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Débats

  • Comment les évêques vont-ils gérer la réalité de cette « minorité créative » ascendante que constituent les jeunes cathos tradis ?

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    Une tribune de l'historien Christophe Dickès sur le site du journal La Croix :

    Jeunes tradis : « Les évêques doivent chercher un nouvel équilibre »

    Malgré les limitations mises par le pape François au rite traditionaliste, Christophe Dickès estime que tout montre l’attachement des plus jeunes à cette liturgie comme en témoigne l’enquête de La Croix sur les jeunes cathos, et invite à permettre à cette minorité créative de tenir sa place dans l’Église universelle.

    04/06/2023

    À l’été 2021, dans les jours qui ont suivi la publication de Traditionis Custodes réduisant drastiquement l’usage du rite dit de saint Pie V, quelques dizaines de jeunes s’adressèrent au pape et aux évêques dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. En langue anglaise, ce petit film de moins de deux minutes prenait tout d’abord acte du fait qu’il pouvait exister une incompréhension entre la jeune génération et la plus âgée. Ensuite, ces jeunes de tous les continents témoignaient de leur fidélité au pape et aux évêques en expliquant qu’ils ne remettaient pas en cause la validité de la nouvelle liturgie.

    Ils ne se sentaient ni grincheux, ni vieux jeu et encore moins séparatistes. Enfin ils développaient la raison de leur attachement au rite extraordinaire : la transcendance qui habite ce rite, sa verticalité et son orientation vers l’Est. Nulle idéologie chez cette jeunesse, ni volonté de divergence : « Nous sommes vos brebis » disaient-ils en s’adressant au pape.

    Radicalité de la méthode romaine

    Presque deux années après, l’appel de cette jeunesse a reçu une fin de non-recevoir de la part de Rome. Pire, le texte issu des bureaux du Vatican souffrant d’angles morts juridiques, le cardinal Arthur Roche fit signer au pape un autre texte réduisant quasi à néant le pouvoir épiscopal en la matière. Pressant ainsi le citron jusqu’à ce que les pépins craquent. Beaucoup a été dit sur cette politique en décalage avec l’esprit de décentralisation que le pape a souhaité donner à son pontificat.

    Alors que l’aile progressiste ne cesse de répéter qu’il faut mettre fin à une organisation pyramidale de l’église, la subsidiarité ne semble pas être acceptée pour le monde traditionaliste. La radicalité de la méthode romaine a ainsi fait réagir jusqu’à l’ancien pape Benoît XVI qui, d’un point de vue personnel, découvrant cette décision en lisant le journal du Vatican, la considéra comme une erreur [1].

    De leur côté, de nombreux évêques ont pareillement été surpris par ce texte inattendu, justifié par une enquête auprès des diocèses mais dont les résultats n’ont jamais été rendus publics. Après la suppression de la Commission Ecclesia Dei en charge des relations avec le monde traditionaliste, les évêques semblaient voir dans cette décision une possibilité pour eux de juger des nécessités à leur niveau. Le recadrage romain d’avril dernier a finalement mis à mal la possibilité de (re) construire des ponts.

    Des jeunes attirés par le rite traditionnel

    Or, le sondage de La Croix du 26 mai dernier a montré que les pépins n’avaient pas craqué et que le mur érigé par les décisions romaines n’avait pas produit les effets escomptés. Pire si l’on peut dire, il semble que les graines germent au point que 38 % du panel de la jeunesse interrogée disent apprécier la messe en latin, alors que 40 % n’ont rien contre, même si ce rite ne correspond pas à leurs attentes. La réalité du terrain exprimée dans ce sondage révèle une complexité qui ne correspond plus à la polarité progressiste/traditionalistes datant des années 1970. Il existe à cet égard un étonnant parallèle entre cette enquête et la vidéo évoquée au début de cet article : ces jeunes donnent un visage d’une étonnante modernité, rendant compte dans le monde de leur espérance qui est en eux.

    Comme le souligne l’éditorial de Jérôme Chapuis, ce serait une erreur d’enfermer ce petit groupe traditionaliste dans des catégories hâtives comme celles de « réacs » ou de « catho identitaires ». Plus intéressant encore est que le choix de la messe en latin n’est pas seulement lié au milieu familial : en effet, un sondage américain commandé par la Fraternité Saint-Pierre en 2021 révélait que, sur la tranche d’âge 18-39 ans, seuls 16 % déclaraient aller à la messe en latin sous l’influence de leurs parents. Le facteur essentiel du choix de l’ancien rite était, pour plus de 36 % d’entre eux, le respect et la vénération.

    Une minorité créative ascendante

    Aujourd’hui, la question n’est pas tant de savoir si la messe en latin est l’avenir de l’église, mais comment le pouvoir épiscopal va gérer la réalité de cette « minorité créative » ascendante. Comment aussi traiter les nouvelles vocations en son sein, sans poser de graves problèmes de conscience pour un jeune converti dans cette sensibilité, alors que Rome doit donner son accord pour chaque nouvelle ordination.

    L’histoire des sociétés nous dit que la « persécution » d’un groupe par un pouvoir ne produit jamais l’effet escompté. Bien au contraire, elle le renforce. Ce qu’avait compris Benoît XVI dans son œuvre de pacification. D’après son secrétaire Mgr Ganswein, l’ancien pape trouvait dangereux de « confiner un groupe de fidèles dans un coin au risque qu’ils se sentent persécutés ».

    On peut ainsi estimer qu’en dehors des rares évêques zélés appliquant à la lettre les directives romaines, la réalité de la pratique oblige les parties à retrouver et cultiver une ecclésiologie de communion. Ce serait la meilleure des voies : celle de la recherche d’un nouvel équilibre. Ce chemin est étroit, mais il n’est pas impossible. Il rappellerait que tout le monde possède une place dans la maison du Père, comme un écho aux paroles du prophète Jérémie : « Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue » (23, 1-6).

    [1] Source : Mrg Ganswein, Rien d’autre que la vérité, Artège, 2023.

  • "Nous voulons rester catholiques" : un groupe de fidèles allemands rejette la "Voie synodale"

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    De Walter Sánchez Silva sur Catholic News Agency :

    Un groupe de fidèles en Allemagne rejette la Voie synodale : "Nous voulons rester catholiques".
     
    2 juin 2023

    Birgit Kelle, porte-parole du groupe laïc allemand Neuer Anfang (Nouveau départ), dans une interview accordée le 29 mai à EWTN Noticias, a expliqué que ses membres rejettent la Voie synodale initiée par l'Église en Allemagne parce qu'ils veulent "rester catholiques".

    Cette initiative laïque a été lancée il y a deux ans, alors que les évêques et divers dirigeants laïcs allemands s'étaient déjà engagés dans la voie synodale controversée.

    Organisé par le Comité central des catholiques allemands (ZdK) et la Conférence épiscopale allemande, le Chemin synodal a débuté en 2019. En mars de cette année, il a approuvé des mesures visant à intégrer l'idéologie du genre dans l'enseignement catholique, l'ordination de femmes en tant que diaconesses, la bénédiction des unions homosexuelles, la normalisation de la prédication laïque à la messe et une demande au Vatican de "réexaminer" la discipline du célibat sacerdotal.

    Kelle a déclaré à EWTN Noticias que son association cherche à faire entendre sa voix, en se concentrant "sur un véritable nouveau départ en Allemagne", car elle représente "de nombreux catholiques orthodoxes qui sont préoccupés par la voie synodale et ses décisions". La porte-parole de Neuer Anfang a également souligné que "les fonctionnaires laïcs qui faisaient partie du chemin synodal ont été nommés pour représenter les laïcs normaux, mais ce n'est pas le cas". "Les catholiques normaux qui s'assoient à l'église le dimanche ne sont pas impliqués dans ce processus, et nous n'avons donc pas été entendus", a-t-elle expliqué. Par conséquent, nous ne sommes pas "contre quelque chose", mais nous essayons d'"éduquer sur quelque chose" en nous basant sur [ce que Jésus enseigne] et sur l'unité de l'Église catholique en particulier", a-t-elle ajouté. "Nous ne suivons pas les décisions et les lignes directrices de la Voie synodale parce que nous voulons rester catholiques", a-t-elle souligné. "Le débat, les documents, les décisions, tout confirme nos craintes qu'ils [la Voie synodale] ne veulent pas une réforme de l'Église, mais une nouvelle doctrine de l'Église catholique. Et cela nous conduit, en Allemagne, à une rupture avec le reste de l'Église", a déploré la porte-parole.

    Mme Kelle a rappelé qu'en janvier, son groupe avait adressé une lettre au pape François pour lui faire part de ses préoccupations et que l'année dernière, il lui avait remis un manifeste qu'il avait préparé à ce sujet.

    En ce qui concerne leurs activités, Mme Kelle a déclaré : "Nous organisons des conférences dans le domaine académique : "Nous organisons des conférences dans le domaine académique, mais aussi des conférences spéciales pour les prêtres, car nous constatons chaque jour que certains catholiques ne veulent pas mettre en œuvre le chemin synodal et ses résolutions dans les communautés." Cependant, elle a déploré que ces catholiques "subissent beaucoup de pression lorsqu'il s'agit d'activisme pour ne pas mettre en œuvre des choses qui sont clairement contraires à l'enseignement catholique."

    La porte-parole de New Beginning a appelé "l'Église catholique dans le monde à intervenir en Allemagne". "Nous voulons faire partie de l'Église catholique mondiale et nous sommes confrontés à des évêques et à des responsables laïcs qui rejettent toutes nos objections à ce qui va à l'encontre de Rome, du pape et du Vatican", a-t-elle déclaré.

    Walter Sánchez Silva est rédacteur principal pour ACI Prensa (https://www.aciprensa.com). Avec plus de 15 ans d'expérience, il a rendu compte d'importants événements ecclésiaux en Europe, en Asie et en Amérique latine pendant les pontificats de Benoît XVI et du pape François. Courriel : walter@aciprensa.com

  • L'Église catholique est en "terrible danger d'effondrement complet dans de nombreux pays" si les cardinaux et les évêques ne s'expriment pas

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    D'Edward Pentin sur son site :

    Professeur Seifert : l'Église catholique est en " terrible danger d'effondrement complet dans de nombreux pays " si les cardinaux et les évêques ne s'expriment pas.

    30 mai 2023

    Le philosophe catholique Josef Seifert a déclaré qu'il voyait un "terrible danger d'effondrement complet de l'Église catholique dans de nombreux pays" à moins que les cardinaux ne s'expriment sur une "crise énorme" au sein de l'Église, une crise qui, selon lui, est peut-être la plus grande à laquelle elle ait jamais été confrontée.

    Dans les commentaires qui ont suivi la publication d'une lettre ouverte qu'il a écrite le 30 avril, appelant tous les cardinaux, évêques et dirigeants de l'Église à défendre la vérité de l'enseignement catholique face au relativisme et à l'éthique situationnelle qui prévalent, Seifert a observé ce qu'il a décrit comme le "silence effrayant" des cardinaux sur cette crise unique qui va "du sommet de l'Église jusqu'en bas".

    Le professeur autrichien respecté, qui a fondé en 2017 l'Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille pour faire contrepoids à l'Académie pontificale pour la vie, autrefois respectée et aujourd'hui dirigée par l'archevêque dissident Vincenzo Paglia, a déclaré que c'est son amour pour la vérité et l'Église, et le fait que des éléments clés de l'enseignement du pape François vont à l'encontre du pape saint Jean-Paul II, qui l'ont incité à mettre la plume à l'encre.

    Il a rappelé que dans son encyclique de 1993 sur l'enseignement moral de l'Église, Veritatis Splendor, Jean-Paul II avait "magnifiquement élucidé" la vérité de la reconnaissance des "actes mauvais non négociables", la défendant contre les positions éthiques relativistes qui "cherchent des échappatoires partout" afin de tenter de justifier "l'adultère, la sodomie, la contraception, l'idolâtrie, l'apostasie, la négation du purgatoire, de l'enfer et du jugement dernier."

    Faisant remonter cette dissidence aux critiques formulées à l'encontre de l'encyclique Humanae Vitae (1968) du pape Paul VI, qui soulignait que l'utilisation de la contraception artificielle était intrinsèquement mauvaise, le professeur Seifert a souligné que l'enseignement de l'Église sur ce sujet avait des racines profondes.

    "La pilule anti-bébé et d'autres, qui sont déjà décrites dans l'Ancien Testament comme gravement désordonnées, sont intrinsèquement mauvaises", a-t-il déclaré. Il a également déclaré que même les anglicans avaient publié des déclarations contre la contraception artificielle, pour ensuite apporter une "contradiction flagrante" à leur enseignement précédent lors de la conférence de Lambeth en 1930, lorsqu'ils sont devenus la première communion ecclésiale à autoriser la contraception.

    En conséquence, a-t-il dit, "une pression énorme" a été exercée sur le pape Paul VI pour qu'il adopte le même changement, mais "l'Esprit Saint l'en a empêché" et Humanae Vitae a été rédigé en maintenant l'enseignement pérenne de l'Église. En outre, a ajouté M. Seifert, "de nouvelles études montrent" que Jean-Paul II, puis Karol Wojtyla, ont "profondément influencé" cette encyclique que les catholiques pratiquants fidèles au Magistère considèrent depuis longtemps comme prophétique. Veritatis Splendor a en effet été rédigée pour contrer la dissidence contre Humanae Vitae.

    Mais le professeur Seifert, maître de conférences en métaphysique et épistémologie à la Ludwig Maximilians Universität de Munich, a déclaré que ces dissensions ont réapparu après la publication en 2016 de l'exhortation apostolique Amoris Laetitia du pape François, et François lui-même "a commencé à jeter des doutes, voire à nier, le contenu essentiel de l'Écriture sainte et de l'enseignement de l'Église."

    "Il est devenu incompréhensible pour moi qu'aucun des cardinaux, à part les quatre cardinaux dubia, ne se soit clairement exprimé contre de telles erreurs et contre l'obscurcissement de l'enseignement catholique", a expliqué le professeur Seifert. "C'est pourquoi, comme lors de la crise arienne, lorsqu'un évêque, saint Athanase, et de nombreux laïcs se sont précipités pour défendre la vérité, il était nécessaire que même les miseri laici [nous, misérables laïcs] se lèvent pour défendre la vérité".

    Seifert a expliqué que la lettre qu'il a envoyée au Collège des cardinaux a d'abord été envoyée il y a deux ans et demi à un cardinal avec lequel il était en bons termes et qui avait dit que la critique du pape François était un "grand mal qui devrait être éradiqué."

    Lorsque le cardinal a répondu respectueusement mais n'a pas agi, le professeur Seifert a décidé d'adresser la lettre à tous les cardinaux et évêques, "non pas pour qu'elle atterrisse dans des corbeilles à papier", mais parce qu'ils ont le "saint devoir" de mettre en garde leurs frères, en particulier en Allemagne, et le pape "contre toute déviation de l'enseignement perpétuel de la vérité dans l'Église."

    Compte tenu de ce qu'il appelle le "silence effrayant de la majorité des cardinaux et des évêques sur cette crise unique, du sommet de l'Église jusqu'à la base, pendant toute une décennie", il n'est pas optimiste quant à la réponse à son appel.

    Mais il a dit avoir "l'espoir que le Dieu tout-puissant, qui est la vérité, réveillera le feu de l'amour pour la vérité et pour l'Église dans le cœur de tous les cardinaux et évêques, et accordera le don du saint courage à beaucoup d'entre eux, comme il l'a déjà fait pour certains cardinaux et évêques".

    "Je ne suis pas du tout optimiste, mais j'espère vraiment que les cardinaux et les évêques n'assisteront plus passivement à la chute de l'Église que seule une intervention divine peut empêcher", a-t-il ajouté. "Dieu veut se servir de nous tous, mais il choisit surtout les cardinaux et les évêques, tout comme il a choisi saint Paul pour répandre l'Église et saint Athanase pour la sauver de l'arianisme et de la destruction.

    Interrogé sur les conséquences possibles d'une telle décision, M. Seifert a répondu : "Je vois un terrible danger d'effondrement complet de l'Église catholique dans de nombreux pays, et même de sa destruction totale dans certaines régions du monde".

    Mais il ajoute qu'il sait, non par la raison mais par une foi "cruellement éprouvée", que cela n'est "pas possible parce que la vérité elle-même nous a dit que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre l'Église".

    Lettre ouverte du professeur Seifert aux cardinaux et aux évêques de l'Église catholique.

  • L'influence européenne sur les droits de l’homme et l’avortement en Afrique

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    Lu sur le site de l'ECLJ :

    À propos de l’influence européenne sur les droits de l’homme et l’avortement en Afrique

    1er juin 2023

    L’Occident, avec ses valeurs libérales et démocratiques, a exercé une influence considérable sur la conception des droits de l’homme dans de nombreux pays du monde, y compris en Afrique. Toutefois, cette influence suscite de nombreux débats remettant en question la pertinence des principes occidentaux face aux réalités africaines. L’Occident, porteur d’une vision des droits de l’homme axée sur les libertés individuelles et le progrès, se confronte à une Afrique qui défend une vision plus communautaire et conservatrice de ces droits. Cette dialectique entre ces deux conceptions des droits de l’homme se manifeste de manière récurrente à travers une variété de thématiques, l’avortement étant l’une des plus débattues.

    Les évolutions positives d’une appropriation de la vision occidentale libérale

    Bien que la controverse entoure l’influence occidentale sur la conception des droits de l’homme en Afrique, il est important de souligner que la vision libérale a conduit à des progrès significatifs en matière de droits civils et politiques. Par exemple, par suite de la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud a bénéficié d’un soutien substantiel provenant des pays occidentaux, facilitant ainsi sa transition vers une démocratie. Ce processus a abouti à l’instauration d’un système politique dans lequel les droits civiques, y compris le droit de vote, sont respectés[1]. Le cas du Bénin est également souvent cité comme une réussite en matière de transition démocratique libérale. Après une période de régime militaire autoritaire, le Bénin a connu une transition pacifique vers la démocratie en 1990, largement soutenue par les pays occidentaux. Le pays a depuis lors maintenu un système politique stable et démocratique, où les droits politiques tels que le droit de vote sont respectés, même si récemment, le Bénin a été accusé de dérive autocratique[2]. De plus, le soutien occidental aux processus électoraux, par le biais d’organisations comme l’Union européenne et les Nations unies, a également contribué à l’amélioration des droits politiques. Le Nigeria a, par exemple, bénéficié d’un soutien important en matière d’observation électorale, notamment de la part du parlement européen[3], ce qui a contribué à améliorer la qualité de ses élections au fil du temps.

    Critiques de l’influence occidentale

    L’influence de la vision occidentale des droits de l’homme fait toutefois l’objet de critiques en Afrique. Certains universitaires et militants des droits de l’homme accusent l’Occident de néocolonialisme, d’eurocentrisme et d’ignorance des valeurs et des contextes locaux. Selon eux, l’accent mis sur les droits individuels, qui est une caractéristique dominante des conceptions occidentales des droits de l’homme, ne tient pas compte de la nature communautaire de nombreuses sociétés africaines[4]. Certains observateurs africains voient aussi l’imposition des normes occidentales en matière de droits de l’homme comme une forme de néocolonialisme, arguant que l’Occident utilise la notion de droits de l’homme pour exercer une influence et un contrôle sur les pays africains. Le professeur Makau Mutua, un éminent juriste kényan, considère que le discours universel des droits de l’homme est un moyen par lequel l’Occident maintient une hégémonie intellectuelle et culturelle sur le reste du monde[5].

    D’autres critiques mettent également en évidence l’eurocentrisme des normes occidentales en matière de droits de l’homme. L’idée que l’universalisme de ces droits est souvent défini et contrôlé par les puissances occidentales est un thème fréquent dans les critiques postcoloniales des droits de l’homme. Samuel Moyn, dans son ouvrage « The Last Utopia : Human Rights in History » (2010), indique que le discours contemporain sur les droits de l’homme est largement influencé par les idées et les valeurs occidentales, et que cela a conduit à une domination occidentale sur la définition et la promotion de ces droits.

    Pourtant, l’universalisme des droits de l’homme est débattu au sein même de l’Europe. Le concept a subi de sérieuses critiques au fil des années et ressort fragilisé. La reconfiguration géopolitique de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, avec la partition entre l’Est et l’Ouest, a eu un impact majeur sur la conception des droits fondamentaux. Les deux blocs, bien que tous deux se réclamaient du camp des droits de l’homme, avaient des interprétations différentes de ces droits, ce qui a conduit à une fragmentation de l’universalisme. Tandis que l’Ouest mettait l’accent sur les droits civils et politiques, l’Est privilégiait les droits économiques et sociaux.

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  • Quand un historien démonte la "légende noire" espagnole

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    Du site de La Nef (Arnaud Imatz) :

    L’historien Marcelo Gullo face à la cathophobie et la légende noire espagnole 

    L’historien argentin Marcelo Gullo Omedeo a récemment battu des records de vente en Espagne avec ses livres, Madre Patria [« La mère patrie », sous-titré : Démonter la légende noire depuis Bartolomé de las Casas jusqu’au séparatisme catalan (2021)] et Nada por lo que pedir perdón (« Pas de raison de s’excuser », sous-titré : L’importance de l’héritage espagnol face aux atrocités commises par les ennemis de l’Espagne(2022)]. Ces deux ouvrages remarquables ont été significativement préfacés par deux personnalités du monde politique et universitaire hispanique, l’ancien vice-président du gouvernement et vice-président du PSOE, Alfonso Guerra et la directrice de l’Académie royale d’histoire, Carmen Iglesias. L’historienne María Elvira Roca Barea avait déjà entrepris, il y a quelques années, de remettre les pendules à l’heure en publiant deux ouvrages non-conformistes majeurs Imperiofobia y leyenda negra / « Phobie de l’empire et légende noire » (2016) et Fracasología / « Échecologie » (2019). Depuis, les initiatives résistantes semblent se multiplier dans la Péninsule. Le réalisateur, scénariste et producteur José Luis López Linares a dirigé un excellent film documentaire historique Espagne. La première globalisation (2021). L’Académie royale d’histoire a créé un portail d’internet où l’on trouve la plus grande information jamais rassemblée à ce jour sur les personnages et événements de l’histoire hispaniqueLes livres et articles en rupture avec la doxa et l’idéologie du « politiquement correct » se succèdent à bon rythmeL’argentin Marcelo Gullo est sans doute l’une des figures les plus en pointe dans cette résistance et ce combat culturel. Fin connaisseur de la biographie du souverain pontife, il n’a pas hésité à rappeler dans le titre évocateur de son dernier livre que « lorsque le pape François était le père Jorge, il considérait qu’il n’y avait pas de raison de s’excuser ». Dans un pays comme l’Espagne, qui depuis des décennies est en voie de déchristianisation et de soumission politique à l’étranger et où, comme dans le reste de l’Europe, les élites politico-culturelles sont fortement influencées par le wokisme, Gullo ne pouvait éviter de provoquer d’importants remous. Gardien de la mémoire collective hispanique, c’est sans faux-fuyants qu’il  rappelle que depuis deux siècles les interventions et agressions nord-américaines dans les pays luso-hispaniques se comptent par centaines pour les majeures et par milliers pour les mineures [La bibliographie sur le sujet est d’ailleurs considérable et on se contentera de citer ici le travail encyclopédique de l’historien argentin Gregorio Selser, Chronologie des interventions étrangères en Amérique Latine / Cronología de las intervenciones extranjeras en América Latina, 4 tomes, México, CAMENA, 2010]. Mais pour vraiment comprendre les raisons de Gullo encore faut-il lui donner la parole. Ses propos francs, directs et décapants, ne manqueront pas d’étonner voire de heurter nombre de lecteurs francophones. L’entretien ci-dessous est le premier de l’auteur à paraître dans l’Hexagone.

    Lire l'interview sur le site de La Nef

  • Pratique de l'euthanasie en Belgique : une surveillance en trompe-l'oeil

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    Du "Collectif Hippocrate" (collectif de soignants) sur Mediapart :

    25 mai 2023

    Euthanasie – La CFCEE belge : une surveillance en trompe-l’œil

    De nombreux partisans de la mort administrée affirment que l'euthanasie serait "une liberté très strictement encadrée en Europe". L'exemple de la CFCEE est très souvent cité. Ce serait la preuve que les dérives en Belgique seraient fantasmées. Cet article a pour objectif de remettre les points sur les i.

    A l’heure de nouveaux débats concernant la fin de vie, de nombreux journalistes, politiques ou simples citoyens ont décidé de se tourner vers nos voisins belges et suisses. Il est vrai que ces pays ayant légalisé soit l’euthanasie, soit le suicide assisté, sont à même de nous fournir des données empiriques sur les conséquences d’une évolution de notre législation.

    Pour défendre la légalisation de la mort administrée, l’argument de la mise en place de garde-fous est souvent avancé. Ceux-ci seraient en mesure de concilier respect de la volonté des patients et prévention des dérives. A ce titre, il est souvent fait référence à la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCEE) belge. Les partisans de la mort administrée la présentent souvent comme une instance de contrôle efficace. La preuve ? Seul un cas d’euthanasie aurait été envoyé devant la justice, ce qui signifierait que la commission effectue son travail, et que le cadre légal est respecté. Mais voilà… tout n’est pas aussi idyllique, et cette institution présente un niveau de dysfonctionnement élevé. Nous allons les relever dans cet article. Pour cela, nous nous fonderons sur des études et des enquêtes menées entre 2007 et 2020. A l’heure où de nombreux politiques disent vouloir faire évoluer la législation sur le modèle belge, il semble nécessaire d’en montrer les dangers.

    Rappelons d’abord le droit belge en la matière : le site de la CFCEE rappelle qu’un médecin ayant pratiqué une euthanasie doit compléter un document d’enregistrement et le transmettre à la commission dans les 4 jours ouvrables suivant l’acte. Ainsi, le contrôle pratiqué par la CFCEE se fait a posteriori uniquement. Nous pourrions y voir là un premier élément problématique : si erreur il y a, il est de toute façon trop tard pour le patient euthanasié.

    Une commission juge et partie

    Le 4 octobre 2022, la CEDH a décidé de condamner la CFCEE pour son manque d’indépendance. Et pour cause : le médecin accusé par un individu d’avoir euthanasié sa mère à son insu était lui-même le président de la CFCEE. Ayant été amené à juger sa propre pratique euthanasique, il était fort improbable qu’il la considère comme illégale et s’accuse lui-même devant la justice. Par ailleurs, la patiente euthanasiée avait, peu avant son décès, fait un don à l’association pro-mort administrée LEIF, dont le président n’était autre que… ce même médecin.

    La loi belge oblige le médecin traitant à consulter un à deux autres confrères pour confirmer le caractère constant, insupportable et inapaisable de la souffrance physique ou psychique du patient. Ces confrères doivent évidemment être indépendants, tant vis-à-vis du patient que du médecin traitant. Or, dans le cas présenté ci-dessus, les deux médecins consultés collaboraient étroitement avec l’association LEIF, présidée par le médecin en charge de l’euthanasie de la patiente. Indépendance disions-nous. De manière plus générale, la présence dans la commission de médecins appartenant à des associations ouvertement pro-euthanasie pose question. Le peu de dossiers remis à la justice ne prouve pas un respect profond de la loi, comme sont tentés de le faire croire certains militants, mais montre au contraire le fonctionnement opaque et, disons-le, corporatiste, de cette commission. Celle-ci agit en effet plus comme un bouclier protégeant les confrères que comme une véritable instance de contrôle. C’est d’ailleurs ce que sous-entend Wim Distelmans, ancien président de la CFCEE : « les informations fournies par les médecins sont toujours réputées exactes par la commission. » [1]

    Globalement, les procédures instaurées ne peuvent être qu’opaques. Le caractère anonyme des formulaires à remplir rend impossible la vérification de l’indépendance de la commission, et leur caractère concis permet aux médecins de n’avoir à se justifier de rien.

    En 2018, tous ces éléments ont poussé un membre de la CFCEE à démissionner. Pour cause : ses pairs avaient refusé de transmettre à la justice le cas d’un médecin ayant euthanasié un patient sans son consentement.

    Une défaillance de contrôle

    Autre point tout aussi grave, sinon plus : les euthanasies déclarées ne représenteraient qu’une partie des euthanasies pratiquées. Wim Distelmans, toujours le même, a ainsi confirmé que « certains médecins [pratiquaient], parfois ouvertement, des euthanasies sans les déclarer à la commission de contrôle. » [2] Et d’ajouter : « les cas douteux, évidemment les médecins ne les déclarent pas, alors on ne les contrôle pas. »

    On ne parle pas ici de quelques brebis galeuses qui, malgré la légalisation de l’euthanasie, s’amuseraient à la pratiquer clandestinement. Nous parlons ici d’un pourcentage considérable de pratiques euthanasiques qui échapperaient à tout contrôle. En 2010, une enquête publiée dans le journal Palliative Medicine [3] portant sur le report des cas d’euthanasie en Flandres affirmait que seuls 52,8% des cas d’euthanasie étaient reportés. S’il faut prendre cette donnée avec des pincettes du fait de la difficulté évidente à recueillir des informations non déclarées, ce chiffre ne peut que nous alerter. En 2014, on peut lire dans une nouvelle étude parue dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) [4] que les « actes mettant fin à la vie sans demande explicite du patient », bien qu’existant dans des pays non-permissifs, sont plus nombreux en Belgique qu’ailleurs. Au même moment, dans un article intitulé « Euthanasie : faut-il s’inspirer du modèle belge ? » [5], Radio France affirme qu’« 1,8% des décès en Belgique restent consécutifs à des injections létales non-déclarées. »

    On peut lire dans une étude de 2015 publiée dans le New England Journal of Medicine [6] que 25 à 35% des euthanasies en Belgique ne seraient pas déclarées. Ces chiffres ont par ailleurs été corroborés par une autre étude datée de 2018 et parue dans le Journal of Pain and Symptom Management [7]. La même année, un rapport intitulé « How accurately is euthanasia reported on death certificates in a country with legal euthanasia” et publié dans le European Journal of Epidemiology [8] confirme qu’il existe une absence substantielle de report des cas d’euthanasie en Belgique, et que les certificats de décès ne suffisent pas pour évaluer la pratique euthanasique, y compris dans les juridictions où cela est légal.

    Plus de 20 ans après la légalisation de la mort administrée, le problème n’est toujours pas réglé. Ainsi, comme le rapporte l’Institut Thomas More dans un article daté du 14 février 2023 : « la commission admet que les moyens financiers et humains dont elle bénéficie l’empêchent d’effectuer un contrôle sérieux. » [9]

     Collectif Hippocrate

    [1] Propos du Dr Wim Distelmans rapporté au journal néerlandais Standaard

    [2] Ibid

    [3] Smets, T., Bilsen, J., Cohen, J., Mette L Rurup, D., Mortier, F., & Deliens, L. (2010). “Medical Decisions at the End of Life in Flanders, Belgium - A Nationwide Post-mortem Survey of Euthanasia Cases Reported and Unreported to the Federal Review Committee.” Palliative Medicine

    [4] Chambaere K, Bernheim JL, Downar J, Deliens L. “Characteristics of Belgian "life-ending acts without explicit patient request": a large-scale death certificate survey revisited.” CMAJ Open. 2014 Oct

    [5] Says F. « Euthanasie : faut-il s’inspirer du modèle belge ? », Radio France, novembre 2014

    [6] Chambaere K., Stichele R. V., Mortier F., Cohen J., Deliens L., « Récents Trends in Euthanasia and Other End-of-Life Practices in Belgium”, The New England Journal of Medicine, 2015

    [7] Sigrid Dierickx,Joachim Cohen,Robert Vander Stichele,Luc Deliens,Kenneth Chambaere “Drugs Used for Euthanasia : A Repeated Population Based Mortality Follow-back Study in Flanders, Belgium, 1993-2013” Journal of Pain and Symptoms Management, 2018

    [8] Cohen, J., Dierickx, S., Penders, Y. W. H., Deliens, L., & Chambaere, K. (2018). How accurately is euthanasia reported on death certificates in a country with legal euthanasia: a population-based study. European Journal of Epidemiology

    [9] De Lamotte A. « La pratique de l’euthanasie en Belgique est sur la voie de dérives inquiétantes », Institut Thomas More, 14 février 2023

  • Le moment de la Pologne

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    De Filip Mazurczak sur First Things :

    LE MOMENT DE LA POLOGNE

    30 mai 2023

    En 2019, feu le cardinal George Pell a été condamné à une peine de prison pour des allégations d'abus sexuels - allégations qui ont ensuite été annulées à l'unanimité par la Haute Cour d'Australie. Si les quatorze mois que Pell a passés en prison ont été une via crucis pour lui et pour les catholiques australiens, ils ont également inspiré et revitalisé l'Église locale. Une situation similaire s'est récemment produite en Pologne. Les médias ont tenté de noircir les noms de deux Polonais, géants du catholicisme du XXe siècle, le cardinal Adam Sapieha et le pape saint Jean-Paul II. Ces calomnies ont eu un effet inattendu : elles ont entraîné une mobilisation sans précédent des catholiques polonais pour défendre la vérité.

    Début mars, la chaîne de télévision libérale américaine TVN 24 a diffusé un documentaire intitulé Franciszkańska 3. Ce film, réalisé par le journaliste Marcin Gutowski, affirme que le cardinal Adam Sapieha était un prédateur sexuel (Sapieha, archevêque de Cracovie de 1911 à 1951, est devenu un héros national pour avoir organisé l'aide humanitaire pendant les deux guerres mondiales et pour avoir courageusement défendu la souveraineté polonaise sous l'occupation allemande et sous le régime stalinien). Le documentaire affirme également que l'élève vedette de Sapieha au séminaire de Cracovie, Karol Wojtyła, a couvert trois cas d'abus sexuels commis par des prêtres durant son mandat d'archevêque de Cracovie, de 1964 à 1978 : Bolesław Saduś, Eugeniusz Surgent et Józef Loranc. 

    À peu près au moment de la diffusion du documentaire, le journaliste néerlandais Ekke Overbeek a publié le livre Maxima Culpa : What the Church Is Covering Up About John Paul II (Ce que l'Église dissimule à propos de Jean-Paul II). Ce livre a été publié par Agora Publishing, affilié au quotidien anticlérical de gauche Gazeta Wyborcza. Il est frustrant de constater que certaines publications catholiques libérales (telles que Tygodnik Powszechny, fondée par Sapieha et qui comptait parmi ses collaborateurs le jeune Karol Wojtyła) ont également pris le train en marche contre le pape. 

    Dans les jours précédant et suivant immédiatement la sortie du livre et du film, Gazeta Wyborcza et des médias libéraux comme Newsweek Polska et Onet.pl ont publié de nombreux articles à caractère sensationnel, traitant les affirmations de Gustowski et Overbeek comme des vérités indiscutables. 

    J'ai publié ici une analyse complète des accusations elles-mêmes, et elles sont loin d'être indiscutables. Selon une étude détaillée des archives secrètes de la police de sécurité communiste publiée dans le quotidien Rzeczpospolita par les journalistes Tomasz Krzyżak et Piotr Litka, il n'est pas certain que Bolesław Saduś ait été un agresseur d'enfants. Quant aux deux autres dissimulations présumées : lorsqu'il a appris les délits sexuels de Loranc, le cardinal Wojtyła l'a suspendu et l'a fait vivre en isolement dans un monastère (ses sanctions ont précédé l'arrestation de Loranc par les autorités communistes) ; et il a expulsé le troisième délinquant, Eugeniusz Surgent, incardiné dans le diocèse de Lubaczów, de son diocèse. 

    Récemment, Krzyżak et Litka ont publié une autre analyse de documents que Gutowski et Overbeek n'avaient pas consultés. Ces documents suggèrent fortement que les allégations contre le cardinal Sapieha ont été fabriquées par la police secrète communiste. En outre, l'affirmation selon laquelle le cardinal Sapieha était un prédateur sexuel a déjà été contestée par de nombreux historiens ; ils soulignent qu'il est invraisemblable que Sapieha ait abusé de séminaristes alors qu'il était âgé de 83 ans, mourant et alité, et que ses accusateurs n'étaient pas des témoins fiables. Ils notent également que le fait que le régime communiste n'ait pas utilisé ces allégations dans sa campagne anticatholique du début des années 1950 implique qu'il les considérait comme improbables.

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  • Jeanne d'Arc, une figure de foi et d'amour (30 mai)

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    Le texte intégral du « panégyrique de Jeanne d’Arc » prononcé par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, le samedi 30 mai 2015 en la cathédrale Notre-Dame de Rouen. (source)

    Jeanne d'Arc, figure de foi et d'amour

    Le cardinal Vingt-Trois encourage les Français à redécouvrir la figure de sainte Jeanne d’Arc, dont la vie « fut d’abord une affaire de foi chrétienne », et qui a « fait la guerre par amour des gens opprimés par la violence et les destructions sauvages, amour de son roi et de son pays, amour même de ses ennemis qu’elle s’emploie à convaincre de se retirer avant le combat ».

    Dans le cadre des « Fêtes Jeanne d’Arc », le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, avait prononcé ce « panégyrique de Jeanne d’Arc » le samedi 30 mai 2015 en la cathédrale Notre-Dame de Rouen – ville où mourut la sainte.

    Dans une société de chrétiens « vivant comme si Dieu n’existait pas », la « leçon de Jeanne d’Arc » est nécessaire, a-t-il souligné : « Quand il aurait été si commode de se taire, d’oublier, voire de renier l’appel de Dieu, quand une simple abjuration semblait capable de lui sauver la vie, elle ne voulut connaître que la fidélité à Celui qui était son seul Seigneur. »

    Panégyrique de sainte Jeanne d’Arc, par le card. Vingt-Trois

    Le 30 mai 1431, après avoir été jugée par le tribunal ecclésiastique et avoir été livrée à la justice séculière des anglo-normands, Jeanne d’Arc fut brûlée vive à Rouen sur la Place du Vieux-Marché et ses cendres jetées à la Seine depuis le pont où nous lui avons rendu hommage ce matin. Un quart de siècle plus tard, la sentence fut rapportée et Jeanne d’Arc réhabilitée. Prise dans l’étau d’une guerre civile dont notre pays a malheureusement trop souvent éprouvé les dégâts, Jeanne d’Arc a très vite, -et pour longtemps-, symbolisé une figure du patriotisme et de l’unité nationale. Sa canonisation en 1920 s’inscrit aussi dans la reconnaissance de ce symbole.

    Cette canonisation a marqué un tournant dans les relations entre l’Église catholique et l’État français. Après les luttes passionnées qui avaient abouti à la loi de Séparation en 1905, les gouvernants des années vingt, héritiers politiques des grandes figures de la lutte anticléricale, n’ont pas hésité à prendre leur part de l’hommage rendu à Jeanne d’Arc. Au lieu d’ignorer, de combattre ou même d’interdire les solennités johanniques, ces gouvernants républicains trouvèrent plus utile à la société d’en faire une fête nationale et d’y associer étroitement l’État français lui-même. Le président de la République protestant, Gaston Doumergue n’hésita pas à présider personnellement en 1929 les fêtes johanniques à Orléans.

    Dans les mêmes années vingt, l’Action Française se taillait une réputation militante à coups d’agressions, verbales ou physiques. Se présentant comme le dernier rempart du nationalisme et la seule école du patriotisme, elle fustigeait l’invasion de la France par des vagues d’immigration et faisait monter la haine contre ceux qu’elle appelait les « métèques ». Elle tentait de récupérer la fête de Jeanne d’Arc, récemment canonisée, et d’en tirer une caution religieuse que son opposition déclarée à la hiérarchie catholique lui rendait d’ailleurs inaccessible.

    La laïcité de la République progressait mieux par l’inclusion des différences et leur gestion raisonnable que par l’interdit et l’exclusion des particularités. Ces gouvernants, sans renoncer à leurs convictions laïques, comprenaient que la force et la richesse d’une société dépendent plus de la vitalité de ses corps intermédiaires que de leur effacement, de leur marginalisation et moins encore de leur extinction. Leur laïcité était assez vigoureuse, -et peut-être, pour certains, était-elle devenue assez sereine !-, pour ne point trembler d’entretenir des relations publiques avec l’Église catholique.

    Il n’est pas anecdotique que Jeanne d’Arc fût l’occasion symbolique de cette nouvelle étape des relations entre l’État français et l’Église catholique. Sa figure héroïque était demeurée très vive dans la conscience collective. Les épreuves récentes et sanglantes de la Première Guerre mondiale pour la défense du territoire national donnaient à sa canonisation un ton d’authentique actualité dans une France où le patriotisme n’avait pas encore sombré dans la défaveur qui l’identifie trop commodément à un nationalisme étroit.

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  • Célibat, avortement, pédophilie, cléricalisme, Ukraine... une nouvelle interview du pape

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    Du site "Silere non possum" :

    PAPE FRANCOIS : LA PEDOPHILIE DANS L'EGLISE ? LE CÉLIBAT N'A RIEN À VOIR AVEC CELA

    Le pape donne une interview à Telemundo et aborde un certain nombre de sujets : la guerre en Ukraine, le célibat, la pédophilie et le cléricalisme.

    Quelqu'un a-t-il réussi à comptabiliser le nombre d'interviews que le pape a accordées à divers journaux, chaînes de télévision, etc. Aujourd'hui, la chaîne de télévision américaine de langue espagnole Telemundo a publié une interview que François a accordée au journaliste Julio Vaqueiro (le 25 mai). 

    Le pape y aborde divers sujets (pédophilie, célibat, rencontre avec Zelens'kyj) et, à quelques détails près, il répète toujours et uniquement les mêmes choses. Désormais, ces interviews sont devenues des séances de photos, le reste n'est que du copier-coller. Les sujets tabous demeurent : Rupnik, Zanchetta et autres situations inconfortables pour ce pontificat.

    Vaqueiro a interrogé le pape sur le célibat des prêtres, souvent considéré comme la nature même de la pédophilie cléricale, et François a sagement répondu : "Mon cher, 32%, dans certains pays 36%, des abus ont lieu dans les familles : un oncle, un grand-père, et tous mariés, ou des voisins. Plus tard dans la vie, dans les sports, puis dans les écoles... Ce sont les statistiques, voilà ce qu'elles sont. Donc ça n'a rien à voir avec le fait que les oncles sont mariés, les grands-parents sont mariés, et parfois ce sont eux les premiers violeurs. [...] Bien sûr, je ne dis pas que c'est le cas de tous les oncles ou grands-parents. Je parle des statistiques". 

    Les remarques stériles sur le cléricalisme, devenu un mantra pour François, n'ont pas manqué, surtout depuis qu'il a vu les médias le relancer avec enthousiasme. Toujours au sujet des femmes au service de l'État de la Cité du Vatican, J. Bergoglio a déclaré : "Bien sûr, une partie de ce pastoralisme incluait des femmes qui ont beaucoup changé à l'intérieur. Elles sont très, très exécutives, très pratiques : le vice-gouverneur est une femme. Beaucoup de choses ont été changées, mais tout cela a été demandé par les cardinaux qui se réunissent lors des réunions clés qu'ils convoquent". (...)

    Il est également intéressant de noter comment le pape répond aux questions. Vaqueiro demande : "Vous avez changé beaucoup de choses, qu'aimeriez-vous changer à nouveau ?". Bergoglio ne répond pas : "Bah vous savez, nous verrons, peut-être que mon successeur poursuivra alors mon travail". Non. Cette hypothèse n'existe pas dans son esprit. Le pape dit : "Tout". Selon lui, tout doit donc encore être changé.

    L.M.

    Silere non possum

    Julio Vaqueiro : Votre Sainteté, merci beaucoup de nous avoir accordé votre temps et de vous être joint à nous. Comment vous sentez-vous ? Comment va votre santé ? (on sait que, depuis hier, le pape s'est senti fatigué et fiévreux et reste confiné à la maison Santa Martha. ndb)

    Pape François : Beaucoup mieux. Je peux maintenant marcher. Ils ont réparé mon genou et avant je ne pouvais pas marcher. Maintenant, je marche à nouveau. Certains jours sont plus douloureux, comme aujourd'hui. D'autres ne le sont pas, mais cela fait partie du processus.

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  • Ce qui attire et reste fécond dans l’Église ne s’apparente nullement aux vieilles lunes du progressisme

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    De Christophe Geffroy sur le site de La Nef en éditorial du numéro du mois de juin :

    Forces vives du catholicisme : voir enfin la réalité !

    ÉDITORIAL

    La Croix publiait le 5 mai une enquête sur le thème : « Pourquoi les familles catholiques ont du mal à transmettre leur religion », soulignant au passage qu’en France 91 % des musulmans, 84 % des juifs et seulement 67 % des catholiques conservent leur religion d’une génération à l’autre (1). Certes, le phénomène minoritaire explique sans doute en grande partie le fort taux de transmission dans les familles musulmanes et juives, tandis que la désaffection touche davantage une religion « majoritaire » dans un contexte socio-politique où le christianisme est marginalisé. Ceci étant dit, ce statut « majoritaire » des chrétiens est maintenant dépassé quand seulement 25 % des 18-59 ans se déclarent catholiques contre 43 % douze années plus tôt. La situation est donc inquiétante. La Croix note toutefois que certains fidèles transmettent la foi bien mieux que les autres : « Ces familles catholiques observantes et plutôt conservatrices pilotent avec succès leur reproduction spirituelle, sélectionnant avec attention la sociabilisation religieuse de leurs enfants (écoles catholiques, mouvements de jeunesse, cercles amicaux…). » Et le fait que le catholicisme devienne minoritaire accentue ce phénomène, note Yann Raison du Cleuziou, interrogé dans l’article de La Croix : « Dans un paysage minoritaire, une religion a tendance à se restructurer pour ne pas disparaître. Cette reconfiguration aboutit à une intensification de l’entre-soi autour de pratiques marquantes. »

    Tirer les conclusions…

    Ce qui est extraordinaire, c’est l’incroyable con­traste entre l’accord assez unanime sur le constat, relayé même par La Croix, journal guère connu pour ses positions « conservatrices », et l’absence totale de conclusions tirées de ce constat ! Que faut-il de plus pour que nos élites catholiques comprennent que ce qui attire et reste fécond dans l’Église ne s’apparente nullement aux vieilles lunes du progressisme ? Celles-ci – ordinations d’hommes mariés et de femmes, bénédiction des couples de personnes de même sexe, acceptation de la contraception, assouplissement de la morale chrétienne, etc. – n’ont rien résolu partout où elles ont été mises en œuvre (comme dans le protestantisme), quand elles n’ont pas simplement détérioré la situation. Dès lors pourquoi ses revendications occupent-elles une place disproportionnée dans les préoccupations des médias ou des instances religieuses ? Pourquoi en rester à une vision trop horizontale de l’Église où la grâce ne semble plus compter, où le prêtre est désacralisé pour conjurer toute forme de « cléricalisme » ? Et pourquoi ceux qui, à l’inverse, prônent un retour à une certaine verticalité en replaçant l’Eucharistie bien célébrée au centre de la vie chrétienne, la pratique régulière de la confession, la promotion de l’adoration et des piétés populaires, sont-ils trop peu encouragés et soutenus par les autorités, quand ils ne sont pas tout simplement persécutés ?

    Les chrétiens « progressistes » sont nos frères et ont le droit d’exprimer leurs positions – lesquelles devraient quand même être circonscrites par le cadre du Magistère. Mais est-il normal, alors qu’ils sont minoritaires et loin de représenter les forces vives de l’Église, qu’il y ait un tel décalage entre le pouvoir qu’ils ont encore et la réalité de la base du catholicisme français, mal représentée à tous les niveaux, parfois même suspecte car trop conservatrice ?

    Vatican II vraiment menacé ?

    Dans un entretien avec les jésuites de Hongrie publié le 9 mai, le pape François s’est inquiété : « la résistance [au concile Vatican II] est terrible », « il existe un incroyable restaurationnisme », fruit d’une « maladie nostalgique » ; « le danger aujourd’hui est le retour en arrière, la réaction contre la modernité » ; c’est ainsi qu’il justifie son motu proprio Traditiones custodes (2021). Hormis la Fraternité Saint-Pie X qui, de par sa position canonique, n’est pas concernée par ce motu proprio, et quelques personnalités traditionalistes faciles à identifier, on ne comprend pas de qui parle le pape ! Le propos est pourtant d’une rare violence et vise une petite partie de son troupeau : ce sont ses propres fils qu’il fustige ainsi, sans jamais les nommer précisément ni démontrer le bien-fondé de ses accusations, comme si la « modernité » était en soi inattaquable. Il jette le discrédit sur toute une mouvance qui n’est pourtant pas homogène et dont la plupart ne remettent pas plus en cause Vatican II (qu’ils n’ont pas lu) que l’ensemble des catholiques ordinaires.

    Dans le présent contexte de l’« effondrement » du catholicisme (G. Cuchet), la priorité est-elle vraiment de punir indistinctement des fidèles qui ne se reconnaissent pas dans la description que l’on fait d’eux ? Et ainsi de marginaliser une partie de l’Église qui porte de nombreux fruits, qui pratique avec ferveur une belle liturgie, transmet mieux qu’ailleurs la foi, suscite des vocations… ? Les « tradis » ne sont pas les seuls à avoir tenu bon sur ces aspects, ils s’inscrivent dans l’orbite conservatrice bien plus large qu’évoquait l’enquête de La Croix. Notre pauvre Église européenne est déjà bien trop fragmentée, pourquoi s’épuiser dans de vaines divisions au lieu d’essayer d’unir toutes ses forces vives ?

    (1) Chiffres tirés de la publication en avril de l’enquête Trajectoires et origines (TEO) de l’Insee. Cf. Guillaume Cuchet, « Le catholicisme risque de ne plus rester longtemps la première religion du pays », La Croix du 22 mai 2023.

     

    Sommaire du numéro 359 de juin 2023 de La Nef :

    En bref : le pape François défend la natalité

    ÉDITORIAL
    Voir enfin la réalité !, par Christophe Geffroy

    ACTUALITÉ
    Écoles privées et mixité sociale, par Anne Coffinier
    Les chrétiens oubliés de Birmanie, par Rainer Leonhardt
    Ukraine : comment rétablir la paix en Europe ?, par Michel Pinton
    Fitch : pourquoi la France est moins bien notée, par Pierre Vermeren
    Arabie-Séoudite et Iran : un accord historique, par Annie Laurent

    ENTRETIEN
    Saisir l’histoire d’un diocèse, entretien avec Mgr François Touvet

    DOSSIER LA CRISE DE L’AUTORITÉ
    La crise de l’autorité, par Philippe Bénéton
    « Anarchisme chrétien » ?, par Jacques de Guillebon
    Autorité : une citadelle à rebâtir, par Élisabeth Geffroy
    L’autorité dans l’éducation, entretien avec Christian Flavigny
    L’autorité dans l’Armée, par Henri Hude
    L’Église comme figure d’autorité, par le Père Philippe Capelle-Dumont

    VIE CHRÉTIENNE
    Le fléau de l’ébriété chez les jeunes, par l’abbé Laurent Spriet
    Question de foi Long life to the King…, par l’abbé Hervé Benoît

    CULTURE
    Jacques et Raïssa Maritain cœur à cœur, par Henri Quantin
    Notes de lecture, par Yves Chiron, Christophe Geffroy, Jacques de Guillebon, Patrick Kervinec, Rainer Leonhardt, Pierre Mayrant, Anne-Françoise Thès, Michel Toda et Constance de Vergennes
    Pour bien se former spirituellement, entretien avec le P. Armand Levillain
    Musique Mozart par Leonskaja, par Hervé Pennven
    Cinéma Harold Fry et L’homme debout, par François Maximin
    Sortir L’inconnu me dévore, par Constance de Vergennes
    À un clic d’ici, par Léonard Petitpierre
    Et pour les jeunes…, par Valérie d’Aubigny
    Un livre, un auteur, entretien avec Jean-François Chemain
    Brèves
    Rencontre Sonia Drapeau, par Marine Tertrais

    DÉBATS / POINT DE VUE
    Le laïc et le saint prêtre, par Pierre Vétois
    Crise sociale et institutionnelle ?, par Guilhem Le Gars

    CONTRE-CULTURE
    Inquiétudes pour l’agriculture, par Jacques de Guillebon

  • "Le mal est dans l’illusion conciliaire d’une Eglise qui puisse plaire au monde"

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    De FSSPX.NEWS :

    Le vaticaniste Valli dit comment il a découvert la Tradition

    25 MAI, 2023

    Don Daniele Di Sorco, prêtre de la Fraternité Saint-Pie X en Italie, a fait paraître un livre intitulé Parole chiare sulla Chiesa. Perché c’è una crisi, dove nasce e come uscirne [Paroles claires sur l’Eglise. Pourquoi il y a une crise, où naît-elle et comment s’en sortir], aux éditions Radio Spada.

    La postface de l’ouvrage est du vaticaniste Aldo Maria Valli qui y fait savoir, avec franchise et simplicité, comment il a découvert la Tradition : « Le contexte postconciliaire dans lequel j’ai grandi – dans mon cas, celui du rite ambrosien [rite de l’archidiocèse de Milan. NDLR], ne m’a jamais confronté à des formes extrêmes de modernisme.

    « J’ai connu de bons prêtres et de bons religieux, respectueux de la liturgie, attentifs à ne pas faire manquer le sacrement de pénitence, pleins de révérence envers le culte marial, attentifs à l’adoration eucharistique. J’ai commencé à connaître personnellement les dégénérescences et les abus dans les années 1990, quand j’ai déménagé à Rome pour mon travail. »

    C’est à Rome qu’il fait la connaissance de la Fraternité Saint-Pie X : « En 2000, à l’occasion du Jubilé, j’ai rencontré pour la première fois les disciples de Mgr Marcel Lefebvre et j’ai été impressionné positivement. J’ai également commencé à étudier la figure du fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et, peu à peu, je me suis rendu compte qu’il avait manifesté immédiatement, à propos du Concile, les perplexités, les critiques et les doutes que j’éprouvais moi-même. »

    Le mal est dans l’illusion conciliaire d’une Eglise qui puisse plaire au monde

    Au sujet de Vatican II, Aldo Maria Valli écrit : « Le problème est précisément le Concile, et il n’est pas vrai que Vatican II était une bonne chose, mais qu’il a été mal interprété et instrumentalisé. Il n’est pas vrai, comme l’a soutenu le pape Ratzinger, qu’il y a eu un “concile des Pères” et un “concile des médias”, et que les déviations sont nées de ce dernier.

    « Bien sûr, le Concile a été et est largement exploité par le néo-modernisme, mais le mal est dans le Concile lui-même, c’est-à-dire dans son illusion de donner naissance à une Eglise qui puisse plaire au monde. Illusion et déviation, car l’Eglise ne doit pas plaire au monde. L’Eglise ne doit pas dialoguer avec le monde. L’Eglise doit convertir le monde. Jésus n’a pas dit “Allez dans le monde entier et dialoguez”. Il a dit : “Allez dans le monde entier et prêchez l’Evangile”. »

    Sur la situation causée par le pontificat actuel, le vaticaniste italien affirme sans ambages : « Le pontificat de François a provoqué une situation d’angoisse profonde dans l’Eglise », et « on a hâte que ce désastre prenne fin ». Il dénonce les effets de l’autoritarisme péroniste du pape argentin : « Dans les Palais sacrés, les gens vivent dans un climat de confusion, d’incertitude et de peur, avec un gouvernement exposé aux caprices du caudillo sud-américain.

    « Dans cette situation, la plupart font le mort, pour ne pas se faire remarquer par le chef, tandis que les courtisans tissent leur toile, mais à leurs risques et périls, car le tyran peut vous faire passer des étoiles aux écuries en un clin d’œil. A leur tour, les évêques sont fatigués. On parle beaucoup de synodalité, mais la réalité est celle d’un centralisme capricieux. La conséquence est que même les évêques essaient d’être invisibles. »

    Aldo Maria Valli précise : « Les cardinaux ne se connaissent pas, car le pape Bergoglio a soigneusement évité de leur offrir des occasions de véritables rencontres. En raison de ses nominations démagogiques, la qualité du Collège des cardinaux n’a jamais été aussi faible. Quand le défunt cardinal George Pell, dans son Mémorandum signé “Démos”, a écrit que “ce pontificat est un désastre, à bien des égards une catastrophe”, il savait ce qu’il disait. »

    Et pour compléter le tableau : « La plupart des fidèles ne sont toujours pas conscients [du désastre] et se laissent guider par une propagande progressiste et par des prêtres dont la formation ne peut même plus être qualifiée de catholique. Cependant, même pour les progressistes, il est devenu difficile d’exalter ce pape et ce pontificat.

    « François ne fait que répéter les mêmes concepts médiocres. Non seulement il ne confirme pas ses frères dans la foi, mais il n’offre même pas de véritables pistes de réflexion. Avec lui, c’est le pontificat lui-même, en tant qu’institution, qui a subi un coup terrible. »

    Et le vaticaniste italien conclut : « Il y a enfin une minorité de fidèles (mais c’est une minorité qui grandit sans cesse) qui a ouvert ou qui ouvre les yeux, mais qui se trouve souvent dans le désarroi, parce qu’il y a un manque presque total de points de référence parmi les pasteurs. »

    Don Daniele Di Sorco, Parole chiare sulla Chiesa. Perché c’è una crisi, dove nasce e come uscirne. Edizioni Radio Spada, 192 pages, 19,50 € (port en sus)

  • "L’UCLouvain défend le droit à l’avortement"

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    Des étudiants courageux ont osé rappeler que "l'IVG arrête un coeur et en brise un autre" (slogan vu à la Marche pour la Vie). Quel scandale ! Tous les bien-pensants font chorus contre ces abominables trublions "d'extrême-droite", y compris le journaliste de service de La Libre. Et le recteur de l'UCLouvain (jadis Université Catholique de Louvain) d'affirmer que son Université "défend le droit à l'avortement"... Cet unanimisme dans la promotion de l'avortement est vraiment inquiétant et manifeste un total mépris pour l'être humain en gestation.

    De Quentin Colette sur le site de La Libre :

    Tags anti-IVG à Louvain-la-Neuve : malheureusement "des groupes luttent contre les femmes et leurs libertés"

    La ministre des Droits des femmes, Bénédicte Linard, va amplifier son soutien aux associations luttant pour les droits des femmes.

     Début mai, des tags anti-interruption volontaire de grossesse étaient apparus à Louvain-la-Neuve. Des étudiants les ont vite détournés.

    Début mai, des tags anti-interruption volontaire de grossesse étaient apparus à Louvain-la-Neuve. Des étudiants les ont vite détournés.

    Début mai, un groupe d’activistes militant pour la suppression du droit à l’avortement – on ne sait pas si c’étaient des étudiants ou non – avait écrit des tags anti-interruption volontaire de grossesse sur des murs à Louvain-la-Neuve, dont certains de bâtiments de l’UCLouvain.

    Les réactions indignées des étudiants n’avaient pas tardé. "Non aux idées d’extrême droite sur notre campus ! L’avortement est un droit fondamental !" avait ainsi soutenu, sur Instagram, l’Union syndicale des étudiants de Louvain-la-Neuve (proche de la FGTB).

    "Le droit à l’avortement est à la base du droit de disposer de son corps et de la liberté d’avoir le choix, un choix qui n’a pas à être remis en question. Tout notre soutien aux femmes qui luttent pour leurs droits. Tant que ce genre d’acte arrivera et tant que le sexisme et les attaques aux droits des femmes continueront, on continuera de lutter, ensemble contre le sexisme", avait lancé sur Facebook le groupe Comac LLN (les jeunes PTB).

    Très vite, les étudiants avaient aussi détourné les tags pour les transformer en messages pro IVG.

    Mardi, en commission des Droits des femmes du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le député wallon Eddy Fontaine (PS) a regretté que "les groupes anti-IVG soient de plus en plus agressifs. Il faut donc poursuivre et amplifier le soutien aux associations qui aident les femmes concernées au quotidien. Quelle que soit notre appartenance politique, nous devons toutes et tous rester vigilants par rapport à cette menace".

    Il a dès lors interrogé la ministre Bénédicte Linard (Écolo) pour savoir comment elle allait réagir face à ces mouvements anti-IVG.

    La ministre a tout d’abord condamné ces actes qui montrent que, malheureusement, les droits et libertés des femmes ne doivent jamais être considérés comme acquis. Ces tags "attirent notre attention sur l’existence de groupes luttant contre les femmes et leurs libertés."

    Et d’ajouter: "En Belgique, les acteurs de terrain se font l’écho de la multiplication de témoignages relatifs à l’agressivité croissante des anti-IVG. Le fait que leurs tags apparaissent sur un campus met en avant le rôle spécifique joué par les établissements d’enseignement supérieur dans l’information et la sensibilisation au droit à l’IVG. En l’occurrence, je ne doute pas que l’UCLouvain condamnera ces agissements et prendra des mesures pour les prévenir. Je salue en outre la réaction de ses étudiants et étudiantes face à ces tags."

    Contactée, l’UCLouvain dit condamner ces tags

    Jusque-là, l’université n’avait pas réagi officiellement. Nous avons donc contacté son recteur, Vincent Blondel. "L’UCLouvain condamne sans aucune ambiguïté ces tags et dénonce clairement et fermement le message qu’ils portent. L’UCLouvain défend le droit à l’avortement dans les balises telles que prévues par la loi."

    Il ajoute que l’université s’assure que ses services d’aide puissent soutenir et orienter correctement les étudiantes concernées.

    Enfin, l’université a fait retirer les tags sur ses bâtiments dès qu’elle en a eu connaissance.

    En commission, la ministre Linard a, elle, rappelé que la Fédération finance structurellement des associations luttant pour les droits des femmes. "La propagande anti-avortement que véhiculent ces tags me conforte dans la nécessité de poursuivre et d’amplifier le soutien à ces associations."