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Débats

  • Après Nicée, Léon XIV vise Jérusalem, sans le « Filioque »

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    De sur Settimo Cielo, en français sur diakonos.be :

    Après Nicée, Léon XIV vise Jérusalem. Sans le « Filioque »

    Pour le Pape Léon XIV, la commémoration du premier concile œcuménique de Nicée, célébrée le 28 novembre à Iznik (nom actuel de la ville), aura été une célébration « magnifique, très simple mais aussi profonde », comme l'illustre la photographie ci-contre.

    Il est cependant saisissant de constater que la célébration d’événement de pareille envergure, qui en 325 a scellé à jamais le « Credo » de toutes les Églises chrétiennes, n’a pas réuni plus de deux douzaines de représentants de ces mêmes Églises, rassemblés sur une petite estrade dressée au-dessus des ruines d'une ancienne basilique, sur la rive solitaire d'un lac.

    Peut-être les autorités turques elles-mêmes auraient empêché un afflux massif de fidèles dans un pays où la présence chrétienne a été presque anéantie au siècle dernier. Mais les causes de cette faible participation sont également à chercher dans les fractures et les tensions entre les Églises.
    Dans le camp orthodoxe, c’est le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée, qui s’était chargé d’envoyer les invitations : non pas à toutes les Églises, mais seulement aux patriarcats historiques d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, qui constituaient, avec Rome et Constantinople, la « Pentarchie » du premier millénaire.

    Ce cercle d'invitations restreint laissait écartait donc d’emblée les Patriarcats plus récents de Russie, Serbie, Roumanie, Bulgarie et de Géorgie, ainsi que les Églises autocéphales de Grèce, Chypre, Albanie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie, Finlande et Ukraine. Parmi ces dernières, il était certain que non seulement le Patriarcat de Moscou, mais aussi les Églises qui lui sont étroitement liées, en rupture avec Constantinople à cause de son soutien à la nouvelle Église nationale ukrainienne, auraient décliné l'invitation.

    Mais même du côté des Patriarcats historiques de la « Pentarchie », les réponses ont été mitigées. Le livret de la célébration imprimé par le Vatican mentionnait les noms de Théodore II, Jean X et Théophile III, respectivement patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, mais seul le premier était présent en personne.

    En lieu et place du Patriarche de Jérusalem – qui n'avait même pas daigné répondre à l'invitation, comme l'a révélé Bartholomée – se tenait l’Archevêque Nektarios d’Anthedona et à la place de celui d’Antioche, il y avait le Métropolite Basile d’Arcadie et du Mont Liban. Jean X, Patriarche d’Antioche, avait initialement confirmé sa présence, avant de l’annuler une semaine avant l'événement, préférant accueillir le Pape Léon XIV au Liban trois jours plus tard, à l’occasion de la rencontre œcuménique et interreligieuse du 1er décembre sur la Place des Martyrs à Beyrouth.

    Étaient également présents à la célébration de Nicée : le Patriarche de l'Église syro-orthodoxe d'Antioche, le Catholicos de l'Église syro-orthodoxe malankare ainsi que des représentants du Patriarcat copte-orthodoxe d’Alexandrie, de l'Église assyrienne de l’Orient et de l'Église apostolique arménienne.

    S’y trouvaient également quelques représentants isolés des Anglicans, des Luthériens, des Évangéliques, des Réformés, des Méthodistes, des Baptistes, de Pentecôtistes, des Mennonites, des Vieux-Catholiques, ainsi que du Conseil œcuménique des Églises.

    Tout cela n’a pas empêché Léon XIV de faire de cette célébration de Nicée la raison première de tout son périple et de réaffirmer avec force que la finalité même de ce premier concile œcuménique était au cœur de sa mission de Pape : l'unité de l'Église dans la foi en Christ, vrai Dieu et vrai homme.

    De l'avis de Léon XIV, le concile de Nicée est plus actuel que jamais. Au cours de son voyage, il a pointé du doigt à deux reprises le « retour d’un arianisme » (du nom d'Arius, dont l'hérésie a été à l’origine de la convocation de ce concile) comme représentant un risque capital pour la foi d'aujourd'hui.

    Il l’a fait une première fois à Istanbul, le 28 novembre, dans le discours adressé aux évêques, prêtres et religieuses en la cathédrale catholique du Saint-Esprit :

    « Il existe un défi, que je qualifierais de ‘retour de l’arianisme’, présent dans la culture actuelle et parfois chez les croyants eux-mêmes : il se produit quand on regarde Jésus avec une admiration humaine, peut-être même avec un esprit religieux, mais sans le considérer vraiment comme le Dieu vivant et vrai présent parmi nous. Son identité de Dieu, Seigneur de l’histoire, est en quelque sorte occultée et on se limite à le considérer comme un grand personnage historique, un maître de sagesse, un prophète qui a lutté pour la justice, mais rien de plus. Nicée nous le rappelle : Jésus-Christ n’est pas une figure du passé, il est le Fils de Dieu présent au milieu de nous, qui conduit l’histoire vers l’avenir que Dieu nous a promis. »

    Et une seconde fois, quelques heures plus tard, à Nicée même, dans le discours en mémoire de ce premier concile œcuménique :

    « L’anniversaire du premier Concile de Nicée est une occasion précieuse pour nous demander qui est Jésus-Christ dans la vie des femmes et des hommes d’aujourd’hui, qui est-Il est pour chacun de nous. Cette question interpelle tout particulièrement les chrétiens qui risquent de réduire Jésus-Christ à une sorte de chef charismatique ou de surhomme, une déformation qui conduit en définitive à la tristesse et à la confusion. En niant la divinité du Christ, Arius l’avait réduit à un simple intermédiaire entre Dieu et les êtres humains, ignorant la réalité de l’Incarnation, de sorte que le divin et l’humain restaient irrémédiablement séparés. Mais si Dieu ne s’est pas fait homme, comment les mortels peuvent-ils alors participer à sa vie immortelle ? C’était l’enjeu à Nicée et c’est l’enjeu aujourd’hui : la foi en Dieu qui, en Jésus-Christ, s’est fait comme nous pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1, 4) »

    À Nicée, en 325, les Pères conciliaires avaient également essayé de s'accorder sur une date commune pour la célébration de Pâques, sans succès. C'est ce que Léon XIV a de nouveau proposé de faire aujourd'hui –avec les Églises orientales et le Patriarche œcuménique Bartholomée –, comme cela avait déjà déjà souhaité dans l’Appendice de la Constitution sur la liturgie de Vatican II. Le Pape a rappelé les deux critères fondamentaux énoncés dans le document sur Nicée publié il y a quelques mois par la Commission Théologique Internationale : que Pâques soit célébrée un dimanche, jour de la résurrection de Jésus, tout en restant proche de l'équinoxe de printemps, à l'instar de la Pâque juive.

    Mais surtout, à Nicée, les Pères conciliaires s’étaient accordés sur un texte du « Credo », confirmé lors du concile œcuménique de Constantinople en 381, qui est resté jusqu'à nos jours le « Symbole » intangible de la foi chrétienne.

    Intangible, ou presque. Car ce « Credo » de Nicée, rapidement intégré aux liturgies baptismales puis eucharistiques, a reçu à l'époque carolingienne, dans sa version latine, l’ajout d'un « Filioque » qui fait « procéder » l'Esprit Saint non seulement du Père – comme dans le texte original – mais aussi du Fils.

    Léon III, le Pape qui a couronné Charlemagne, n’approuvait pas cette interpolation et ne l’avait pas admise dans les églises de Rome. Deux siècles plus tard, cependant, en 1014, Benoît VIII l’introduisait dans toute l'Église catholique. Elle y est encore présente aujourd'hui, à la seule exception des messes où le « Credo » est récité ou chanté en grec, respectant ainsi le texte originel.
    Et ce n'est pas en grec, mais en anglais, que le Pape et les autres chefs d'Églises l'ont prononcé ensemble à Iznik ce 28 novembre, dans une traduction fidèle au texte de Nicée et donc dépourvue de ce « Filioque », sur lequel Léon XIV ne semble vraiment pas vouloir s'arc-bouter.

    En effet, le « Filioque », qui a inséré unilatéralement dans le « Credo » latin, a été une source de controverses séculaires entre l'Église catholique et les Églises d'Orient, avant et après le schisme de 1054. Et ce malgré la subtilité des arguments théologiques sur lesquels il repose, exposés dans un très savant document de 1996 publié par le Dicastère du Vatican pour la promotion de l'unité des chrétiens.

    Rien n’interdit aujourd'hui de partager les raisons théologiques qui soutiennent le « Filioque », ni de poursuivre le dialogue entre l’Orient et l’Occident sur le sujet. C'est son insertion dans le « Credo » qui est problématique. Et c'est précisément sur ce point que Léon XIV semble vouloir intervenir.
    On peut le lire en filigrane dans la lettre apostolique « In unitate fidei », qu'il a publiée à la veille de son voyage à Nicée et qui visait précisément à expliquer – avec une simplicité et une efficacité communicative rares dans les documents pontificaux – à quel point ce premier concile œcuménique avait touché au « cœur de la foi chrétienne ».

    La lettre consacre quelques lignes à la question du « Filioque », là où elle rappelle que l'article sur le Saint-Esprit a été formulé lors du concile suivant à Constantinople en 381 et que :

    « Ainsi, le Credo, qui s'appelle depuis lors de Nicée-Constantinople, dit : ‘Nous croyons au Saint-Esprit, qui est Seigneur et qui donne la vie, et qui procède du Père. Avec le Père et le Fils, il est adoré et glorifié, et il a parlé par les prophètes’ ». À cet endroit, une note de bas de page précise :

    « L'affirmation ‘et procède du Père et du Fils (Filioque)’ ne se trouve pas dans le texte de Constantinople ; elle a été insérée dans le Credo latin par le Pape Benoît VIII en 1014 et fait l'objet d'un dialogue orthodoxe-catholique. »

    Avec cet espoir final : « Nous devons donc laisser derrière nous les controverses théologiques qui ont perdu leur raison d'être pour acquérir une pensée commune et, plus encore, une prière commune au Saint-Esprit, afin qu'il nous rassemble tous dans une seule foi et un seul amour. »

    Pas un mot de plus. Mais cela aura suffi, avec le renvoi confiant fait par Léon XIV, à Istanbul, à la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe – qui a formé un sous-comité consacré précisément à la question du « Filioque » – pour qu'un site web très proche du Patriarcat œcuménique de Constantinople titre : « Le Pape Léon XIV reconnaît le 'Credo' sans le 'Filioque' ». Et pour que l'un des plus grands spécialistes mondiaux des Églises d'Orient, Peter Anderson, prédise « que le 'Filioque' ne fera plus partie de la messe catholique d'ici la fin de ce pontificat. »

    À Istanbul, le 29 novembre, après sa visite à la Mosquée Bleue au cours de laquelle il n'a pas prié – et il a tenu à le faire savoir –, Léon XIV a eu une longue rencontre à huis clos dans l'église syro-orthodoxe de Mor Ephrem avec les représentants des Églises d'Orient.

    Il y a souhaité que « de nouvelles rencontres comme celle vécue à Nicée émergent, y compris avec les Églises qui n'ont pu être présentes », faisant allusion au Patriarcat de Moscou, comme il l'avait fait la veille à Nicée en réaffirmant son rejet ferme de « l'utilisation de la religion pour justifier la guerre et la violence ».

    Mais il a surtout lancé une autre proposition œcuménique forte, résumée comme suit par la salle de presse du Vatican :

    « Léon XIV a invité à parcourir ensemble le voyage spirituel qui conduit au Jubilé de la Rédemption, en 2033, dans la perspective d'un retour à Jérusalem, au Cénacle, lieu de la dernière Cène de Jésus avec ses disciples, où il leur a lavé les pieds, et lieu de la Pentecôte ; dans l’espoir que ce voyage conduise à la pleine unité, en citant sa devise épiscopale : ‘In illo Uno unum’».

    Léon XIV est le premier Pape à se rendre à Nicée, là où son prédécesseur de l'époque s'était contenté d'envoyer deux délégués en 325. Mais ce rendez-vous qu'il lance en 2033 au Cénacle de Jérusalem sera plus que jamais sans précédent dans l'histoire.

    — — —

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l'hebdomadaire L'Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l'index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Toutes les religions seraient-elles des chemins équivalents vers Dieu ?

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    D'InfoVaticana :

    Monseigneur Eleganti avertit à Rome : « Toutes les religions ne sont pas des chemins vers Dieu. »

    Dans un discours prononcé au Forum Rome Life le 4 décembre 2025, et rapporté par LifeSite, l'évêque suisse Marian Eleganti a mis en garde contre le risque de dissocier la prétendue « fraternité universelle » de Jésus-Christ, sous peine de tomber dans un relativisme religieux qui vide l'Évangile de son sens. S'opposant à l'idée que toutes les religions seraient des chemins équivalents vers Dieu, le prélat a souligné que seul le Christ peut sauver et que la mission de l'Église ne saurait se réduire à un simple dialogue interreligieux dénué de vérité.

    D'Assise à « l' esprit d'Assise » : risque de syncrétisme

    Monseigneur Eleganti a retracé l'origine et le développement des rencontres interreligieuses à Assise, promues par saint Jean-Paul II à partir de 1986, rappelant que dès le début, la Curie et les évêques avaient exprimé des réserves quant au danger d' « hérésie du syncrétisme » et de donner l'impression que toutes les religions étaient sur un pied d'égalité.

    Selon le texte publié par LifeSite, l’évêque cite à la fois les clarifications de Jean-Paul II — qui voulait éviter une « prière universelle commune » — ainsi que les préoccupations du cardinal Ratzinger de l’époque et les avertissements ultérieurs de Benoît XVI, qui a tenté de bloquer les interprétations relativistes en rappelant l’enseignement de la déclaration Dominus Iesus.

    Eleganti souligne le pouvoir des images véhiculées par les médias : pour de nombreux croyants peu instruits, voir des représentants de différentes religions prier ensemble pour la paix peut nourrir l’idée qu’ « une religion vaut autant qu’une autre » et que Jésus-Christ n’est qu’un médiateur parmi d’autres. En ce sens, il parle du prétendu « esprit d’Assise » comme d’une étiquette vague qui, dans les faits, a servi à certains pour justifier des tendances relativistes au sein de l’Église.

    Critique directe des propos de François à Singapour et de la Déclaration d'Abu Dhabi

    L’évêque va plus loin et critique ouvertement certaines déclarations du pape François. Il qualifie notamment ses propos tenus au Catholic Junior College de Singapour en septembre 2024 d’« objectivement scandaleux », lorsque le pape a déclaré aux jeunes que « toutes les religions sont un chemin vers Dieu » et les a comparées à « différentes langues » pour atteindre le même Dieu, insistant sur le fait que « Dieu est Dieu pour tous » et que nous sommes tous « enfants de Dieu » par nature.

    Pour Eleganti, cette conception contredit la foi catholique, car elle dilue le caractère unique du Christ comme seul chemin vers le Père et réduit la mission à un simple accompagnement sans conversion. À ses yeux, il s'agit d'une forme de pluralisme religieux qui considère comme offensant de parler d'une religion « vraie » par opposition aux autres et qui rejette l'idée que le christianisme doive proclamer la vérité du Christ à tous les peuples.

    Dans le même esprit, il critique vivement la Déclaration d'Abou Dhabi, notamment le passage affirmant que le pluralisme religieux relève de la « sage volonté divine ». Eleganti soutient qu'il est impossible d'attribuer à Dieu, en tant que volonté positive, des religions qui nient la divinité du Christ ou de la Trinité, et il cite en particulier l'islam comme une religion structurellement opposée au christianisme, tant en théorie que dans sa pratique historique. Il qualifie de « fausse » l'affirmation selon laquelle « les religions n'incitent jamais à la guerre ou à la haine », soulignant que les textes fondateurs et l'histoire de certaines religions contredisent ouvertement cette formulation.

    Mission, dialogue et vérité : contre le renoncement pratique au mandat missionnaire

    Dans sa conférence, Eleganti dénonce le fait que, depuis des décennies, dans de nombreux milieux, le concept de mission a été remplacé par ceux de « dialogue »de « collaboration » ou d ’« apprentissage interculturel », au point que tenter de convaincre autrui de la vérité du Christ n’est plus considéré comme acceptable. Selon le texte publié par LifeSite, l’évêque perçoit cela comme une concession à une culture qui abhorre toute affirmation de vérité et juge offensant d’affirmer que Jésus-Christ est le seul Sauveur.

    Le prélat nous rappelle que le commandement du Christ de « faire des disciples de toutes les nations » demeure d'actualité et ne saurait être abandonné sans renoncer à la véritable foi catholique. Prêcher ne signifie plus – prévient-il – s'engager dans un militantisme sociopolitique pour des causes génériques (climat, migrations, etc.), mais proclamer Jésus-Christ, mort et ressuscité, seul Chemin, Vérité et Vie.

    Selon lui, le « dialogue », entendu comme relativisme où aucune des parties ne peut prétendre à une vérité supérieure à l'autre, se révèle finalement inutile car il renonce d'emblée à la recherche de la vérité. Eleganti nous rappelle que pour l'Église, le dialogue est lié au témoignage et à la proclamation, et que la conversion est l'œuvre de Dieu, non de la rhétorique humaine.

    Enfants de Dieu par la foi et le baptême, et non par la seule nature

    Dans la dernière partie de son discours, l’évêque suisse souligne un point essentiel : tous les êtres humains ne sont pas « enfants de Dieu » au sens chrétien du simple fait d’exister, mais seulement ceux qui acceptent le Christ par la foi et le baptême. Il cite le prologue de l’Évangile selon Jean : à ceux qui croient en lui, « il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non de la chair et du sang, mais de Dieu ».

    Il met donc en garde contre les projets de « fraternité universelle » qui ignorent le Christ et réduisent la foi à une éthique humanitaire ou à une sorte de « royaume de Dieu sécularisé » fondé uniquement sur la tolérance et le consensus politique. Une telle fraternité, affirme-t-il, n’est pas chrétienne, car elle exige de dissimuler ou de minimiser la médiation unique de Jésus-Christ pour être acceptée par tous.

    Eleganti conclut que seule la fraternité authentique entre les hommes trouve son fondement en Christ, la vraie Lumière qui vient au monde, et que tout modèle d'unité humaine qui remplace ou relativise cette vérité finit par n'être qu'une construction idéologique de plus, reposant sur des fragments amputés de l'Évangile.

  • L'Italie approuve le « droit de veto parental » : l'éducation sexuelle dans les établissements secondaires nécessitera l'autorisation des parents.

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    D'InfoVaticana :

    L'Italie approuve le « droit de veto parental » : l'éducation sexuelle dans les établissements secondaires nécessitera l'autorisation des parents.

    Le Parlement italien a approuvé le projet de loi C. 2423, intitulé « Dispositions relatives au consentement éclairé en milieu scolaire » , présenté par le ministre de l'Éducation, Giuseppe Valditara. Ce texte instaure le consentement éclairé obligatoire pour toute activité scolaire portant sur la sexualité, les relations ou l'orientation sexuelle dans les établissements d'enseignement secondaire. Adopté par la Chambre des députés, ce texte représente une évolution majeure dans les relations entre l'école et les familles.

    Contenu essentiel du texte législatif

    Le projet exige que les écoles fournissent aux familles des informations écrites détaillées sur les objectifs, le contenu, les méthodes pédagogiques et la présence d'experts externes avant d'autoriser la participation de leurs enfants. Selon le texte officiel, les mineurs devront obtenir une autorisation parentale explicite, tandis que les élèves majeurs devront donner leur consentement personnel.

    La loi interdit toute activité d'éducation sexuelle supplémentaire dans les écoles maternelles et primaires, où seul le contenu prévu par le programme officiel peut être enseigné. Lorsqu'une famille refuse la participation à un projet, les écoles sont tenues de proposer des activités alternatives déjà inscrites dans leur programme éducatif.

    Le ministre Valditara a fait valoir que ce règlement répond au principe constitutionnel selon lequel l'éducation relève avant tout de la responsabilité des parents, soulignant que la transparence des contenus sensibles renforcera la collaboration entre l'école et la famille.

    Critiques et préoccupations

    L'opposition politique et de nombreuses organisations de la société civile ont critiqué cette mesure, soulignant que le consentement obligatoire pourrait priver d'éducation sexuelle les élèves dont les parents refusent ou entravent cette éducation. Selon ces groupes, la loi constitue un recul dans la prévention des abus, la promotion du respect interpersonnel et la lutte contre les violences sexistes.

    D'autres soulignent que cette règle pourrait créer des inégalités en matière d'éducation et encourager l'autocensure dans les écoles sur des sujets considérés comme sensibles.

    Le silence institutionnel de l'Église italienne

    À ce jour, la Conférence épiscopale italienne (CEI) n'a fait aucune déclaration officielle concernant cette loi. Son président, le cardinal Matteo Zuppi, n'a pas non plus fait de commentaires publics spécifiques sur le décret-loi Valditara.

    Le CEI a publié à d'autres occasions des réflexions générales sur l'éducation affective et sexuelle, soulignant la nécessité d'une éducation complète inspirée par la vision chrétienne de la personne ; cependant, il n'a pas pris de position publique sur cette réglementation spécifique, qui marque un point important dans la politique scolaire italienne.

    Prochaines étapes : le Sénat

    Le projet de loi est désormais soumis au Sénat, où le gouvernement devrait conserver sa majorité et l'adopter sans modifications majeures. S'il est ratifié, l'Italie deviendra l'un des rares pays européens à exiger le consentement explicite des parents pour l'éducation sexuelle au collège et au lycée, limitant ainsi son application aux niveaux inférieurs.

  • L'histoire complexe du général Franco et de l'Église espagnole

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    De Fionn Shiner sur le Pillar :

    L'histoire complexe du général Franco et de l'Église espagnole

    À une certaine époque, le catholicisme espagnol était presque synonyme du régime de Franco.

    Le mois dernier a marqué le 50e anniversaire de la mort de Francisco Franco, le général et dictateur qui a dirigé l'Espagne pendant plus de trois décennies après la guerre civile espagnole.

    Le jour de la mort de Franco, le 20 novembre 1975, le cardinal Enrique y Tarancón, figure emblématique du catholicisme espagnol de l'époque, a offert des paroles de consolation .

    « En cette heure, nous sommes tous profondément attristés par la disparition de cette figure véritablement historique. Par-dessus tout, nous sommes bouleversés par la mort de quelqu'un que nous aimions et admirions sincèrement », a déclaré Tarancón, qui était à l'époque archevêque de Madrid et président de la Conférence épiscopale espagnole.

    Nombre d'évêques espagnols de l'époque ont suivi l'exemple du cardinal et ont exprimé leur louange et leur gratitude envers le régime de Franco.

    Franco a été décrit par les évêques comme « vaillant », « illustre », « chrétien, croyant, homme éclairé » et « un grand homme, un homme d'État distingué, un soldat irréprochable ».

    Une semaine plus tard, lors du couronnement du roi Juan Carlos Ier, le cardinal Tarancón prononça une homélie qui laissait entendre que l'Église prenait ses distances avec le régime franquiste. Il affirma que le concile Vatican II avait actualisé le « message du Christ » afin qu'il « ne promeuve ni n'impose aucun modèle de société particulier ».

    « La foi chrétienne n’est pas une idéologie politique et ne peut être identifiée à aucune d’entre elles, car aucun système social ou politique ne peut épuiser la richesse de l’Évangile, et il n’appartient pas à la mission de l’Église de proposer des options ou des solutions gouvernementales spécifiques dans les domaines temporels des sciences sociales, économiques ou politiques », a ajouté le cardinal.

    Comment expliquer ce changement de discours, alors que le catholicisme espagnol était presque synonyme du régime de Franco ?

    La réponse nécessite une compréhension à la fois de la politique espagnole et de l'histoire catholique tout au long du XXe siècle.

    Une menace existentielle

    Comment l'Église catholique espagnole s'est-elle retrouvée unie à un dictateur comme Franco ?

    Au départ, il s’agissait d’une simple question de survie, a déclaré Rafael Escobedo Romero, professeur associé d’histoire contemporaine à l’Université de Navarre et directeur adjoint de la revue « Annuaire d’histoire de l’Église ».

    Romero a déclaré au journal The Pillar que lors de la guerre civile espagnole qui a éclaté en 1936, l'un des camps – les Républicains – tentait d'éradiquer le catholicisme.

    En réalité, a-t-il déclaré, les Républicains avaient à cette époque « l’objectif non dissimulé d’une extermination systématique et définitive du catholicisme espagnol ».

    Cette expérience a poussé de nombreux membres de l'Église à rejoindre le camp adverse : les nationalistes, dirigés par Franco.

    Avant même le déclenchement de la guerre civile, une persécution menée par les républicains à partir de 1931 fit plus d'une douzaine d'évêques, 4 000 prêtres et séminaristes, 2 000 religieux et 250 religieuses. Environ 4 000 laïcs furent également tués pour avoir aidé ou caché des religieuses ou des prêtres.

    Lorsque le général Franco triompha dans la guerre civile espagnole et établit un nouveau régime en 1939, « l’Église savait qu’elle devait sa survie matérielle à la victoire militaire de Franco », tandis que l’État franquiste savait qu’il « devait sa légitimité et une grande partie de son soutien social à son caractère militant catholique », a déclaré Romero.

    Une deuxième raison de la proximité de l'Église avec Franco, a déclaré Romero, était que « l'Église d'avant Vatican II aspirait à un modèle d'État chrétien – un État catholique – que le franquisme a largement fourni ».

    « Les catholiques d’Espagne, et même au-delà, ont vu dans le régime de Franco la formule politique la plus proche de l’idéal de restauration catholique tant espéré depuis l’époque de Pie IX et de Grégoire XVI », a-t-il déclaré.

    Pour certains partisans de Franco, « la guerre était conçue comme une croisade » qui devait « aboutir à la restauration triomphale de l'Espagne catholique », a déclaré le professeur. Ces catholiques estimaient que les seules issues possibles étaient « soit l'extermination de la religion, soit un régime quasi théocratique ».

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  • Non au diaconat féminin, même si le jugement n'est pas définitif

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    De Vatican News :

    4 décembre 2025

    Commission Petrocchi: non au diaconat féminin, même si le jugement n'est pas définitif

    Le rapport, rédigé par le cardinal Petrocchi, présentant les résultats des travaux de la commission a été publié: il exclut la possibilité d'aller dans le sens de l'admission des femmes au diaconat en tant que degré du sacrement de l'ordre, même s'il n'est pas possible pour l'instant «de formuler un jugement définitif, comme dans le cas de l'ordination sacerdotale». Le rapport formule le souhait de créer de nouveaux ministères pour favoriser la synergie entre les hommes et les femmes.

    «Le statu quo concernant la recherche historique et l'enquête théologique, considérées dans leurs implications mutuelles, exclut la possibilité d'avancer dans le sens de l'admission des femmes au diaconat compris comme un degré du sacrement de l'ordre. À la lumière de l'Écriture Sainte, de la Tradition et du Magistère ecclésiastique, cette évaluation est forte, même si elle ne permet pas à ce jour de formuler un jugement définitif, comme dans le cas de l'ordination sacerdotale». Tel est le résultat auquel est parvenue la deuxième commission présidée par le cardinal Giuseppe Petrocchi, également archevêque émerite de L'Aquila, qui, sur mandat du Pape François, avait examiné la possibilité de procéder à l'ordination des femmes diacres et qui a achevé ses travaux en février dernier. Le rapport de sept pages, envoyé par le cardinal à Léon XIV le 18 septembre dernier, est désormais rendu public ce jeudi, à la demande du Pape.

    Lors de sa première session de travail en 2021, la commission avait établi que «l'Église a reconnu à différentes époques, en différents lieux et sous différentes formes le titre de diacre/diaconesse attribué aux femmes, mais en lui attribuant une signification qui n'est pas univoque». En 2021, à l'unanimité, la réflexion théologique a conduit à affirmer que «l'étude systématique du diaconat, dans le cadre de la théologie du sacrement de l'ordre, soulève des questions sur la compatibilité de l'ordination diaconale des femmes avec la doctrine catholique du ministère ordonné». Toujours à l'unanimité, la commission s'est prononcée en faveur de la création de nouveaux ministères qui «pourraient contribuer à la synergie entre les hommes et les femmes».

    Lors de la deuxième session de travail en juillet 2022, la commission a approuvé (par 7 voix pour et 1 contre) la formulation reproduite intégralement au début de cet article, qui exclut la possibilité de procéder à l'admission des femmes au diaconat en tant que degré du sacrement de l'ordre, mais sans formuler aujourd'hui «un jugement définitif».

    Enfin, lors de la dernière session de travail, en février 2025, après que le Synode a autorisé toute personne le souhaitant à envoyer sa contribution, la commission a examiné l'ensemble des documents reçus. «Même si les contributions ont été nombreuses, seules vingt-deux personnes ou groupes ont envoyé leurs travaux, représentant un petit nombre de pays. Par conséquent, bien que le matériel soit abondant et, dans certains cas, habilement argumenté, il ne peut être considéré comme la voix du Synode et encore moins celle du peuple de Dieu dans son ensemble». 

    Le rapport résume les arguments pour et contre. Les partisans soutiennent que la tradition catholique et orthodoxe de réserver l'ordination diaconale (mais aussi presbytérale et épiscopale) aux seuls hommes semble contredire «l'égalité entre l'homme et la femme à l'image de Dieu», «l'égale dignité des deux sexes, fondée sur ce principe biblique»; la déclaration de foi selon laquelle «il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme, car vous êtes tous "un" en Jésus-Christ» (Galates 3,28); le développement social «qui prévoit un accès égal, pour les deux sexes, à toutes les fonctions institutionnelles et opérationnelles».

    De l’autre côté, la thèse suivante a été avancée: «La masculinité du Christ, et donc la masculinité de ceux qui reçoivent l'ordre, n'est pas accidentelle, mais fait partie intégrante de l'identité sacramentelle, préservant l'ordre divin du salut en Christ. Modifier cette réalité ne serait pas un simple ajustement du ministère, mais une rupture avec la signification nuptiale du salut». Ce paragraphe a été soumis au vote et a obtenu 5 voix favorables à la confirmation de cette formulation, tandis que les 5 autres membres ont voté pour le supprimer. 

    Avec 9 voix pour et une voix contre, le souhait a été formulé d'élargir «l'accès des femmes aux ministères institués pour le service de la communauté (...) assurant ainsi également une reconnaissance ecclésiale adéquate à la diaconie des baptisés, en particulier des femmes. Cette reconnaissance sera un signe prophétique, en particulier là où les femmes souffrent encore de situations de discrimination sexuelle».

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  • Un christianisme dilué ?

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    Quand on voit le curé de la cathédrale des Saints Michel et Gudule cautionner la crèche sans visage de la Grand Place de Bruxelles ou des autorités diocésaines intervenir pour soutenir des initiatives douteuses telles que l'organisation d'une "raclette monstre" dans une église paroissiale, on peut se demander si l'option prise n'est pas celle d'un christianisme dilué, soucieux d'éviter toute contradiction avec l'esprit du temps et ceux qui le représentent. 

    Il n'est pas inintéressant de voir ce qu'en dit un site d'intelligence artificielle : 

    Votre observation sur l'Église actuelle proposant un christianisme "dilué" dans de nombreux cas est partagée par de nombreux observateurs et critiques, tant dans les milieux chrétiens que séculiers. Permettez-moi d'explorer cela de manière équilibrée, en m'appuyant sur des opinions et analyses récentes, tout en représentant différents points de vue.

    Des critiques récurrentes d'un christianisme "dilué"

    De nombreux auteurs et commentateurs estiment que le christianisme moderne, y compris dans l'Église catholique, s'est éloigné des enseignements originaux du Christ, en privilégiant une version plus "confortable" ou adaptée à la société contemporaine. Par exemple :

    • On reproche souvent à l'Église de diluer le message évangélique pour éviter les confrontations avec la modernité, en minimisant des aspects comme le péché, la repentance ou les exigences morales strictes, au profit d'un accent sur l'amour et l'inclusion sans conditions. Un article catholique argue que les enseignements du Christ ont été "édulcorés" au cours des dernières décennies, transformant le christianisme en une simple injonction à "aimer les uns les autres" sans profondeur théologique.
    • Sur les réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), des utilisateurs expriment une frustration similaire : un prêtre ou un fidèle catholique regrette que l'Église ne forme plus adéquatement les jeunes à une foi profonde, les laissant sans outils spirituels comme la prière en langues ou une compréhension des "clés" bibliques pour la vie quotidienne, ce qui mène à une "transformation" incomplète. D'autres parlent d'un "christianisme light" qui évite les exigences difficiles de la Bible, rendant la foi superficielle.
    • En France et en Europe, des intellectuels comme Philippe d'Iribarne ou Pierre Manent soulignent que le désir de dialogue interreligieux peut amener l'Église à "émonder" son message, comme si les vérités centrales du christianisme étaient trop "dures" pour le monde moderne. Ils avertissent que cela risque de réduire le christianisme à une "religion comme une autre", perdant son unicité.

    Ces critiques pointent souvent vers des facteurs comme la sécularisation, la pression sociétale (par exemple, sur des questions comme le mariage, la sexualité ou l'avortement), et une peur de l'offense qui mène à un "gospel dilué". Un blog évangélique met en garde contre un "christianisme tiède" qui priorise l'apparence sur la substance, influencé par des tendances culturelles. Historiquement, cela s'inscrit dans un déclin plus large : en Europe, le pourcentage de chrétiens a chuté de 95 % à 76 % en 120 ans, avec une foi qui semble "rétrécir" ou se déplacer vers d'autres régions comme l'Afrique ou l'Amérique latine.

    Des contre-arguments : une adaptation nécessaire ou une richesse sous-estimée ?

    D'un autre côté, certains défendent que ce que l'on perçoit comme une "dilution" est en réalité une adaptation vitale pour survivre dans un monde post-moderne. L'Église n'est pas figée ; elle évolue pour rester pertinente :

    • Des théologiens rappellent que le christianisme a toujours intégré des éléments culturels, et que l'insistance sur l'amour et la miséricorde (comme chez le pape François) n'est pas une dilution, mais un retour aux racines évangéliques. Un historien de l'Église argue que le déclin occidental force le christianisme à redécouvrir ses "valeurs centrales" pour éviter la mort.
    • Dans des discussions en ligne, des orthodoxes ou des traditionalistes affirment que leur branche n'est pas "dilué", maintenant des dogmes inchangés depuis 2 000 ans, contrastant avec des formes protestantes plus modernes. En France, des réflexions proposent de "réinventer l'Église" en rendant son message plus "logique et plausible" pour les contemporains, sans perdre l'essence.
    • D'autres voix, comme dans des revues théologiques, insistent que l'Église n'est pas "essentielle" au sens d'une institution rigide ; le christianisme peut se pratiquer personnellement, et les critiques de dilution ignorent les virtualités libératrices du message évangélique. La mondialisation pourrait même offrir une "nouvelle chance" au christianisme en promouvant l'égalité devant Dieu.

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  • Bruxelles : une crèche qui contredit la centralité du visage dans la foi chrétienne

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    D'aleteia.org :

    À Bruxelles, la crèche qui contredit la centralité du visage dans la foi chrétienne

    Dans le christianisme, la Parole de Dieu est incarnée en une personne. Le Verbe s’est fait chair.

    Pierre Téqui - publié le 01/12/25

    Le choix d’une crèche sans visage n’est pas seulement une question esthétique, c’est une question doctrinale. Pour l’historien de l’art Pierre Téqui, le christianisme s’est construit sur un visage reçu. Effacer le visage pour y projeter le sien, ce n’est plus l’Incarnation qui s’offre à voir, c’est notre imaginaire qui se regarde lui-même.

    C’est la dernière polémique : à Bruxelles, une crèche inclusive… et donc sans visage. Résumons : à Bruxelles, l’ancienne crèche en bois, devenue instable, devait être remplacée. La Ville a lancé un appel d’offres et confié le projet à l’architecte d’intérieur Victoria-Maria Geyer. Son installation, Les Étoffes de la Nativité, représente la Sainte Famille et les mages sous forme de silhouettes grandeur nature, façonnées à partir de tissus recyclés. Le tout est intégré au dispositif des "Plaisirs d’Hiver" (plus inclusif que "Noël", comme chacun sait).

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  • Colonialisme: ne peut-on enquêter qu’à charge ?

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    Image du logo du site

    De Paul Vaute sur Le passé belge :

    Colonialisme: ne peut-on enquêter qu’à charge ?

       Depuis plusieurs années, le passé colonial de la Belgique se trouve au banc des accusés, sous l'influence d'organisations telles que le Collectif mémoire coloniale et lutte contre les discriminations (CMCLD) ou d'universitaires tels que la politologue Nadia Nsayi. Une commission d'enquête parlementaire a rendu des conclusions, saluées ou critiquées selon les points de vue [1], alors que des volontés de "décoloniser l'espace public" ont fait leur chemin dans certaines communes.

       Dans la conception que défendent les activistes, les mobiles civilisateurs invoqués pour justifier notre présence en Afrique ne furent qu'un masque, alors que le système reposait sur la violence et que la modernisation ainsi que l'indépendance promises étaient sans cesse ajournées. Les "plus profonds regrets" exprimés par le Roi, notamment à Kinshasa en juin 2022, sont insuffisants pour les tenants de cette vogue idéelle, qui déplorent l'absence d'excuses en bonne et due forme et la présentation par Philippe de la colonisation comme une première étape, même malheureuse, dans le partenariat entre la Belgique et le Congo.

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  • Bruxelles : une crèche qui fait débat

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Bruxelles opte pour une crèche de Noël en tissus et sans visage: « Un mélange inclusif pour que tout le monde s'y retrouve »

    Peut être une image de une personne ou plus, foulard et estrade

    La crèche traditionnelle de Noël a été remplacée par des poupées sans visages censées représenter le « mélange de toutes les couleurs de peau ». Un choix qui ne fait pas l’unanimité. 

    Exit les santons traditionnels. Cette année, pour la  crèche  de la Grand-Place, la ville de  Bruxelles  a choisi d’installer des poupées de chiffons… sans visages. Marie et Joseph sont bien là. Même l’Enfant Jésus et  les rois mages  ont pris un peu d’avance. Mais à la place des faces souriantes tournées vers la mangeoire, une surface plane faite d’assemblages de tissus gris, rouge, beige, noir et brun. Un choix de la créatrice Victoria-Maria, rapporte  La Libre. Le journal belge cite même un membre de l’organisation, qui explique que cet assemblage de couleurs hétérogènes traduit « un mélange inclusif de toutes les couleurs de peau, pour que tout le monde s’y retrouve ».

    Sauf que ce choix ne fait pas l’unanimité, tant s’en faut : plusieurs internautes ont manifesté leur désapprobation sur les réseaux sociaux. « On touche le fond… et on continue de creuser », a tweeté le footballeur du LOSC et international belge Thomas Meunier. 

    « Admirez la crèche “inclusive” de Bruxelles, capitale de l’Europe », s’est désolée une internaute. D’autres soulignent que cette représentation rappelle la charia, la loi islamique, qui interdit de représenter les visages humains. « Pour l’instant, Joseph n’a qu’une femme. La burka sera pour l’an prochain », ironise un autre internaute. « Noël charia compatible sur la Grand-Place à Bruxelles », a tweeté Florence Bergeaud-Blackler, docteur en anthropologie et présidente du Cerif (Centre européen de recherche et d’information sur le frérisme).

    Du marché de Noël aux « Plaisirs d’hiver »

    La Ville de Bruxelles aurait décidé de se séparer de son ancienne crèche, car celle-ci serait devenue trop vétuste et difficile à transporter, rapporte la presse belge. La Libre assure également que les autorités de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, la cathédrale de Bruxelles, ont été associées à la démarche et ont validé le projet. Cette nouvelle version de la Nativité du Christ, réalisée avec l’Atelier By Souveraine, de Forest, devrait être en place a minima pour les cinq prochaines années. Dans cette nouvelle crèche inclusive intitulée « Étoffes de la Nativité », les personnages sont même vêtus de tissus fins de stock et de matières recyclées ! Le tout, présenté sur le « Plaisirs d’hiver » : c’est ainsi que les autorités ont rebaptisé le marché de Noël de la ville. L’artiste prévoit de réaliser une conférence de presse ce vendredi pour expliquer sa démarche, rapporte La Libre.

    Des polémiques impliquant des figures sans visage ont déjà éclaté par le passé. En janvier 2022, un  documentaire « Zone interdite»  sur le séparatisme lié à l’islam radical,  notamment à Roubaix  (Nord) diffusé sur M6 avait fait grand bruit : il montrait des boutiques où des poupées sans visage étaient vendues. « Seul Allah crée », expliquait une vendeuse. À Lyon cet été, l’inauguration d’une fresque dans les parties communes de la tour d’une cité de Villeurbanne avait fait polémique. On y voyait une  fillette voilée et un personnage sans visage.

    Sur Facebook, Georges Dallemagne commente :

    La crèche de Noël défigurée.
    Voilà la nouvelle trouvaille de la ville de Bruxelles. Marie, Joseph, Jésus, les Rois Mages présentés tels des zombies sans visage…pour cause « d’inclusivité »… « pour que chacun s’y retrouve »… Ben tiens ! On croit à chaque fois avoir touché le fond, mais l’inventivité woke n’a semble-t-il aucune limite à Bruxelles. C’est donc Noël sans Noël. L’effacement de notre histoire, de la tendresse de Noël, de la douceur de cette crèche qui évoque, quelles que soient nos croyances, la paix et la tendresse de la nativité.
    Pour avoir été souvent admirer la féerie de Noël sur notre tellement belle Grand-place de Bruxelles, je peux affirmer que ni les non croyants, ni les musulmans, ni les juifs, ni les martiens ne se sont jamais offusqués de la crèche de Noël. Chacun connaît le trésor de cette tradition. Mais quelques hurluberlus hors sol en ont décidé autrement. Nous aurons cette année des fantômes sans visage, sans sexe, des patchworks de mauvais goût.
    Souvenez-vous: les autorités régionales de Bruxelles avaient déjà voulu faire disparaître de la rue Montagne du Parc la splendide statue « La Maturité », de Victor Rousseau, jugée trop paternaliste. Nous nous y étions opposés avec succès. Après s’être attaqués à La Maturité, voilà qu’on s’attaque à la Nativité.
    Et après on s’étonnera de voir l’extrême droite marquer des points partout en Europe…
    Rendez-nous Noël !
    Et sur X :
    « J’ai grandi avec des crèches chaleureuses et familières, et toutes les traditions chrétiennes qui ont façonné ce pays. Ce qui se passe aujourd’hui est absurde : une petite élite autoproclamée progressiste démantèle notre propre culture au nom d’une idée creuse d’« inclusion ». Aucune minorité n’a réclamé cela. Personne n’est offensé par une crèche. Ce sont toujours les mêmes ingénieurs culturels laïcs qui tentent d’imposer leur vide idéologique à tous. Ce n’est pas du progrès, c’est un effondrement culturel que personne n’a jamais souhaité », écrivait le chroniqueur belge Fouad Gandoul sur X.
  • EVRAS : une pétition et une action en justice lancées pour s'opposer à des dérives

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    De Vincent Delcorps sur cathobel :

    Préservatifs dans une chapelle, animation qui dérape… Une pétition et une action en justice sont lancées contre les dérives de l’EVRAS

    Préservatifs dans une chapelle, animation qui dérape… Une pétition et une action en justice sont lancées contre les dérives de l’EVRAS
     

    Sujet sensible que celui de la sexualité à l’école. Pour bien des raisons, il est important d’en parler. Mais de quelle façon? Et à quels moments? Verlaine Urbain, coordinateur de l’asbl Droits de l’Enfance, estime que les dérapages ne sont pas rares. Il vient d’ailleurs de lancer une action en justice.

    "A un moment, il m’a serrée, il m’a embrassée, il a commencé à me caresser partout et il a… mis sa main dans ma culotte. J’étais paralysée, je ne pouvais plus bouger… Je me suis laissé faire. La deuxième fois, c’était dans sa voiture. Il a sorti son sexe, il a pris ma tête et m’a forcée…"

    Cru? Violent? Lorsque des parents découvrent que leur enfant de 14 ans doit lire ce passage d’un livre dans le cadre scolaire, ils n’apprécient en tout cas pas. Et contactent l’association Droits de l’Enfance (ex-Innocence en danger).

    Son responsable, Verlaine Urbain, n’est pas très surpris. Car des signalements de ce type, il en reçoit beaucoup – en moyenne une par semaine. Les situations incriminées peuvent relever d’une animation EVRAS (Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle) aussi bien que d’une activité culturelle ou d’un cours de biologie. Il y a peu, il a été en contact avec les parents d’un jeune enfant, revenu sans voix de l’école. Inscrit en cinquième primaire, on lui avait fait lire, en classe, que pour avoir des enfants, "le pénis de l’homme doit pénétrer dans le vagin de la femme".

    La démission d'une animatrice EVRAS

    Il y eut aussi ces autres cas, plus graves. En 2023, un opérateur assure une animation EVRAS dans une école de la province de Namur. Sex-toy à l’appui, on y présente à des élèves de première secondaire les usages du préservatif et l’emploi du corps pour jouir, mais aussi la variété de goûts – utiles "pour sucer". Des parents alertent. La responsabilité de l’animatrice EVRAS semble clairement engagée – elle finira par démissionner de ses fonctions.

    L’année suivante, dans la même école, un autre opérateur EVRAS est à la manœuvre d’une large distribution de préservatifs et de lubrifiants durant les temps de récréation. Tous les enfants de cette école secondaire peuvent en recevoir. Est-ce par esprit de provocation qu’à un moment, la distribution se tient dans la… chapelle de l’école? Une chose est sûre: l’initiative dérape. Et, tandis que des déchets de préservatifs se retrouvent dispersés dans la cour, plusieurs enfants ressentent un vif malaise. Des parents montent au créneau. L’école recadre. De nouvelles modalités de distribution, plus discrètes, seront finalement mises en place.

    Dans ces deux cas, le dialogue avec l’école ne s’est pas trop mal passé…

    Verlaine Urbain: En effet. Je n’en veux pas à l’école, avec laquelle il y a eu un dialogue ouvert. Nous n’allons d’ailleurs pas lui demander de dommages et intérêts.

    Mais vous allez tout de même en justice…

    Notre plainte, portée par des parents et notre association, concerne l’affaire de 2023 et elle est dirigée contre un opérateur EVRAS. Notre demande est la suivante: nous voulons que les parents puissent être informés, en amont, de la tenue d’animations EVRAS dans les écoles. Et que les enfants puissent en être dispensés sans que cela rentre dans le cadre des absences non justifiées. Cela nous semble logique puisque les écoles ne sont pas en capacité de garantir que les animations EVRAS qui se déroulent en leur sein se passent correctement et sans idéologie.

    Au-delà de ce cas, vous êtes l’observateur privilégié de dérapages nombreux…

    Alors que notre association n’est pas très connue, je reçois chaque semaine le message de parents qui me parlent de dérives. Je n’ai malheureusement pas les moyens d’approfondir chaque situation, ni de multiplier les procédures en justice. Mais je vois bien que les parents ne fabulent pas. Il m’arrive aussi d’avoir des preuves. Je peux recevoir copie d’un cours, par exemple. Il peut aussi arriver qu’un élève filme une partie de l’animation…

    Tous les enfants ne vivent pas ces expériences de la même façon…

    C’est vrai. En lisant une scène de sexe dans un livre, certains enfants pourraient trouver cela suggestif, tandis que d’autres pourraient être traumatisés. En tous les cas, au fil de mes recherches, grâce à mes contacts avec des pédopsychiatres, je me rends compte toujours davantage de certains dégâts. Un enfant n’est pas en capacité d’élaborer psychiquement ce qui est relatif à la sexualité avec recul. En étant par exemple confronté à des images de pénis d’adulte, une jeune enfant peut vivre un ressenti intrusif, comme si elle était elle-même pénétrée. Une telle exposition constitue une véritable effraction psychique.

    Au-delà, êtes-vous tout de même favorable à une EVRAS dans les écoles?

    Oui ! Nous travaillons pour la protection des enfants contre les violences sexuelles. Donc, que des animations soient dispensées dans les écoles pour prévenir ces violences, c’est évidemment une mission que nous soutenons ! En même temps, lorsqu’on regarde le Guide pour l’EVRAS, on s’aperçoit que plusieurs éléments ne sont pas adaptés au développement de l’enfant. Ce sont ces dérives que nous dénonçons.

    Propos recueillis par Vincent DELCORPS

    Une pétition pour faire pression

    Innocence en Danger est un mouvement mondial de protection des enfants contre toutes formes de violences, notamment sexuelles, présent dans une dizaine de pays. Son antenne belge, dirigée par Verlaine Urbain, vient de prendre son indépendance sous le nom de Droits de l’Enfance. Ces dernières années, elle s’est particulièrement impliquée sur la question de l’EVRAS, y voyant la porte ouverte à de nombreuses dérives.

    A côté de l’action en justice, Droits de l’enfance vient de lancer une pétition: "Pour une EVRAS adaptée aux enfants". Objectif: obtenir du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles l’ouverture d’une commission d’enquête afin de corriger certains éléments du Guide EVRAS. Car "tant que ce guide ne sera pas révisé pour respecter le développement de l’enfant et les droits parentaux, des dérives continueront de se produire dans les animations EVRAS", estime Verlaine Urbain.

    Plusieurs passages sont explicitement visés. Notamment la découverte des zones érogènes dès l’âge de 5 ans, "l’influence positive et négative des pornographies" (9 ans), et "le consentement dans les relations sexuelles de nature transactionnelle (sexe en échange de petits cadeaux, repas, sorties…)" (12 ans). "Ces formulations ouvrent la porte à des interprétations dangereuses", estime Droits de l’Enfance. Qui espère récolter un millier de signatures.`

    V.D.

    Pour en savoir plus: droitsdelenfance.be
    Pour signer la pétition, cliquez ici.

  • Trois évêques allemands s'opposent à un guide scolaire sur la « diversité des identités sexuelles »

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    D'Alexander Folz sur CNA :

    Trois évêques allemands s'opposent à un guide scolaire sur la « diversité des identités sexuelles ».sharethis sharing button

    Trois évêques allemands se sont publiquement désolidarisés du nouveau document de la Conférence des évêques allemands sur la « diversité des identités sexuelles » dans les écoles, exacerbant ainsi la polémique sur la manière dont l'enseignement catholique devrait aborder la question de l'identité de genre.

    Au centre de la polémique se trouve le texte de 48 pages « Geschaffen, erlöst und geliebt: Sichtbarkeit und Anerkennung der Vielfalt sexueller Identitäten in der Schule » (« Créé, racheté et aimé : visibilité et reconnaissance de la diversité des identités sexuelles à l’école »).

    Publié le 30 octobre par la Commission pour l'éducation et les écoles de la Conférence des évêques catholiques, ce document vise à servir de guide d'orientation aux écoles catholiques et autres établissements scolaires en Allemagne. Suite à des discussions internes l'été dernier, le texte d'orientation avait initialement été retenu puis révisé.

    Partant du principe que « la diversité des identités sexuelles est une réalité », ce texte exhorte les établissements scolaires à créer un environnement exempt de discrimination pour les élèves, le personnel et les parents qui s'identifient comme LGBTQ+. Le document appelle les élèves à respecter l'auto-identification et l'autodésignation de leurs camarades qui s'identifient comme LGBTQ+ et à soutenir les initiatives qui mettent en lumière leur situation.

    Le mot anglais « queer » est fréquemment utilisé par certaines organisations allemandes, y compris certains diocèses, comme terme générique pour désigner les personnes qui s'identifient comme LGBT.

    Dans son avant-propos, l’évêque Heinrich Timmerevers de Dresde-Meissen, président de la commission, souligne que le texte ne prétend pas offrir une évaluation morale et théologique exhaustive. Il vise plutôt à fournir des orientations pastorales et pédagogiques scolaires fondées sur les sciences humaines contemporaines.

    Les enseignants sont encouragés à utiliser un langage qui reflète « la diversité des identités sexuelles ». Dans les cours de religion, les enseignants devraient présenter les questions controversées de moralité sexuelle comme telles, laissant aux élèves la possibilité de se forger leur propre opinion.

    L’évêque Stefan Oster de Passau a publié la réponse la plus détaillée. Dans un commentaire en ligne , il a reconnu les préoccupations concernant les jeunes vulnérables, mais a déclaré se désolidariser « totalement » des présupposés du document et de son approche théologique, philosophique, pédagogique et psychologique du développement.

    Bien que la brochure soit publiée sous le nom de « Les évêques allemands », Oster insiste sur le fait qu'elle ne parle pas en son nom et avertit qu'elle promeut une anthropologie qui désacralise de fait la conception chrétienne de la personne humaine.

    Depuis, l'évêque de Ratisbonne, Rudolf Voderholzer, s'est explicitement rallié à la critique d'Oster. Son diocèse a republié le texte de Passau comme une « analyse critique » des thèses centrales, et Voderholzer a accusé la direction de la Conférence épiscopale d'avoir imposé le document quasiment sans modifications malgré les demandes de révision formulées au Concile permanent. La réponse de Ratisbonne a évoqué un « agenda » poursuivi « en notre nom ».

    Le Conseil permanent est l'organe directeur de la Conférence des évêques allemands, où les 27 évêques diocésains se réunissent cinq à six fois par an pour traiter des affaires courantes et assurer la coordination entre les assemblées plénières, moins fréquentes.

    La troisième réaction critique est venue de Cologne. L'archidiocèse, sous la direction du cardinal Rainer Maria Woelki, a publié un communiqué rejetant toute forme de discrimination dans les écoles catholiques. Concernant l'analyse théologique et anthropologique de « Geschaffen, erlöst und geliebt », l'archidiocèse a toutefois déclaré se rallier au commentaire d'Oster.

    D'autres voix ont contribué à cet accueil mitigé. Thomas Maria Renz, évêque auxiliaire de Rottenburg et vice-président de la commission scolaire, a salué l'initiative visant à protéger les jeunes vulnérables. Cependant, il a mis en garde contre une approbation « naïve » de toute forme d'auto-description chez les adolescents en pleine croissance. Il a plaidé pour une plus grande attention portée aux objectifs éducatifs plus larges.

    Pour l'instant, le document reste officiellement en vigueur en tant qu'outil d'orientation de la conférence épiscopale. Cependant, l'opposition ouverte de trois évêques diocésains en a fait un enjeu majeur dans le débat plus large sur les réformes de l'Église en Allemagne, notamment en matière de sexualité et d'anthropologie.

  • Un spécialiste en mariologie met en question la validité doctrinale de Mater Populi Fidelis

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    D'InfoVaticana :

    Le mariologue Salvatore M. Perrella remet en question la validité doctrinale de Mater Populi Fidelis.

    Le célèbre mariologue italien Salvatore M. Perrella, l'une des voix les plus influentes dans les études contemporaines sur la Vierge Marie, a proposé une lecture critique de la Note Mater Populi Fidelis , publiée par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi. Dans un long entretien accordé à la RAI, la chaîne de télévision suisse, le théologien souligne que ce document interprète la mariologie selon un cadre « excessivement christologique » et est « trop dépendant » de la perspective du pape François, omettant ainsi des dimensions essentielles à la compréhension de la place de Marie dans l'économie du salut.

    Selon Perrella, la Note doctrinale « ouvre des débats nécessaires », mais révèle de graves déséquilibres internes. À son avis, le texte élimine pratiquement les dimensions ecclésiologiques, anthropologiques, trinitaires et symboliques de la mariologie, la traitant uniquement d’un point de vue fonctionnel au Christ. Cette lacune, affirme-t-il, appauvrit la compréhension de la tradition et empêche de proposer une vision globale de la foi.

    L'importance de la mémoire doctrinale : un vide qui affaiblit la Note

    Perrella souligne que l’explication magistérielle de la coopération de Marie à l’œuvre de rédemption devrait s’appuyer sur les développements doctrinaux survenus après la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, par lequel théologiens et papes – de Léon XIII à Pie XII – ont reconnu en Marie un fruit de la miséricorde divine et un sujet de mission au sein du plan du salut. Il estime toutefois que le nouveau document ne reflète pas suffisamment cette évolution ni le contexte historique qui la sous-tend.

    Le titre « Co-Rédemptrice » : tradition, nuances et réductionnismes

    Un des points centraux de l'entretien est la critique de l'emploi du titre de « Co-Rédemptrice ». Perrella critique ce terme, tout en reconnaissant sa présence dans l'enseignement post-conciliaire, notamment sous saint Jean-Paul II, qui a utilisé à la fois ce titre et des expressions équivalentes. « En tant que théologien, je ne peux l'ignorer », affirme-t-il.

    Il condamne toutefois la manière dont Mater Populi Fidelis rejette ce titre en se fondant exclusivement sur des déclarations de François, sans tenir compte de la tradition théologique et magistérielle antérieure. Le mariologue rappelle que Lumen Gentium a opté pour une méthode intelligente : embrasser le vocabulaire précédent sans l’absolutiser ni le répudier. À son avis, la Note de la Doctrine de la Foi fait précisément l’inverse : elle stigmatise certaines expressions traditionnelles sans proposer d’alternatives doctrinalement plus solides.

    Préoccupation œcuménique disproportionnée et perte de la « sobriété » romaine

    Un autre aspect souligné par Perrella est la préoccupation œcuménique, qu'il juge légitime mais disproportionnée. Selon lui, la Note sacrifie la profondeur doctrinale pour éviter les tensions avec d'autres confessions chrétiennes, ce qu'il qualifie d'« erreur ». Il ajoute que le texte souffre d'une longueur excessive et d'un manque de sobrietas , caractéristique du magistère romain traditionnel.

    Un argument incohérent : des explications excessives ?

    Le théologien critique notamment le raisonnement du paragraphe 22, où le Dicastère soutient qu'un titre exigeant une trop grande explication catéchétique perd de son utilité. Perrella juge cette logique intenable, car, selon ce critère, des titres essentiels tels que « Mère de Dieu », « Immaculée » ou « Mère de l'Église », qui requièrent tous une élaboration théologique approfondie, devraient également être abandonnés. « C'est précisément le rôle de la théologie et de la catéchèse », affirme-t-il.

    La crise doctrinale actuelle : Marie comme clé pour retrouver la pleine foi

    Le mariologue avertit que le problème de fond n'est pas Marie, mais bien la crise doctrinale contemporaine elle-même. « Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui ne croient plus ni à la Trinité, ni à la divinité du Christ », souligne-t-il. Dans ce contexte, la figure de Marie « est seconde, mais non secondaire », comme l'a rappelé Benoît XVI, et une juste compréhension de son rôle contribuerait à restaurer la cohérence interne de la foi. Cependant, il reproche au document de proposer une vision « trop monophysite », incapable de soutenir cette entreprise.

    Manque de spécialistes pour la préparation du document

    Perrella déplore également le manque d'expertise dans la rédaction de la Note. Selon lui, un document de cette nature aurait dû faire appel à des spécialistes en mariologie, en dogmatique et en tradition magistérielle. Le résultat final, affirme-t-il, ne reflète pas la rigueur qui a historiquement caractérisé le Dicastère pour la Doctrine de la Foi.

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