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Strasbourg : le pape-t-il cassé son image de "pape ouvert" ?

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C'est ce que semble penser Bernadette Sauvaget, journaliste de Libération :

Les trois messages du pape François à l'Europe

ANALYSE : Dans ses deux discours à Strasbourg, mardi, Bergoglio a fustigé l’individualisme mais aussi l’avortement.

Sans surprise, les longs applaudissements ont été au rendez-vous. Et pourtant, Jorge Mario Bergoglio a été, à Strasbourg, un pape sans concessions, offensif même. En deux discours, prononcés en italien devant le Parlement européen puis au Conseil de l’Europe, le pape François, en visite éclair ce mardi matin, a donné une feuille de route spirituelle et politique à l’Europe. Ce qui pourrait, une fois passée l’euphorie du voyage, en mécontenter plus d’un, notamment dans sa condamnation forte de l’avortement et de l’euthanasie. Retour sur trois déclarations forte du pape, prononcées ce mardi. 

«NOUS AVONS DEVANT LES YEUX L’IMAGE D’UNE EUROPE BLESSÉE, FATIGUÉE, PESSIMISTE QUI SE SENT ASSIÉGÉE»

Conforme à ce qu’il en évoquait déjà ces derniers mois, Bergoglio s’inquiète d’une Europe qui, de son point de vue, est à bout de souffle. En juin, il promettait de la réveiller. C’est donc bien ce qu’il est venu faire à Strasbourg, sur le même registre que le président du Parlement européen, Martin Schultz.

A partir de ce constat, Bergoglio a voulu proposer un diagnostic. Vue d’Amérique latine, son continent d’origine, l’Europe traverse une sorte de nuit, liée essentiellement à la montée de la sécularisation. Ce qui, pour le pape, correspond à l’abandon de ses racines, un thème qu’il a martelé dans ses deux discours ce mardi à Strasbourg, se livrant à une virulente critique de l’individualisme contraire au développement du bien commun.

«DE L’INDIVIDUALISME INDIFFÉRENT NAÎT LA CULTURE DE L’OPULENCE AUQUEL CORRESPOND LA CULTURE DU DÉCHET»

Cette thématique de la «culture du déchet» est une constante dans la pensée bergoglienne; c’est un concept qu'il a forgé quand il était archevêque de Buenos Aires. Cassant son image de pape ouvert, il a clairement condamné le recours à l’euthanasie et à l’avortement qui appartiennent, selon lui, à cette «culture du déchet». Dans la vision de Bergoglio, il y a cette crainte très vive que, dans une société où l’économie et la technique sont reines, on se débarrasse de ceux devenus inutiles, notamment les personnes âgées qu’il a évoquées à plusieurs reprises à Strasbourg.

«JE VOUS EXHORTE À TRAVAILLER POUR QUE L’EUROPE RETROUVE SA BONNE ÂME»

On attendait un message très social du pape devant les institutions européennes, comme une sorte de prolongement de sa visite à l’île de Lampedusa, quelque mois après son élection. Il a de fait condamné le sort des migrants. «On ne peut pas tolérer que la Méditerranée devienne un grand cimetière», s'est-il écrié. Mais Bergoglio a surtout délivré un message philosophique, destiné à redonner du souffle à l’Europe. «Je vous exhorte à travailler pour que l’Europe retrouve sa bonne âme», a-t-il lancé aux parlementaires européens. Même s’il a rendu hommage aux différentes cultures qui ont fait l’Europe, mentionnant même au passage les Celtes, Bergoglio pense, bien sûr, que cette âme-là est d’abord chrétienne. Ce qui pourrait aussi, dans les jours à venir, faire grincer bien des dents !

Voir l'émission sur KTO : "Le pape François et l'Europe"

Edition spéciale à l'occasion de la visite du Pape François au Parlement européen et au Conseil de l'Europe à Strasbourg ce mardi 25 novembre 2014. La précédente visite d'un pape auprès de ses institutions remonte à 1988. A l'époque, Jean-Paul II venait à la rencontre d'un parlement où ne siégeaient que 12 pays. Le mur de Berlin n'était pas tombé. Depuis, l'Union Européenne s'est élargie à 28 Etats. Et la sécularisation s'est renforcée. A cette crise existentielle s'est ajoutée une crise économique durable. A Strasbourg, le pape François a choisi de s'adresser à l'ensemble du continent Européen. Retour sur son message et débat autour des points forts de ses deux discours avec nos invités : Martin Schulz, président du Parlement européen ; Gabriella Battaini-Dragoni, Secrétaire générale adjointe du Conseil de l'Europe ; Mgr Jean-Pierre Grallet, membre de la COMECE ; Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts au Parlement européen ; Anna Zaborska, député européenne slovaque.

Commentaires

  • Non notre pape François n'a rien cassé. Bon c'est vrai qu'il aurait pu aller visiter la cathédrale de Strasbourg. 1000 ans ça se fête! Mais il n'a pas non plus célébré le centenaire de la mort d'un grand pape, qui inspire pourtant tellement son pontificat: St Pie X. Il n'a pas non plus parlé des sauveteurs qui risquent leur vie en secourant les rescapés. Il nous expliquera sans doute dans son prochain interview comment donner du travail à ceux qui sont déjà parmi nous, mais qui ne sont pas formés et ne répondent donc pas aux exigences du marché du travail. Ce qu'une Eglise pauvre ne peut accomplir, les États, débordant de moyens, pourront le faire. N'est-Ce pas ?

    Il est tellement bon qu'il est sur le point de remercier Mgr Oliveri, évêque d'Albenga, pour avoir si bien si mettre en pratique les recommandations de miséricorde de notre pape, en accueillant dans son diocèse des prêtres de la fraternité franciscaine de l'Immaculée.

    Tant de bonté... Cela m'émeut. Même Charles Michel est touché. C'est tout dire.

  • Votre ironie et votre malveillance sont vraiment déplacées !
    Je n'en dis pas davantage pour ne pas être médisant !

  • Lu sur un autre blog:

    "...Plutôt que de rappeler aux dirigeants des pays riches leurs devoirs de développer les pays les plus pauvres afin de fixer leurs populations, le pape appelle l’Europe à accueillir les immigrés... Bien sûr que ces immigrés sont des victimes, mais ils ne sont pas les victimes des pays qui refusent de les accueillir mais bien de cette mondialisation politique, économique et financière, dont l’Union Européenne n’est pas autre chose qu’un des éléments.

    Le pape Pie XII, pourtant européen convaincu et même obsédé, pape qui encouragea fortement la construction de l’Union Européenne, eut un discours autrement plus catholique aux congressistes de l’Union Européenne des Fédéralistes le 11 novembre 1948 :

    Personne, croyons-Nous, ne pourra refuser de souscrire à cette affirmation qu’une Europe unie, pour se maintenir en équilibre et pour aplanir les différends sur son propre continent – sans parler ici de son influence sur la sécurité de la paix universelle – a besoin de reposer sur une base morale inébranlable. Où la trouver, cette base? Laissons l’histoire répondre : il fut un temps où l’Europe formait, dans son unité, un tout compact et, au milieu de toutes les faiblesses, en dépit de toutes les défaillances humaines, c’était pour elle une force ; elle accomplissait par cette union de grandes choses. Or, l’âme de cette unité était la religion, qui imprégnait à fond toute la société de foi chrétienne

    Une fois la culture détachée de la religion, l’unité s’est désagrégée. A la longue, poursuivant comme tache d’huile son progrès lent mais continu, l’irreligion a pénétré de plus en plus la vie publique et c’est à elle avant tout que ce continent est redevable de ses déchirements, de son malaise et de son inquiétude.

    Si donc l’Europe veut en sortir, ne lui faut-il pas rétablir chez elle le lien entre la religion et la civilisation?

    C’est pourquoi Nous avons eu grand plaisir à lire en tête de la résolution de la Commission culturelle à la suite du Congrès de La Haye en mai dernier, la mention du « commun héritage de civilisation chrétienne ». Pourtant ce n’est pas encore assez tant qu’on n’ira pas jusqu’à la reconnaissance expresse des droits de Dieu et de sa loi, tout au moins du droit naturel, fond solide sur lequel sont ancrés les droits de l’homme. Isolés de la religion, comment ces droits et toutes les libertés pourront-ils assurer l’unité, l’ordre et la paix ?"

  • De toutes les interventions souvent maîtrisées de ce débat sur KTO, j’ai moins apprécié les quelques pointes inutiles ou injustes émanant de l’écolo belge Philippe Lamberts : après avoir étalé son certificat de baptême catholique, celui-ci a jugé bon d’affirmer, a priori, qu’un discours de Benoît XVI devant le Parlement européen et l’Assemblée du Conseil de l’Europe eût consacré la moitié de son temps à traiter de questions sexuelles. Il faut n’avoir jamais rien lu de l’œuvre de cet esprit éminent, cultivé et sensible, pour oser ce genre d’affirmation gratuite. Elle relève de la caricature stupide des médias, la même qui surévalue le moindre propos de son « François superman ». J’ai aussi bien ri en entendant de la bouche du même écolo -à côté de choses intéressantes- que l’attribut des religions est de « faire croire à des choses qui n’ont pas d’existence » : des mythes (utiles ou nocifs) au sens étroit du terme… Pourquoi les Belges doivent-ils toujours se distinguer de la sorte : est-ce la manifestation d’un complexe d’infériorité ? Et a propos de mythes utiles : j’ai l’impression que celui du pape François a servi, cette fois, à faire entendre un discours que Benoît XVI aurait pu lui-même écrire. La question reste posée de savoir s’il a été vraiment reçu pour ce qu’il exprime et si une prochaine « sortie » du pape François ne risque pas d’en occulter complètement les effets éventuels. La communication médiatique ne vit hélas que d’images. Et lorsqu'elles changent trop souvent, elles brouillent le message.

  • Deux interventions appréciés par ceux qui veulent dialogue :

    http://youtu.be/cPMYXYvjxiw

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