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Tous les textes de Vatican II ne sont pas de nature doctrinale et leur autorité doit être nuancée

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D'Anne Kurian sur zenit.org :

Fraternité Saint-Pie X: reconnaître les dogmes catholiques essentiels

Nuances de Mgr Pozzo à propos de l’autorité de certains documents de Vatican II

Mgr Guido Pozzo © Radio Vatican

Mgr Guido Pozzo © Radio Vatican

Pour être reconnue canoniquement, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) doit proclamer les vérités catholiques « essentielles », et tous les documents du Concile Vatican II ne sont pas de nature doctrinale, rappelle Mgr Pozzo. C’est la nouvelle main tendue du Vatican expliquée par Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Deichargée du dialogue avec la Fraternité.

Dans un entretien à la revue allemande Christ und Welt publié le 28 juillet 2016, l’archevêque évoque la situation de cette Fraternité fondée par Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) et qui n’est pas reconnue canoniquement par Rome. En 2009, après leur reconnaissance du Primat de Rome, Benoît XVI a cependant levé les excommunications qui pesaient sur les quatre évêques consacrés en 1988 malgré les avertissements du Vatican.

La levée des excommunications ne signifiait pas l’intégration dans l’Eglise catholique: mutatis mutandis, pas plus que les orthodoxes ne sont entrés dans l’Eglise catholique ou l’inverse lorsque Paul VI et Athénagoras ont décidé, en 1965, « d’enlever de la mémoire et du milieu de l’Eglise les sentences d’excommunication de 1054 ». Mais il s’agissait d’ôter un obstacle au dialogue. Le dialogue a été relancé.

Mgr Pozzo évoque les discussions bilatérales de ces dernières années : « De 2009 à 2012, l’accent principal concernait les différends théologiques, (…) les difficultés de nature doctrinale ». Mais comme « la vie n’est pas seulement faite de doctrine », ajoute-t-il, « ces trois dernières années, a grandi le désir d’apprendre à mieux comprendre la réalité concrète de cette fraternité sacerdotale (…) dans une atmosphère plus amicale ».

Il ne s’agit donc plus de chercher « un consensus immédiat sur toutes les questions épineuses », mais de régler « les points essentiels, en les séparant des questions qui pouvaient être abordées plus tard ». En d’autres termes, précise le secrétaire de la commission de dialogue, la question se résume aux « conditions vraiment essentielles pour être catholique », c’est-à-dire « les qualités requises d’un catholique pour être en pleine communion avec l’Eglise ».

Ce sont ces conditions qui ont fait la base de la Déclaration doctrinale qui sera soumise à la Fraternité « en accord avec le pape ». En signant cette déclaration, la FSSPX reconnaît « les doctrines définies et les vérités catholiques » telles « la nature sacramentelle de l’épiscopat (…), la suprématie papale et du collège des évêques » ou encore « la profession de foi, la reconnaissance des sacrements ».

Pas de « superdogme » pastoral

Si la Fraternité considère certains aspects de Vatican II problématiques – entre autresNostra Aetate sur le dialogue interreligieux ; Unitatis Redintegratio sur l’œcuménisme ;Dignitatis Humanae sur la liberté religieuse – Mgr Pozzo souligne que certains documents conciliaires « ont un poids doctrinal différent ».

Certains documents « ne sont pas des doctrines de foi », affirme-t-il, mais « des suggestions, (…) des lignes d’orientation pour la pratique pastorale ». Tout autant d’aspects qui « peuvent être discutés (…) après la reconnaissance canonique ». A titre d’exemple, explique Mgr Pozzo, « Nostra Aetate ne contient pas d’obligations dogmatiques. Par conséquent, nous ne pouvons pas prétendre que cette Déclaration soit reçue de quiconque comme dogme contraignant ».

« Ce n’est pas “le Vatican” qui l’a décidé, c’est écrit dans les Actes de Vatican II », insiste-t-il : « Le 16 novembre 1964, le secrétaire général du Concile, le cardinal Pericle Felici, a déclaré que le Concile “ne définit contraignant pour l’Eglise que ce qui est spécifiquement déclaré tel en termes de foi et de morale”. » Le 18 novembre 1964, le secrétaire pour l’unité chrétienne précisa que le Concile n’entendait pas donner « des affirmations dogmatiques sur les religions non chrétiennes, mais seulement des normes pratiques et pastorales ».

« Le Concile n’est pas un superdogme pastoral, mais fait partie de toute la tradition et de ses enseignements permanents », ajoute Mgr Pozzo.

« Tout ce qui favorise la rencontre et l’unité, assure-t-il encore, est cher au cœur du pape », et, la Fraternité Saint-Pie X comptant 600 prêtres, 200 séminaristes et 750 églises dans 70 pays, « nous ne pouvons pas fermer les yeux face à une réalité si significative ».

Commentaires

  • Cependant, il me semble que le Concile Vatican II contient au moins 8 points important concernant la doctrine du salut :

    1° L'homme est par nature un être libre et la liberté religieuse est une condition de sa nature.
    2° L'Ordre des évêques est un ordre indépendant, radicalement non réductible à l'Ordre des prêtres, quoiqu'en dise saint Thomas d'Aquin.
    3° Le mariage est ordonné de manière indissociable à l'amour réciproque des époux et au don de la vie (et non à la procréation et à l'assouvissement du désir, comme l'enseignait saint thomas d'Aquin).
    4° Les religions autres que le christianisme possèdent en elles des "semences de l'Esprit Saint" qui disposent les âmes des non-chrétiens au salut.
    5° Nous devons tenir que Dieu proposera à tous, sans exception, la possibilité d'être sauvé (c’est le seul dogme à forme solennelle, voir GS 22, 5)
    6° Le sacrement de l'eucharistie a pour but l'union par la charité de Dieu et de l'homme (et non seulement la glorification de Dieu).
    7° L’infaillibilité pontificale s’exerce de manière extraordinaire, solennelle ou ordinaire (voir définitions du Concile).
    8° L'Ecriture sainte n'est pas dictée par Dieu mais inspirée par Dieu à de vrais auteurs humains qui ont écrit avec leurs mots et leur faillibilité. L'Ecriture est infaillible sur la doctrine du salut et sa révélation progressive, pas sur le reste (Dei Verbum).

  • Quelques remarques, Monsieur Dumouche:
    - Pour la sacramentalité de l'épiscopat: celle-ci est déjà affirmée explicitement dans la bulle Apostolicae Curae de Léon XIII; cependant, ni ce Pape ni le dernier Concile n'ont voulu trancher les autres questions qui furent l'objet de vives controverses dans le passé: 1) le sacre épiscopal per saltum (le sujet n'était pas prêtre auparavant) est-il valide? 2) le caractère presbytéral est-il le même que le caractère épiscopal, mais avec les pouvoirs de confirmation et d'ordination liés par le pouvoir du Pape (en effet, avec une dispense papale, un prêtre peut confirmer et même ordonner, alors que cela est invalide si la dispense n'existe pas)? Par conséquent, ces questions restent librement débattues. Le fait que le sacre épiscopal soit sacramentel n'empêche pas l'identité foncière du caractère imprimé par les deux degrés du sacerdoce chrétien.

    - Pour les fins du mariage: l'ancien traité de Peter Dens à l'usage du séminaire de Malines (Tractatus de sponsalibus et matrimonio, voir https://books.google.de/books?id=qm9TAAAAcAAJ page 114) enseignait clairement trois fins aux mariages: - la procréation et l'éducation des enfants, - la société sainte des époux les obligeant à une fidélité réciproque, - le remède à la concupiscence.

    - Pour le dernier point, l'inerrance des Saintes Ecritures, je crois que vous faites erreur. Le Concile ne dit nullement ce que vous affirmez. Il cite même l'encyclique Providentissimus DEUS de Léon XIII qui affirme, entre autres:
    "On ne peut non plus tolérer la méthode de ceux qui se délivrent de ces difficultés en n'hésitant pas à accorder que l'inspiration divine ne s'étend qu'aux vérités concernant la foi et les mœurs, et à rien de plus. (...) En effet, tous les livres entiers que l'Eglise a reçus comme sacrés et canoniques dans toutes leurs parties, ont été écrits sous la dictée de l'Esprit-Saint. Tant s'en faut qu'aucune erreur puisse s'attacher à l'inspiration divine, que non seulement celle-ci par elle-même exclut toute erreur, mais encore l'exclut et y répugne aussi nécessairement que nécessairement DIEU, souveraine vérité, ne peut être l'auteur d'aucune erreur. Telle est la croyance antique et constante de l'Eglise, définie solennellement par les Conciles de Florence et de Trente, confirmée enfin et plus expressément exposée dans le Concile du Vatican, qui a porté ce décret absolu (...). On ne doit donc presque en rien se préoccuper de ce que l'Esprit-Saint ait pris des hommes comme des instruments pour écrire, comme si quelque opinion fausse pouvait être émise non pas certes par le premier auteur, mais par les écrivains inspirés. En effet, lui-même les a, par sa vertu, excités à écrire, lui-même les a assistés tandis qu'ils écrivaient, de telle sorte qu'ils concevaient exactement, qu'ils voulaient rapporter fidèlement et qu'ils exprimaient avec une vérité infaillible tout ce qu'il leur ordonnait et seulement ce qu'il leur ordonnait d'écrire. (...) Il suit de là que ceux qui pensent que, dans les passages authentiques des Livres Saints, peut être renfermée quelque idée fausse, ceux-là assurément ou pervertissent la doctrine catholique, ou font de DIEU lui-même l'auteur d'une erreur. Tous les Pères et tous les docteurs ont été si fermement persuadés que les Lettres divines, telles qu'elles nous ont été livrées par les écrivains sacrés, sont exemptes de toute erreur, qu'ils se sont appliqués, avec beaucoup d'ingéniosité et religieusement, à faire concorder entre eux et à concilier les nombreux passages qui semblaient présenter quelque contradiction ou quelque divergence. (Et ce sont presque les mêmes qu'au nom de la science nouvelle, on nous oppose aujourd'hui)".*

    D'autres auteurs se sont même servis des actes officiels du concile pour illustrer la thèse que le concile affirme toujours l'inerrance complète de la Bible (et non seulement en matière de foi et de morale), et réfutent les avis opposés:
    Mark Joseph Zia, The Inerrancy of Scripture and the Second Vatican Council, https://www.catholicculture.org/culture/library/view.cfm?recnum=8441
    R.P. Brian Harrison, The truth and salvific purpose of sacred Scripture according to DEI VERBUM, article 11, http://www.rtforum.org/lt/lt59.html
    (Je ne saurais trop recommander ce dernier site http://www.rtforum.org/lt/ et cet auteur, protestant converti, qui a écrit plusieurs articles et un magnifique ouvrage démontrant la cohérence du dernier Concile avec la doctrine traditionnelle: "Le développement de la doctrine catholique sur la liberté religieuse")

    * Léon XIII dit aussi: "On doit appliquer ici d'une façon générale les paroles que le même saint Augustin écrivait à saint Jérôme : "Je l'avoue, en effet, à ta charité, j'ai appris à accorder aux seuls livres des Ecritures, que l'on appelle maintenant canoniques, cette révérence et cet honneur de croire très fermement qu'aucun de leurs auteurs n'a pu commettre une erreur en les écrivant. Et si je trouvais dans ces Saintes Lettres quelque passage qui me parût contraire à la vérité, je n'hésiterais pas à affirmer ou que le manuscrit est défectueux ou que l'interprète n'a pas suivi exactement le texte, ou que je ne comprends pas bien (Ep. LXXXII, 1, et alibi)"."

  • M. Salim Hage, je suis grandement étonné quand vous dites, si je vous comprends bien, qu'un prêtre pourrait donner le sacrement de l'ordre, avec dispense papale. Il est vrai qu'un prêtre peut conférer ce qu'on appelait naguère les ordres mineurs. Je les ai moi-même reçus de mon supérieur majeur. Mais pour le diaconat et le presbytérat, je croyais que seul l'évêque pouvait validement les conférer et que cela était de droit divin positif et que le pape lui-même ne pouvait rien y changer. Pouvez-vous me citer des théologiens catholiques qui ont envisagé cette possibilité? Merci

  • Oui, l'Ordination aux ordres majeurs ne peut être déléguée et si l'Ordre de l'épiscopat disparaissait du monde, le sacerdoce disparaîtrait aussi.

    La raison en est que l'épiscopat est la plénitude de la perfection dans l'ordre sacerdotal.

    On pourrait objecter que la confirmation peut être déléguée à un prêtre et que ce sacrement est aussi lié à une perfection.

    Mais, cela ne fonctionne pas pour l'Ordination. On ne reçoit l'Ordination qu'en lien avec la succession apostolique, d'où la perte du sacerdoce valide chez les Anglicans.

  • Oui pour la confirmation, aucun problème. Du reste chez les orthodoxes, elle est toujours donnée par un prêtre tout de suite après le baptême (la chrismation) et avant la première communion. La pleine validité de cette pratique n'a jamais fait problème pour les catholiques.

  • M. Salim Hage, je vous donne ci-dessous un texte de Saint Thomas d'Aquin qui confirme dès le Moyen âge la fixation dogmatique de "Dei Verbum" : "L'Ecriture n'est infaillible, comme toute prophétie, qu'en matière de doctrine du salut".

    D'autre part, je m'étonne du texte que vous citez et qui dit : "l'Ecriture est DICTEE par Dieu".

    "INPIREE" serait un terme mieux venu. Le Coran seul se déclare "dicté" mot à mot, et infaillible dans tous les domaines, y compris les sciences. Cela leur pose d'ailleurs problème car la Genèse affirme que les arbres fruitier furent créés ... avant le soleil, ce qui pose problème en science !

    Saint Thomas d'Aquin :
    ». De veritate, 12, 2, resp : « En toutes les choses qui sont pour une fin, la matière est déterminée par ce qu'exige la fin, comme on le voit clairement au deuxième livre de la Physique. Or le don de prophétie est donné pour l'utilité de l'Église, comme cela est clair en I Cor. 12, 7 : « À chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité », après quoi l'Apôtre mentionne de nombreux dons, parmi lesquels figure la prophétie ; toutes ces choses dont la connaissance peut être utile au salut est donc matière de prophétie, qu'elles soient passées, présentes ou futures, ou même éternelles, qu'elles soient nécessaires ou contingentes. Mais les choses qui ne peuvent concerner le salut sont étrangères à la matière de la prophétie ; c'est pourquoi saint Augustin dit au deuxième livre sur la Genèse au sens littéral que « quoique nos auteurs sacrés aient su quelle était la figure du ciel, cependant l'Esprit n'a voulu dire par leur bouche que ce qui est utile au salut » ; et il est dit en Jn 16, 13 : « Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité » ; la Glose : « nécessaire au salut ». Et je dis « les choses nécessaires au salut », qu'elles soient nécessaires à l'instruction de la foi ou à la formation des mœurs. Or de nombreuses choses qui sont démontrées dans les sciences peuvent être utiles pour cela ; par exemple l'incorruptibilité de l'intelligence, ainsi que les choses qui, considérées dans les créatures, font admirer la sagesse et la puissance divines. Et c'est pourquoi nous trouvons qu'il est fait mention de ces choses dans la Sainte Écriture. »

  • Monsieur Dumouche, vous faites une petite entorse au texte de S. Augustin et de S. Thomas: ils ne disent pas que les passages en question sont faillibles car ils ne contribuent pas au salut, mais ils disent pourquoi ils sont écrits dans la Bible quoiqu'ils ne soient pas (du moins à première vue) utiles au salut, et la raison est que la considération de ces choses nous porte à louer la sagesse divine. C'est tout.

    En tant que scientifique, je ne trouve aucune incohérence dans la Bible. Voltaire se moquait de la lumière créée avant le soleil; la science actuelle s'accorde avec la Bible, car la lumière, qui est une vibration de champs électrique et magnétique, et donc ces types d'énergie, doit logiquement exister avant le reste de la matière. C'est de la haute science dite avec les concepts que les juifs connaissaient.
    Pour les plantes, quoique j'admette qu'elles étaient déjà dans un état adulte à leur création, je peux proposer une solution alternative: les premiers germes végétaux ou bactériens peuvent survivre sous terre et commencer à croître sans soleil. Comme pour les secrets de la Salette et les autres prophéties, le sens chronologique n'est pas absolu: le second jour ou période de la création, ces germes sont créés et commencent à pousser, et le lendemain les astres leur font continuer leur croissance et porter leurs fruits, quoiqu'ils aient déjà ce potentiel dans l'Intelligence divine dès le jour de leur création.

  • Je viens d'avoir une conversation avec un de mes confrères, ancien bollandiste, orientaliste renommé et grand connaisseur de manuscrits anciens. Il est assez probable historiquement parlant:
    1° qu'à Alexandrie au IIIe siècle que le presbyterium ordonnait l'évêque de la ville
    2° qu'au moyen âge il y aurait eu quelques cas d'ordinations de prêtres par des abbés de monastère, avec dispense papale.
    Ceci dit, l'histoire ne prouve rien. Il pourrait s'agir d'anomalies ponctuelles. je vais faire une recherche dans le dictionnaire d'archéologie et de liturgie.
    Mais il est vrai qu'à Vatican II, certains pères et théologiens n'acceptaient pas la distinction réelle entre épiscopat et presbytérat. Maintenant cette distinction est bien établie. L'Eglise a tranché dogmatiquement la question.

  • Avant de répondre, Révérend Père, à votre question, je tiens à dire qu'il y a quatre questions distinctes; les réponses à ces questions sont indépendantes, ce qui donne (en théorie) plus de huit combinaisons possibles:
    1) Le sacerdoce supérieur (épiscopat) et le sacerdoce inférieur (presbytérat) sont-ils distincts quant au caractère imprimé dans l'âme? Autrement dit, le pouvoir de confirmer et d'ordonner est-il imprimé déjà chez les prêtres, mais lié par le pouvoir des clefs? On sait que les diacres ne reçoivent pas ce pouvoir, et le Pape ne peut leur permettre d'en user; or, au contraire, les Papes ont permis depuis des siècles aux prêtres d'en user, restant sauve l'invalidité en l'absence de la concession, expresse ou tacite, du Saint-Siège.
    La question est trop difficile. Je tiens pour l'opinion que l'épiscopat n'est qu'une extension du presbytérat, ou, vu plus positivement, le presbytérat est une réception du caractère épiscopal (qui est chronologiquement le premier) avec certains pouvoirs liés et sans pouvoir de juridiction. Cependant, dans les deux opinions, une chose est très claire: l'épiscopat confère le pouvoir absolu (non lié) d'ordonner et de confirmer, et le pouvoir de consacrer d'autres évêques.
    2) Le Pape peut-il lier les pouvoirs de confirmer et d'ordonner d'un évêque, de sorte qu'ils soient invalides tant que dure cette décision?
    Le chanoine René Berthod l'affirmait. La majorité des théologiens le nient.
    3) Le sacre épiscopal est-il sacrement divin ou simple sacramental ecclésiastique?
    La question est tranchée depuis Léon XIII ("Il est hors de doute et il ressort de l’institution même du Christ que l’épiscopat fait véritablement partie du sacrement de l’Ordre et qu’il est un sacerdoce d’un degré supérieur", Apostolicae Curae), même si par la suite quelques théologiens ont continué à soutenir le contraire (chanoine René Berthod), comme le fit S. Thomas d'Aquin.
    4) L'épiscopat peut-il être conféré validement per saltum (p.ex. à un diacre)?
    Oui, il y a des cas connus parmi les Papes du IXe siècle (p.ex. S. Nicolas I), le cas des Apôtres et celui du B. Dermond O'Hurley, archevêque irlandais consacré par Grégoire XIII (du moins d'après la Catholic Encyclopedia). Répondre non à cette question implique de croire que le sacre épiscopal ne confère de lui-même que la différence entre prêtre et évêque, et non toute la plénitude du sacerdoce, alors que les autres ordinations confèrent toujours également les ordres inférieurs (dans le cas où le sujet ne l'avait pas reçu).

    Les théologiens suivants ont soutenu que le prêtre pouvait ordonner des prêtres avec une concession du Saint-Siège:
    - Guillaume d'Auxerre, Niccolò Tedeschi dit Panormitanus (d'après https://books.google.be/books?id=jzNiAAAAcAAJ p.646)
    - Pierre Auriol (archevêque d'Aix), Vasquez, Nicolas d'Orbelles, Meratius, Jean Morin, Antonin Diana (d'après https://books.google.be/books?id=Xc7MAmoeuCIC p.64 de la partie Ordinis)
    - au XXe siècle: René Berthod, Pascalis Vermeer (article en néerlandais http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00062278.1952.10554302, pour télécharger cet article copier-coller l'adresse URL dans le lien suivant: http://sci-hub.bz/).

    Le Pape Innocent VIII concéda à l'Abbé général de Cîteaux l'ordination des diacres par la bulle Exposcit tuae devotionis (9 avril 1489), et les abbés en usèrent, même à Rome, à plusieurs reprises; ce privilège fut obrogé par Léon XIII.
    http://catho.org/9.php?d=bwp#dky
    Le Pape Boniface IX concéda à l'Abbé de Sainte-Osythe le pouvoir de conférer le presbytérat (bulle Sacrae religionis, 1 février 1400), et le lui retira trois ans plus tard. http://catho.org/9.php?d=bwm#dem
    Martin V concéda pour cinq ans à l'Abbé d'Altzelle le même pouvoir (Bulle Gerentes ad vos, 16 nov. 1427).
    http://catho.org/9.php?d=bwn#dh3
    Il existe en effet le cas fort discuté du sacre des patriarches d’Alexandrie par un collège de onze prêtres ; cette coutume était établie, disait-on, par Saint Marc lui-même et fut abandonnée au IVe siècle.

    Entre les Papes et Saint Thomas (ou n'importe quel théologien de renom), il faut choisir les Papes. S. Thomas niait implicitement que le Pape pût déléguer un prêtre pour ordonner au sous-diaconat.

  • J'ajoute cet extrait des carnets conciliaires de Mgr Charue:
    Lundi 9 mars
    On achève le n° 21 sur la sacramentalité de l'épiscopat. On ajoute à la fin "Magistri, sacerdotis et pastoris". On ne parle pas de l'ordination des prêtres par les évêques.à cause des cas d'ordination par les abbés. Bien plus on a soulevé l'objection du presbyterium d'Alexandrie. On recommande la prudence et on voudrait qu'on ne dise pas "soli episcopi..." mais qu'on dise simplement " Episcoporum est..."
    Il s'agit de Lumen Gentium. La formulation finale est bien en effet: Aux évêques, il revient d’introduire, par le sacrement de l’Ordre, de nouveaux élus dans le corps épiscopal.
    Ainsi le concile n'a pas tranché aussi définitivement que je le pensais le débat théologique qui nous occupe, spécialement dans son aspect historique.

  • Salim Hage, Merci pour cette recherche historique poussée.

    Cependant, je souscris à l'avis du Père Simon Noël osb, à savoir que le Concile Vatican II a tranché définitivement : l'épiscopat est bien un Ordre majeur différent de l'Ordre sacerdotal. Il implique une ordination spécifique.

    Si saint Thomas le niait, c'est qu'il définissait l'essence de ce sacrement par la seule consécration eucharistique. Et effectivement, sur ce point, il n'y a pas de différence entre le prêtre et l'évêque.

    Mais Vatican II montre que l'essence du sacrement de l'Ordre est l'union des âmes à l'eucharistie (donc une alliance, impliquant un travail sur les fidèles). Il y a donc un plus dans l'épiscopat, à savoir la plénitude ordonnée du pouvoir de sanctifier les âmes.

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