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Célibat sacerdotal : quand Mgr Parolin, le nouveau secrétaire d'Etat du pape, évoque une "ouverture aux signes des temps"

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A peine nommé et pas encore en fonction, Mgr Parolin, nouveau secrétaire d’Etat du pape, vient de donner  à un quotidien de Caracas (il est nonce au Vénézuéla) une interview sur les questions qui agitent l’Eglise postconciliaire : démocratisation, corruption, pédophilie et autres…

Il était attendu, notamment, sur l’incontournable revendication de la mise en place d’un clergé marié dans l’Eglise latine. Sa réponse balancée a immédiatement été saisie au vol par les médias et autres militants pour l’abolition du célibat des prêtres . La voici : « «On peut parler, réfléchir et approfondir ces questions qui ne sont pas des définitions de la foi, et penser à quelques changements, mais toujours au service de l'unité et tout selon la volonté de Dieu ... Dieu parle de nombreuses façons. Nous devons prêter attention à cette voix qui nous oriente sur les causes et sur les solutions, par exemple la pénurie de clergé. Donc, il faut garder à l'esprit, au moment de prendre des décisions, ces critères (la volonté de Dieu, l'histoire de l'Eglise), ainsi que l'ouverture aux signes des temps », ce qui en dit trop ou pas assez. Imprudence ou ballon d’essai pour compte d’autrui ?

La question du célibat sacerdotal, c’est comme le boléro de Ravel : on croit que c’est fini et cela recommence encore obstinément. Sans remonter aux conciles d’Elvire (IVe siècle) ou du Latran (le premier, au XIIe siècle), le thème a refait surface, une fois de plus, à la faveur de la révélation de l’épidémie pédophile dans le clergé des années postconciliaires.

Petit rappel : dans les pays catholiques les plus éprouvés par le « sécularisme » doctrinal et moral -comme l’Autriche ou la Belgique- des évêques ont épanché publiquement leurs doutes et leur trouble. Lorsqu’à la mi-mai 2010, un  évêque autrichien, Paul Iby, d’Eisenstadt, déclare que « les prêtres devraient être libres de décider s’ils veulent se marier ou non » et que « le Saint-Siège est trop timide à ce sujet », le cardinal-archevêque de Vienne, Christophe Schönborn, commente : « les préoccupations qui ont été exprimées par l’évêque Iby, nous les ressentons tous ».Un peu plus tard, dans un contexte similaire, trois évêques flamands, NN.SS. De Kesel (Bruges), Bonny (Anvers) et Hoogmartens (Hasselt) ont, à leur tour, saisi au bond la balle des scandales pédophiles, pour pousser l’amalgame encore un peu plus loin. Dans une interview à la radio flamande VRT, Mgr De Kesel a déclaré (18 septembre 2010): « Je pense que l'Eglise doit se poser la question de savoir s'il convient de conserver le caractère obligatoire du célibat » et, poursuivant sur sa lancée: « on pourrait dire qu'il y a des prêtres célibataires mais que des personnes pour lesquelles le célibat est humainement impossible à respecter devraient aussi avoir la chance de devenir prêtre » pour conclure: « la discussion sur le célibat [des prêtres] pourrait avoir une suite bien plus rapide que celle sur l'accès des femmes à la prêtrise" ».

Et après que cent cinquante théologiens germanophones eussent lancé (7 février 2011) un bruyant manifeste « pour mettre fin à lacrise sans précédent  que traverse l'Eglise catholique depuis les scandales des prêtres pédophiles »,  le site de l’agence de presse « Cathobel » publia un éditorial  « Célibat des hommes et ordination des femmes » du P. Charles Delhez s.j., paru dans le Dimanche Express n°8 du 27 février 2011. Dans cet article, le directeur du journal des paroisses francophones de Belgique reprend, « more jesuitico », l’antienne qu’il avait déjà publiée dans la « Libre Belgique ». Voici un extrait de sa prose :

« (…) Dans l’Église latine, on n’ordonne prêtres que ceux qui font la promesse de rester célibataires. Ne pourrait-on cependant pas imaginer, dans l’Église latine, la même diversité qu’à l’intérieur de l’Église catholique dans son ensemble ? C’est que les Églises locales évoluent bien différemment aujourd’hui. Des réponses adaptées à la situation de chaque pays ou de chaque région du monde serait sans doute  heureuses. »

Dans un commentaire « posté » sous le texte de son confrère, le Père Thierry Dejond s.j., professeur de théologie dogmatique au séminaire de Namur apporta au lecteur un excellent antidote à la culture du doute pratiquée par le Père Delhez. Une mise au point concise, claire et précise : « (…) Si les Eglises orientales ‘revenues au catholicisme’ ont accepté d’ordonner des hommes mariés (vu leur passé orthodoxe datant de 690) [ndlr : concile « in trullo »], c’est par miséricorde de l’Eglise catholique, qui ne voulait pas briser une tradition de cinq siècles.

Le « célibat des prêtres » dans l’Eglise latine n’est autre qu’une manière d’être fidèle à la « Tradition remontant aux Apôtres », et acceptée tant chez les Grecs que chez les Latins jusqu’en 690, et exigeant des Evêques, Prêtres et Diacres mariés, de renoncer, le jour de leur Ordination, à l’usage du mariage. Cette tradition apostolique s’est maintenue en Occident, tandis que l’Orient grec cédait aux décisions de l’Empereur de Byzance.

Pourtant, même en Orient, subsistent des traces évidentes de l’ancienne discipline commune: les Evêques n’ont pas le droit de vivre en mariage, jamais; les prêtres et les diacres, après le décès de leur épouse, n’ont pas le droit de se  remarier,  puisque ils ont été ordonnés. Ce qui prouve bien qu’il s’agissait d’une  tolérance, Idem, pour les  diacres mariés  en Occident, depuis le Concile Vatican II: ils ne peuvent pas se  remarier.

Cette discipline remonte aux Apôtres, dont un seul, Simon-Pierre, était certainement marié avant l’appel du Christ, mais qui répond à Jésus: « Nous qui avons tout quitté pour te suivre… », Jésus répond: « Amen, je vous le dis: personne n’aura quitté maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps-ci et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Luc 18, 28-30). Bien d’autres textes de L’Ecriture Sainte, et de la Tradition des Pères de l’Eglise, confirment cette exigence de Jésus. Exigence rappelée au 1er Concile Oecuménique de Nicée en 325, canon 3; et déjà avant, dans des Conciles régionaux: Elvire (Espagne) en 304 et Ancyre (=Ankara, Turquie) en 314. Il est clair que ces canons disciplinaires de l’Eglise ne faisaient que « rappeler » la Tradition remontant aux  Apôtres et attestée par de nombreux  Pères de l’Eglise  auparavant ».

 La question est surtout posée de savoir si, après les positions fermes et si clairement exposées à ce sujet par Benoît XVI durant trop bref pontificat, il est bien opportun pour le  nouveau pouvoir suprême de l’Eglise de laisser croire qu’il va maintenant ouvrir ou entr’ouvrir lui-même cette boîte de Pandore, dont le contenu risque grandement de lui échapper pour de bon. Ne serait-il pas plus avisé de s’investir d’abord sur la réponse une question plus cruciale dont le sens –autre signe des temps- n’est plus obvie pour nos contemporains : qu’est-ce qui fonde encore aujourd’hui l’identité du prêtre, à ses propres yeux et a fortiori ceux des laïcs ?

JPSC

Commentaires

  • François d'Assise, le curé d'Ars, le Père de Foucault, Padre Pio ... tous auraient du se marier : ça aurait été beaucoup mieux!
    Trève de plaisanterie...

    Je crains que si l'on s'aventure sur cette voie, un chaos terrible s'ajoutera à la crise déjà si grave.

    Quoi qu'il en soit, puisse l'Esprit guider les responsables de l'Eglise. Mon Dieu que ces temps sont difficiles pour nous catholiques...

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