « pour le Pape et pour l'Église ». Il est déclaré « vénérable » à l'été 2018. Un premier miracle, reconnu en 2020 par le Vatican, ouvre la voie à sa béatification, dernière étape avant de devenir saint. Phénomène rare : Andrea et Antonia assisteront à la canonisation de leur fils.

    Le premier miracle remonte à 2013 lorsqu'un enfant brésilien, souffrant de troubles digestifs et d'une rare malformation du pancréas, est sauvé sans opération médicale après que sa famille a prié pour l'intercession de Carlo.

    Le second miracle est l'histoire de Valeria, une étudiante costaricienne de 21 ans grièvement blessée dans une chute de vélo à Florence le 2 juillet 2022. Son état est alors désespéré. Sa mère Liliana se met à prier le bienheureux et se rend le 8 juillet sur sa tombe à Assise, déposant une lettre pour demander la guérison de sa fille. Le miracle survient le jour même, Valeria respire de façon autonome et se rétablit en quelques semaines.

    Ni martyr torturé ou emprisonné, ni missionnaire parti au bout du monde, Carlo Acutis rend la foi catholique accessible aux jeunes générations des sociétés minées par le tout à l'ego et à la tyrannie de l'argent.

    Carlo Acutis bientôt saint, « un signe du ciel » pour sa mère Antonia

    >>> Lire l'article sur Vatican News

  • Quels logos pour le voyage du Pape au Luxembourg et en Belgique ?

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    De KTO TV :

    Les logos du voyage du Pape au Luxembourg et en Belgique

    26/06/2024

    Ce mardi 25 juin, le Vatican a dévoilé les logos du voyage du pape François au Luxembourg et en Belgique, qui aura lieu du 26 au 29 spetembre 2024. La visite au Luxembourg sera dédiée au thème du service et celle en Belgique à l’espérance. Il s’agira du premier voyage du Pape dans ces deux pays, et de son 46e déplacement à l’étranger depuis son élection en 2013.

    logos voyage pape luxembourg belgique septembre 2024
     

    Du 26 au 29 septembre 2024, le pape François se rend au Luxembourg et en Belgique. Le Vatican a dévoilé ce 25 juin les logos et devises de ce déplacement. La visite au Luxembourg sera dédiée au thème du service et celle en Belgique à l’espérance.

    Le logo du déplacement au Luxembourg, aux couleurs jaune et blanche du Vatican, et bleu de la Vierge Marie, patronne du pays, présente une image du pape François donnant sa bénédiction. En arrière-plan, se dessinent les flèches gothiques de la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg, construite au 17e siècle. La devise de ce court voyage d’une journée, le 26 septembre, est « Pour servir », et constitue une invitation à l’Église « à être au service de l’humanité », expliquent les organisateurs dans un communiqué. Le logo du voyage en Belgique représente quant à lui une carte du pays, traversé par un chemin où marchent des personnes de divers âges et cultures, autour du pape en blanc. Une référence à la devise du voyage, intitulée « En route avec Espérance ». (source I.Media)

    Le pape visitera Bruxelles, Louvain et Louvain-la-Neuve mais le Saint-Siège n’a pour l’heure pas détaillé le programme du déplacement du pape François. La visite du pontife argentin en Belgique a été motivée par le 600e anniversaire de l’Université catholique de Louvain et de l’université néerlandophone belge KU Leuven. Selon les informations de I.Media, le Pape honorera deux événements distincts pour célébrer cet anniversaire. Une messe sera par ailleurs célébrée le dimanche matin à Bruxelles.

    Toutes les étapes du voyage seront à suivre en direct sur KTO.

  • Quand le pape François répond aux questions de 12 étudiants sur l'identité de genre et la discrimination LGBTQ

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    De Courtney Mares sur le NCR :

    Le pape François répond aux questions de 12 étudiants sur l'identité de genre et la discrimination LGBTQ
    Lors de la conversation d'une heure organisée le 20 juin par l'initiative Building Bridges de l'université Loyola, le pape François s'est adressé directement à des étudiants de toute la région Asie-Pacifique.

    20 juin 2024

    Le pape François a participé jeudi à un appel vidéo de questions-réponses avec des étudiants universitaires. Un étudiant bisexuel des Philippines a demandé au pape de cesser d'utiliser un "langage offensant" et un étudiant australien s'est dit préoccupé par le fait que les enseignants des écoles catholiques adoptent la théorie du genre.

    Lors de la conversation d'une heure organisée le 20 juin par l'initiative Building Bridges de l'université Loyola, le pape François s'est adressé directement à des étudiants de toute la région Asie-Pacifique.

    Jack Lorenz Acebedo Rivera, étudiant en psychologie dans une université catholique de Manille, qui s'est présenté sous le nom de "JLove", a expliqué au pape comment il se sentait stigmatisé.

    "Je suis moi-même exclu et malmené en raison de ma bisexualité, de mon homosexualité, de mon identité et du fait que je suis le fils d'un parent célibataire", a déclaré M. Acebedo.

    "Ma mère ne peut pas divorcer de mon père. S'il vous plaît, autorisez le divorce aux Philippines et cessez d'utiliser un langage offensant à l'encontre de la communauté LGBTQIA+. Cela entraîne une immense douleur. À cause de cela, j'ai développé un trouble bipolaire et je suis stigmatisé", a ajouté l'étudiant philippin.

    Elizabeth Fernandez, étudiante en droit et en commerce à Sydney, a expliqué que de nombreux étudiants catholiques se sentent aujourd'hui "bombardés par des idéologies circulaires, moqués pour leur foi, et dépassés dans leur mission d'être des phares d'espérance".

    "Nous sommes également préoccupés par le fait que de nombreux jeunes reçoivent une formation à la foi superficielle. Certains professeurs de religion dans les écoles catholiques utilisent le temps de classe pour prêcher leurs propres programmes d'avortement, de contraception et de théorie du genre", a-t-elle ajouté.

    "Nous proposons que tous les professeurs de religion soient formés à la catéchèse et que les jeunes soient encouragés à devenir eux-mêmes catéchistes", a déclaré Mme Fernandez. "Nous voulons aussi que les jeunes aient un meilleur accès à la confession et que le Christ soit intégré dans toutes les matières scolaires, favorisant ainsi une culture de plus grande révérence pour l'Eucharistie.

    L'étudiante australienne a également demandé au pape de prier pour sa mère, Donna, qui a neuf enfants et à qui on a récemment diagnostiqué un cancer du cerveau.

    La vidéo diffusée en direct montre le pape François prenant soigneusement des notes sur une feuille de papier posée sur son bureau pendant que les étudiants s'expriment et font part de leurs préoccupations. Le pape a écouté plusieurs étudiants avant de répondre à leurs questions en groupe.

    Dans sa réponse, le pape François a noté que la question de l'identité personnelle était un thème récurrent mentionné par de nombreux étudiants. 

    Le pape François a souligné que les problèmes de discrimination peuvent être résolus par la proximité.

    S'adressant en espagnol aux étudiants qui écoutaient une traduction simultanée en anglais, le pape a déclaré qu'il existait une "discrimination à l'encontre des personnes fondée sur l'identité", y compris une "discrimination fondée sur le sexe". Le traducteur anglais de l'appel vidéo a traduit ces propos pour les étudiants par "discrimination fondée sur l'identité ou l'orientation sexuelle ou sur le genre", bien que le pape François n'ait pas utilisé les mots "identité ou orientation sexuelle".

    Le pape François a ensuite axé une grande partie de sa réponse sur le problème de la discrimination à l'égard des femmes, qui sont traitées comme si elles faisaient partie d'une "deuxième catégorie", ajoutant : "Mais nous voyons qu'aujourd'hui, dans le monde, les femmes sont les meilleurs leaders (...) et qu'elles sont supérieures aux hommes dans leur capacité à créer une communauté".

    "La capacité de maternité donne aux femmes une position d'action beaucoup plus efficace que celle des hommes et c'est important", a déclaré le pape François.

    "En résumé, non à la discrimination... et oui à la proximité, à l'intimité", a-t-il ajouté. "C'est ce qui nous conduit à l'amour.

    Le pape François a également abordé la question de l'éducation catholique, soulignant l'importance d'une bonne formation à la foi afin que les jeunes connaissent bien leur foi et soient amenés à devenir des "chrétiens authentiques".

    En réponse à l'inquiétude d'Elizabeth concernant les moqueries dont font l'objet les étudiants catholiques sur les campus, le pape François lui a dit que "les chrétiens ont toujours été persécutés depuis le tout début".

    Le pape a mis en garde contre la tentation d'un "christianisme tiède" qui accompagne la persécution, tout en soulignant que "le martyre fait partie du christianisme".

    Au total, 12 étudiants d'Indonésie, de Taïwan, des Philippines, de Corée du Sud, d'Australie, du Japon et de Nouvelle-Zélande se sont entretenus avec le pape François lors de l'appel vidéo.

    Hseih Hsiang, un étudiant en génie électrique de Taïwan, s'est adressé au pape : "Bien que les catholiques soient une minorité à Taïwan, nous avons la liberté de partager notre foi sans être menacés ou non respectés".

    En réponse à un étudiant indonésien qui s'inquiétait de l'isolement des jeunes dû à la technologie, le pape François a déclaré que la technologie pouvait aider, mais qu'elle n'était pas suffisante. Il a souligné l'importance pour les jeunes d'avoir un sentiment d'appartenance et a demandé aux étudiants de réfléchir à la signification réelle du mot "appartenance".

    L'initiative "Building Bridges" a décrit l'événement comme "une rencontre synodale entre le pape François et des étudiants universitaires", notant que l'événement ne faisait pas officiellement partie du synode sur la synodalité. 

    Le pape François se rendra dans la région Asie-Pacifique du 2 au 13 septembre et visitera l'Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor oriental et Singapour.

  • Mgr Delville, évêque de Liège, sur KTO

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    De KTO TV :

    Mgr Jean-Pierre Delville - Diocèse de Liège (Belgique)

    17/06/2024

    Mgr Jean-Pierre Delville, évêque du diocèse de Liège, est l’invité de "La vie des diocèses" pour parler de l’actualité et des enjeux pastoraux de l’Eglise catholique dans la Province de Liège, en Belgique.

    REPORTAGE à la rencontre des prêtres retraités, âgés de plus de 75 ans, accompagnés le service pour la Santé des acteurs pastoraux, l’organe prévu par le diocèse pour aider ces prêtres dans leurs démarches du quotidien, mais aussi pour leur permettre d’assumer une mission, quelle qu’elle soit. Céline Matthieu, assistante sociale et responsable de l’équipe pour la santé des prêtres au sein du Vicariat, et le père Matthias Schmetz, 83 ans, lui-même responsable des prêtres visiteurs, expliquent leur mission.

    INTERVIEW : Dans le cadre du Synode, le diocèse de Liège a choisi d’entamer une réflexion spécifique sur la question des « ministères institués », en lien avec le motu proprio « Spiritus Domini », promulgué en 2021, dans lequel le pape François a notamment ouvert aux laïcs le lectorat et l’acolytat. Eclairage de Delphine Mirgaux, doctorante en droit canonique, sur la mise en oeuvre de ces ministères institués... Projet européen, Fête-Dieu à Liège, avenir des églises et des chapelles, pastorale des jeunes, Mgr Jean-Pierre Delville revient sur les principaux sujets de la vie du diocèse à l’occasion de cette émission, présentée par Honorine Grasset.

  • En Slovaquie : communisme, consumérisme et évangélisation de ceux qui cherchent

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    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    En Slovaquie : communisme, consumérisme et évangélisation des "chercheurs".

    18 juin 2024

    Pour beaucoup de gens, la Slovaquie n'est pas la première nation qui leur vient à l'esprit lorsqu'ils pensent aux pays catholiques d'Europe. Ils pensent peut-être d'abord à l'Italie, où se trouve la Cité du Vatican, au Portugal, où est apparue Notre-Dame de Fatima, ou à la Pologne, où a grandi le pape saint Jean-Paul II.

    Mais la Slovaquie, petite nation d'Europe centrale, s'enorgueillit d'une profonde tradition catholique, qui s'est maintenue même pendant les décennies de communisme du XXe siècle.

    La figure catholique la plus connue en Slovaquie aujourd'hui est sans doute l'évêque Jozef Hal'Ko, 60 ans, évêque auxiliaire de Bratislava, la capitale du pays.

    La défense publique de la foi catholique et l'activité de Mgr Hal'ko sur les médias sociaux ont fait de lui une personnalité bien connue dans son pays.

    La principale activité de l'évêque sur les médias sociaux est sa série Na minútku - "Une minute" - dans laquelle l'évêque prêche brièvement sur l'Évangile de chaque dimanche.

    L'évêque Hal'Ko a parlé avec The Pillar de ses activités pastorales, de la sécularisation en Europe et de la mission d'évangélisation.

    Cet entretien a été édité pour des raisons de longueur et de clarté.

    Pour beaucoup de gens, la Slovaquie n'est pas un pays très connu. Pourriez-vous d'abord nous donner un aperçu général de l'Église catholique en Slovaquie ?

    Pendant 50 ans, l'Église catholique a vécu sous la domination du communisme en Slovaquie ; cela ne fait que 25 ans que nous nous sommes libérés de ce régime. La Slovaquie est un pays majoritairement catholique - 62 % de la population est catholique.

    Le pays compte de nombreuses écoles catholiques et une université catholique, ainsi que de nombreuses aumôneries dans des universités non catholiques. Nous essayons toujours d'atteindre ceux qui sont plus éloignés de l'Église.

    Nous avons des cours d'éducation religieuse dans les écoles afin que les enfants puissent être préparés à recevoir la première communion et la confirmation dans les écoles.

    Actuellement, la conférence épiscopale de Slovaquie compte 17 évêques et environ 2 000 prêtres officient dans le pays.

    L'Église catholique comprend également une minorité de catholiques byzantins.

    Vous êtes récemment rentré de votre visite ad limina avec le pape François, en compagnie des autres évêques slovaques. Quelle est la vision du pape pour l'Église en Slovaquie ?

    Il nous a dit, à nous évêques, une chose très fondamentale : soyez proches.

    Soyez proches de Dieu, soyez proches de vos prêtres et soyez proches les uns des autres.

    Il nous a montré l'image du bon berger. Un bon berger va devant le troupeau pour le conduire, derrière lui pour le protéger et au milieu de lui pour le comprendre. C'est l'image de base de la mission d'un évêque.

    Lire la suite

  • "Seule la Révélation sauve, pas le bavardage des grands journaux"

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    Du site de la NBQ :

    Müller : améliorer le monde, c'est bien, mais ce n'est pas le salut

    Persévérer au milieu de la confusion, dans le monde et dans l'Église. "Seule la Révélation sauve, pas le bavardage des grands journaux", affirme le préfet émérite de la doctrine de la foi, interrogé par le rédacteur en chef Riccardo Cascioli.

    15_06_2024

    Persévérer jusqu'à la fin... et regarder vers la fin, qui se trouve au-delà et au-dessus des confusions et des tribulations de ce monde. C'est seulement ainsi que l'on peut ne pas abandonner et aller de l'avant vers le but, qui est la personne de Jésus-Christ. Avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller, la nouvelle série des vendredis de la Nuova Bussola Quotidiana entre dans le vif du sujet qui est le leitmotiv de notre campagne estivale de collecte de fonds : persévérer dans la foi - un thème fondamental en ces temps de grande désorientation, a expliqué le directeur Riccardo Cascioli lors de l'ouverture (en rappelant Mt 24, 11-13 : "Il s'élèvera beaucoup de faux prophètes et ils en séduiront beaucoup... l'amour du plus grand nombre se refroidira"). Le cardinal Carlo Caffarra a également noté que "seul un aveugle peut nier qu'il y a une grande confusion dans l'Église", presque élevée au rang de méthode, déclenchant de l'autre côté la tentative de construire une Église sur mesure. "Dans ces oscillations, que signifie persévérer dans la foi ?", a demandé Cascioli au Cardinal Müller.

    "La persévérance est un don", a répondu le cardinal, évoquant le donum perseverantiae de saint Augustin, "parce que nous ne pouvons pas réussir sans la grâce de Dieu" ; autrement, beaucoup, même s'ils ont bien commencé, "quand les problèmes et les tentations arrivent, ils perdent patience ou se sentent abandonnés par les autres croyants, alors qu'il faut toujours se tourner vers Jésus-Christ". Regarder vers Lui nous permet de ne pas céder à la désorientation, car la confusion vient "du diable", d'où proviennent "toutes les contradictions, les tentations et les querelles dans la communauté des fidèles", ainsi que "la façon actuelle de parler selon ce que le monde aime".

    De nombreux conflits dans l'Église tournent aujourd'hui autour de la figure du pape", observe Cascioli, "selon des extrêmes opposés, mais aussi, si l'on veut, selon les deux faces d'une même médaille : d'une part ceux qui disent que "le pape a toujours raison", et d'autre part ceux qui voient qu'il génère des doutes ou des contradictions et pensent qu'alors "il ne peut pas être reconnu comme pape" (parce que même ces derniers pensent en fin de compte qu'il doit toujours avoir raison, et s'il ne peut pas avoir raison, alors il n'est pas pape)". Müller - qui a consacré le volume Il Papa. Ministry and Mission (Cantagalli, Siena 2023) - nous invite à faire la distinction entre la papauté et le pontife individuel, rappelant que Dante Alighieri en a même mis certains en enfer. "Personne, que ce soit le pape ou l'évêque, n'a la garantie de faire tout ce qu'il faut", ils ont eux aussi "besoin de bons collaborateurs, dotés d'une profonde compétence en théologie, en droit canonique", ainsi qu'animés par le désir de "servir l'Eglise et non de se servir eux-mêmes". Même les précédents pontifes n'étaient pas parfaits, chacun ayant sa propre personnalité et ses propres limites.

    Si la désorientation des fidèles est palpable - même face au pontife lui-même qui se contredit, par exemple sur l'admission des candidats homosexuels à la prêtrise, aux divers "oui" puis "non" - où peuvent-ils se tourner pour persévérer ? "La doctrine de l'Eglise est claire", répond le cardinal Müller, qui ajoute que les pasteurs doivent s'exprimer "non pas selon notre bon plaisir, mais selon la nature du sacrement" qui, par exemple, dans le cas du mariage, ne peut se passer de la "correspondance entre l'homme et la femme". Le cardinal évoque également l'époque où "la majorité des évêques a suivi l'hérésie arienne" ou, des siècles plus tard, "en Allemagne et en Angleterre, lors de la Réforme protestante, ils n'ont pas su répondre et résister aux nouvelles erreurs". Il est fondamental que les évêques "n'aient pas intérêt à parler selon l'opinion de la majorité, mais selon la Bible, le catéchisme, le Magistère, les grands théologiens et les pères de l'Église...".

    Le critère décisif est la conformité avec la Révélation : "Seule la Révélation peut nous sauver, et non les ragots ou les gros titres de n'importe quel périodique grand public". Ils étaient peu nombreux à relever le défi posé dans les premiers siècles par les gnostiques, dotés de grands moyens intellectuels, tout comme nous sommes aujourd'hui une minorité face à l'intelligentsia antichrétienne, tout comme l'était la minorité restante dans l'Église au XXe siècle lorsque les grands dictateurs et les faux prophètes faisaient rage, dans l'Allemagne nazie et l'Union soviétique, "mais la vérité nous rendra libres" et le critère "n'est pas que les gens veuillent l'entendre ou non", mais plutôt "la Personne de Jésus-Christ qui a dit : "Je suis le chemin, la vérité et la vie".

    "Celui qui persévère sera sauvé" : Cascioli évoque à nouveau le verset de Matthieu 24,13, soulignant combien il est difficile de comprendre aujourd'hui le salut - but de la persévérance - si l'on réduit le christianisme à "une manière d'améliorer le monde, dans un horizon purement terrestre". "Améliorer le monde est une bonne chose, mais ce n'est pas le salut", répond Müller, car "le salut consiste à surmonter la distance qui existe entre Dieu et nous à cause du péché, qui entraîne la mort. Et pas seulement la mort corporelle, précise-t-il, mais celle qui fait "disparaître le sens profond de notre existence, quand l'intelligence n'atteint pas la vérité, Dieu : mais c'est pour cela que Jésus est venu, pour sauver les hommes". C'est dans cet esprit que nous avons aussi la tâche de "travailler pour la dignité humaine" envers les nécessiteux, en voyant "le Christ en eux" et en ne cherchant pas "le paradis sur terre qui finit ensuite au goulag ou à Auschwitz, nous savons bien que les paradis faits par les hommes sont l'enfer sur terre".

    Il ne faut donc pas "tomber dans un humanisme horizontal, en pensant que les gens ne s'intéressent pas aux sacrements ou à la Parole de Dieu ou à la question fondamentale de Dieu" et se limiter ainsi à travailler pour les migrants ou le climat : "ce sont des tâches de l'Etat ou de la société civile", précise le cardinal, mais "l'Eglise du Christ n'est pas une ONG", elle a été "fondée par Dieu pour le salut éternel", qui est "plus élevé que la santé ou le bien-être dans cette vie limitée". Il ne s'agit pas non plus d'une vision horizontale (et finalement relativiste) de la mission : "Il y a des pasteurs qui soutiennent qu'après tout Dieu est un et que toutes les religions mènent à Dieu", observe Cascioli, "alors la mission serait inutile et l'évangélisation serait condamnée comme du prosélytisme". Pour Müller, cela "est le résultat d'une pensée faible ou d'un manque de foi en Jésus", soulignant que "Jésus a envoyé les apôtres pour continuer sa propre mission, qui vient du Père" et que même ceux qui n'ont pas connu le Christ sont sauvés par lui. Mais nous aussi, si nous sommes chrétiens, "c'est le résultat de la grâce de Dieu" à laquelle nous devons correspondre en témoignant aux autres ; renoncer à la mission "serait de l'égoïsme".

  • Son objectif : être la première femme transgenre à avorter

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    De Gènéthique magazine :

    L’avortement, l’ultime « stéréotype de genre » ?

    13 juin 2024

    Dans une vidéo publiée sur X [1], une femme transgenre, c’est-à-dire une personne née homme et se déclarant désormais femme, affirme vouloir être la première transgenre à subir une transplantation d’utérus, « ovaires et ovules compris », issu d’un homme transgenre. Son objectif, après avoir eu « autant de relations sexuelles homosexuelles avec autant de femmes trans que nécessaire » : être la première femme transgenre à avorter.

    La vidéo a été une première fois diffusée dans l’émission The Megyn Kelly Show l’année dernière. Certains soupçonnent qu’il s’agisse d’une « fausse vidéo ». Peut-être. Mais n’est-elle pas révélatrice ?

    En effet, l’idéologie transgenre, en promouvant l’« identification » à un sexe donné, réhabilite tous les stéréotypes. Un petit garçon se détourne du foot et aime jouer à la poupée, il serait une petite fille ? Un homme s’« identifie » comme femme et il faudrait qu’il se fasse pousser les cheveux, porte des jupes et se maquille ? Et avorte, la pratique étant présenté comme « le » droit de la femme.

    Dans leur ouvrage Transmania, Dora Moutot et Marguerite Stern, qui mentionnent cette vidéo [2], interrogent : « au final la pilule contraceptive, l’avortement (soyons claires, nous sommes pour) et le transgenrisme ne seraient[-ils] pas des formes primitives du transhumanisme célébrées par des féministes qui pensent que la solution pour atteindre l’égalité est de dépasser les rôles biologiques » ? « La première étape du transhumanisme ne serait-elle pas après tout de faire disparaitre les différences entre hommes et femmes ? » « Seule la perception comptera, le goût de la vérité s’estompera, et plus personne ne se souciera du réel », prédisent-elles.

    Effacer l’homme et la femme, nier les différences entre les deux sexes, pouvoir s’« auto-déterminer » au nom du seul ressenti, mais rétablir les stéréotypes, jusqu’aux plus emblématiques (cf. La France inscrit l’avortement dans sa Constitution. Et ensuite ?).

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    [1] Toronto Sun, Trans woman wants uterus transplant so she can be first ever to have abortion, Denett Wilford (11/06/2024)

    [2] Transmania, ed Magnus, p.346

  • Les propos "insultants" du pape lui auraient-ils malencontreusement échappé ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Qu'aurait dit le pape François ?

    12 juin 2024

    Le pape François fait de nouveau la une des journaux mercredi, après avoir utilisé un terme italien offensant pour désigner l'homosexualité, pour la deuxième fois au cours des dernières semaines.

    Selon plusieurs sources, le pape a utilisé le mot "frociaggine", souvent traduit par "pédé", en s'adressant à quelque 200 prêtres italiens, quelques semaines seulement après avoir utilisé ce terme lors d'une réunion à huis clos avec des évêques.

    Le pape a utilisé ce terme pour décrire un climat et une culture au sein de la curie romaine et pour réitérer la discipline de l'Église selon laquelle les hommes ayant une orientation homosexuelle profondément ancrée ne devraient pas être admis au séminaire pour la formation à la prêtrise.

    Selon les médias, François a relaté une conversation avec un monseigneur de la Curie qui lui aurait dit qu'il s'inquiétait de "la culture gay à l'intérieur [du Vatican]". François a raconté qu'il avait dit au prêtre : "Oui, il y a une atmosphère de pédophilie. C'est vrai, on la trouve au Vatican".

    C'est la deuxième fois au cours des dernières semaines que le pape utilise ce terme, qui a suscité des critiques pour ses connotations péjoratives. 

    Le souverain pontife avait déjà utilisé ce terme lors d'une réunion avec des évêques italiens, déclarant qu'il y avait trop de "pédérastie" dans les séminaires et exhortant l'épiscopat à ne pas admettre en formation des hommes ayant des tendances homosexuelles.

    Le service de presse du Vatican a présenté des excuses nuancées au nom du pape après sa première utilisation, exprimant ses excuses à tous ceux qui ont été offensés par le mot. 

    Mais la répétition de l'expression semble devoir susciter une nouvelle série de critiques.

    Beaucoup ont vu dans la vulgarité de François un signe qui va à l'encontre de sa réputation d'inclusivité, établie de longue date, et de son encouragement à une pastorale plus dévouée et plus sensible pour les catholiques homosexuels. 

    D'autres observateurs ont cherché à minimiser ou à rejeter la vulgarité du pape, arguant qu'elle était excusable chez un homme de son âge, accidentelle étant donné que l'italien n'est pas sa langue maternelle, ou même qu'elle était une preuve de sa "terreur" et de sa simplicité personnelle.

    Le choix du langage de François a également amplifié la discussion sur son point de vue plus général. 

    Certains commentateurs ont noté - de manière critique ou approbatrice - que l'objectif du pape était de renforcer la discipline codifiée en 2005 par Benoît XVI, selon laquelle les hommes ayant des tendances homosexuelles "profondément ancrées" ne devraient pas être admis à suivre une formation au séminaire. 

    D'autres ont juxtaposé cela à sa réponse très citée lors d'une conférence de presse en 2013, au cours de laquelle il a déclaré "qui suis-je pour juger" lorsqu'on lui a posé des questions sur le clergé homosexuel. 

    Mais dans ses remarques les plus récentes, le pape ne s'est pas principalement exprimé sur la formation au séminaire en tant que telle, mais sur un climat et une culture parmi certains clercs qu'il considère comme omniprésents - au moins dans certains endroits - désordonnés et nocifs. 

    Cette question a souvent été abordée publiquement par le pape, qui a noté l'existence de "lobbies homosexuels" au sein de l'Église à plusieurs reprises au cours de sa décennie de mandat. 

    En effet, la célèbre phrase de François "Si quelqu'un est gay et qu'il cherche le Seigneur et a une bonne volonté, qui suis-je pour juger ?" a été prononcée en réponse à une question spécifique sur les rapports relatifs à un prêtre du Vatican accusé par la presse italienne d'avoir eu une liaison avec un garde suisse.

    Le point de vue de François, tel qu'il a été exprimé à l'époque, n'était pas un commentaire sur la discipline interdisant aux hommes ayant des tendances homosexuelles d'entrer dans les séminaires ou sur la place des homosexuels dans l'Église, mais plutôt sur son refus de juger un prêtre qu'il considérait comme innocent d'une accusation, et dont il pensait qu'il essayait de conformer sa vie à l'Évangile et aux règles de l'état clérical.

    Dans le même temps, François a également évoqué le problème du "lobby gay" au sein de la curie, qu'il avait déjà identifié comme un problème. Après les accusations d'homophobie, François a précisé qu'il était "contre tous les lobbies, pas seulement contre les lobbies gays".

    "L'homosexualité est une tendance. Le problème, c'est le lobby", a déclaré François. "Le lobby est inacceptable, qu'il s'agisse du lobby gay, du lobby politique ou du lobby maçonnique. 

    Il a tenu à peu près le même discours lors des deux réunions récentes au cours desquelles il a utilisé le terme offensant de "frociaggine". Mais la plupart des observateurs s'accordent à dire que le choix de langage du pape était inutilement incendiaire, offensant et malavisé - et qu'il a considérablement détourné l'attention du point que nous souhaitions faire valoir. 

    Mais la différence de réaction du public à ses diverses références aux "lobbies gays" et à la "pédophilie" soulève une question intéressante et embarrassante : Existe-t-il une formulation ou une terminologie qui aurait permis à la fois de faire passer le message de François et de ne pas être perçue comme offensante ? 

    La contextualisation par François de sa préoccupation en 2013 - celle d'une sous-culture illicite de toute nature et distincte des personnes qui éprouvent une attirance pour le même sexe en soi - a conduit à ce que la question disparaisse largement du débat public, en faveur d'une large universalisation du "qui suis-je pour juger". 

    Mais lors de ses rencontres avec les évêques et les prêtres italiens ces dernières semaines, François ne soulignait pas un problème général de sous-cultures au sein de la prêtrise, mais un problème spécifique. Même si le choix d'un autre mot pour la décrire aurait atténué les critiques du public et aurait moins prêté le flanc aux accusations de sectarisme, il est peu probable que l'expression "homosexualité" aurait échappé à la critique.

    Le fait que certaines parties de l'Église, y compris le Vatican, aient - comme le pape l'a dit en discutant avec le monseigneur - une sous-culture sexuellement active problématique est dans une certaine mesure connu et prouvé comme étant potentiellement nuisible à l'Église, même s'il est difficile de le quantifier. 

    En 2021, The Pillar a rencontré pendant près de deux heures le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, pour lui présenter des rapports sur l'utilisation d'applications de prostitution géolocalisées dans des sections restreintes du Vatican.

    Plusieurs dizaines d'appareils ont été utilisés pour accéder à des applications conçues pour faciliter les rencontres sexuelles dans des zones de l'État de la ville interdites aux touristes et aux pèlerins.  

    Les sous-cultures d'ecclésiastiques sexuellement actifs posent de nombreux problèmes à l'Église, comme le pape François l'a lui-même indiqué à plusieurs reprises, que l'activité sexuelle concerne des femmes ou des hommes. 

    Au niveau individuel, ces sous-cultures peuvent fournir des communautés de comportements pécheurs qui se renforcent mutuellement, mettant en danger les efforts d'un clerc pour conformer sa vie à l'Évangile, ce qui, selon François, devrait être l'objectif de tout catholique.

    Au niveau institutionnel, elles peuvent également former des cliques pour le "lobbying" et l'avancement mutuel, et faciliter une tolérance générale des actions illicites - qu'elles soient sexuelles, financières, administratives - et des ecclésiastiques vivant ce que François a appelé des "doubles vies". 

    Et, dans des lieux comme le Saint-Siège, elles peuvent même créer des risques institutionnels, laissant les individus exposés au chantage ou à la vulnérabilité en cas de violation des données.

    C'est, comme The Pillar en a longuement discuté avec le cardinal Parolin en 2021, une question difficile et sensible à aborder, et si les risques et les problèmes sont apparents, il n'en va pas de même pour les solutions efficaces.

    Comme The Pillar l'a découvert après sa rencontre avec Parolin, au cours de laquelle le cardinal a d'abord proposé de fournir une longue déclaration écrite décrivant ses préoccupations et la réponse proposée, mais a ensuite refusé de le faire, il ne s'agit pas non plus d'une conversation que la plupart des hauts responsables de l'Église sont disposés à avoir en public.

    En ce sens, le désir apparent du pape François de mettre en lumière un problème qu'il estime évident et omniprésent pourrait être considéré comme un signe de leadership fort. À l'inverse, son choix constant d'un langage incendiaire pourrait lui rendre la tâche plus difficile.