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Notre mission, c’est d’annoncer toute la volonté de Dieu, dans sa totalité et dans sa simplicité ultime

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annosacerdotale.jpgLe 10 mars dernier, nous l'avons relaté, Benoît XVI rencontrait les prêtres du diocèse de Rome et les incitait à ne pas prêcher un christianisme à la carte, en fonction de leurs goûts. Sandro Magister met en ligne des extraits de l'enseignement qu'il leur a donné ce jour-là :

Chers frères, [...] nous venons d’écouter le passage des Actes des Apôtres (20, 17-38) dans lequel saint Paul parle aux Anciens d’Ephèse. Saint Luc le raconte volontairement comme étant le testament de l’apôtre, comme un discours destiné non seulement aux Anciens d’Ephèse, mais aux prêtres de tous les temps. Non seulement saint Paul parle à ceux qui étaient présents à cet endroit, mais il nous parle aussi à nous, véritablement. Essayons donc de comprendre un peu ce qu’il nous dit, en ce moment. [...]

“J’ai servi le Seigneur en toute humilité” (v. 19). “Humilité” est un mot-clé de l’Évangile, de tout le Nouveau Testament. [...] Dans son épître aux Philippiens, saint Paul nous rappelle que le Christ, qui était au-dessus de nous tous, qui était véritablement divin dans la gloire de Dieu, s’est humilié, qu’il s’est abaissé jusqu’à se faire homme, en acceptant toute la fragilité de l’être humain, en allant jusqu’à l’obéissance ultime de la croix (2, 5-8). L’humilité n’est pas de la fausse modestie – soyons reconnaissants des dons que le Seigneur nous a accordés – mais elle indique que nous sommes conscients que tout ce que nous pouvons faire est don de Dieu et nous est accordé pour le Royaume de Dieu. C’est dans cette humilité, dans ce refus de paraître, que nous travaillons. Nous ne demandons pas de louanges, nous ne voulons pas “nous faire voir” ; pour nous, le critère décisif n’est pas de penser à ce que l’on dira de nous dans les journaux ou ailleurs, mais à ce que dit Dieu. La véritable humilité, ce n’est pas de paraître devant les hommes, mais de nous tenir sous le regard de Dieu et de travailler avec humilité pour Dieu, et ainsi de servir aussi, véritablement, l’humanité et les hommes.

“Jamais je n’ai reculé lorsque quelque chose pouvait vous être utile ; je vous prêchais et vous instruisais en public” (v. 20). Saint Paul revient de nouveau sur ce point, après quelques phrases, quand il affirme : “Jamais je n’ai reculé quand il fallait vous annoncer en son entier le dessein de Dieu” (v. 27). Voilà un point important : l’apôtre ne prêche pas un christianisme “à la carte”, en fonction de ses goûts personnels, il ne prêche pas un Évangile en fonction de ses idées théologiques préférées ; il ne se soustrait pas à son engagement d’annoncer toute la volonté de Dieu, y compris la volonté gênante, y compris les sujets que, personnellement, il n’apprécie  pas tellement.

Notre mission, c’est d’annoncer toute la volonté de Dieu, dans sa totalité et dans sa simplicité ultime. [...] Et je pense que le monde d’aujourd’hui est curieux de tout connaître. [...] Cette curiosité devrait être aussi la nôtre : [...] celle de connaître véritablement toute la volonté de Dieu et de savoir comment nous pouvons et devons vivre, celle de savoir quel est le chemin de notre vie. Nous devrions donc faire connaître et comprendre – dans la mesure où nous le pouvons – le contenu du "Credo" de l’Église, depuis la création jusqu’au retour du Seigneur et au monde nouveau. La doctrine, la liturgie, la morale, la prière – ce sont les quatre parties du Catéchisme de l’Église Catholique – indiquent cette totalité de la volonté de Dieu.

Il est également important de ne pas nous perdre dans les détails, de ne pas faire naître l’idée que le christianisme est une masse immense de choses à apprendre. En fin de compte, c’est simple : Dieu s’est montré dans le Christ. Entrer dans cette simplicité – je crois en Dieu qui se montre dans le Christ ; je veux voir et réaliser sa volonté – cela a un contenu et, selon les situations, nous pouvons entrer ou non dans les détails, mais il est essentiel de faire comprendre avant tout la simplicité ultime de la foi. Croire en Dieu comme il s’est montré dans le Christ, c’est aussi la richesse intérieure de cette foi, cela donne les réponses à nos questions, y compris les réponses qui, dans un premier temps, ne nous plaisent pas et qui sont pourtant le chemin de la vie, le véritable chemin. Lorsque nous entrons dans ces choses même si elles ne nous sont pas tellement agréables, nous pouvons comprendre, nous commençons à comprendre que c’est réellement la vérité. Et la vérité est belle. La volonté de Dieu et bonne, elle est la bonté même.

Puis l’apôtre déclare : “Je prêchais en public et en privé ;  j’adjurais Juifs et Grecs de se convertir à Dieu et de croire en notre Seigneur Jésus” (v. 20-21). Nous avons là un résumé de l’essentiel : conversion à Dieu, foi en Jésus. Mais attardons-nous un instant sur le mot “conversion”, qui est le mot central, ou l’un des mots centraux, du Nouveau Testament, [...] en grec “metanoia”, changement de la pensée, [...] c’est-à-dire changement réel de notre vision de la réalité.

Étant donné que nous sommes nés dans le péché originel, les réalités sont, pour nous, ce que nous pouvons toucher. C’est l’argent, c’est ma situation, ce sont les choses de tous les jours que nous voyons au journal télévisé : voilà la réalité. Et les choses spirituelles apparaissent un peu en arrière de la réalité. “Metanoia”, changement de la pensée, cela signifie inverser cette impression. Ce ne sont pas les choses matérielles, ce n’est pas l’argent, ce n’est pas le bâtiment, ce n’est pas ce que je peux posséder qui est l’essentiel, qui est la réalité. La réalité des réalités, c’est Dieu. Cette réalité invisible, apparemment éloignée de nous, est la réalité.

Apprendre cela et renverser ainsi notre pensée, juger véritablement que Dieu est la réalité qui doit tout orienter, c’est cela, la parole de Dieu. Dieu est le critère, le critère de tout ce que je fais. Il y a vraiment conversion si ma conception de la réalité est modifiée, si ma pensée est changée. Et cela doit ensuite pénétrer dans chacun des éléments de ma vie : dans le jugement que je porte sur chaque chose, je dois prendre comme critère ce que Dieu dit à son sujet. La chose essentielle, c’est cela : non pas ce que j’en tire maintenant, non pas l’avantage ou le désavantage qui en résultera pour moi, mais la vraie réalité et notre orientation vers cette réalité.

Pendant le Carême, qui est une démarche de conversion, nous devons vraiment – me semble-t-il – mettre de nouveau en œuvre, chaque année, ce renversement de notre conception de la réalité, à savoir que Dieu est la réalité, que le Christ est la réalité et le critère de mon action et de ma pensée ; nous devons mettre en œuvre cette nouvelle orientation de notre vie.

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