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Les hôpitaux "catholiques" de Bruxelles sont contraints de pratiquer l'avortement

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La docilité avec laquelle ces hôpitaux "catholiques" se plient aux ukases de la Région bruxelloise nous interroge tout autant que l'absence (à notre connaissance) de protestations de la part de l'archevêché de Malines-Bruxelles, mais qui s'en étonnera ?

Du site de la RTBF :

Les hôpitaux bruxellois désormais obligés de pratiquer l’IVG : "On est passés de zéro avortement à trois par semaine"

C’est un virage à 180 degrés pour certains hôpitaux de la capitale. A commencer par la Clinique Saint-Jean, située au cœur de Bruxelles. En un siècle d’existence, l’hôpital, de tradition catholique, n’avait jamais pratiqué d’interruption volontaire de grossesse (IVG). Mais depuis le 1er janvier 2024, un arrêté de la Région bruxelloise l’y oblige.

"On n’avait pas développé ça jusqu’à présent car on était bien entourés par des plannings familiaux. Il se fait que la Région bruxelloise nous y a contraints. Je trouve que c’est plutôt un 'plus' pour les patientes" avance le Dr Jean-Paul Van Gossum, chef du service de gynécologie à la Clinique Saint-Jean.

Cette nouvelle réglementation prévoit que tous les hôpitaux bruxellois, hormis les hôpitaux universitaires que sont Saint-Luc, Erasme et l’UZ, pratiquent l’IVG ou, au moins, redirigent les patientes vers un hôpital du même réseau.

Je ne me suis même pas posé la question. Pour moi, c’est évident qu’il faut accompagner ces patientes

Les médecins restent cependant libres d’accepter ou non de pratiquer l’IVG. Dans l’équipe de la Clinique Saint-Jean, un bon tiers des gynécologues a sauté le pas. Pour Irène Paquet, c’était une évidence. "Pour moi, c’est un droit fondamental. En tant que gynécologue, je prends soin des patientes, je les soigne. La détresse qui peut accompagner les grossesses non désirées fait partie, pour moi, d’un principe de base de prise en charge des patientes" explique-t-elle.

La mentalité des jeunes gynécologues est très différente.

Les mentalités seraient-elles en train d’évoluer dans le corps médical ? Pour le Dr Jean-Paul Van Gossum, assurément oui. "Effectivement, on est de tradition catholique mais cela change. On n’est plus comme avant. La mentalité des jeunes gynécologues est très différente, avec une ouverture et surtout une prise en charge des patientes dans leur globalité".

Une demande bien réelle

Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation, l’hôpital Saint-Jean est passé de zéro avortement à environ trois IVG par semaine. "C’est une petite surprise" avoue le Dr Jean-Paul Van Gossum. "Je pensais que la demande serait moindre".

C’est une petite surprise

Le service a donc dû s’organiser. Un système de garde a été mis en place entre les gynécologues pratiquant l’IVG, afin de pouvoir répondre rapidement aux demandes des patientes. Le délai légal pour avorter étant fixé à douze semaines après la conception, il faut pouvoir être réactif et proposer un rendez-vous rapidement.

Des aménagements ont également dû être prévus dans l’équipe d’accompagnement psychologique. "Les psychologues et les psychiatres ont dû libérer des plages horaires dédiées à cela dans leurs consultations. Cela a donc nécessité une organisation tant des gynécologues, que des psychiatres, que de la salle d’opération qui doit libérer des plages si l’intervention est chirurgicale" détaille le Dr Jean-Paul Van Gossum.

De quoi compléter l’offre proposée par les plannings familiaux. En 2022, une interruption volontaire de grossesse sur cinq était réalisée dans un hôpital. Une proportion qui pourrait augmenter depuis la nouvelle réglementation. Aux Cliniques de l’Europe, hôpital traditionnellement catholique également, le nombre d’avortements a légèrement augmenté depuis l’arrêté paru en janvier.

Entre hôpital et planning familial, des différences de prise en charge

Il existe néanmoins des différences dans la prise en charge entre les hôpitaux et les plannings. A commencer par le coût : en planning, si la patiente est en ordre de mutuelle, elle ne devra débourser que cinq euros maximum. En hôpital, il faut compter au moins une centaine d’euros.

Les méthodes d’interruption de grossesse diffèrent également. La méthode médicamenteuse, envisageable jusqu’à sept semaines de grossesse, est proposée partout. Mais au-delà, il faut opter pour une intervention chirurgicale consistant à aspirer le contenu utérin. En planning familial, cette intervention est toujours réalisée en anesthésie locale. En hôpital, on opte la plupart du temps pour une anesthésie générale. Cela explique en partie la différence de coût.

C’est assez convivial

Par ailleurs, la prise en charge en planning serait plus personnalisée. "Il y a toujours du thé, du café, une pièce où il y a des lits, des bouillottes. C’est assez convivial et familial" explique Maud Poskin, médecin généraliste au planning familial Plan F. "Si la patiente opte pour la méthode médicamenteuse à la maison, on est présentes par téléphone en permanence" ajoute-t-elle.

Le planning dispose aussi de pièces où la patiente peut se reposer après l’intervention, seule ou accompagnée.

"En planning, c’est un accompagnement où on laisse beaucoup le choix, on est dans le non-jugement" ajoute Maud Poskin.

Il y a des endroits où c’est très culpabilisant

Des témoignages de femmes révèlent que dans certains hôpitaux, l’interruption volontaire de grossesse était stigmatisée. "Il y avait parfois un côté très jugeant, où on montrait l’échographie en disant 'tu vois, il y a un cœur qui bat'" relate Maud Poskin.

"Il y a des endroits où c’est très culpabilisant. Du coup, on récupère des femmes qui ont été très mal accueillies dans leur demande. Elles arrivent ici en étant sur la défensive car elles ont été mal reçues avant" poursuit-elle.

Une réalité qui devrait sans doute évoluer au fil du temps. La nouvelle réglementation bruxelloise aura, en tout cas, permis d’initier le changement dans certaines structures et de faire évoluer la pratique médicale sur le terrain.

Commentaires

  • "...aspirer le contenu utérin." Cet euphémisme en dit long sur la perversion des esprits.

  • Notre humanité est bien malade et devient … finalement inhumaine : on vient de voter en Belgique une loi assurant le bien être animal, et en même temps on favorise toujours plus l’avortement et de plus en plus tardif !
    Mon fils gynécologue m’a montré un film sur la manière dont on pratique un avortement : l’enfant est démembré dans le ventre de sa mère, sans anesthésie et le médecin reconstitué ensuite le « puzzle » pour être sûr d’avoir tout enlevé…
    Quelle abomination !
    Simone Veil, qui a connu l’horreur de la Shoah (6 millions de morts) à néanmoins permis de par sa loi autorisant l’avortement en France la mort de plus de 10 millions d’enfants à ce jour …
    Que de belles personnes supprimées au nom de cet abominable slogan : « je fais ce que veux de mon corps et je procrée quand j’en ai envie !
    Seigneur, viens à l’aide de notre humanité… mais sommes nous encore des hommes ou des femmes ?

  • "C'est un 'plus' pour les patientes", d'après le chef de service.
    Moi je dirais plutôt que c'est un 'moins'. Mais je ne suis pas chef de service et mes capacités d'observation sont donc différentes.

    "Les psychiatres ont dû libérer des plages horaires dédiées à cela", selon le même.
    Oui, et leur masse de travail va considérablement augmenter. Mais le patron gynéco risque de se faire taper sur les doigts pour avoir malencontreusement remis en cause le dogme de l'avortement qui ne laisse pas de trace psychologique.

    "En anesthésie locale d'un côté, en anesthésie générale de l'autre."
    On apprécie le consensus scientifique sur les modalités d'une pratique aussi sacralisée.

    "On montrait l’échographie, c’est très culpabilisant", s'offusque l'agent du centre de planning.
    Cacher le réel parce qu'il embarrasse : on dirait l'emblème d'une époque, celle qui veut pourtant se faire croire qu'elle a aboli l'obscurantisme, celle qui prétend avoir rejeté tous les tabous.

  • "On montrait l’échographie, c’est très culpabilisant", s'offusque l'agent du centre de planning. Comme vous dites, dans quel monde vivons-nous, car on peut faire des variations sur le thème :
    "on montrait le goulag, c'était très culpabilisant"
    "on montrait les camps de la mort, c'était très culpabilisant"
    "on montrait les monceaux de crânes au Cambodge, c'était très culpabilisant"
    "on montrait les citoyens massacrés au Rwanda, c'était très culpabilisant"
    On ferait sans doute mieux de cacher tout cela ? Avec un psychiatre et un sédatif, cela devrait fonctionner à merveille, plus de soucis !

  • S"agissant des institutions médico-hospitalières de tradition catholique, le droit de retrait pour clause de conscience pour leurs personnels de santé à titre individuel reste garanti. Par contre, une institution catholique ne peut plus invoquer la clause de conscience en tant qu'institution de soins. Toutes doivent donc admettre qu'elles ne peuvent plus rien imposer à leur propre personnel en matière de clause de conscience.

  • La clause de conscience existe encore pour les médecins, mais pour combien de temps encore ? L'Europe a déjà essayé par deux fois de la supprimer. Maintenant que l'avortement fait partie des valeurs "fondamentales", on peut craindre le pire.
    En France, où le droit à l'avortement est maintenant inscrit dans la constitution, on peut fort bien imaginer que ce droit constitutionnel sera supérieur à la clause de conscience qui est elle définie seulement dans une loi.

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