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Comment le monde perçoit le pape "personne de l'année"

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Un article paru sur le Huffington Post exprime très clairement la perception que les médias et l'opinion publique peuvent avoir du pape actuel. A la lecture de cette prose, on voit que cette perception est partielle et tend à présenter une image du pape en phase avec la sensibilité contemporaine (le "déjà là") tout en déplorant qu'il n'ait pas encore abandonné certaines positions "traditionnelles" de l'Eglise (le "pas encore"). Cette perception qui fait fi de tout le discours pourtant central - et très traditionnel - du pape sur le péché, le diable, la Rédemption, la pénitence, la conversion, la Vierge Marie, etc présente une image tronquée de François qui en fait l'antithèse des pontifes précédents alors que son message reste très globalement dans la ligne de leurs enseignements et tend même à insister sur des points de la foi catholique qui étaient fort peu évoqués depuis le Concile. On peut également constater combien on tend à majorer des détails relativement insignifiants (selfies) pour se livrer à une analyse très superficielle et qui passe à côté de l'essentiel.

Comment le pape François, élu "personne de l'année" 2013, a dépoussiéré l'image de l'Eglise

RELIGION - Une sorte de consécration neuf mois seulement après son élection. Ce mercredi 11 décembre, le magazine américain Time a attribué le titre de "personne de l'année" 2013 au Pape François.

"Pour avoir tiré la papauté hors de son palais afin de l'emmener dans la rue, pour avoir poussé la plus grande Eglise au monde à faire face à ses besoins les plus profonds, et pour avoir fait le juste équilibre entre jugement et compassion, le pape François est la personne de l'année 2013 de Time", a expliqué la rédactrice en chef de l'hebdomadaire, Nancy Gibbs. Selon elle, il a changé le "ton, la perception et l'approche" de l'Eglise catholique.

Il est vrai que le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio, devenu en mars dernier le Pape François, tranche avec ses prédécesseurs. Au-delà du fait qu'il est le premier sud-américain a être nommé à cette fonction, le pape actuel se distingue des autres souverains pontifes aussi bien sur le fond (?) que sur la forme. Alors que l'Eglise catholique est secouée par divers scandales (pédophilie, corruption etc), ce changement apparent a très vite enthousiasmé les fidèles et interpellé les non-croyants. Mais comment a-t-il réussi à créer cette image de pape "normal" (?), pour reprendre un élément de langage que d'autres n'ont pas réussi à incarner de manière aussi positive...

"L'esprit de cour est la lèpre de la papauté"

Dès le choix de son patronyme qui rend hommage à saint François d'Assise, défenseur des pauvres et de la paix, le pape a donné le ton. Quelques jours seulement après son élection, il déclarait par exemple, "je voudrais une Eglise pauvre, pour les pauvres".

Depuis, il n'a eu de cesse de défendre cette orientation. Ne se contentant pas de mots, le successeur de Benoît XVI a d'ailleurs agi plusieurs fois en ce sens. Plutôt que d'habiter dans le palais réservé aux papes, il a choisi un demeure plus modeste. Côté transport, le pape a fait une croix sur les voitures de luxe pour privilégier un modèle plus passe-partout, une Ford Focus. A cette occasion, il avait d'ailleurs fustigé le mode de vie de certains religieux.

"Ça me blesse quand je vois un prêtre ou une nonne avec une voiture dernier cri. Vous ne pouvez pas faire cela. Une voiture est indispensable pour travailler mais, s'il vous plaît, choisissez-en une modeste. Si vous aimez les modèles de luxe, pensez au nombre d'enfants qui meurent de faim dans le monde", avait-il déclaré. Plus que le luxe, le pape exècre aussi les mondanités et l'"esprit de cour". "Des gens à la tête de l'Eglise se sont souvent montrés narcissiques, flattés et ravis par leurs courtisans. L'esprit de cour est la lèpre de la papauté", avait-il lâché au cours d'un entretien.

Concernant la pédophilie, autre crise vécue par l'Eglise, le pape François a donné l'impression de vouloir s'emparer du problème plutôt que de faire comme s'il n'existait pas. En avril, il disait vouloir agir "avec détermination" contre ce crime. (ndB : ce que Benoît XVI avait déjà fait avant lui.) En juillet, il a annoncé que les sanctions pénales du Vatican contre la pédophilie seraient durcie. Il y a quelques jours, le pontife a mis en place une commission d'experts pour améliorer la protection des enfants et mineurs.

Un pape parfois ambigu

Toutefois, il est vrai que sur certains sujets, le pape François ne s'écarte pas des positions traditionnelles de l'Eglise. (ndB : c'est vraiment très contrariant!!!) Sur l'homosexualité par exemple, son propos est assez ambigu. Certes, en septembre, le pape recommandait ainsi la "miséricorde" pour les homosexuels (ainsi que pour les divorcés et les femmes ayant avorté) mais n'est-ce pas lui qui quelques mois plus tôt invitait les parlementaires français (qui venaient de voter le mariage pour tous) à "abroger" certaines lois si nécessaire? L'Histoire retiendra cependant une phrase en signe d'ouverture: "Qui suis-je pour juger les homosexuels?" (NdB : la phrase exacte du pape était : "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour juger?")

Même mesure concernant la place des femmes dans l'Eglise, il avait jugé "nécessaire d'agrandir les espaces pour une présence féminine plus marquante" tout en disant clairement non à l'ordination des femmes. Bref, comme le monde, l'ouverture ne se fera pas en un jour... (ndB : mais, à les entendre, cela ne devrait être qu'une question de temps !)

Un pape humble qui fait des selfies

Au-delà de ses prises de positions, le pape François, c'est aussi un style qui correspond à l'orientation qu'il souhaite donner à l'église. Se voulant humble, il n'a pas hésité à laver et embrasser des pieds de détenus. Selon des informations du HuffPost américain, le souverain pontife n'hésiterait pas quitter ses appartements la nuit pour venir en aide aux sans-abris. (rumeur - semble-t-il - sans fondement) Barack Obama en personne (c'est dire!) avait vanté son "humilité incroyable, un sens de l'empathie pour les petits, les pauvres. C'est quelqu'un qui pense d'abord à se rapprocher des gens plutôt qu'à les repousser, à trouver ce qui est bon chez eux".

Souvent souriant, n'hésitant pas à serrer les mains ou à passer des coups de fils, le pape qui semble avoir un bon sens de l'humour a également su se montrer proche des gens. Qui aurait imaginé voir un jour le pape poser pour un selfie avec des adolescents?

Un style modeste qui n'est pas sans servir la communication du pape François. A l'heure où l'Eglise catholique est la cible d'une certaine défiance, son attitude ne peut a priori que bénéficier à l'institution. Et en bon pape moderne, François a évidemment son compte Twitter @Pontifex (qui avait été mis en place peu avant la retraite de Benoît XVI) ...

Voir également : http://www.lesoir.be/378954/article/actualite/monde/2013-12-12/pape-francois-1er-homme-l-annee-pour-meilleur-et-pour-pire

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