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Que dit vraiment le pape à propos du célibat des prêtres ?

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De Bénédicte Lutaud sur le site de l'hebdomadaire "La Vie" :

Célibat des prêtres : ce qu'a vraiment dit le pape François

Dans l’avion qui le ramenait des JMJ au Panama, le pape a réitéré son opposition au « célibat optionnel » pour les prêtres, tout en rouvrant le débat sur l’ordination de « viri probati », des hommes mariés ayant fait leurs preuves au plan humain et pastoral.

C’est à rien n’y comprendre. « Le pape François inflexible sur le célibat des prêtres »,titre L’Express« Le pape François repose la question du célibat des prêtres », souligne quant à lui le site de France bleu. Mais qu’a vraiment voulu dire l’évêque de Rome, dans l’avion qui le ramenait des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) au Panama ?

Lors de la traditionnelle conférence de presse à bord du vol papal, interrogé par la journaliste française de Paris Match Caroline Pigozzi sur le célibat des prêtres, le pape a formulé une réponse toute en nuances – certains diront « jésuite ». Et, comme souvent, chacun tend à interpréter ses propos dans le sens qui lui semble le plus favorable.

« Le célibat optionnel, non », « je ne le ferai pas »

« Est-il possible de penser que, dans l’Église catholique, en suivant le rite oriental, vous permettrez à des hommes mariés de devenir prêtres ? », a demandé Caroline Pigozzi. La question portait donc sur l’ordination d’hommes déjà mariés, et non sur la possibilité, pour des prêtres déjà ordonnés, de se marier ; le vrai débat au sein de l’Église se situant sur la première hypothèse, la seconde étant écartée de façon beaucoup plus ferme. « Dans l’Église catholique, dans le rite oriental, ils peuvent le faire, et on fait l’option, célibataire ou marié – avant le diaconat » , s’est tout d’abord contenté de répondre François. Dans l’Église catholique orientale, il est en effet possible d’ordonner prêtres des hommes déjà mariés, mais il n’est pas question que des hommes ordonnés puissent convoler. « Mais maintenant, avec l’Église catholique de rite latin, peut-on penser que vous prendrez cette décision ? » , a alors insisté la journaliste.

À cet instant, François a formulé une réponse beaucoup plus complète : « Il me vient à l’esprit cette phrase de saint Paul VI : “Je préfère donner ma vie avant de changer la loi sur le célibat.” (…) Personnellement, je pense que le célibat est un don pour l’Église. Deuxièmement, moi je ne suis pas d’accord pour permettre le célibat optionnel, non. »

Jusqu’alors, le pape s’était exprimé de façon plus ambigüe sur cette question. Sa première déclaration sur le sujet date du 25 mai 2014, lors d’une conférence de presse dans l’avion qui le ramenait de Terre sainte : « Le célibat est une règle de vie que j’apprécie beaucoup, et je crois que c’est un don pour l’Église. Comme ce n’est pas un dogme de foi, la porte est toujours ouverte. » Désormais, le message est clair : le célibat optionnel dans l’Église catholique de rite latin, c’est non.

Le pape François veut-il des prêtres mariés ?

Mais le pape ne s’est pas arrêté là, rouvrant alors le débat sur une autre solution possible : « Il resterait seulement quelques possibilités dans les lieux les plus éloignés – je pense aux îles du Pacifique… Mais c’est une chose à penser quand il y a une nécessité pastorale, là, le pasteur doit penser aux fidèles. » François a alors cité le livre de l’évêque allemand Fritz Lobinger (évêque missionnaire catholique d’Aliwal en Afrique du Sud de 1987 à 2005), Prêtres pour demain, avant d’insister, prudent : « C’est une chose en discussion entre théologiens, ce n’est pas ma décision. Ma décision c’est : le célibat optionnel avant le diaconat, non. Cela m’appartient, c’est personnel, je ne le ferai pas, que cela reste clair. Je suis “fermé” ? Peut-être. Mais je ne me sens pas de paraître devant Dieu avec cette décision. »

Les viri probati en question

Le pape est alors revenu sur la thèse de Fritz Lobinger : « Il a dit : “L’Église fait l’eucharistie et l’eucharistie fait l’Église”, mais là où il n’y a pas d’eucharistie, dans les communauté – pensez aux îles du Pacifique... » « – En Amazonie aussi », observe alors la journaliste française. « Peut-être là… dans de nombreux endroits, reprend le pape François. Lobinger dit : qui fait l’eucharistie ? Dans ces communautés les “directeurs”, disons, les organisateurs de ces communautés sont les diacres, ou les sœurs ou les laïcs, directement. Et Lobinger dit : on peut ordonner un ancien, marié – c’est sa thèse – on pourrait ordonner un ancien marié, mais qui exerce seulement lemunus sanctificandi , c’est-à-ire qui célèbre la messe, qui administre le sacrement de la réconciliation et donne le sacrement des malades. » Et le Saint-Père d’expliquer : « L’ordination sacerdotale donne les trois munera (charges liées au sacrement de l’ordre, ndlr) :regendi – gouverner, le pasteur – docendi – enseigner – et sanctificandi.Cela vient avec l’ordination. L’évêque ne donnerait que la faculté pour le munus sanctificandi : c’est la thèse. Le livre est intéressant. Peut-être que cela peut aider à penser le problème. »

Et François de conclure, toujours aussi prudent « je crois que le problème doit être ouvert dans ce sens, là où il y a un problème pastoral de manque de prêtres. Je ne dis pas que cela doit se faire, parce que je n’ai pas réfléchi, je n’ai pas prié suffisamment sur cela. Mais les théologiens doivent étudier. »

Sans les nommer, le pape fait ici référence aux viri probati – des hommes mariés ayant fait leurs preuves au plan humain et pastoral. La question de l’ordination des viri probati au sacerdoce – et pas seulement au diaconat permanent comme cela se fait depuis 50 ans – dans certains endroits reculés en pénurie de prêtres, est un serpent de mer depuis les années 1970. Jusqu’alors, elle a été rejetée par Jean Paul II puis Benoît XVI.

Des solutions locales

La question des viri probati revient régulièrement sur le devant de la scène depuis le début du pontificat du pape François, et surtout à l’approche du synode des évêques sur l’Amazonie, prévu en octobre 2019. L’Amazonie est en effet un territoire brésilien immense, où le nombre de prêtres est insuffisant pour assurer une présence régulière auprès des autochtones. Ce sujet avait déjà fait l’objet d’une conversation privée entre Mgr Erwin Kräutler, évêque de Xingu, en Amazonie, et le pape, comme le soulignait Jean Mercier, auteur du livre Célibat des prêtres. La discipline de l’Église doit-elle changer ? . Le 4 avril 2014, Kraütler avait confié que, lors de cette conversation avec le pape, ce dernier lui avait répondu que, face à la pénurie de prêtres, c’était aux évêques, et donc aux Églises locales de faire des propositions.

Ordination d'hommes mariés : la méthode François

En mars 2017, dans une interview au journal allemand Die Zeit, le pape avait par ailleurs assuré qu’une réflexion sur l’ordination des viri probati devrait être examinée pour déterminer si cela pouvait être une chance pour l’Église, et étudier quelles fonctions ils pourraient remplir, notamment au sein de communautés isolées (comme celles évoquées avec Mgr Kraütler au Brésil).

Un « type de ministère » pour les femmes

À l’approche du synode sur l’Amazonie, la question s’est à nouveau invitée dans les débats. Dans le document préparatoire du synode rendu public le 8 juin 2018, toutefois, une seule phrase, elliptique, semblait faire référence aux viri probati, sans jamais les nommer : « Il faut repenser de nouveaux chemins pour que le peuple de Dieu ait plus fréquemment un meilleur accès à l’eucharistie, centre de la vie chrétienne. » Le document encourageait davantage à faire appel aux laïcs, et notamment aux femmes, invitant à « discerner le type de ministère officiel qui peut être conféré aux femmes » , en tenant compte de leur « rôle central joué aujourd’hui (…) dans l’Église amazonienne ».

Synode sur l'Amazonie : le Vatican envisage un "type de ministère" pour les femmes

Sans aller jusqu’à l’ordination de femmes diacres, cette piste d’un « type de ministère officiel » féminin montrait un changement culturel notable dans la réflexion de certains évêques : penser la crise des vocations non plus uniquement à partir des prêtres, mais aussi des laïcs. Une « décléricalisation » que n’a de cesse de demander le pape François.

Différentes solutions semblent ainsi envisagées pour remédier à la pénurie de prêtres. François a été clair sur la célibat optionnel pour les prêtres, comme il l’a été sur l’ordination de femmes prêtres : c’est non. En revanche, il invite à discerner d’autres formes de ministères pour les laïcs, dont les femmes. Fidèle à sa volonté de décentraliser l’Église, il invite les théologiens à s’emparer de la question et les Églises locales à faire des propositions. Une manière, quelque-part, de se « déresponsabiliser du sujet » : la décision ne sera peut-être pas prise sous son propre pontificat. En revanche, l’idée est semée…

Commentaires

  • Je ne comprends pas cette obstination à ne pas vouloir que, dans certaines circonstances, des hommes ne puissent devenir prêtres tout en étant marié.

    Les apôtres (saint Pierre en tout cas) l''étaient et il a fallu attendre des siècles pour imposer le célibat aux prêtres.

  • Beaucoup ne semblent pas connaitre les evangiles: quitte tout et suis moi

  • Mt 8,14-17 : JÉSUS GUÉRIT LA BELLE-MÈRE DE PIERRE

    v. 14-15 : « Comme Jésus entrait chez Pierre, il vit sa belle-mère couchée avec de la fièvre. Il lui prit la main, et la fièvre la quitta. Elle se leva, et elle le servait. ».

  • A propos de la valeur du célibat des prêtres, je redirais ceci, publié voici quelques années par mes soins dans un magazine catholique belge :

    Ceux qui voient dans le célibat des clercs majeurs une invention tardive sont de moins en moins nombreux, car l’argument, tiré en fait d’une disposition du 2e concile de Latran (XIIe siècle) , ne résiste pas à une simple lecture du texte conciliaire : le document n’établit pas l’obligation du célibat, mais frappe de nullité tout mariage contracté par un clerc déjà ordonné et bon nombre d’ auteurs qui font autorité reconnaissent que les origines de la continence exigée des clercs sont bien antérieures à cette époque. Mais les exégètes divergent sur la raison exacte qui motivait alors le prescrit et sur l’interprétation de la genèse de son développement.

    Par ailleurs, les seuls arguments historiques ou disciplinaires sont rarement décisifs pour mettre fin à une contestation (ce n’est pas la première) dans un domaine aussi sensible : a fortiori lorsqu’elle refait surface dans l’ambiance séculariste postconciliaire exaltant toutes les formes de liberté. C’est pourquoi, dans l’époque précédant le règne du pape François, la réflexion s’est surtout portée sur le développement théologique légitime de la doctrine du célibat ecclésiastique.

    Selon l’argumentaire avancé à ce titre, la prêtrise est un état avant d’être une fonction et si -selon l’adage- le prêtre devient un autre Christ, par le sacrement qui l’ordonne à son Seigneur, il doit lui être « configuré en tout ». Ceci expliquerait que le prêtre ne puisse être une femme et demeure célibataire. C’est aussi pourquoi le clergé marié des églises orientales a un aspect théologiquement inabouti . L’auteur de cette remarque est, sauf erreur, Benoît XVI qui, parlant de l’Eglise grecque, considère avec peu de faveur le développement historique d’un tel clergé « de seconde zone » (l’expression est de lui). C’est dans le même sens d’un approfondissement doctrinal que le cardinal Alfons Stickler, très apprécié par l’ancien pape, conclut son étude « Le célibat des clercs, Histoire de son évolution et fondements théologiques » (texte traduit de l’allemand, publié aux Editions Pierre Téqui, Paris, 1998) et c’est également ce que pense le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la congrégation du clergé sous le règne de Benoît XVI. Citant ce grand pape théologien lors d’un colloque organisé à Ars du 26 au 28 janvier 2011, il avait mis en lumière, à cet égard, la dimension eucharistique d’un célibat sacerdotal intimement lié à l’acte d’oblation totale de soi que fait l’ordinand, à l’image de Jésus, Souverain Prêtre :

    « L’offrande que le Christ fait à tout instant de Lui-même à l’Eglise doit se refléter clairement dans la vie des prêtres. Ceux-ci, écrit-il, sont appelés à reproduire dans leur vie le Sacrifice du Christ à qui ils ont été identifiés par la grâce de l’ordination sacerdotale.
    « De la nature eucharistique du célibat découlent tous les développements théologiques possibles, qui placent le prêtre face à son office fondamental : la célébration de l’Eucharistie, dans laquelle les paroles : « Ceci est Mon Corps » et « Ceci est Mon Sang » n’opèrent pas seulement l’effet sacramentel qui est le leur, mais doivent façonner progressivement et concrètement l’offrande de la vie sacerdotale elle-même. Le prêtre célibataire est ainsi associé personnellement et publiquement à Jésus Christ ; il Le rend réellement Présent, et devient lui-même offrande, grâce à ce que Benoît XVI appelle : « la logique eucharistique de l’existence chrétienne ».
    « Plus on reviendra, dans l’Eglise, au caractère central de l’Eucharistie, célébrée dignement et adorée en tout temps, plus grandes seront la fidélité au célibat, la compréhension de sa richesse inestimable et, permettez-moi de le dire, la floraison de saintes vocations au ministère ordonné »
    .
    Pour être réellement compris, ce langage exige une conversion des mentalités et l’ouverture sur un monde tourné vers l’invisible : si la religion, dont c’est l’objet de nous en montrer le chemin, y renonce, présentera-t-elle encore un réel intérêt ?

  • En fait ce pape dit tout et son contraire. Devenu maître dans le domaine de l'ambiguïté, il dit non tout en disant oui. Et comme on sait que tôt ou tard, les exceptions deviennent la règle, on voit combien où est le fin fond de sa pensée et à quoi il prépare le terrain. C'est un peu comme s'il disait: "Bien sûr, seuls les prêtres ont le droit de célébrer la Messe, mais dans certains pays, dans certains cas particuliers, on pourrait envisager que des laïcs le fassent aussi" . Pape François: à force de semer la confusion, à force de vous voir tourner le dos à la grande Tradition de l'Eglise et à vos deux prédécesseurs, je me demande franchement de quelle religion vous êtes encore le représentant.. Seriez-vous le grand prêtre d'une religion mondiale?

  • On vous reçoit 5 sur 5.
    Merci à vous.

  • Le Pape pense tout haut. Il suit le fil de sa pensée.. Parfois nous rencontrons un noeud.. C'est assez pour que certains, sans bienveillance aucune, manient leurs grands ciseaux. Sans prendre le temps de s'informer auparavant chez Arnaud Dumouch , le CEC ou Simon Noël, par ex....

  • Quand on se veut une personne réfléchie, a fortiori un pape, on ne pense pas tout haut devant un public hétéroclite.

  • Le Prêtre a déjà une épouse : l'Eglise.

    On dirait que ce pape oublie que les baptisés ont fait des vœux de s'attacher à Jésus-Christ pour toujours et de vivre et mourir dans la religion catholique, apostolique et romaine en professant toutes les vérités qu'elle enseigne et en pratiquant toutes les obligations qu'elle impose …

    Il est ailleurs …lui François, il cherche à plaire à tout le monde, on dirait, et pendant ce temps là, les pratiquants diminuent en nombre et le découragement est bien là.
    Le chef est ailleurs !

  • il faut arrêter ce fichu célibat obligatoire,qui est la cause de beaucoup de désastre!De toutes manières,aucun homme ne peut vivre sans séxualité, et tout le problème est là!

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