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Alberto Methol Ferré serait à l'origine du jugement que le pape François porte sur le monde d'aujourd'hui

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D'après Sandro Magister, c’est surtout un philosophe qui est à l'origine du jugement que Bergoglio porte sur le monde d'aujourd’hui :

Il s’appelait Alberto Methol Ferré. Il était uruguayen, vivait à Montevideo et traversait fréquemment le Rio de la Plata pour aller rendre visite, à Buenos Aires, à son ami l’archevêque. Il est mort en 2009, à l’âge de 80 ans, mais un livre-interview paru en 2007, qui est d’une importance capitale pour comprendre non seulement sa vision du monde mais aussi celle de son ami devenu pape par la suite, a été réédité en Argentine et vient de l’être aussi en Italie :

> Alberto Methol Ferré, Alver Metalli, "Il papa e il filosofo", Edizioni Cantagalli, Sienne, 2014

> Alberto Methol Ferré, Alver Metalli, "El Papa y el filósofo", Editorial Biblos, Buenos Aires, 2013

Lorsque Bergoglio présenta ce livre à l’occasion de la publication de sa première édition, à Buenos Aires, il en fit l’éloge en disant que c’était un texte d’une "profondeur métaphysique". Et en 2011, ce même Bergoglio, préfaçant un livre écrit par un de leurs amis communs – Guzman Carriquiry Lecour, Uruguayen, secrétaire de la commission pontificale pour l'Amérique latine, le laïc qui a le plus haut grade au Vatican –exprima sa reconnaissance au "génial penseur du Rio de la Plata" parce qu’il avait mis à nu la nouvelle idéologie dominante, après la chute des athéismes messianiques d'inspiration marxiste.

Cette nouvelle idéologie est celle que Methol Ferrè appelait "athéisme libertin". Et que Bergoglio décrivait de la manière suivante :

"L'athéisme hédoniste et ses suppléments d’âme néo-gnostiques sont devenus la culture dominante, avec une projection et une diffusion mondiales. Ils constituent l'atmosphère du temps où nous vivons, le nouvel opium du peuple. Non seulement la 'pensée unique' est socialement et politiquement totalitaire, mais, en plus, elle a des structures gnostiques : elle n’est pas humaine, elle propose à nouveau les différentes formes de rationalisme absolutiste sous lesquelles s’exprime l'hédonisme nihiliste décrit par Methol Ferré. Ce qui domine, c’est le 'théisme nébulisé', un théisme diffus, sans incarnation historique ; dans le meilleur des cas, créateur de l'œcuménisme maçonnique".

Dans son livre-interview qui est réédité aujourd’hui, Methol Ferré soutient que le nouvel athéisme "a radicalement changé d’aspect. Il n’est pas messianique, mais libertin. Il n’est pas révolutionnaire au sens social, mais complice du statu quo. Il s’intéresse non pas à la justice, mais à tout ce qui permet de cultiver un hédonisme radical. Il n’est pas aristocratique mais il s’est transformé en un phénomène de masse".

Mais peut-être l'élément le plus intéressant de l'analyse que fait Methol Ferré se trouve-t-il dans la réponse qu’il donne au défi qui est lancé par la nouvelle pensée hégémonique :

"C’est ce qui s’est passé dans le cas de la réforme protestante, puis dans celui des Lumières séculières, et ensuite dans celui du marxisme messianique. On parvient à l’emporter sur un ennemi en prenant le meilleur de ses intuitions et en allant plus loin".

Et, à votre avis, quelle est la vérité de l'athéisme libertin ?

"La vérité de l'athéisme libertin est la perception du fait que l'existence a une destination intime de plaisir, que la vie elle-même est faite pour une satisfaction. En d’autres termes : le noyau profond de l'athéisme libertin est un besoin caché de beauté ".

Certes, l'athéisme libertin "pervertit" la beauté, parce qu’il "la sépare de la vérité et du bien, et donc de la justice". Mais – avertit Methol Ferré – "on ne peut pas récupérer le noyau de vérité de l’athéisme libertin par une démarche d’argumentation ou de dialectique et moins encore en créant des interdictions, en lançant des alertes, en dictant des règles abstraites. L'athéisme libertin n’est pas une idéologie, c’est une pratique. À une pratique il faut opposer une autre pratique ; une pratique consciente d’elle-même, bien entendu, et donc intellectuellement bien équipée. Historiquement, l’Église est le seul sujet présent sur la scène du monde contemporain qui puisse affronter l'athéisme libertin. À mon avis, seule l’Église est véritablement postmoderne".

Il y a une concordance impressionnante entre ces idées de Methol Ferré et le programme de pontificat de son disciple Bergoglio, qui refuse "la transmission inorganisée d’une multitude de doctrines qu’il faudrait imposer avec insistance" et qui insiste sur la nécessité d’une Église qui soit capable de "rendre les cœurs brûlants", de soigner toutes les sortes de maladie ou de blessure et de redonner le bonheur.

Commentaires

  • Il serait peut-être judicieux qu'on arrête de parler de « réforme protestante », ou plutôt de « réforme religieuse protestante ». Il y eut en fait de multiples « réformes politiciennes protestantes », par lesquelles les César locaux se sont auto proclamés Pape à la place du Pape. L'instauration brutale de ces théocraties visait un double but. D'abord, mettre d'un coup la main sur tous les biens de l'Église, notamment les abbayes, couvents et monastères, réquisitionnés par le César ou distribués à ses fidèles, pour s'assurer de leur soutien. Et ensuite, usurper l'autorité morale et religieuse que détenait le Pape de Rome sur le peuple.
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    Pour amadouer et tromper leur peuple catholique, les César locaux ont trouvé assez facilement des théologiens contestataires (il y en à toutes les époques) et ils leur ont fait fabriquer quelques hérésies chrétiennes, pour les présenter au peuple comme la nouvelle et seule vraie religion que les gens devaient dorénavant suivre, de gré ou de force. Car ils établirent aussi le principe que cette nouvelle religion du César-Pape, devait être la religion de tout le peuple : « Cujus Regio Ejus Religio (liberté religieuse pour les princes; obligation pour le sujet d'avoir la religion de son seigneur) ». Les catholiques qui tentaient de résister et de rester fidèles au Pape de Rome, étaient éliminés ou devaient s'exiler.
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    Évidemment, et puisque ces hérésies chrétiennes étaient présentées comme la nouvelle et seule vraie religion, les catholiques devaient être à leur tour désignés aux gens comme de parfaits hérétiques et le Pape de Rome comme un parfait usurpateur, puisque leur César était devenu leur nouveau Pape. L'anti papisme et l'anti catholicisme devinrent d'ailleurs à peu près les seuls points communs entre ces hérésies chrétiennes multiples. Avec une virulence qui ne s'est pas démentie jusqu'à aujourd'hui.
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    Le manque criant d'unité, de cette tour de Babel appelée « protestantisme », pourrait d'ailleurs à lui seul démontrer le caractère hérétique de toutes ces prétendues réformes religieuses. Je pense que cette multiplicité des hérésies protestantes, religieusement antagonistes et politiquement concurrentes entre elles, a induit à un moment donné la nécessité d'établir une « hérésie chapeau », baptisée « franc-maçonnerie », qui devait tenter d'établir un semblant d'unité parmi elles, notamment à l'aide de cet anti papisme et de cet anti catholicisme semés dans le peuple.
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    Ce M. Ferré a donc raison de dire que ces « réformes 'politiciennes' protestantes », assaisonnées de « réformes 'religieuses' hérétiques », furent le début du vaste mouvement de paganisme matérialiste qui a déferlé sur l'Europe et puis sur le monde.

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