De Riccardo Cascioli sur la NBQ :
La lettre de Benoît XVI, pourquoi maintenant ?
Nombre de nos lecteurs nous ont posé une question concernant la publication du livre « Compass » contenant la lettre de Benoît XVI réaffirmant la plénitude de sa renonciation à la papauté : pourquoi après onze ans ? La réponse se trouve dans la nouvelle phase historique qui s'ouvre dans l'Église.
La publication de la lettre de Benoît XVI à Monseigneur Nicola Bux, datée du 21 août 2014, dans laquelle il réaffirme la pleine validité de sa renonciation au pontificat, a suscité à juste titre beaucoup d'intérêt et soulevé quelques questions.
Laissons de côté les commentaires de ceux qui sont aujourd’hui prisonniers de croyances qui relèvent davantage de la logique de la secte que d’une adhésion à la foi catholique, et de ceux qui – pour paraphraser le jugement du « Père Abraham » dans la parabole de l’homme riche – ne se laisseraient pas persuader « même si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts ».
Et nous en venons maintenant à une question légitime que nos lecteurs se posent. Pourquoi publier cette lettre onze ans plus tard et non pas alors que la controverse faisait rage ? D'abord parce qu'il s'agissait d'une « correspondance privée », et que Mgr Bux estimait qu'il était juste de la conserver ainsi ; mais surtout parce qu'il souhaitait éviter que cette lettre n'alimente davantage le conflit entre factions opposées concernant la démission de Benoît XVI et le pontificat de François. Force est de constater que nombre des récentes réactions disproportionnées ou surréalistes de ceux qui se sont nourris de théories étranges sur la démission de Benoît XVI confortent la décision de Mgr Bux.
Pourquoi la publier maintenant, alors ? Monseigneur Bux l'explique dans l'introduction de la correspondance jointe en annexe du livre « Réalité et utopie dans l'Église » (éd. Omni Die) : « Car avec la mort du pape François et l'élection du pape Léon XIV, il considère comme conclue la phase émotionnelle ouverte par la démission de Benoît XVI. »
La publication de la lettre de Benoît XVI, outre qu'elle met fin à de nombreuses spéculations, constitue une manière de reléguer cette démission aux oubliettes, avec toutes les critiques que l'on peut en tirer aujourd'hui. Il ne faut pas oublier que, pour en saisir pleinement le sens, cette lettre doit être lue à la lumière des questions que Mgr Bux avait posées au pape émérite lors d'une audience le 21 juillet 2014. À l'issue de cet entretien, qui a duré environ une heure et au cours duquel la discussion a porté notamment sur « la liturgie, l'interprétation de Vatican II et l'unité des chrétiens », Mgr Bux a remis à Benoît XVI une lettre – également incluse dans le livre – qui, un peu plus d'un an après sa démission, contenait « les réflexions et observations de nombreux amis faisant autorité sur son acte et la situation qui en a résulté ».
Et les réponses écrites par Benoît XVI un mois plus tard sont désormais reléguées à l'histoire et se prêtent à une évaluation critique : toujours dans l'appendice du livre, Mgr Bux propose quelques évaluations de la lettre du pape - qui ne répond que partiellement aux questions qui lui ont été posées - concernant le ministère pétrinien et les conséquences de la démission de Benoît XVI.
Il faut également souligner que le livre — dont la correspondance constitue une annexe — offre une lecture originale des soixante dernières années de l’histoire de l’Église (Réalité versus Utopie, Jean-Paul II et Benoît XVI versus François et Mgr Tonino Bello) et fournit donc la toile de fond au récit de sa renonciation à la papauté.
Par conséquent, s’il est lu sans préjugés, le livre est une occasion de réflexion et d’étude plus approfondie qui peut stimuler une évaluation plus approfondie.