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Le déclin du pontificat ?

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D'Antonio Socci sur Liberoquotidiano.it; traduction de Benoît et moi:

Le pape François lâché par ses fans progressistes : le chaos règne au Vatican alors qu'il risque d'être submergé. A moins que...

16 juin 2021

Que se passe-t-il dans l’Église catholique ? Sommes-nous à la veille d’un tremblement de terre? De nombreux signes le laissent penser, et celui qui est sorti hier des colonnes de la « Repubblica » – signé par Alberto Melloni – est vraiment sensationnel, car il montre le divorce dur de certaines zones cathoprogressistes d’avec le pape Bergoglio, qu’elles avaient auparavant soutenu avec enthousiasme.

Melloni – symbole de l’ « École de Bologne » et de l’aile « progressiste » de l’Église – commence son réquisitoire en soulignant que le cardinal allemand Marx, dans sa récente lettre de démission, « a de fait réclamé la démission du pape » .

Marx est le chef de file du puissant et riche épiscopat allemand qui, avec son synode, semble vouloir faire une révolution . Les évêques allemands sont les soutiens historiques de Bergoglio , mais leur fuite en avant n’a pas son soutien et maintenant ils sont clairement déçus.

Melloni cite ensuite d’autres épisodes récents, comme le décret papal limitant à dix ans « le mandat des chefs et des organes des mouvements ecclésiaux ». Une norme qui – selon Melloni – « comprime les droits des fidèles » et « fixe la liquidation des têtes en place au nom d’un bien idéologiquement défini ».

En outre, il s’agit de dirigeants de mouvements qui sont tous alignés sur le pontificat de Bergoglio et qui, ces dernières années, se sont pratiquement étiolés : on ne voit plus leur vitalité, ni leur présence publique.

Melloni critique ensuite « l’exil d’Enzo Bianchi de sa communauté » qu’il considère comme « un dommage à la crédibilité œcuménique de l’Eglise ».

Il s’en prend également à l’inspection ordonnée par Bergoglio à la Congrégation du clergé, un « geste » dit Melloni « sans précédent et inutile … qui témoigne de la rudesse avec laquelle sont traités même ceux qui – par exemple le préfet sortant, le cardinal Stella – ont servi le pape loyalement ».

Il convient de rappeler que le cardinal Stella est considéré comme l’un des stratèges de l’élection de Bergoglio , en 2013, donc c’est une autre rupture lourde du pontife avec son monde . Melloni critique également l' »audit du vicariat de Rome » ordonné par Bergoglio, qui est accusé d’accorder « du crédit aux ragots ».

Melloni est aussi très dur avec l’affaire du cardinal Becciu. Selon lui, probablement « la structure de l’accusation est encore très fragile » et on veut « éviter qu’une défense pugnace envoie en mondiovision un procès au gouvernement central ».

Derrière ces épisodes et d’autres, explique Melloni, « certains voient l’influence excessive de conseillers grossiers, d’autres l’attitude autoritaire que l’on reprochait déjà au jeune pape Bergoglio. Mais l’accumulation de tels cas, selon l’intellectuel progressiste, « prépare une tempête » .

Ce n’est pas le premier « missile » qui s’abat sur Bergoglio depuis la gauche cléricale. Mais son isolement croissant apparaît désormais clairement : il suffit de considérer les cas énumérés par Melloni (le cardinal Marx et les évêques allemands, les mouvements ecclésiaux, Enzo Bianchi, le cardinal Stella et le cardinal Becciu, le vicariat) pour se rendre compte qu’il s’agit de personnalités et de mondes qui étaient ses partisans.

Le pape argentin est une personnalité complexe, parfois difficile à déchiffrer. Certains de ses accents initiaux sur Jésus ont touché des cordes profondes, comme le besoin de miséricorde de l’homme moderne que nous sommes, mais l’Évangile dit que le Bon Pasteur est aussi la Vérité faite chair et demande la conversion.

Dans sa solitude actuelle, le Pape se voit contraint de reconnaître amèrement que son pontificat, depuis un certain temps déjà, se précipite vers un échec douloureux.

Même le chef historique de la communauté de Saint-Egidio, Andrea Riccardi , qui est chez lui au Vatican, a publié un livre intitulé La Chiesa brucia: crisi e futuro del cristianesimo (« L’Église brûle: crise et avenir du christianisme »), qui laisse entrevoir un scénario apocalyptique : la « fin du catholicisme » et « un monde sans l’Église » .

Si l’on pense à l’emphase avec laquelle Bergoglio a été acclamé, au début, dans le monde ecclésiastique (on rêvait d’un « effet Bergoglio » triomphant), on peut comprendre combien la déception est amère aujourd’hui.

L’Église – après ces huit années – n’a pas prospéré, mais semble anéantie. La vie religieuse est dans un état comateux. Son gouvernorat central, au Vatican, est en proie à un chaos permanent. La confusion, y compris doctrinale, règne en maître dans la communauté ecclésiale. Catastrophique, le bilan de la pratique liturgique dominicale et des vocations, désormais en chute libre (entre autres avec l’effondrement des mariages sacramentels). Le clergé et les évêques semblent être en plein désarroi.

Ceux qui pensaient que la rupture avec les grands pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI allait leur assurer un avenir radieux, sont désormais démentis. Ceux qui – comme Bergoglio, peut-être avec les meilleures intentions – se sont bercés d’illusions en pensant que l’Église, diluée dans le monde, pouvait se revigorer, assistent aujourd’hui à une défaite historique.

D’ailleurs, les sociologues des religions – comme Rodney Stark – l’avaient démontré depuis des années (du reste, l’Évangile dit que si le sel perd son goût, il devient inutile).

Aujourd’hui, la voix de l’Église ne se distingue plus de celle de l’ONU.
La voix de Pierre ne s’oppose pas aux idéologies dominantes, sécularistes et de gauche; au contraire, elle est souvent en accord avec elles et suscite – avec une telle politisation – la consternation des fidèles et l’enthousiasme des ennemis de toujours de l’Église.

En dehors des rares interventions de Benoît XVI, il n’y a plus de voix catholique pour guider les croyants et les peuples dans la continuité du Magistère constant de l’Église. Jamais l’Église n’avait été aussi conformiste et aussi peu significative dans le monde sur des questions d’une énorme importance pour l’humanité actuelle.

Ils ont fait le désert et l’ont appelé révolution. Mais chaque révolution dévore sa progéniture et c’est ainsi que nous voyons maintenant la rupture entre Bergoglio et ses partisans.

La crise actuelle pourrait le conduire à démissionner (peu probable) ou à aller désespérément de l’avant en attendant la « tempête » prédite par Melloni.

Enfin, il existe une troisième possibilité : le pape François pourrait reconnaître que la tentative de donner un avenir à l’Église en l’adaptant à la mentalité du monde a échoué et que la bonne voie est celle de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Cela semble impossible, comme les miracles. Mais ils peuvent se produire.

Bien sûr, aujourd’hui, nous devons avoir un grand courage pour reprendre le chemin héroïque des Papes Wojtyla et Ratzinger, car nous sommes en période de persécution. Benoît XVI, dans son dernier discours [dans la biographie de Peter Seewald « Ein Leben« ], a déclaré que « la véritable menace pour l’Église, et donc pour le service pétrinien, vient de la dictature universelle d’idéologies apparemment humanistes, dont la contradiction entraîne l’exclusion du consensus de base de la société ».

Ratzinger a énuméré les dogmes de ces idéologies, soulignant qu’ « aujourd’hui, ceux qui s’y opposent sont excommuniés socialement »… La société moderne, a-t-il ajouté, entend formuler un credo anti-chrétien : ceux qui le contestent sont punis par l’excommunication sociale ». Il n’est que trop naturel d’avoir peur de cette puissance spirituelle de l’Antéchrist.

Mais François (en plus de Dieu) aurait à ses côtés Benoît XVI et tous les fidèles catholiques (restants) du monde, qui sont si nombreux. L’Église pourrait donc vraiment aider à la liberté des peuples.

Commentaires

  • MON AVIS :

    C'est bon signe. Si le pape François entre en zone de persécution, c'est peut-être parce qu'il tient la barre de l'évangile selon ce texte : "Heureux êtes-vous si l'on dit de vous toute sorte de mal".

    Mon hypothèse :

    Pour moi la déstabilisation doctrinale que dénonce l'article n'en est pas une si on veut bien lire l'encyclique "Veritatis Splendor" de saint Jean-Paul II.

    En effet, la plupart des théologiens traditionnels, de sensibilité thomiste, pensent que la théologie est EXCLUSIVEMENT "une science des principes universels".

    Or Jean-Paul II montre que la doctrine universelle n'est qu'une des trois approches de la théologie et qu'il en existe deux autres dont celle que défend le pape François : "L'approche particulière, celle des cas concret et de la situation complexe des personnes".

    Ainsi, les tenants de la seule doctrine universelle (souvent appelés "intégristes") sont déstabilisés : Comment ? il existerait des situations concrètes que les principes universels ne peuvent résoudre ??!!

    Les tenants de la seule pastorale du terrain, changeable et mouvante (souvent appelés progressistes), détestent François : "Comment, il y aurait aussi une doctrine universelle à tenir ?"

    1° Celles

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