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Lettre à un évêque

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Une lettre de notre ami Jean-Pierre Snyers à Monseigneur X

Monseigneur,

Je sais d'avance que ma missive va vous faire froncer les sourcils. Tant pis ! Même si celle-ci risque de valser à la poubelle, au moins aurai-je eu le sentiment d'avoir fait mon devoir. Pourquoi vous écrire ? Parce que je vois que votre bateau coule, qu'il prend l'eau de toutes parts et que vous ne semblez pas vous en apercevoir. Regardons les choses en face : votre Eglise ne va pas bien, pas bien du tout ! Il y a une trentaine d'années, 35 % de pratiquants. Aujourd'hui : à peine 5 %. Et demain ? Oui, demain, quand il n'y aura plus toutes ces têtes blanches qui s'obstinent à franchir le seuil de vos édifices ?... Vous ne trouvez pas qu'il y a péril en la demeure ?... Bon, ça c'était le hors- d'oeuvre. Maintenant, le plat de résistance. J'espère que vous avez faim, car il sera assez copieux. Garçon, une bouteille de vin, une !...

Que se passe-t-il, Monseigneur ?...Eh bien, je vais vous le dire. Il se passe que depuis 50 ans, votre Eglise n'a cessé de courir derrière le monde, de s'agenouiller devant des mots comme relativisme, symbolisme, humanisme, syncrétisme, oecuménisme,  modernisme... et que depuis cette période, les citoyens font demi-tour. Les résultats sont là, implacables :  votre discours n'intéresse plus. Pourquoi ? Parce qu'à peu de choses près, il est devenu le même que celui que tout homme qui se respecte tient aussi. Pas la peine d'assister à des offices pour entendre parler de tolérance, d'égalité, de liberté et de fraternité. De cela, la société se charge déjà. Vous me suivez ?... Bon !... Cela dit, excusez-moi, je ne me suis même pas présenté. Il se fait que je suis directeur d'une entreprise qui produit des yaourts. Comment va mon entreprise ? Très bien, merci ! Seulement, voyez-vous, je crois que je n'ai pas du tout la même politique que la vôtre. Par exemple : si demain un de mes représentants se permet de clamer partout que mon yaourt n'est pas bon, qu'il vaut mieux acheter une autre marque, je le vire illico ! Pas vous ? Non, pas vous ! Vous, vous gardez les clercs qui dérapent, ceux qui se fichent des dogmes et de la liturgie.   Ah, je comprends ! « Charité » oblige ! Nouvelle erreur ! Admettons que je constate qu'un de mes ouvriers met du poison dans mon yaourt, je dois le laisser faire ? Je dois le laisser rendre malades des milliers de gens ? Pareil pour vous, Excellence ! Au nom de quelle « charité » laissez-vous des clercs empoisonner le peuple chrétien ? Quel crime doivent-ils commettre pour que vous leviez enfin le petit doigt ?

Je sais ce que vous allez me dire. « Si je dois virer tous les curés qui déraillent, il ne m'en restera plus qu'une poignée ! »... Et alors ?... Dans un pré, mieux vaut avoir dix brebis plutôt qu'une centaine accompagnée d'une meute de loups, non ?... Ca va votre estomac, vous digérez bien ? Continuons. Il va arriver un jour où vous allez devoir vous justifier ; où Quelqu'un dans les cieux va vous demander : « Qu'as-tu fait de la mission que je t'avais confiée ? As-tu, comme les apôtres, annoncé le kérygme au péril de ta vie ? As-tu protégé la foi contre les hérésies ? As-tu cherché à Me plaire quitte à déplaire au monde ? As-tu secouru ceux qui doutent ; ceux qui, à cause d'abbés ambigus, ne savaient plus que j'ai accompli des miracles, que je suis mort et ressuscité pour leur salut, ni même que j'existe ? Oui, ai-je pu compter sur toi pour proclamer haut et clair que je SUIS LA Vérité et pas une vérité parmi d'autres ? Maintenant, réponds-moi !... »

Fini le plat de résistance. A présent le dessert. Non ! Pas de dessert ! Du fromage ! Piquant si possible !  Oui, une toute dernière chose. Jusqu'à présent, Monseigneur, j'ai supposé que vous êtes catholique. Je l'ai supposé !...

 

Jean-Pierre Snyers (4141 Louveigné)  Adresse blog : jpsnyers.blogspot.be

Commentaires

  • J'abonde totalement dans le sens de Monsieur Snyers: c'est du bon sens. Je pense en particulier à une phrase, très lourde de conséquences:

    "Qu'as-tu fait de la mission que je t'avais confiée ? As-tu, comme les apôtres, annoncé le kérygme au péril de ta vie ?"

    En lisant ces lignes, je me suis mis à penser à un homme, à un évêque, cloué au pilori: Mgr Marcel Lefebvre, qui fit sienne le discours de St Paul aux nations: "tradidi quod et accepi" (1 Cor 15.3) en français : "J'ai transmis ce que j'ai reçu". C'est ce souci des fins dernières qui, comme on le sait, l'a conduit à désobéir.

    Dans le monde politique, il est courant d'entendre: avec des amis comme ceux-ci, plus besoin d'ennemis. Des homélies insipides, dénaturées à la javel moderniste, qui rabaissent le Christ au rang de simple illuminé, de "révolutionnaire" semblable à Ghandi, à Martin Luther King, en passant par des cours de religion dans des écoles catholiques, même pris en charge par des prêtres, qui omettent la dimension de salut, qui jamais ne citent l'exemple des saints. On nous dira qu'on ne peut plus faire autrement, que les élèves sont déchristianisés... qu'ils ont grandi dans une autre confession. Plus besoin d'ennemis en effet.

    Qui ose encore dire que la foi catholique est la seule vraie, et que par conséquent, les autres sont fausses ? A-t-on entendu un seul évêque belge dire cela, au cours de ces 40 dernières années ? Non. On préfère le dialogue. On parle. Inlassablement. Avec quel progrès ? Ah évidemment il est toujours préférable de dialoguer que de se tuer. Mais on oublie l'élan missionnaire de l'Eglise, sure d'apporter la Vérité. On oublie St Pierre, arrivant seul, à Rome, sur la voie Appienne probablement... armé de quoi ? De la seule Parole de Dieu. Seul face à un monde qui ignorait alors tout du Christ.

    "Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création". Jésus n'a pas dit: n'allez pas ici ou là. La radicalité évangélique, c'est cela aussi. Même si cela ne plaît pas partout.

    Il y a quelques jours à peine, de faisais mes courses dans un supermarché. Pas loin de la maison. J'ai reconnu le prêtre de la paroisse d'à-côté. Short, polo. Il fait chaud ! Pas de croix, nulle part. Je pense à cet autre, que j'avais croisé dans son église, et à qui j'avais voulu me confesser. Il m'avait répondu qu'il valait mieux aller "dans une église spécialisée", ailleurs.

    Il faut vraiment recevoir des grâces extraordinaires du bon Dieu pour garder la foi. Parfois par le biais d'une rencontre avec une personne véritablement habitée par Lui. Et être prêt à rouler, faire une heure de route pour ne pas tomber sous le poison mortel d'une doctrine tiède, complètement répulsive.

    Arrivé à ce stade, je ne peux m'empêcher de penser à ce discours d'ouverture du Concile Vatican II, émanant d'un homme qui, par une décision inimaginable, deviendra sans doute, rapidement, un saint:

    "Il arrive souvent que dans l'exercice quotidien de Notre ministère apostolique Nos oreilles soient offensées en apprenant ce que disent certains qui, bien qu'enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés; ils se conduisent comme si l'histoire, qui est maîtresse de vie, n'avait rien à leur apprendre et comme si du temps des Conciles d'autrefois tout était parfait en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les moeurs et la juste liberté de l'Eglise.
    Il Nous semble nécessaire de dire Notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin.
    Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l'Eglise, même les événements contraires. "

  • Un chrétien qui râle, c'est quand même pas la même chose qu'un chrétien enthousiaste...
    Pour reprendre les comparaisons :
    Tout d'abord, l'Eglise n'est pas "comme " une entreprise.
    De plus, un homme n'est pas comme un yaourt.
    Mais surtout, l'évêque ne demande pas mieux que d'avoir des fidèles enthousiastes et engagés à ses côtés pour l'aider à porter sa croix, à aimer, à discerner...Car, nous le savons bien, tout ne dépend pas de l'évêque...
    Râler ou en appeler à l'action de l'Esprit Saint sur ce qui NOUS semble un peu foireux ?

  • Saphora;

    Excusez-moi, mais si tout ne dépend pas de l'Evêque, beaucoup dépend de lui! Il est le "chef de troupes" spirituellement parlant.

    La paroisse est ce que le prêtre en fait! La foi, la sainteté de ses fidèles dépend beaucoup de lui! Lorsque dans une paroisse, ou une église, il y a, par exemple, un saint prêtre, le rôle de l'Evêque, du Cardinal est primodial afin de veiller sur lui, car nous savons tous que l'Esprit du mal fera tout pour le détruire. La destruction d'un saint prêtre dans une paroisse est terriblement démotivant pour d'autres saints prêtres ou d'autres candidats saints-prêtres.

    Quand des prêtres ne respectent pas les rites de la célébration de messe, tel que le Pape le souhaite, c'est le devoir de l'Evêque, du cardinal, de l'archevêque de réagir. Le font-ils?

    Pour une église forte, la sainteté doit être visible à tous les niveaux de la hiérarchie. Elle commence par l'obéissance au Pape. Combien de cardinaux, d'évêques sont encore humbles et obéissants aujourd'hui? Elle continue par un courage, une audace certaine à suivre et défendre l'esprit de Jésus, au risque de leur vie. Disons là que l'Esprit saint, tout puissant, veille particulièrement sur ceux qui l'aime en vérité, et les protège. Mais qui a encore confiance dans la puissance de l'Esprit Saint?

    Quant à râler ou en appeler à l'action de l'Esprit Saint sur ce qui NOUS semble un peu foireux, je pense qu'il faut aussi ouvrir son coeur à ce que l'Esprit Saint répond à nos plaintes, ou nos questionnements, et à nos prières confiantes.

    En général, nous entendons ce que nous voulons bien entendre.

  • mettre dans le même "panier" : relativisme, symbolisme, humanisme, syncrétisme, œcuménisme, modernisme... n'est-ce pas faire de même que ces journalistes qui mettent dans le même "panier" Trinité, virginité de Marie,préservatif et prêtres mariés ?
    Certes, il nous faudra rendre des comptes, mais Il nous dira "j'avais faim, tu m'as (ou tu ne m'as pas) donné à manger..." (cf Mt 25). Si relativisme, syncrétisme et modernisme sont à mettre à l'index, l’œcuménisme est quand même une "intention de prière" du Christ lui-même (cf Jn 17), un Dieu qui se fait homme pour sauver son prochain est au moins un peu humaniste", et le symbolisme -si on n'en fais pas une coquille vide- est souvent plus riche que le langage direct (cf les nombreuses paraboles de notre Seigneur). Les "prophètes de malheur" dont se plaignait le bienheureux Jean XXIII ne sont pas toujours ni seulement dans "l'autre camp" !

  • Je peux comprendre ces réactions et je les partage d'ailleurs. Le problème est que nos évêques ont été pratiquement réduits au silence médiatique depuis l'affaire "Vangheluwe". Depuis cette affaire, je n'ai plus jamais vu mon évêque à la télévision que pour parler des mesures prises contre les prêtres pédophiles et des "compensations" que l'Eglise devrait fournir aux victimes, comme si celle-ci était tesponsable des actes des coupables, qu'ils soient prêtres ou non. A noter qu'on parle très rarement des actes pédophiles dans les mouvements de jeunesse et dans les clubs sportifs, sans doute beaucoup plus nombreux.

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