Il fait entendre les sourds et parler les muets
Un Dieu qui nous guérit de notre surdité et de notre aphasie.
Dieu sait que sourds nous le sommes.
Incapables d’entendre.
D’entendre la chanson que depuis toujours Il chante au cœur de l’homme, au nôtre, pour dire la folie de son amour.
D’entendre le cri terrifiant de l’homme blessé, assoiffé, malheureux, assis sous notre balcon, désespéré devant notre porte, lové en nous.
D’entendre résonner à l’intime de nous-mêmes cet appel à voir grand, à tout donner, à aimer sans condition, et qui ne peut se résigner à nous voir petits, rabougris, tout racrapotés.
D’entendre, tout simplement, sans nous laisser distraire par tous les chants des sirènes qui, en nous et autour de nous, veulent nous attirer vers des rivages sans amour ni espérance.
Dieu sait que muets nous le sommes.
Incapables de parler.
D’oser dire « je t’aime » tant l’infirmité de notre cœur nous paralyse.
D’oser témoigner de cette vérité qui se donne à nous tant l’hésitation nous gagne.
D’oser avouer notre détresse et notre pauvreté tant nous croyons si mal à la miséricorde.
D’oser crier notre désir d’être rencontré tant nous nous sommes barricadés derrière des remparts illusoires.
D’oser hurler notre appel au secours.
Oui, vraiment sourds et muets.
Et pourtant, aujourd’hui, retentissent ces paroles d’Isaïe (35, 4-7) :
"Dites aux gens qui s'affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c'est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Alors s'ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. L'eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. Le pays torride se changera en lac, la terre de la soif en eaux jaillissantes. Dans le repaire des chacals, les broussailles deviendront des roseaux et des joncs."
Allons-nous accepter que « ce Dieu qui vient lui-même » vienne toucher nos oreilles et notre langue (Marc, 7, 31-37), avec sa salive ? Ou trouverons-nous que cela ne se fait pas ?
On lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui. Jésus l'emmena à l'écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c'est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s'ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement.