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Quand les Etats-Unis durent dédommager le Saint-Siège

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Et Washington dédommagea pour les bombes sur les réfugiés de Pie XII

2013-08-11 L’Osservatore Romano

Myron C. Taylor, représentant personnel du président des Etats-Unis Roosevelt près le Saint-Siège depuis 1939, publia en 1947 la correspondance échangée pendant la seconde guerre mondiale entre le président et Pie XII. Parmi ces lettres, il y en a une du 10 juillet 1943 dans laquelle sont annoncés le débarquement et les opérations militaires américaines et britanniques sur le sol italien. En août 1943 Taylor reçut de Harold Tittmann, chargé d’affaires qui était aussi son assistant, à la demande du Saint-Siège, une description détaillée de la propriété de Castel Gandolfo pour préparer des mesures permettant d’éviter le bombardement de la résidence pontificale. Dans  le même temps, le président des Etats-Unis assurait au Pape que serait respectée la neutralité de la Cité du Vatican et celle des Papal domains en Italie.

Les garanties ne furent toutefois pas suffisantes : involontairement deux bâtiments de la résidence pontificale furent frappés par les bombardements. La Villa, comme une gigantesque Arche de Noé, accueillait à ce moment-là quinze mille réfugiés. Elle fut frappée à quatre reprises : les 2 et 10 février, 31 mai et 4 juin 1944 avec des centaines de victimes. La Villa de Propaganda Fide – elle aussi abritant des réfugiés fuyant les combats, ainsi que des réfugiés politiques et des familles de juifs – subit des attaques aériennes les 2, 7 et 10 février 1944 (plus de cinq cents personnes trouvèrent la mort et le palais fut détruit). Les Américains invoquèrent comme justification  le fait que les propriétés papales étaient « saturées d’Allemands ». La réalité est bien différente. Plusieurs  documents conservés au Bureau of European Affairs, à l’Office of Italian Affairs et consultables aux Archives Nationales de Washington permettent de reconstituer les événements du dédommagement des préjudices.

A la fin de la guerre, le Saint-Siège protesta en demandant un dédommagement courant à partir de 1948. Des cas semblables se retrouvèrent aussi avec d’autres pays neutres comme le Portugal ou la Suisse. A ces derniers, les Etats-Unis reconnurent une somme correspondant à la valeur de la monnaie au moment du paiement de l’indemnité. Mais pour le Saint-Siège, il y eut un traitement différent il fallut une longue négociation pour arriver à la conclusion de la question, une négociation conduite avec l’implication incessante de la diplomatie vaticane. L’indignation de Pie XII, exprimée en juin 1954, lors de l’audience à l’ambassadeur Taylor, inclina l’administration américaine à reprendre et à résoudre la question. Le 8 février 1956, à l’occasion d’une rencontre entre le sous-secrétaire d’Etat Robert D. Murphy et le délégué apostolique Mgr Amleto Cicognani, il fut concordé d’accepter l’estimation faite par l’armée américaine s’élevant à 96.419.935 lires, au lieu de celle proposée par le Saint-Siège de 190.956.998 lires. En fin de compte, fut appliquée à la monnaie le change en vigueur en  1945, plutôt que celui de 1956, avec le versement de la somme considérable de 964.199,35 de dollars.

Johan Ickx, Responsable des Archives historiques, Section pour les relations avec les Etats, Secrétairerie d’Etat

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