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Benoît XVI va instituer une académie pontificale pour la langue latine

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On a tendance à l’oublier : le latin reste la langue « normative » de l’Eglise, celle dans laquelle sont publiés les documents officiels,  ceux  qui font foi pour interpréter le sens de sa parole liturgique ou la législation canonique, jusqu’au moindre des actes du magistère.

Non, le Saint-Siège n’envisage pas de remplacer cette langue, rompue depuis près de deux mille ans à exprimer la pensée théologique et ecclésiologique, par l’anglais basic des enceintes internationales contemporaines. Et une langue officielle unique c’est aussi plus simple que le système de l’Union européenne qui accorde une égale valeur  aux 23 langues de ses pays membres , sur la concordance desquelles -du finnois au magyar en passant par le luxembourgeois- s’escriment ensuite les jurisconsultes.  

Le vaticaniste Andrea Tornielli annonce que le pape Benoît XVI  va publier un motu proprio «Foveatur lingua latina»,  pour promouvoir le développement de  la connaissance de la langue de Cicéron, Augustin et Érasme de Rotterdam dans l'Église, mais aussi la société civile et l'école. Ce motu proprio instituera  une  «Pontificia Academia Latinitatis».

Le site de notre consoeur « Benoît en moi » a traduit l’information diffusée ici http://vaticaninsider.lastampa.it par le « Vatican insider » le 31 août :

« Jusqu'à présent, de l'autre côté du Tibre, c'était une fondation, «Latinitas», restée sous l'égide de la Secrétairerie d'État et désormais vouée à disparaître, qui s'occupait de maintenir en vie l'antique idiome: en plus de publier la revue du même nom, et d'organiser le concours international «Certamen Vaticanum» de poésie et de prose latine, dans les années passées, elle travaillait à traduire les mots modernes en latin.

L'institution imminente de la nouvelle académie pontificale qui s'ajoute aux onze existantes - parmi lesquelles il y a les plus sensibles, celles dédiées à la science et à la vie - est confirmée dans une lettre que le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la Culture, a envoyée à don Romano Nicolini, un prêtre de Rimini, grand défenseur du retour du latin au collège. Ravasi a rappelé que l'initiative de l'Académie est «voulue par le Saint-Père» et est parrainée par le dicastère de la culture du Vatican; en feront partie «d'éminents savants de différentes nationalités, dans le but de promouvoir l'utilisation et la connaissance de la langue latine à la fois dans le milieu ecclésial et le milieu civil, et donc scolaire». Une façon de répondre, conclut le cardinal dans la lettre, «à de nombreuses demandes qui nous parviennent de différentes parties du monde.»

Cinquante ans se sont écoulés depuis Jean XXIII, à la veille du Concile, promulgua la Constitution Apostolique «Veterum sapientia» pour définir le latin comme langue immuable de l'Eglise et en réaffirmer l'importance, demandant aux écoles et universités catholiques de le restaurer au cas où il aurait été abandonné ou réduit. Vatican II décidera de maintenir certaines parties de la messe en latin, mais la réforme liturgique post-conciliaire devait en abolir toute trace dans l'usage courant. Ainsi, alors qu'un demi-siècle plus tôt, des prélats de toutes les parties du monde avaient pu se comprendre mutuellement en parlant la langue de César et que les fidèles maintenaient un contact hebdomadaire avec elle, aujourd'hui, dans l'Eglise, le latin ne jouit plus d'une bonne santé. Et ce sont d'autres milieux, laïcs, qui sont motivés pour en faire la promotion.

De l'autre côté du Tibre, des spécialistes continuent à travailler, proposant des néologismes pour traduire les encycliques papales et les documents officiels. Un travail pas très facile a été de traduire en latin la dernière encyclique de Benoît XVI, «Caritas in veritate» (Juillet 2009), dédiée aux urgences sociales et à la crise économique et financière. Certains choix des latinistes du Saint-Siège ont été critiqués par «La Civiltà Cattolica», l'influent magazine jésuite, qui s'est penché sur le choix discutable des termes «delocalizatio», «anticonceptio» et «sterilizatio», approuvant en revanche les choix de «plenior libertas» pour libéralisation, et «fanaticus furor» pour fanatisme. Parmi les curiosités, le terme «fontes alterius generis» pour traduire «sources alternatives d'énergie» et «fontes energiae qui non renovantur» pour ressources énergétiques non renouvelables.

L'initiative du Pape d'instituer une nouvelle Académie Pontificale est un signal important, d'attention renouvelée. «Le latin éduque à avoir de l'estime pour les belles choses - explique don Nicolini, qui a diffusé en milieu scolaire dix mille exemplaires d'une brochure gratuite d'introduction à la langue latine et est en train de répandre l'appel pour la faire revenir parmi les matières du cursus scolaire - et nous apprend aussi à donner de l'importance à nos racines».

Parmi ceux qui travaillent à renouveler le lexique latin pour pouvoir communiquer dans la langue de Cicéron, il y a aussi don Roberto Spataro, 47 ans, professeur de littérature chrétienne antique et secrétaire du Pontificium Institutum Altioris latinitatis, voulu par Paul VI auprès de l'actuelle Université pontificale salésienne de Rome. «Comment traduire "corbeau"? Je m'attendais à cette question ... Eh bien, je dirais: “Domesticus delator” o “Intestinus proditor”», répond le prêtre. Et il explique comment sont formés les néologismes latins: «Il ya deux écoles de pensée. La première, qu'on pourrait appeler anglo-saxonne, considère qu'avant de créer un néologisme pour traduire les mots modernes, il faut passer au crible tout ce qui a été écrit en latin au cours des siècles, pas seulement en latin classique. L'autre école, que, par commodité nous appellerons latine, croit que l'on peut être plus libre en créant une périphrase qui rend bien l'idée et le sens du mot moderne, tout en conservant la saveur du latin classique, de Cicéron ».

Spataro appartient à la seconde école et invite « à feuilleter la dernière édition du “Lexicon recentis latinitatis”, édité par don Cleto Pavanetto, excellent latiniste salésien et publié en 2003, avec pas moins de 15.000 vocables modernes traduits en latin». Par exemple, photocopie se traduit par “exemplar luce expressum”, billet de banque devient “charta nummária”, basket-ball “follis canistrique ludus”, best seller “liber máxime divénditus”, blue-jeans “bracae línteae caerúleae”, et but (au football) “retis violátio”. Les mini jupes deviennent “brevíssimae bracae femíneae”, la TVA est traduit par “fiscale prétii additamentum”, parachute devient “umbrella descensória”.
Dans le lexique manquent toutefois les références à l'Internet. «En effet, il n'y en a pas - explique don Spataro - mais au cours des neuf dernières années, parmi ceux qui écrivent et parlent en latin, de nouvelles expressions ont été forgées. Ainsi, l'Internet est “inter rete”, et l'adresse email “inscriptio cursus electronici”».

Référence : Quand Benoit XVI promeut le latin

Commentaires

  • Facere non possum quin Ecclesiae Romanae congratuler ego qui ante 18 annos SCHOLAM NOVAM condidi ubi lingua Latina apud omnes alumnos est in usu.

  • je suis ravi d'apprendre cela. Et j'aimerais vraiment entrer dans cette académie par la grâce de Dieu.

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