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Grande misère et petites débrouilles de l’Eglise postconciliaire

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1623447_5_e140_maximinin-noudehou-beninois-est-venu.jpgLu dans le quotidien « Le Monde » du 28 décembre :

« Xavier Givert, prêtre dans le diocèse de Soissons (Aisne), enchaîne trois messes par week-end, dans trois lieux différents. Jusqu'à 65 ans, Xavier Givert n'avait jamais vécu seul. En séminaire ou en paroisse, l'homme avait toujours partagé la vie de ses "frères" prêtres. Depuis cinq ans, il est l'unique occupant des six pièces du presbytère qui jouxte l'imposante église gothique de Braine (Aisne), un village de 2 300 habitants. (…).

Lorsqu'il a commencé, il y a quarante ans, le père Givert avait 400 confrères en activité dans le diocèse. Aujourd'hui, il en compte à peine 50 âgés de moins de 75 ans, âge de la retraite ; et seuls 29 sont, comme lui, du cru. Avec un prêtre pour 12 000 habitants, le diocèse de Soissons, fortement déchristianisé, est l'un des plus mal lotis de France.

Ces derniers mois, la mort de plusieurs prêtres en activité a déstabilisé le fragile édifice forgé par des regroupements successifs de "clochers" et les appels aux ressources extérieures. "Au printemps, j'ai failli devenir curé de la cathédrale de Soissons", explique l'évêque, Mgr Hervé Giraud. Sans fard, il dresse le tableau de la "pauvreté" de son diocèse. "Le manque de prêtres est une souffrance évangélique et apostolique." Une de ses paroisses n'a plus de curé ; un diacre et une religieuse assurent l'essentiel. "Sauf la messe, que les fidèles suivent à la télé." Deux prêtres de 80 ans gèrent encore des paroisses à temps complet.

Marie Allain et Catherine Liebard, déléguées diocésaines près de l'évêque, témoignent de cette pénurie. "Les paroissiens vivent douloureusement l'absence du prêtre aux grands moments de leur vie." Car, ici comme ailleurs, les laïcs sont mis à contribution : ils assurent plus de 80 % des enterrements, la catéchèse, les aumôneries, les préparations au baptême ou au mariage... Mais là encore la relève n'est pas toujours assurée.

L'évêque a dû se résoudre à répondre à l'urgence. En juin, il a demandé de l'aide à la communauté Saint-Martin. Cette communauté nouvelle et dynamique, réputée pour son conservatisme liturgique et son goût pour la soutane, est regardée avec envie par nombre d'évêques pour les vocations qu'elle suscite : 50 jeunes s'y préparent à devenir prêtres.

Après discussion avec le clergé et les laïcs du diocèse, l'évêque a confié à quatre jeunes hommes la cathédrale de Soissons et les deux paroisses du centre-ville. Une "prise de guerre" que certains n'ont pas appréciée. Mais qui en a ravi d'autres. "Je n'avais pas entendu de messe en latin depuis ma jeunesse, pour moi, ce n'est pas une langue étrangère", se félicite Anne-Marie Ancien, 72 ans, occupée à préparer la crèche de Noël à la cathédrale. Les "Saint-Martin" auraient même fait revenir des jeunes et des familles.

Vincent Clavery, 44 ans, en est le responsable sur place. Il reçoit dans le froid du grand presbytère de la cathédrale, où il s'est installé en septembre avec ses jeunes confrères. Conscient des réserves que provoquent leur soutane, leur liturgie traditionnelle, leurs rapports avec les laïcs ou l'entre-soi de leur vie en communauté, le prêtre reconnaît que la "greffe" demande un temps d'adaptation. "Mais notre arrivée a été préparée et on a juste élargi l'offre en annonçant la couleur", assure celui qui est devenu l'un des plus jeunes prêtres du diocèse (…)

Maximinin Noudehou (photo), Béninois, est aussi venu renforcer l'Eglise de France (…)  Là encore, une adaptation est souvent nécessaire. "Les prêtres africains nous ont bousculés", reconnaît l'évêque. Au-delà de leur liturgie plus gaie, et plus traditionnelle, les prêtres d'Afrique se montrent parfois plus exigeants, notamment face aux demandes de baptêmes et de mariages de non-pratiquants. "On a voulu mettre l'Eglise à la portée de tous, résultat, on l'a mise à la porte", regrette le père Noudehou. Or, assure le religieux en col romain, qui a réintroduit les servants d'autel (enfants de choeur) dans son église, "être exigeant, ça marche". "Des gens qui ne venaient plus reviennent." A Noël, il attend "une centaine de fidèles" dans l'un de "ses" villages. (…)

L'évêque doit faire avec une autre réalité. "Les jeunes veulent vivre en communauté et, même lorsque nous avons des vocations, les séminaristes (quatre à l'heure actuelle) rejoignent souvent une communauté nouvelle", constate-t-il.

L’article complet est signé ici : Stéphanie Le Bars

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