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Vatican II analysé par un des derniers protagonistes du Concile

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Franzoni_1.jpgLe Vatican Insider mettait en ligne hier cette interview du Père Giovanni Franzoni, ex-abbé de Saint-Paul-hors-les-murs (photo ci-contre, dans les années 70') et "enfant terrible" de l'Eglise postconciliaire, connu notamment pour ses prises de position en faveur de la libéralisation de l'euthanasie et ses choix politiques d'extrême-gauche. Cela ne manque pas d'intérêt car cela met en évidence des ambiguïtés de ces assises conciliaires sur lesquelles nous ne finissons pas de nous interroger (Merci à B.T. pour sa traduction et son initiative) :

« Les lacunes de Vatican II 50 ans après » - Entrevue avec le père conciliaire Franzone, un des derniers protagonistes du Concile, par Giacomo Galeazzi

Le Saint Siège se concerte au sujet d’une aventure importante : une réflexion sur le Concile Vatican II qui puisse animer l’année de la foi et ouvrir une nouvelle saison pour le christianisme et l’Eglise catholique dans le monde. Qui sait si, par la révision de l’héritage du Concile dans la perspective de l’année de la foi, l’ex-expert conciliaire Joseph Ratzinger ne nous réserve pas quelques surprises.

L’ex-abbé de la basilique Saint Paul hors les murs, Giovanni Franzoni (actuel leader des communautés de base qui se réuniront à Naples du 28 au 30 avril pour leur congrès annuel national) à été le plus jeune père conciliaire et, dans cette interview accordée à « Vatican Insider », trace le bilan un demi-siècle après ce Concile.

Pour vous qui y avez participé, qu’a vraiment été cet évènement religieux ? Trouvez-vous plusieurs motifs de regret ou de satisfaction dans le Concile Vatican II ?

« Je reviens de Madrid où j’ai présenté l’introduction à la rencontre internationale des théologiens dédiée justement au cinquantième anniversaire du Concile. Mon intervention a suscité un tollé et le quotidien « El Pais » y a consacré une page entière. Ma thèse va à contre-courant en affirmant que déjà dans les documents conciliaires il y avait une série de points faibles qui ont freiné et limité l’impact réformateur de Vatican II. »

Pourquoi parlez-vous de points faibles du Concile ?

La régression du Concile était déjà inscrite dans ces documents qui furent expressément fragilisés afin d’obtenir l’unanimité des voix. Toutes les formules comme « si les conditions le permettent, soient créés des conseils pastoraux », « si l’évêque le considère opportun » servaient à satisfaire les poussées, les pulsions, les résistances des évêques plus conservateurs réticents à rénover l’Eglise en profondeur. »

Qui a freiné le concile ?

« Les évêques qui ont le plus fait obstacle à l’action réformatrice ont été les Italiens, les Espagnols et les Brésiliens. Les évêques brésiliens à l’époque n’étaient pas dans la mouvance progressiste comme ils le deviendront après l’historique conférence de l’épiscopat latin à Medellin en 1968. Quand je pense aux nouveautés introduites par le Concile qui n’ont jamais été appliquées, je pense à l’image d’un python qui avale une chèvre et met un temps infini à le digérer et à le consommer lentement. A Madrid je me suis trouvé face aux fortes critiques de nombreux théologiens envers la gestion de Vatican II par le Pape Paul VI, mais je l’ai défendu pour avoir vaillamment défendu la laïcité de l’Etat par rapport à la religion. »

Quels sont les mérites de Paul VI dans la gestion du concile ?

« Pour le quatre-vingtième anniversaire de « Rerum Novarum » Le Pape renonça à écrire une encyclique sociale et préféra adresser une lettre au Président du Conseil Pontifical « Justice et Paix » en y énumérant de façon détaillée les principaux maux de la société actuelle; il conclut de façon originale, comme aucun pape ne l’avait jamais fait, en admettant « je n’ai pas de réponse » et en s’en remettant aux épiscopats locaux ainsi qu'aux hommes de bonne volonté. En outre dans l’encyclique « Popolorum Progressio », à l’énumération des dégâts occasionnés par le capitalisme, Paul VI n’adjoignit pas les problèmes et les erreurs du socialisme comme c’était l’habitude de le faire dans les documents du Magistère pour dire que le socialisme non plus n’était pas l’idéal. Il y a ensuite un épisode révélateur de l’attitude de Paul VI. »

Lequel ?

«  Le Patriarche des Melchites, Maximos IV, lors du concile avait déploré l’attitude de l’Eglise envers les pauvres les laissant dans leur pauvreté alors que l’Eglise devait être aux côtés des pauvres. Quelques jours plus tard, lors d’une célébration pontificale en la basilique Saint-Pierre, comme signe de déférence envers les pauvres, Paul VI enleva la tiare et la déposa inopinément sur les genoux du Patriarche qui était assis près de lui. C’était le signe que le Souverain Pontife déposait le pouvoir temporel pour être proche des pauvres. Cette tiare fut placée dans une châsse et fit le tour des Etats-Unis afin de recueillir des fonds pour les pauvres. Pour voir la tiare il fallait payer un dollar. "

Pourquoi tant de critiques au sujet de Paul VI ?

«  Paul VI était haï par la droite. Pendant des années sur les murs de Saint jean de Latran et en d’autres endroits significatifs de Rome sont apparus des inscriptions violentes provenant de catholiques traditionnalistes contre le Pape Montini. A mon avis cependant ses erreurs ne furent pas celles reprochées par les conservateurs, mais plutôt celles concernant les thèmes de la morale et du célibat obligatoire. En 1967, Paul VI publiait l’encyclique « Sacerdotalis Caelibatus » dans laquelle il repoussait toute hypothèse de changement de la loi en vigueur. Tout le monde sait que depuis, tout au long de ces cinquante ans, la question du célibat a soulevé de nombreux débats, un grand malaise et beaucoup de souffrance. Si le Pape avait laissé pleine liberté au concile, peut-être y aurait-il eu une ouverture vers une réforme. Dans « Gaudium et Spes » aussi le Pape intervint de façon autoritaire, ce qui entraîna de graves conséquences lorsque fut discuté le sujet des méthodes moralement légitimes de régulation des naissances; de nombreux pères (Suenens et Massimos IV entre autres) soutinrent que les conjoints avaient droit à la liberté de conscience, thèse contredite par des pères moins nombreux mais combattifs. »

Commentaires

  • On l'a échappé belle !

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