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  • Robert Sarah, le lumineux cardinal

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    De Rodolphe Arfeuil sur ce site

    Sarah, le lumineux Cardinal 

    L’assertion du Cardinal « Le monde moderne a renié le Christ. » répond à celle du fiévreux et mécontemporain Bernanos : « la société moderne, conspiration contre toute forme de vie intérieure ». Dans ce reniement réside la cause des catastrophes qui nous touchent avec une accentuation graduelle au fil des XVIIIème, XIXème et jusqu’au XXIème siècle. La décadence revêt un caractère inéluctable comme naguère le déclin de Rome. Pertinente analogie. Irréversible destin vers la chute promise. Le Cardinal, pour convaincre, appuie sur nos plaies de souffrance : « Nous avons voulu briller aux yeux du monde et, par trois fois, nous avons renié notre Dieu. Nous avons affirmé : je ne suis pas sûr de lui, des Évangiles, des dogmes, de la morale chrétienne. Nous avons eu honte des saints et des martyrs, nous avons rougi de Dieu, de son Église et de sa liturgie, tremblé devant le monde et ses serviteurs. Alors qu’il venait de le trahir, Jésus regarda Pierre. Que d’amour et de miséricorde, mais aussi combien de reproches et de justice dans ce regard. Pierre pleura amèrement. Il sut demander pardon. Accepterons-nous de croiser le regard du Christ ? Je crois que le monde moderne détourne les yeux : il a peur. Il ne veut pas voir son image reflétée dans les yeux si doux de Jésus. Il s’enferme. Mais s’il refuse de se laisser regarder, il finira comme Judas, dans le désespoir. Tel est le sens de la crise contemporaine de la foi. Nous ne voulons pas regarder vers celui que nous avons crucifié. Aussi courrons-nous vers le suicide. Ce livre est un appel au monde moderne, pour qu’il accepte de croiser le regard de Dieu et puisse enfin pleurer. »

    Aux barbaries communiste et nazie du XXème siècle succèdent les barbaries plus insidieuses et tout aussi destructrices de l’abandon de Dieu, puis des repères, de l’identité, des cultures singulières, de l’histoire, ouvrant ainsi la porte à la société liquide du nihilisme, de l’individualisme, de la mort de l’âme. Chesterton avait, pour décrire les lubies de l’homme moderne, une phrase comme toujours percutante : « Quand l’homme cesse de croire en Dieu, il ne croit plus en rien. Et quand il ne croit plus en rien, il croit en n’importe quoi. » Il est si affligeant de constater combien nous sommes devenus tristes, vidés de réelle substance, changés en narcisses survoltés, emportés par les vents, incapables de rébellion. Il faut relire Saint-Exupéry qui avait tout vu de ces ruptures et du néant qui advenait. Le professeur et Pape émérite Benoît XVI, quant à lui, expliquait lors d’une catéchèse en 2012 : « L’homme séparé de Dieu est réduit à une seule dimension, horizontale. Ce réductionnisme est justement une des causes fondamentales des totalitarismes qui ont eu des conséquences tragiques au siècle dernier, ainsi que de la crise des valeurs que nous voyons actuellement. En obscurcissant la référence à Dieu, on a obscurci aussi l’horizon éthique, pour laisser place au relativisme et à une conception ambigüe de la liberté, qui au lieu d’être libératrice finit par lier l’homme à des idoles. Les tentations que Jésus a affrontées au désert avant sa mission publique représentent bien ces "idoles" qui séduisent l’homme, quand il ne va pas au-delà de lui-même. Si Dieu perd son caractère central, l’homme perd sa juste place, il ne trouve plus sa place dans le créé, dans les relations avec les autres. » De cette négation assumée de Dieu, de la volonté de le tenir pour définitivement mort découlent en cascade les événements qui orchestrent la décivilisation et la déculturation : disparition du père de famille, pulvérisation de la famille elle-même, marginalisation puis implosion des structures d’autorité (le curé, l’instituteur, le professeur, le docteur, l’avocat, l’homme politique, le représentant de l’Etat, le maire…), perte du sacré. « La perte du sens de la grandeur de Dieu est une formidable régression vers la sauvagerie. Le sens du sacré est en effet le cœur de toute civilisation humaine. La présence d’une réalité sacrée engendre les sentiments de respect, les gestes de vénération. Les rites religieux sont la matrice de toutes les attitudes de politesse et de courtoisie humaine. » rappelle le Cardinal.

    De leur côté, les morts ne sont plus honorés, voués à la cendre de l’oubli après passage express en funérarium. Ils ne sont pas de la famille des morts du monde d’avant, chanceux anciens, objets d’un digne respect, dormition puis linceul, poussière comme promesse de vie, de résurrection éternelle aussi, voyage vers le grand mystère. Les symboles d’avant sont jugés obsolètes par tous les esprits formatés de la sphère moderniste. Les résurgences du passé, si fécondes en sens soient-elles, sont antinomiques du progrès, selon la doxa du moment. Les vieillards du monde dit civilisé -contrairement à ce que l’on observe dans les civilisations africaine et asiatique- sont assimilés à des résidus inutiles, parqués dans des Ephad, ces structures de profit, abjects symboles d’un monde qui ne s’aime plus à force de se complaire dans le narcissisme. Les femmes -contrairement encore aux civilisations susnommées- sont avilies, érotisées jusqu’à l’immonde, réifiées en Occident décadent. Les idoles, les veaux d’or, les passions hédonistes, les eugénismes et transhumanismes ne servent à la fin qu’un seul maître : l’argent. Son synonyme est capitalisme, ou encore libéralisme-libertaire mais, quels que soient les qualificatifs pour le définir, il a su ravaler l’homme au rang de bête, à la dernière place, celle dévolue à la chose marchande monétisée, remplaçable, interchangeable.

    Fulgurances à l’adresse des cœurs attiédis

    Certains aphorismes et réflexions du Cardinal sont d’heureuses flèches ardentes et autant d’objets de profonde méditation : « Quand le Christ explique aux hommes vers quoi ils doivent tendre, il ne leur dit pas : "Soyez pleinement et parfaitement hommes, épanouissez-vous jusqu’à la perfection de votre nature humaine", mais : "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait", c’est-à-dire de la perfection même de Dieu. » ; « La science et la technologie nous hypnotisent au point que nous agissons comme s’il n’y avait rien au-delà de la matière. Nous savons que toute chose sur terre est périssable mais nous continuons à préférer le fugace à l’éternel. ».

    Le lumineux Cardinal poursuit, exhorte et encourage ses frères du sacerdoce et de la vie religieuse : « Vous tous prêtres et religieux cachés et oubliés, vous que la société méprise parfois, vous qui êtes fidèles aux promesses de votre ordination, vous faites trembler les puissances de ce monde ! Vous leur rappelez que rien ne résiste à la force du don de votre vie pour la vérité. Votre présence est insupportable au prince du mensonge. Vous n’êtes pas les défenseurs d’une vérité abstraite ou d’un parti. Vous avez décidé de souffrir par amour pour la vérité, pour Jésus-Christ. Sans vous, chers frères prêtres et consacrés, l’humanité serait moins grande et moins belle. ».

    Concernant le synode d’Amazonie qui se déroule en 2019 et qui apparaît à bien des égards expérimental et périlleux pour l’avenir de l’Église, Robert Sarah ne mâche pas ses mots : « Les habitants de l’Amazonie ont un besoin profond de prêtres qui ne se bornent pas à accomplir leur travail à horaires fixes avant de retourner en famille s’occuper de leurs enfants. Ils ont besoin d’hommes passionnés par Le Christ, brûlants de son feu, dévorés par le zèle des âmes. Que serais-je aujourd’hui si des missionnaires n’étaient pas venus vivre et mourir dans mon village de Guinée ? Aurais-je eu le désir d’être prêtre si l’on s’était contenté d’ordonner l’un des hommes du village ? L’Église serait-elle à ce point refroidie qu’il n’y ait pas parmi ses enfants suffisamment d’âmes magnanimes pour se lever et partir annoncer le Christ en Amazonie ? ».

    Sur la tiédeur de notre temps qui est aussi celle des catholiques, il cite une nouvelle fois Bernanos qui houspille ces derniers, dans son Journal d’un curé de campagne : « Vous revendiquez d’être les pierres du Temple appelé Dieu, les concitoyens des Saints, les enfants du Père Céleste. Avouez que cela ne se voit pas toujours du premier coup ! ».

    Sur l’attente d’une période meilleure : « Je l’ai dit souvent, je ne crains pas de le répéter. Le renouveau viendra des monastères. ».

    En conclusion, et pour que nous saisissions le cap clair qu’il nous est donné de suivre, le Cardinal Sarah convoque une fois encore les mots de Georges Bernanos : « Qui prétend réformer l’Église par les mêmes moyens qu’on réforme une société temporelle non seulement échoue dans son entreprise, mais finit infailliblement par se trouver hors de l’Église […] On ne réforme les vices de l’Église qu’en prodiguant l’exemple de ses vertus les plus héroïques. Il est possible que Saint François d’Assise n’ait pas été moins révolté que Luther par la débauche et la simonie des prélats. Il n’a pas défié l’iniquité, il n’a pas tenté de lui faire front, il s’est jeté dans la pauvreté, il s’y est enfoncé le plus avant qu’il ait pu, avec les siens, comme dans la source de toute rémission, de toute pureté. Au lieu d’arracher à l’Église les biens mal acquis, il l’a comblée de trésors invisibles, et sous la douce main de ce mendiant le tas d’or et de luxure s’est mis à fleurir comme une haie d’avril. […] Ainsi l’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints. »

    Tout est dit. Le monde attend le passage des saints, là où les saints passent Dieu passe avec eux. Ainsi le monde redécouvrira son Créateur puis, ce trésor qu’est la juste mesure des choses, l’humilité face à Dieu.

  • Le cardinal nigérian Arinze et les migrations

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    Cela date du 4 août mais n'a rien perdu de son actualité :

    Un Cardinal nigérian exhorte les pays occidentaux à cesser d’encourager les Africains à quitter leur pays et immigrer en Europe (source)

    ROME – Le Cardinal nigérian Francis Arinze exhorte les Européens à cesser d’encourager les Africains à immigrer en Europe, insistant sur le fait que les gens sont mieux lotis dans leur pays d’origine.

    Dans une interview accordée au Catholic Herald la semaine dernière, le cardinal Arinze, 86 ans, autrefois considéré comme l’un des principaux candidats à la papauté, a déclaré que lorsque des pays africains perdent leurs jeunes à cause des migrations, ils perdent les personnes qui peuvent le mieux construire l’avenir de leur pays.

    « Ainsi, les pays d’Europe et d’Amérique peuvent parfois aider au mieux, non pas en encourageant les jeunes à venir en Europe comme s’ils considéraient l’Europe comme un paradis – un endroit où l’argent pousse sur les arbres – mais en épaulant les pays d’où ils viennent » a-t-il dit.

    « Il est préférable pour une personne de rester dans son propre pays et d’y travailler », dit-il, tout en reconnaissant que cela n’est pas toujours possible. Il a également déclaré que les chefs de gouvernement des pays africains où le taux d’émigration est élevé devraient examiner leur conscience pour déterminer pourquoi tant de personnes quittent ces pays.

    « Chaque gouvernement doit déterminer le nombre de personnes qu’il est capable d’accueillir », a dit le cardinal. « Ce n’est pas de la théorie. C’est du factuel », a dit M. Arinze. « Où est leur avenir : travail, vie familiale, culture, religion ? Pensez à tout ça. »

    « Ce sont donc toutes ces considérations que nous devons prendre en compte lorsque nous mentionnons le mot « migrant », a-t-il dit.

  • Cher Cardinal Sarah !

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    D'Edward Pentin sur le site du National Catholic Register (traduction par nos soins):

    Cardinal Robert Sarah attends the synod in Rome on Oct. 16, 2018.

    Le Cri de coeur du cardinal Sarah: L’Église catholique a perdu le sens du sacré

    Entretien exclusif avec le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

    Le cardinal Robert Sarah a déclaré que le synode des évêques de la région pan-amazonienne, en tant qu'assemblée régionale d'évêques, n'était pas le lieu de discussion sur le célibat des prêtres - un sujet «insupportable» pour le monde moderne, car «certains Occidentaux ne peuvent plus tolérer ce scandale de la croix.»

    Ce sujet est l’un des nombreux sujets traités par le préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements dans cet entretien exclusif du 13 septembre avec Edward Pentin, correspondant du National Catholic Register à Rome, et les raisons pour lesquelles il a décidé d'écrire son dernier livre, 'Le soir approche et déjà le jour baisse'.

    Il aborde la crise actuelle dans l'Eglise et la société et croit qu'elle est principalement motivée par l'athéisme, ne plaçant pas Dieu au centre de nos vies, ainsi que par le désir dominant d'imposer "l'opinion personnelle en tant que vérité". Ceux qui annoncent "des révolutions et des changements radicaux ", prévient-il," sont de faux prophètes qui "ne veillent pas sur le bien du troupeau ".

    Le cardinal guinéen explique également pourquoi la grâce de l'Afrique est de demeurer «en enfant de Dieu» et évoque les effets positifs et négatifs de la réforme liturgique, et dénonce un «démon» qui veut notre «mort spirituelle» en voulant interdire la messe dans la forme extraordinaire du rite romain. "Comment pouvons-nous ne pas être surpris et profondément choqués que ce qui a été la règle hier soit interdit aujourd'hui?", demande-t-il, et il exhorte à "un abandon des oppositions dialectiques".

    Quelle est la principale préoccupation que vous souhaitez transmettre aux lecteurs de votre livre?

    Ne vous méprenez pas sur ce livre. Je ne développe pas de thèses personnelles ni de recherches académiques. Ce livre est le cri de mon coeur en tant que prêtre et pasteur.

    Je souffre tellement de voir l'Église déchirée et dans une grande confusion. Je souffre tellement de voir que l'Évangile et la doctrine catholique ont été négligés, que l'Eucharistie a été ignorée ou profanée. Je souffre tellement de voir les prêtres abandonnés, découragés et de voir ceux dont la foi est devenue tiède.

    Le déclin de la foi en la présence réelle de Jésus l'Eucharistie est au cœur de la crise actuelle de l'Église et de son déclin, en particulier en Occident. Nous, évêques, prêtres et fidèles laïcs, sommes tous responsables de la crise de la foi, de la crise de l'Église, de la crise du sacerdoce et de la déchristianisation de l'Occident. Georges Bernanos écrivait avant la guerre:  « Nous répétons sans cesse, avec des larmes d’impuissance, de paresse ou d’orgueil, que le monde se déchristianise. Mais le monde n’a pas reçu le Christ – non pro mundo rogo – c’est nous qui l’avons reçu pour lui, c’est de nos cœurs que Dieu se retire, c’est nous qui nous déchristianisons, misérables ! » (Nous autres, Français  dans « Le scandale de la vérité », Points / Seuil, 1984).

    Je voulais ouvrir mon cœur et partager une certitude: la crise profonde que traverse l’Eglise dans le monde et particulièrement en Occident est le fruit de l’oubli de Dieu. Si notre première préoccupation n'est pas Dieu, alors tout le reste s'effondrera. À la racine de toutes les crises, anthropologiques, politiques, sociales, culturelles, géopolitiques, il y a l'oubli de la primauté de Dieu. Comme l'a dit le pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec le monde de la culture au Collège des Bernardins le 12 septembre 2008, "Le quaerere Deum" - "la recherche de Dieu", est le fait d'être attentif à la réalité essentielle de Dieu, l'axe central sur lequel toute civilisation et culture est construite. Ce qui a fondé la culture de l'Europe - la recherche de Dieu et la volonté de se laisser trouver par lui, de l'écouter - reste aujourd'hui le fondement de toute culture véritable et la condition indispensable à la survie de notre humanité. Car le refus de Dieu ou une totale indifférence à son égard est fatal à l'homme. "

    J'ai essayé de montrer dans ce livre que la racine commune de toutes les crises actuelles se trouve dans cet athéisme fluide qui, sans renier Dieu, vit dans la pratique comme s'il n'existait pas.

    Dans la conclusion de mon livre, je parle de ce poison dont nous sommes tous victimes: l’athéisme liquide. Il infiltre tout, même nos discours d'ecclésiastiques. Il consiste à admettre, aux côtés de la foi, des façons de penser ou de vivre païennes et mondaines. Et nous nous satisfaisons de cette cohabitation contre nature! Cela montre que notre foi est devenue liquide et incohérente! La première réforme à faire est dans nos cœurs. Elle consiste à ne plus faire de pactes avec le mensonge. La foi est à la fois le trésor que nous voulons défendre et la force qui nous permet de le défendre.

    Ce mouvement qui consiste à "mettre Dieu de côté", en faisant de Dieu une réalité secondaire, a touché le cœur des prêtres et des évêques.

    Dieu n'occupe pas le centre de leur vie, de leurs pensées et de leurs actions. La vie de prière n'est plus centrale. Je suis convaincu que les prêtres doivent proclamer la centralité de Dieu à travers leurs propres vies. Une Eglise où le prêtre ne porte plus ce message est une Eglise malade. La vie d'un prêtre doit proclamer au monde que «Dieu seul suffit», que la prière, c'est-à-dire cette relation intime et personnelle, constitue le cœur de sa vie. C'est la raison profonde du célibat sacerdotal.

    L'oubli de Dieu trouve sa première et la plus grave manifestation dans le mode de vie sécularisé des prêtres. Ils sont les premiers à devoir porter la Bonne Nouvelle. Si leur vie personnelle ne reflète pas cela, alors l'athéisme pratique se répandra dans toute l'Église et la société.

    Je crois que nous sommes à un tournant de l'histoire de l'Église. Oui, l'Église a besoin d'une réforme profonde et radicale qui doit commencer par une réforme du mode de vie et en particulier du mode de vie des prêtres. L'Eglise est sainte en elle-même. Mais nous empêchons cette sainteté de briller à travers nos péchés et nos préoccupations matérielles.

    Il est temps de laisser tomber tous ces obstacles et de laisser enfin l’Église apparaître telle que Dieu l’a façonnée. On croit parfois que l'histoire de l'Église est marquée par des réformes structurelles. Je suis sûr que ce sont les saints qui changent l’histoire. Les structures suivent alors et ne font que perpétuer les actions des saints.

    La notion d'espoir est un élément fondamental de votre travail, malgré le titre sinistre de l'ouvrage et les observations alarmantes que vous faites sur l'état de notre civilisation occidentale. Voyez-vous encore des raisons d'espérer dans notre monde?

    Le titre est sombre, mais réaliste. En vérité, nous voyons toute la civilisation occidentale en ruine. En 1978, le philosophe John Senior a publié le livre 'La mort de la culture chrétienne'. Comme les Romains du quatrième siècle, nous voyons les barbares prendre le pouvoir. Mais cette fois, les barbares ne viennent pas de l'extérieur pour attaquer les villes. Les barbares sont à l'intérieur. Ce sont ces individus qui refusent leur propre nature humaine, qui ont honte d'être des créatures limitées, qui veulent se considérer comme des démiurges sans pères et sans héritage. C’est la vraie barbarie. Au contraire, l'homme civilisé est fier et heureux d'être un héritier.

    Nous avons convaincu nos contemporains que pour être libres, nous ne devons dépendre de personne. C'est une erreur tragique. Les Occidentaux sont convaincus que recevoir est contraire à la dignité de la personne. Cependant, l'homme civilisé est fondamentalement un héritier; il reçoit une histoire, une religion, une langue, une culture, un nom, une famille.

    Refuser de rejoindre un réseau de dépendance, d’héritage et de filiation nous condamne à entrer dans la jungle nue de la concurrence d’une économie qui se suffit à elle-même. Parce qu'il refuse de s'accepter comme héritier, l'homme se condamne à l'enfer de la mondialisation libérale, où les intérêts individuels se heurtent sans autre loi que celle du profit à tout prix.

    Cependant, le titre de mon livre contient aussi la lumière de l'espoir car il est tiré de la demande des disciples d'Emmaüs dans l'Évangile de Luc: "Reste avec nous, Seigneur, car c'est presque le soir" (24:29). Nous savons que Jésus finira par se manifester.

    Notre première raison d'espérer est donc Dieu lui-même. Il ne nous abandonnera jamais! Nous croyons fermement en sa promesse. Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre la sainte Eglise catholique. Elle sera toujours l'arche du salut. Il y aura toujours assez de lumière pour celui qui cherche la vérité avec un cœur pur.

    Même si tout semble en voie d'être détruit, nous voyons émerger les germes lumineux de la renaissance. Je voudrais mentionner les saints cachés qui portent l'Église, en particulier les religieux fidèles qui placent Dieu au centre de leur vie chaque jour. Les monastères sont des îles d'espoir. Il semble que la vitalité de l'Église s'y soit réfugiée, comme si elles étaient des oasis au milieu du désert - mais aussi des familles catholiques qui vivent concrètement l'Évangile de la vie, alors que le monde les méprise.

    Les parents chrétiens sont les héros cachés de notre époque, les martyrs de notre siècle. Enfin, je souhaite rendre hommage à tant de prêtres fidèles et anonymes qui ont fait du sacrifice sur l'autel le centre et le sens de leur vie. En offrant chaque jour le Saint Sacrifice de la Messe avec révérence et amour, ils portent l'Église sans le savoir.

    Comment ce livre complète-t-il vos deux volumes précédents - Dieu ou rien et La puissance du silence? Qu'est-ce que celui-ci ajoute à ces deux?

    Dans 'Dieu ou rien', je voulais rendre grâce à Dieu pour son intervention dans ma vie. Par "Dieu ou rien", je voulais réussir à placer Dieu au centre de nos vies, au centre de nos pensées, au centre de nos actions, au seul endroit qu’il doit occuper, pour que notre cheminement chrétien puisse s’articuler autour de ce Rocher sur lequel chaque homme se construit et se structure jusqu'à atteindre «l'âge mûr de l'homme, à la hauteur de la stature de Christ» (voir Éphésiens 4:13).

    Le pouvoir du silence est comme une confiance spirituelle. Nous ne pouvons pas rejoindre Dieu. nous ne pouvons que rester en lui en silence.

    Ce dernier livre est une synthèse. J'essaie de décrire clairement la situation actuelle et de décrire ses causes profondes. Ce dernier livre indique les conséquences humaines et spirituelles graves lorsque l'homme abandonne Dieu. Mais dans le même temps, 'Le soir approche et déjà le jour baisse' affirme avec force que Dieu n’abandonne pas l’homme, même lorsque celui-ci se cache derrière les arbustes de son jardin, comme Adam. Dieu part à sa recherche et le trouve, d'où une lueur d'espoir pour l'avenir.

    Au cours des dernières années, de nombreuses controverses ont été soulevées au sujet de la remise en cause de l’enseignement moral par les dirigeants de l’Église, par exemple dans Amoris Laetitia (La joie de l’amour), l’ignorance du magistère de Jean-Paul II ( l’Institut pontifical Jean-Paul II a récemment été modifié de manière significative), les efforts visant à saper Humanae Vitae (La vie humaine) et la révision de la peine de mort, pour ne citer que quelques-uns. Pourquoi cela se produit-il et les fidèles devraient-ils se sentir concernés?

    Nous sommes confrontés à une véritable cacophonie d’évêques et de prêtres. Tout le monde veut imposer son opinion personnelle comme une vérité. Mais il n'y a qu'une seule vérité: le Christ et son enseignement. Comment la doctrine de l'Église pourrait-elle changer? L'Evangile ne change pas. C'est toujours le même. Notre unité ne peut pas être construite autour d'opinions à la mode.

    La Lettre aux Hébreux dit: «Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et pour toujours. Ne vous laissez pas entraîner par toutes sortes d’enseignement étranges. Il est bon que nos cœurs soient fortifiés par la grâce et non par des aliments qui ne profitent pas à ceux qui les vivent »(13: 8-9) - à cause de« ma doctrine », dit Jésus. «Mon enseignement ne m'appartient pas, mais provient de Celui qui m'a envoyé» (Jean 7:16). Dieu lui-même nous le répète souvent: «Je ne violerai pas mon alliance; la promesse de mes lèvres, je ne la changerai pas. Par ma sainteté j'ai juré une fois pour toutes »(Psaume 89: 35-36).

    Certaines personnes utilisent Amoris Laetitia pour s'opposer aux grands enseignements de Jean-Paul II. Ils se trompent. Ce qui était vrai hier reste vrai aujourd'hui. Nous devons nous tenir fermement à ce que Benoît XVI a appelé l'herméneutique de la continuité. L'unité de foi implique l'unité du magistère dans l'espace et dans le temps. Lorsqu'un nouvel enseignement nous est donné, il doit toujours être interprété en cohérence avec l'enseignement précédent.

    Si nous introduisons des ruptures, nous brisons l'unité de l'Église. Ceux qui annoncent à haute voix les révolutions et les changements radicaux sont de faux prophètes. Ils ne cherchent pas le bien du troupeau. Ils recherchent la popularité des médias au prix de la vérité divine. Ne soyons pas impressionnés. Seule la vérité nous libérera. Nous devons avoir confiance. Le magistère de l'Église ne se contredira jamais.

    Lorsque la tempête fait rage, vous devez vous ancrer à ce qui est stable. Ne courons pas après les nouveautés à la mode qui risquent de s'estomper avant même que nous ayons pu les saisir.

    Dans quelle mesure croyez-vous, comme le pensent certains critiques, que les réformes liturgiques post-conciliaires ont conduit à la crise actuelle dans l'Église dont vous parlez dans votre livre?

    Je pense qu’en la matière, l’enseignement de Benoît XVI est lumineux. Il a osé écrire récemment que la crise de la liturgie est au cœur de la crise de l'Église. Si dans la liturgie, nous ne mettons plus Dieu au centre, nous ne le mettons pas non plus au centre de l'Église. En célébrant la liturgie, l'Église remonte à sa source. Toute sa raison d’être est de se tourner vers Dieu, de diriger tous les regards vers la croix. Si ce n'est pas le cas, on se met au centre; cela devient inutile. Je pense que la perte d’orientation de ce regard tourné vers la croix est symbolique de la racine de la crise de l’Église. Pourtant, le concile avait enseigné que «la liturgie est principalement et avant tout le culte de la majesté divine». Nous en avons fait une célébration résolument humaine et centrée sur elle-même, une assemblée amicale qui se célèbre elle-même.

    Ce n’est donc pas le Concile qui doit être contesté, mais l’idéologie qui a envahi les diocèses, les paroisses, les pasteurs et les séminaires au cours des années qui ont suivi.

    Nous avons pensé que le sacré était une valeur dépassée. C'est pourtant une nécessité absolue dans notre cheminement vers Dieu. J'aimerais citer Romano Guardini: «Ayez confiance en Dieu; la proximité avec lui et la sécurité en lui restent maigres et faibles, quand la connaissance personnelle de la majesté exclusive de Dieu et de sa sainteté terrible ne les contrebalance pas » (Méditations avant la messe, 1936).

    En ce sens, la banalisation de l'autel, de l'espace sacré qui l'entoure, a été un désastre spirituel. Si l'autel n'est plus le seuil sacré au-delà duquel Dieu réside, comment pourrions-nous trouver la joie de l'approcher? Un monde qui ignore le sacré est un monde uniforme, plat et triste. En saccageant notre liturgie, nous avons désenchanté le monde et réduit les âmes à une tristesse sourde.

    Quels aspects de la réforme liturgique ont eu, selon vous, un effet positif ou négatif sur les fidèles?

    Il est important de souligner le profond bénéfice que la plus grande variété de textes bibliques offre à la méditation. De même, l'introduction d'une dose modérée de langue vernaculaire était nécessaire.

    Avant tout, j'estime que le souci d'une participation profonde et théologique des fidèles est un enseignement majeur du Concile. Malheureusement, il a été utilisé à des fins d'agitation et d'activisme. On a ignoré que la participation active du peuple ne consistait pas à distribuer des rôles et des fonctions, mais plutôt à plonger les fidèles au plus profond du mystère pascal afin qu’ils acceptent de mourir et de grandir avec Jésus, de manière plus authentique et plus radieuse : une vie chrétienne basée sur des valeurs évangéliques.

    Refuser de considérer la liturgie comme un 'opus Dei', une «œuvre de Dieu», c'est courir le risque de la transformer en une œuvre humaine. Nous aimons ensuite inventer, créer, multiplier des formules, des options, imaginant qu’en parlant beaucoup et en multipliant des formules et des options, elles seront mieux écoutés (voir Matthieu 6: 7).

    Je crois que 'Sacrosanctum Concilium' est un texte important pour entrer dans une compréhension profonde et mystique de la liturgie. Nous avons dû sortir d'un certain rubricisme. Malheureusement, il a été remplacé par une mauvaise créativité qui transforme une œuvre divine en une réalité humaine. La mentalité technique contemporaine voudrait réduire la liturgie à un travail pédagogique efficace. À cette fin, nous cherchons à rendre les cérémonies attrayantes et conviviales. Mais la liturgie n'a aucune valeur pédagogique si ce n'est qu'elle est entièrement destinée à la glorification de Dieu, au culte divin et à la sanctification des hommes.

    La participation active implique dans cette perspective de trouver en nous cette stupeur sacrée, cette peur joyeuse qui nous réduit au silence devant la majesté divine. Nous devons refuser la tentation de rester dans l'humain pour entrer dans le divin.

    En ce sens, il est regrettable que le sanctuaire de nos églises ne soit pas un lieu réservé au culte divin, que nous y entrions vêtu de façon laïque, que le passage de l’humain au divin ne soit pas signifié par une frontière architecturale. De même, si, comme l'enseigne le Concile, le Christ est présent dans sa parole lors de sa proclamation, il est regrettable que les lecteurs n'aient pas une tenue vestimentaire appropriée qui montre qu'ils ne disent pas des paroles humaines, mais une parole divine.

    Enfin, si la liturgie est l'œuvre du Christ, il n'est pas nécessaire que le célébrant présente ses propres commentaires. Ce n'est pas la multitude de formules et d'options, ni le changement continu des prières et l'exubérance de la créativité liturgique, qui plaisent à Dieu, mais la métanoïa, le changement radical de nos vies et de nos comportements gravement pollués par le péché et marqués par un athéisme liquide.

    Il faut se rappeler que, lorsque le missel autorise une intervention, cela ne doit pas devenir un discours profane et humain, encore moins un commentaire sur l'actualité ou des salutations mondaines aux fidèles présents, mais une brève exhortation à entrer dans le mystère.

    Rien de profane n'a sa place dans les actions liturgiques. Ce serait une grave erreur de croire que des éléments matériels et spectaculaires encourageraient la participation des fidèles. Ces éléments ne peuvent que promouvoir la participation humaine et non la participation à l’action religieuse et salvifique du Christ.

    Nous en voyons une belle illustration dans les prescriptions du Co

  • La canonisation du cardinal Newman : pour bientôt ?

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    Alors que de récentes et nombreuses canonisations semblent procéder d'un esprit partisan qui voit en elles une manière de canoniser le concile Vatican II et ce qui en a résulté, il y en a d'autres qui s'inscrivent dans une ligne moins contestable...

    De Marina Droujnina sur zenit.org :

    Bienheureux cardinal Newman : un deuxième miracle en passe d’être reconnu

    Il pourrait être canonisé après Pâques 2019

    Le deuxième miracle attribué à l’intercession du bienheureux cardinal britannique John Henry Newman (1801-1890), prêtre et théologien anglican qui s’est converti au catholicisme, aurait été confirmé par l’Église, annonce le journal Catholic Herald le 28 novembre 2018. La canonisation pourrait avoir lieu après Pâques 2019.

    Le deuxième miracle de Newman concerne la guérison inexplicable d’une femme enceinte américaine : son cas a été enquêté par l’archidiocèse de Chicago, aux États-Unis. La femme a prié pour l’intercession du cardinal Newman lors d’une «grossesse mettant sa vie en danger». Les médecins qui l’ont traitée ont déclaré qu’ils n’avaient aucune explication pour son rétablissement soudain.

    Mgr Philip Egan, évêque de Portsmouth au Royaume-Uni, a déclaré dans un bulletin la semaine dernière qu’il «semble maintenant que Newman pourrait être canonisé et, si tout va bien, au plus tard l’année prochaine».

    Le père Ignatius Harrison, postulateur de la cause, a précisé au Catholic Herald qu’il ne restait plus que deux étapes à franchir avant que le bienheureux cardinal Newman soit canonisé : l’approbation d’une commission d’évêques et une autorisation du pape François. «Je prie pour l’année prochaine, mais il n’y a aucun moyen de le savoir», a-t-il déclaré.

    Né à Londres le 21 février 1801, John Henry Newman s’est converti au catholicisme en 1845, à l’âge de 44 ans. Il a été ordonné prêtre catholique en 1847 et a été nommé cardinal par le pape Léon XIII en 1879, bien qu’il ne fût pas évêque. Il est mort à Birmingham en 1890, à l’âge de 89 ans, après avoir fondé l’Oratoire de Birmingham.

    Newman était particulièrement dévoué à l’éducation et a fondé deux écoles pour garçons. Aujourd’hui, un grand nombre d’organisations d’étudiants catholiques sont appelées «sociétés Newman» ou «centres Newman» en son honneur.

    Il a été béatifié en 2010 par le pape Benoît XVI. Le premier miracle attribué à l’intercession du cardinal Newman a été la guérison complète et inexplicable du diacre Jack Sullivan, un Américain qui s’était remis d’une maladie de la colonne vertébrale.

  • Le cardinal Barbarin devant les juges

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    De KTO :

    Après un classement sans suite par le procureur en 2016, plusieurs victimes du père Preynat ont décidé de relancer la procédure pénale contre six personnes du diocèse de Lyon, dont le cardinal Barbarin, par citation directe. La procédure, très technique, est qualifiée de « procès médiatique » par la défense. En revanche, les plaignants semblent y trouver déjà leur compte.

    De Vatican News :

    Le procès du cardinal Barbarin s'ouvre à Lyon

    Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, et cinq autres personnes, sont cités à comparaître ce lundi 7 janvier devant le tribunal, pour «non dénonciation d’agressions sexuelles commis sur mineurs» par le père Bernard Preynat, et pour «non-assistance à personnes en péril».
     
    Le procès devant le tribunal correctionnel de Lyon s’ouvre ce lundi et se tiendra jusqu’au 9 janvier. Dix victimes du père Preynat poursuivent le primat des Gaules et son entourage pour ne pas avoir dénoncé le prêtre à la justice et avoir tardé à l’écarter de ses charges pastorales. Aumônier scout dans les années 1970 et 1980 dans la banlieue lyonnaise, le prêtre aurait abusé de plus de 70 jeunes scouts, au sein d’une troupe qui n’était pas affiliée aux mouvements scouts officiels. L’ampleur du scandale a eu une onde de choc bien au-delà du diocèse lyonnais, et a secoué l’Église de France.L’affaire rebondit en juillet 2014 quand un ancien scout dénonce les agressions sexuelles qu’il a subies entre 9 et 12 ans, et demande au diocèse de Lyon d’écarter le père Preynat. Il a découvert que ce dernier faisait encore le catéchisme à des enfants. Une enquête interne est alors ouverte par le cardinal Barbarin qui relève de ses fonctions Bernard Preynat, le 31 août 2015. Entre-temps, les faits ont été signalés à la justice. Les suspicions avaient déjà été transmises à l’évêché longtemps auparavant. En 1991, le cardinal Albert Decourtray , alors archevêque de Lyon, avait déjà pris une mesure d’éloignement, mais le prêtre avait ensuite été réintégré dans des paroisses, dans le Beaujolais, puis près de Roanne.

    Une longue procédure

    Les faits s’accélèrent au mois de janvier 2016 quand le père Preynat est mis en examen pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans. Quelques semaines plus tard, dans un entretien au quotidien La Croix, le cardinal Barbarin, nommé à Lyon en 2002, reconnaît avoir été au courant des agissements du prêtre en 2007-2008, alors que l’évêché avait, dans un premier temps, affirmé n’être au courant des faits que depuis 2014. «Quand j’ai appris les faits, nous ne disposions alors d’aucune plainte», expliquait l’archevêque de Lyon. Le 4 mars 2016, une première plainte pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles sur mineurs est déposée contre le cardinal par François Devaux, fondateur de l’association d’anciennes victimes du père Preynat, La Parole libérée.Ces faits ont d’abord fait l’objet d’un classement sans suite, au terme d’une enquête du parquet de Lyon pendant l’été 2016, après plusieurs mois d’innvestigations, de perquisitions et plusieurs dizaines d’heures d’audition, selon le diocèse. Mais l’association a ensuite décidé de recourir à la procédure de citation directe. C’est donc cette procédure qui s’ouvre ce lundi 7 janvier à Lyon.

    Transparence

    Ces deux dernières années, l’archevêque de Lyon a souhaité rappeler sa disponibilité à rencontrer les victimes «pour avancer ensemble dans ce combat contre la pédophilie», comme le mentionnait un communiqué du diocèse de Lyon en août 2016. Au-delà du procès d’un homme, «c’est bien une responsabilité collective qu’on veut voir reconnue», explique l’association La Parole Libérée.Le Pape François, lui-même, a été interpellé plusieurs fois par les journalistes sur le cas de l’archevêque de Lyon. Interrogé en mai 2016 par La Croix, suite aux demandes de démission visant le cardinal Barbarin, le Saint-Père expliquait qu'il s'agirait là d'«un contresens, une imprudence», précisant toutefois que la question pourrait éventuellement se poser «après le procès».
     
    Le témoignage d'Isabelle de Gaulmyn (La Croix)

  • Pour comprendre le procès du cardinal Barbarin

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    D'Agnès Pinard-Legry sur Aleteia.org :

    Comprendre le procès du cardinal Barbarin

    Ce lundi 7 janvier s’est ouvert le procès du cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, et de cinq anciens membres du diocèse de Lyon pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs.

    « Demandons au Seigneur que s’accomplisse le travail de la justice, demandons-lui aussi qu’il guérisse tout ce qui doit l’être, dans le cœur des victimes d’actes de pédophilie aussi injustes que terribles », a déclaré le cardinal Barbarin dans un message qu’il a transmis pour les vœux du diocèse de Lyon à la veille de l’ouverture de son procès. « Je n’ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles », a assuré l’archevêque dans une déclaration lue devant les juges du tribunal correctionnel ce lundi. Au deuxième jour de ce procès, qui doit durer jusqu’au jeudi 10 janvier, Aleteia tente d’en décrypter les enjeux.

    Pourquoi un procès alors que le parquet a classé l’affaire sans suite ?

    C’est en 2015 que l’affaire est rendue publique lorsque Alexandre Dussot-Hezez accuse le père Bernard Preynat d’avoir abusé sexuellement plusieurs jeunes scouts (dont il fait partie) de sa paroisse de Sainte-Foy-lès-Lyon dans les années 1980-1990. Le père Preynat est déchargé de son office de curé et suspendu de tout ministère le 31 août 2015. Les victimes de ce prêtre, qui ont fondé l’association La Parole Libérée, portent également plainte en février 2016 contre Mgr Barbarin pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs dans son diocèse. Une première enquête préliminaire est ouverte le 4 mars 2016 par le parquet de Lyon pour « non-dénonciation de crime » et « mise en danger de la vie d’autrui ». Cinq mois plus tard, elle est classée sans suite et le parquet de Lyon écarte toute volonté d’entraver la justice de la part de Mgr Barbarin. Il souligne également qu’avant 2014 —  date à laquelle le cardinal rencontra pour la première fois une victime —  la non-dénonciation était prescrite après trois ans. Les plaignants décident néanmoins de lancer une procédure de citation directe devant le tribunal. Initialement prévue en avril 2018, cette dernière a finalement débuté ce 7 janvier 2019.

  • La condamnation du cardinal Pell

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    Lu aujourd'hui (26 février) sur le site du Monde :

    Pédophilie dans l’Eglise : le cardinal Pell, numéro trois du Vatican, reconnu coupable

    Le religieux australien est le plus haut responsable de l’Eglise catholique condamné dans une affaire d’abus sexuels sur mineurs.

    Le cardinal George Pell, numéro trois du Vatican, a été reconnu coupable de crimes sexuels sur mineurs en Australie. Il devient ainsi le plus haut responsable de l’Eglise catholique condamné dans une affaire de pédophilie.

    Mgr Pell, 77 ans, avait été reconnu coupable, le 11 décembre 2018 de l’agression sexuelle dans les années 1990 de deux enfants de chœur, alors âgés de 12 et 13 ans, dans la sacristie de la cathédrale de Melbourne. L’une des deux victimes est décédée en 2014.

    Black-out médiatique

    Mais le tribunal interdisait jusqu’à présent aux médias de faire état de cette affaire : la justice avait pris une « ordonnance de suppression », sous peine de poursuites. Cette obligation de silence avait été imposée dans le but de protéger le jury d’un second procès lors duquel le cardinal Pell devait initialement être jugé pour d’autres faits présumés.

    Mais l’accusation a décidé de renoncer à cette seconde série de poursuites, ce qui a eu pour conséquence de lever le black-out médiatique, mardi 26 février, et révéler le verdict de culpabilité. La peine à laquelle le cardinal sera condamné n’a pas été fixée, mais il encourt jusqu’à 50 ans de réclusion. Une nouvelle audience est prévue mercredi.

    Les avocats de Mgr Pell ont d’ores et déjà annoncé l’intention de leur client de faire appel. Le cardinal, qui avait pris congé de ses fonctions au Vatican pour se défendre, reste cependant sur le papier à la tête du secrétariat pour l’économie du Saint-Siège, où il a été nommé par le pape François en 2014 avec la mission de réformer les finances de l’Eglise catholique.

    Lire le contexte : les médias réduits au silence sur le procèsdu cardinal George Pell

    Une « bataille totale »

    Cette annonce intervient dans la foulée d’une conférence de quatre jours du Vatican consacrée aux moyens de lutter contre les abus sexuels au sein de l’institution. Au dernier jour de celle-ci, dimanche, le pape François a appelé à une « bataille totale » contre les abus sexuels perpétrés sur des mineurs par des membres du clergé, crimes qu’il a qualifiés d’abominables.

    Le Vatican avait annoncé en décembre 2018 le remaniement du C9 – le Conseil des cardinaux chargé de conseiller le pape François – pour en retirer notamment George Pell, sans préciser les raisons de cette décision.

  • Les doutes sur la condamnation du cardinal Pell

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    D'Aceprensa en traduction française sur Didoc.be :

    Les doutes sur la condamnation du cardinal Pell

    Le cardinal George Pell a été archevêque de Melbourne et de Sydney. Il a aussi été membre du conseil des cardinaux créé par le pape François pour la réforme de la curie romaine. Sa condamnation récente pour abus sexuels de mineurs a été accueillie par beaucoup en Australie comme une confirmation que personne, aussi haut placé soit-il, n’est au-dessus de la loi. Mais d’autres doutent qu’il ait été jugé de façon impartiale.

    Il y avait deux procès pour abus contre le cardinal Pell. Le premier s’est terminé en décembre par un verdict de culpabilité, verdict qui devait être tenu secret jusqu’au procès suivant, prévu pour le mois de mars. Mais ce second procès n’aura pas lieu, car, il y a quelques jours, le tribunal a établi que les preuves étaient ténues et le 26 février le ministère public a abandonné l’accusation. C’est pourquoi l’embargo a été levé. Des commentaires et des données concernant le premier procès ont donc été publiés, même si beaucoup de choses étaient déjà connues en dépit de l’ordre du tribunal.

    Le juge a fixé une date pour prononcer la peine, qui sera de plusieurs années de prison. Entretemps, il a suspendu la liberté sous caution du cardinal, qui a été emprisonné. Par ailleurs, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a annoncé qu’elle ouvrira une enquête sur l’affaire.

    Un seul témoignage

    Certains commentaires publiés ces jours-ci se concentrent sur les preuves de culpabilité, basées sur la déclaration d’un seul témoin présent lors des faits, le plaignant lui-même.

    Ce dernier, dont l’identité ne peut être révélée, avait 13 ans en 1996 et était membre de la chorale de la cathédrale de Melbourne. Selon sa version, peu avant la fête de Noël de cette année, à la fin de la messe solennelle du dimanche célébrée par le cardinal Pell, il s’est glissé avec un ami dans la sacristie pour y boire furtivement du vin de messe. Le cardinal est entré, seul et encore revêtu des ornements liturgiques, il les a réprimandés, a fait de l’exhibitionnisme devant eux et une fellation avec le plaignant. Les portes de la sacristie étaient ouvertes et des gens passaient dans le couloir contigu.

    Environ un mois plus tard, ajoute l’accusateur, Pell, sortant en procession à l’issue de la messe, vit le garçon dans un couloir proche de la sacristie, le poussa contre le mur et toucha ses organes génitaux.

    En 2016, on a su par une fuite que la police de l’état de Victoria enquêtait sur des dénonciations contre Pell pour abus sexuels sur mineurs. L’une d’entre elles est celle qui a conduit à sa condamnation. Elle a été présentée par une seule des deux prétendues victimes de la sacristie de la cathédrale ; l’autre, décédée en 2014, avait dit qu’elle n’avait pas fait l’objet d’abus sexuels. Les autres dénonciations n’ont pas été admises par les juges, à l’exception de celle qui devait être initialement jugée en mars.

    Le jugement contre Pell a commencé en mars 2018. Le jury l’a considéré innocent par 10 voix contre 2, mais il fallait un verdict unanime ou avec un seul vote contre. C’est pourquoi le jugement a été annulé et il a fallu le refaire. En décembre, un nouveau jury déclara Pell coupable.

     

    Incohérences

    Frank Brennan, prêtre jésuite et avocat spécialisé en droits de l’homme, a assisté au second procès. Il signale que ni lui ni personne dans le public ne peut évaluer pleinement le témoignage du plaignant, car il a été rendu à huis clos, en raison d’une loi visant à protéger les victimes d’abus. On ne connaît les faits relatés qu’à travers les citations et les références faites par le procureur ou la défense, mentions qui ont cependant suffi pour faire émerger des contradictions et des incohérences.

    Un doute porte sur la possibilité d’une fellation en un espace de temps si court sur une personne revêtue d’ornements liturgiques. Le plaignant a d’abord déclaré que le cardinal avait ouvert son aube, mais le fait est que l’aube ne comporte pas d’ouverture. Ensuite il a dit qu’il l’avait retroussée sur le côté, mais l’accusation n’a pas montré comment on pouvait faire cela.

    La défense a aussi mis en doute la vraisemblance d’un viol en un lieu et des circonstances où le cardinal pouvait être facilement surpris, puisqu’il y avait d’autres personnes à proximité et que les portes étaient ouvertes. Par ailleurs, comme c’est l’usage pour les évêques, Pell était accompagné à son retour à la sacristie et enlevait les ornements liturgiques avec l’aide d’un assistant. Il semble improbable que ce jour-là, il se soit écarté de la procession et que personne ne l’eut remarqué ni ne s’en souvienne. On n’a pas trouvé non plus de témoins pour confirmer le prétendu second abus, alors qu’il y avait encore plus de gens présents.

    Pour toutes ces raisons et parce que les motivations du jury ne sont pas rendues publiques, Brennan a été surpris par le verdict. « Ma conclusion, dit-il, est que, d’une part, le jury doit avoir ignoré un bon nombre des critiques si percutantes de [Robert] Richter [l’avocat de la défense] à l’encontre de la déclaration du plaignant et que, d’autre part, malgré la confusion sur différents points du récit de la prétendue victime, il a considéré que les mineurs d’âge victimes d’abus sexuels ne se rappellent pas toujours les détails de temps, de lieu, de vêtements ou de posture, conformément à ce qui a été dit dans la récente commission royale [sur les abus sexuels]. (…) Le jury doit avoir jugé le plaignant sincère et fiable malgré le fait que de multiples détails qu’il a fournis sont improbables, voire impossibles. »

    La preuve de la crédibilité

    Pour Brennan et d’autres observateurs, cette manière d’arriver à un verdict de culpabilité sans que d’autres victimes appuient l’accusation par leurs témoignages pose question. Si l’inconsistance des dires de celui qui prétend avoir été objet d’abus sexuels n’est pas prise en compte comme motif pour remettre sa version en question mais plutôt comme symptôme du traumatisme subi, le poids de la preuve passe de l’existence d’une confirmation indépendante des faits à la crédibilité de l’accusateur.

    C’est ce que signale le journaliste John Ferguson : « Le problème de Pell n’est pas que les arguments de l’accusation soient nécessairement solides sur papier ; son problème c’est que l’accusateur a été considéré crédible par le jury. » D’où le fait, fait-il remarquer, que le procureur ait centré son réquisitoire final sur ce témoignage, qu’il juge crédible, « suppliant le jury d’accepter la parole de l’accusateur. »

    Ferguson se réfère à un autre point obscur de l’affaire : l’action de la police. « L’équipe de Pell et beaucoup d’autres sont convaincus que le cardinal est victime d’une grave injustice, à partir du moment où la police, en 2013, a lancé l’opération Tethering pour enquêter sur lui, alors qu’il n’y avait aucune accusation contre lui. C’est très inquiétant. La police a pris Pell dans son collimateur et a fini par trouver quelqu’un pour le dénoncer. »

    Michael Cook, directeur de Mercatornet, trouve également que le zèle dont la police a fait preuve dans cette affaire semble suspect. Il rappelle qu’en 2016, elle a envoyé des agents interroger Pell à Rome, quand il vivait encore là-bas, pour ensuite tout faire fuiter.

    Presse et police

    Greg Craven, avocat et vice-chancelier de l’Université Catholique d’Australie, signale aussi la responsabilité des médias. La justice, dit-il, ne dépend pas seulement des juges, des procureurs, des avocats et des jurés responsables d’arriver à un verdict juste. Tout ce système fonctionne bien en Australie. Mais il y a en outre, un « deuxième cercle, responsable non pas de l’obtention d’un verdict, mais garant des conditions nécessaires pour y arriver. » C’est à ce niveau que jouent les règles sur l’investigation impartiale des cas, l’interdiction de publier le nom d’un suspect avant qu’il soit formellement accusé, le secret de l’instruction, etc.

    Selon Cravan, le respect de ces règles incombe principalement aux médias et à la police. « Les médias doivent informer avec impartialité, s’en tenir à la lettre et à l’esprit de la loi, et n’appuyer aucune des deux parties. La police présente les indices de façon impartiale, en cherchant la justice, pas la condamnation. » C’est sur ces points qu’à son avis il y a eu des manquements terribles dans l’affaire Pell.

    « Certains médias — surtout ABC et les journalistes qui travaillaient pour le groupe Fairfax — ont passé des années à tenter de démontrer que Pell était le personnage le plus honni d’Australie. (…) Pire encore, des agents de la police de Victoria, y compris le commissaire en chef Graham Ashton, ont collaboré à tout cela. Plus encore que les annonces répétées d’accusations imminentes de la part d’Ashton, et ses références à des « victimes » au lieu de « victimes présumées », il y eut les coïncidences dans le temps entre les communiqués de police et les reportages exclusifs des médias favorisés. » Il y a eu un « effort conjoint de nombreux médias, y compris la radio-télévision publique, et d’agents de la police de Victoria pour dénigrer une personne avant son jugement. »

    Cook conclut : « Il faut respecter le système légal. Si Son Eminence le cardinal George Pell a commis des délits, spécialement s’il s’agit d’abus sexuels, il ne mérite pas moins de sanctions que tout autre criminel. Mais il y a plus qu’assez de raisons pour croire qu’il n’a pas reçu un jugement équitable. » Ou, comme le dit amèrement Ferguson, « le public ne pourra jamais être totalement certain que le jugement du siècle s’est terminé par un verdict correct. »

    Source : http://www.aceprensa.com/articles/dudas-sobre-la-condena-al-cardenal-pell/. Cet article a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx. En plus des liens dans le texte vers les articles de Frank Brennan, John Ferguson, Michael Cook et Greg Craven, les lecteurs intéressés par la question pourront lire aussi les textes suivants :

    - George Weigel, dans « First Things » : The Pell Affair: Australia Is Now on Trial
    - Raymond J. de Souza, dans le « National Catholic Register » : Calling Cardinal Pell’s Prosecution What It Is: Religious Persecution
    - Marco Tosatti, dans « La nuova bussola quotidiana » : Lo strano caso della condanna del cardinale Pell

  • La mort du cardinal Caffarra

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    6a00d83451619c69e201b7c91d68b2970b-800wi.jpgLe cardinal Carlo Caffarra, RIP (source : Le Salon Beige)

    L'archevêque émérite de Bologne, âgé de 79 ans, est décédé ce matin, des suites d'une longue maladie. Il avait dirigé l'archidiocèse de l'Émilie-Romagne pendant 12 ans, de 2003 à 2015.

    Ordonné prêtre en 1961, il obtient un doctorat en droit canonique à l’université pontificale Grégorienne et un diplôme de spécialisation en théologie morale auprès de l’Académie pontificale alphonsienne. Il part enseigner la théologie morale dans les séminaires de Parme et de Fidenza, puis à la faculté théologique de l'Italie septentrionale à Milan. En 1974, il est nommé par le Pape Paul VI membre de la Commission théologique internationale.

    Dans les années 1970, le cardinal Caffarra approfondit les thèmes du mariage, de la famille et de la procréation et enseigne l’éthique médicale à la Faculté de médecine et de chirurgie de l'université catholique du Sacré-Cœur à Rome. En 1980, le Pape Jean-Paul II le nomme expert au Synode des évêques sur le Mariage et la Famille puis le charge l’année suivante de fonder et de présider l’Institut pontifical Jean Paul II sur le mariage et la famille.

    Le cardinal Carlo Caffarra fait partie des quatre signataires des « Dubia » adressés au pape à propos de l'exhortation Amoris laetitia. Après le décès du cardinal Meisner il y a quelques mois, il ne reste plus que le cardinal Burke et le cardinal Brandmüller.

    Nommé cardinal par le pape Benoît XVI en 2006, le cardinal Caffarra était un très proche de Saint Jean-Paul II.

    Le cardinal Caffarra ne sera pas mort sans avoir eu le temps de confirmer, de vive voix, la teneur de la lettre que lui avait envoyée sœur Lucie de Fatima sur la dernière bataille de Satan qui serait livrée autour de la famille et du mariage.

    En juin 2015, le cardinal Carlo Caffarra déclarait au journal italien Il Tempo à la veille de la marche pour la famille à Rome :

    "L’Europe est en train de mourir. Et peut-être même n’a-t-elle aucune envie de vivre, car il n’y a pas de civilisation qui ait survécu à la glorification de l’homosexualité. Je ne dis pas : à l’exercice de l’homosexualité. Je parle de la glorification de l’homosexualité. Et je fais une incise : on pourrait observer qu’aucune civilisation n’est allée jusqu’à  proclamer le mariage entre personnes de même sexe. En revanche, il faut rappeler que la glorification est quelque chose de plus que le mariage. Dans divers peuples l’homosexualité était un acte sacré. De fait, l’adjectif utilisé dans le Lévitique pour juger la glorification de l’homosexualité à travers le rite sacré est celui d’« abominable ». Elle avait un caractère sacré dans les temples et dans les rites païens.

    C’est si vrai que les deux seules réalités civiles, appelons-les ainsi, les deux seuls peuples qui ont résisté pendant de nombreux millénaires – en ce moment je pense surtout au peuple juif – ont été ces deux peuples qui ont été les deux seuls à contester l’homosexualité : le peuple juif et le christianisme. Où sont les Assyriens ? Où sont les Babyloniens ? Et le peuple juif était une tribu, il paraissait n’être rien par rapport aux autres réalités politico-religieuses. Mais la réglementation de l’exercice de la sexualité que nous rencontrons, par exemple, dans le livre du Lévitique, est devenu un facteur de civilisation extrêmement important. Voilà ma première pensée : c’est la fin.

    Ma deuxième réflexion est purement de foi. Devant de tels faits je me demande toujours : mais comment est-il possible que dans l’esprit de l’homme puissent s’obscurcir des évidences aussi originelles, comment est-ce possible ? Et je suis arrivé à cette réponse : tout cela est une œuvre diabolique. Littéralement. C’est le dernier défi que le diable lance au Dieu créateur, en lui disant : « Je vais te montrer comment je construis une création alternative à la tienne et tu verras que les hommes diront : on est mieux ainsi. Toi, tu leur promets la liberté, je leur propose d’être arbitres. Toi, tu leur donnes l’amour, moi je leur offre des émotions. Tu veux la justice, et moi, l’égalité parfaite qui annule toute différence.

    J’ouvre une parenthèse. Pour quoi dis-je : « création alternative » ? Parce que si nous retournons, comme Jésus nous le demande, au Principe, au dessein originel, à la manière dont Dieu a pensé la création, nous voyons que ce grand édifice qu’est la création est érigée sur deux colonnes : la relation homme-femme (le couple) et le travail humain. Nous parlons maintenant de la première colonne, mais la deuxième aussi est en train de se détruire… Nous sommes, par conséquent, face à l’intention diabolique de construire une création alternative, qui défie Dieu dans l’intention de voir l’homme finir par penser qu’on se trouve mieux dans cette création alternative ? [...]" 

    L’archevêque de Bologne Matteo Zuppi présidera les obsèques du cardinal Caffarra le samedi 9 septembre en la cathédrale de Bologne, où il sera enterré dans la crypte.

    ...et, sur son blog, Sandro Magister publie cette note (traduite sur diakonos.be) :

    Carlo Caffarra, prophète ignoré. Sa dernière lettre au Pape François

    Ce 6 septembre au matin, le cardinal Carlo Caffarra, archevêque émérite de Bologne et théologien moral de premier plan, particulièrement sur les questions de famille et de vie, nous a quittés à l’improviste.

     

    Après la disparition, brutale elle aussi, du cardinal Joachim Meisner le 5 juillet dernier, les quatre cardinaux signataires des « dubia » soumis au pape François il y a un an sur des points controversés d’Amoris laetitia ont été réduits de moitié. Les deux à être encore en vie sont l’allemand Walter Brandmüller et l’américain Raymond L. Burke.

    C’est le cardinal Caffarra qui était le moteur du groupe. C’est sa signature qui figurait au bas de la lettre de demande d’audience pour lui et les trois autres envoyée au pape François au printemps dernier.  Cette fois encore, comme ce fut déjà le cas pour les dubia, cette demande était restée lettre morte.

    Peu avant l’envoi de cette lettre, le cardinal Caffarra avait eu la chance de croiser le pape François lors d’un de ses déplacement, à Carpi, près de Bologne, le 2 avril dernier. Pendant le repas, il était assis à côté de lui mais le pape avait préféré converser avec un vieux prêtre et avec les séminaristes assis à la même table.

    Voici le texte intégral de la lettre en question, la dernière que le cardinal Caffarra ait adressée au Pape et qui avait déjà été publiée en exclusivité le 20 juin dernier par Settimo Cielo, avec l’autorisation de l’auteur.

    *

    « NOTRE CONSCIENCE NOUS POUSSE… »

    Très Saint Père,

    C’est avec une certaine appréhension que je m’adresse à Votre Sainteté durant ces jours du temps pascal. Je le fais au nom de leurs éminences les cardinaux Walter Brandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner ainsi qu’en mon nom personnel.

    Nous souhaitons avant tout réaffirmer notre dévouement et notre amour inconditionnel à la Chaire de Pierre et pour Votre auguste personne, en laquelle nous reconnaissons le Successeur de Pierre et le Vicaire de Jésus : le « doux Christ de la terre » comme aimait à le dire Sainte Catherine de Sienne. Nous ne partageons en rien la position de ceux qui considèrent que le Siège de Pierre est vacant ni celle de ceux qui voudraient également attribuer à d’autres l’indivisible responsabilité du « munus » pétrinien. Nous ne sommes animés que par la conscience de la grave responsabilité issue du « munus » cardinalice : être des conseillers du Successeur de Pierre dans son ministère souverain. Ainsi que par le Sacrement de l’Episcopat qui « nous a établis comme évêques pour être les pasteurs de l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang. » (Actes 20, 28).

    Le 19 septembre 2016, nous avons remis à Votre Sainteté et à la Congrégation pour la doctrine de la foi cinq « dubia » en Lui demandant de trancher des incertitudes et de faire la clarté sur certains points de l’exhortation apostolique post-synodale « Amoris laetitia ».

    N’ayant reçu aucune réponse de Votre Sainteté, nous avons pris la décision de demander respectueusement et humblement audience à Votre Sainteté, ensemble, s’il plaît à Votre Sainteté. Nous joignons, comme c’est l’usage, une feuille d’audience dans laquelle nous exposons les deux points desquels nous souhaiterions nous entretenir avec Votre Sainteté.

    Très Saint Père,

    Une année s’est déjà écoulée depuis la publication d’ « Amoris laetitia ». Pendant cette période, plusieurs interprétations de certains passages objectivement ambigus de l’exhortation post-synodale ont été données publiquement, non pas divergentes mais contraires au Magistère de l’Eglise. Malgré que le Préfet de la Doctrine de la foi ait à plusieurs reprises déclaré que la doctrine de l’Eglise n’a pas changé, plusieurs déclarations d’évêques individuels, de cardinaux et même de conférences épiscopales ont eu lieu et elles approuvent ce que le magistère de l’Eglise n’a jamais approuvé. Non seulement l’accès à la Sainte Eucharistie de ceux qui vivent objectivement et publiquement dans une situation de péché grave et entendent y demeurer mais également une conception de la conscience morale contraire à la Tradition de l’Eglise. Et c’est ainsi – oh comme il est douloureux de le constater ! – que ce qui est péché en Pologne est bon en Allemagne, ce qui est interdit dans l’Archidiocèse de Philadelphie est licite à Malte. Et ainsi de suite. L’amère constat de Blaise Pascal nous vient à l’esprit : « Justice au-deçà des Pyrénées, injustice au-delà ; justice sur la rive gauche du fleuve, injustice sur la rive droite ».

    De nombreux laïcs compétents, aimant profondément l’Eglise et fermement loyaux envers le Siège Apostolique se sont adressés à leurs Pasteurs et à Votre Sainteté afin d’être confirmés dans la Sainte Doctrine concernant les trois sacrements du Mariage, de la Réconciliation et de l’Eucharistie. Et justement ces derniers jours à Rome, six laïcs provenant de chaque continent ont organisé un Colloque d’études qui a été très fréquenté, intitulé significativement: « Faire la clarté ».

    Face à cette situation grave dans laquelle de nombreuses communautés chrétiennes sont en train de se diviser, nous sentons le poids de notre responsabilité et notre conscience nous pousse à demander humblement et respectueusement audience.

    Que Votre Sainteté daigne se souvenir de nous dans Ses prières, comme nous l’assurons que nous le ferons dans les nôtres. Et nous demandons à Votre Sainteté le don de sa bénédiction apostolique.

    Carlo Card. Caffarra

    Rome, le 25 avril 2017
Fête de Saint Marc évangéliste

  • Le testament spirituel du cardinal Caffarra

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    Lu sur le site de l'Homme Nouveau :

    Reconstruire l'humain : le testament spirituel du cardinal Caffarra

    Reconstruire l'humain : le testament spirituel du cardinal Caffarra

    La Nuova Bussola Quotidiana, principal portail d'information catholique italien fidèle au magistère pérenne de l'Église, tenait ce dimanche 10 septembre sa journée annuelle de rentrée à Milan. L'invité d'honneur de cette journée devait être le cardinal Carlo Caffarra, archevêque émérite de Bologne, pilier de l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille. Hélas, dans la matinée de mercredi 6 septembre, le cardinal a été emporté par un malaise soudain (lire ici l'hommage de Thibaud Collin). Figurant parmi les quatre signataires des dubia adressés au Pape François concernant l'interprétation de l'exhortation apostolique Amoris Laetitia, le cardinal a, jusqu'au bout, combattu la bonne bataille et conservé la foi. Nul doute qu'il ne reçoive aujourd'hui, au milieu des chœurs angéliques, la couronne de justice. Avec l'aimable autorisation de Riccardo Cascioli, directeur de la Nuova Bussola QuotidianaL'Homme Nouveau est heureux de vous faire partager quelques-unes des réflexions de l'ultime conférence du valeureux cardinal, qui ont été lues ce dimanche à Milan et dont nous publierons l'intégralité dans notre édition papier.

    Le destruction de l'humain

    (…) Nous savons que Pierre a trahi, et pleure. Il a été l'auteur, la victime et le témoin de la prévarication contre la vérité. Dans une situation analogue, Judas considéra ne plus être digne de vivre et se pendit. « L'homme est lui-même à travers la vérité », nous dit Karol Wojtyla (in Le signe de contradiction). « Sa relation à la vérité décide de son humanité et constitue la dignité de sa personne. »

    Nous pouvons dire que la destruction de l'humain consiste dans la négation, par l'usage de notre liberté, de ce que notre raison a reconnu être le vrai bien de la personne. En termes théologiques, il s'agit du péché. Ovide n'avait-il pas écrit : « video meliora proboque et deteriora sequor » ? [Je vois le bien, je l'approuve et je fais le mal.]

    La destruction de l'humain a donc le caractère de la lacération de la propre subjectivité. Et celui du mensonge : elle construit un humain – personnel et social – faux. Nul n'a sans doute décrit avec plus de profondeur et de sens tragique la mascarade que représente la vie et la société humaine ainsi construites, que Pirandello.

    L'homme ne vit pas dans une maison sans portes et fenêtres ; il vit dans une culture et respire un « esprit des temps » – aujourd'hui soutenu par de puissants outils d'obtention du consensus – qui favorisent plus souvent qu'à leur tour les facteurs destructeurs de l'humain. (…)

    La falsification de la conscience morale

    Le premier facteur destructeur de l'humain est la falsification subie par la conscience morale dans la culture occidentale. Progressivement, et comme l'avait déjà compris John Henry Newman il y a plus d'un siècle, celle-ci a été réduite au droit de penser, de parler et d'écrire selon son propre jugement ou ses propres humeurs. Dans la communication contemporaine, dire « ma conscience me dit que... » signifie simplement : « je pense que... je désire que... j'aime que... ». (…)

    Le second facteur est constitué par le divorce de la liberté et de la vérité (en matière de bien). En quoi consiste l'admirable union de la liberté et de la liberté ? Quelle est la nature de ce lien ? (…)

     

    En raison de processus culturels longs et complexes, le lien entre vérité et liberté est aujourd'hui rompu : soit l'homme affirme une vérité sans liberté, soit il affirme une liberté privée de vérité. Cette double affirmation peut se vérifier en matière d'idéologie écologiste, de vision contemporaine de la sexualité, de doctrine économique, de réduction du droit à simple technique normative. Un homme sans vérité est condamné à la liberté et sera bien soulagé de l'abandonner au puissant du moment – pensons au Grand Inquisiteur de Dostoïevski. Un homme sans liberté devient une trace sur le sable, remodelée et effacée par un destin inexorable et impersonnel – « qui préside au malheur universel », dirait Leopardi.

    Qui reconstruit l'humain ?

    Je commencerai la seconde partie de ma réflexion par une métaphore.

    – Deux personnes marchent sur la berge d'un fleuve en crue. L'un sait nager, l'autre non. Celui-ci tombe dans l'eau, qui l'emporte. Son ami a trois possibilités à sa disposition : lui apprendre à nager ; lui lancer une corde en l'exhortant à bien s'y agripper ; se jeter dans le fleuve, se saisir du malheureux et le ramener au rivage.

    Laquelle de ces voies a chosi le Verbe incarné en voyant l'homme entraîné vers son auto-destruction ? La première, répondirent les pélagiens, et répondent encore tous ceux qui réduisent l'événement chrétien à une exhortation morale. La deuxième, répondirent les semi-pélagiens, et répondent encore tous ceux qui considèrent la grâce et la liberté comme deux forces inversement proportionnelles. La troisième, enseigne l'Église : le Verbe, ne retenant pas Sa condition divine comme un trésor à garder jalousement, se jeta dans le courant du mal et se saisit de l'homme pour l'en tirer. Voici ce qu'est l'événement chrétien. (…) Qui reconstruit l'humain ? La grâce du Christ. Il convient de l'affirmer de nouveau, et clairement. De dire que ceci est le christianisme.

    Le Seigneur ressuscité a un rapport réel avec le monde, un rapport qui demande, de la part des disciples, d'être traduit dans la pratique chrétienne. Ce rapport réel s'établit chaque fois que nous célébrons un sacrement de la foi. Les sacrements, en effet, sont l'avènement cultuel de la présence corporelle du Christ dans notre monde. (…)

    Conclusion

    Au moment de conclure, je voudrais faire une constatation. Tout ce qui constitue ce que l'on appelle « la civilisation occidentale » conduit à l'athéisme ou du moins à l'expulsion de la religion de l'horizon de la vie. En deux mots, il s'agit d'une civilisation athée et immanentiste. La falsification subie par le concept et l'expérience de la conscience morale en est le symptôme pathologique le plus évidemment diagnosticable. (…)

    En bref, nous vivons une période de combat que nul ne peut déserter, car chacun de nous a au moins une de ces trois armes à sa disposition : la prière, la parole, la plume. Un combat à mener dans la paix car souvenez-vous que « les doux possèderont la terre ».

    (Traduction : Guillaume Luyt)

  • Le cardinal Pell innocenté ?

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    Du site diakonos.be :

    UNE ENQUÊTE DE SKY NEWS AUSTRALIA DÉMONTRE L'INNOCENCE DU CARDINAL PELL

    Andre Bolt, un journaliste de Sky News Australia, a méticuleusement reconstruit les déplacement du cardinal Pell et ceux de ses accusateurs dans un reportage démontrant que la version de la victime présumée d'abus n'est pas seulement incroyable, mais qu'elle est surtout impossible. Á l'approche de l'examen du recours du cardinal, il déclare : "Espérons que la Haute Cour remédie à ce scandale."

    La prise de position de Sky News est courageuse dans un contexte de chasse aux sorcières contre l'Église catholique en Australie.

    Pour rappel, les accusations graves qui pèsent contre le cardinal reposent sur la parole de deux enfants, dont l'un a avoué à sa mère avoir menti avant de mourir. Malgré le témoignage de plusieurs témoins qui affirment que le cardinal n'est pas entré dans la sacristie mais est resté à la porte pour discuter avec des paroissiens.

    Fait incroyable, selon le journaliste, la victime présumée a affirmé se trouver en-dehors de la cathédrale au moment où les faits auraient été commis et les juges n'en ont pas tenu compte.

    Cette enquête semble donc démontrer l'impossibilité matérielle des faits. Lors du jugement en appel, deux juges avaient pris les déclarations de la victime présumée pour argent comptant alors que le troisième juge, plus expérimenté en droit pénal, avait rédigé plus de deux cent pages pour s'opposer à la décision en déclarant qu'il y avait de grandes chances que Pell n'avait pas commis le crime dont on l'accusait.

    Lien vers le reportage de Sky en anglais :
    www.youtube.com/watch?v=Ze5jHaDB4pk&feature=youtu.be

  • Triste Noël pour le cardinal Pell

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    De Nico Spuntoni sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana en traduction française sur le site Benoït-et-moi :

    _________________

    NDT

    [1] Réseau social en ligne sur internet qui a été fondé en 1998 dans le but d’aider les militants du monde entier à communiquer plus facilement.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Care2)

    Lire également : Une Eglise assiégée