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Le mariage chrétien à l’épreuve du divorce

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mail.google.com.jpgLe divorce touche de plus en plus les chrétiens. Le P. Alain Bandelier, éditorialiste de l’hebdomadaire « Famille chrétienne » vient de consacrer aux Éditions de l’Emmanuel un beau livre à ce sujet délicat, Il en parle avec Christophe Geffroy, dans le dernier numéro (n°226,  mai 2011) du mensuel « La Nef » :  Le drame du divorce

Quelques extraits de cet échange :

Christophe Geffroy : Quelles sont les principales causes de divorce et les catholiques pratiquants sont-ils davantage épargnés ?

P. Alain Bandelier : […] Il y a un malentendu fondamental à propos du mariage. On confond amour et sentiment amoureux. On se marie – ou on vit ensemble sans se marier – parce qu’on s’aime. Si on ne s’aime plus, ou si on aime quelqu’un d’autre, on s’en va. La règle est qu’il faut suivre ses sentiments. Nous sommes très marqués par la revendication de l’épanouissement personnel, « le droit au bonheur » comme ils disent. Cela est évidemment très loin d’une vision biblique du mariage, qui est une alliance. Selon le texte de la Genèse, l’époux et l’épouse ont vocation de devenir une seule chair. J’insiste sur « devenir » : le texte grec dit « vers » l’unité. Le fondement du couple et de la famille, ce n’est pas « je t’aime », c’est « je t’aimerai ». Il faut conjuguer aimer au futur si on veut que le mariage ait de l’avenir !

C.G. : Comment aider des jeunes à accepter une séparation sans possibilité de remariage ?

A.B : […] Je trouve qu’il y a une sorte de complicité dans le silence, un non-dit, aussi bien chez les jeunes qui demandent de se marier à l’église que chez les prêtres, diacres et laïcs qui les accueillent. On n’ose pas attirer l’attention sur la logique du mariage chrétien et sur les conséquences éventuelles d’une séparation. Après coup on va dire que l’Église est trop exigeante, ou pas assez miséricordieuse. Mais l’Église n’oblige personne à s’engager dans un mariage sacramentel ! Cela dit, il est évident que des époux devenus seuls, quel que soit leur âge, méritent d’être particulièrement entourés et soutenus par la communauté et par les pasteurs. Ce qui n’est pas toujours le cas, hélas. À notre époque soi-disant libérée, on a encore des réflexes bourgeois de méfiance ou de rejet devant les « divorcés

C.G : Comment analysez-vous l’augmentation des procès en nullité ? Les jeunes sont-ils plus immatures» ?

A.B. : […] L’introduction du critère d’immaturité est nécessaire, car il est exact que des jeunes adultes vivent parfois dans une sorte de bulle et d’irresponsabilité. Mais c’est un critère qu’il faudrait objectiver. Sinon c’est un moyen commode de contourner l’indissolubilité. Sur ce point, Benoît XVI a dit quelque chose de fondamental dans son dernier discours à la Rote romaine. Permettez-moi de le citer : « Il faut œuvrer afin que s’interrompe, dans la mesure du possible, le cercle vicieux qui a souvent lieu entre une admission facile au mariage, sans une préparation adéquate et un examen sérieux des qualités prévues pour sa célébration, et une déclaration judiciaire parfois tout aussi facile, mais de sens inverse, où le même mariage est considéré nul uniquement sur la base de la constatation de son échec. »

C.G. L’indissolubilité du mariage ne se prépare-t-elle pas loin en amont ?

A.B. :  La préparation lointaine me paraît trop négligée. On ne s’occupe du mariage que lorsque les gens viennent pour « une petite bénédiction » comme ils disent. Le mariage est la vocation la plus courante, jusqu’à preuve du contraire. Et peut-être la plus négligée. Quelle place a-t-elle dans les parcours catéchétiques ? Dans les aumôneries d’adolescents ? On parlera des relations garçons-filles, sujet bateau depuis quarante ans. Mais comment transmettons-nous et traduisons-nous l’enseignement immense et merveilleux de Jean Paul II sur l’amour, la sexualité, le mariage ?[…]

C.G. :  Que proposer aux divorcés-remariés catholiques ?

A.B. : […]Il faut être lucide, il y a aujourd’hui deux approches très différentes. La première, qui s’est beaucoup répandue dans le vide pastoral de ces dernières années, est plutôt dans le registre de la lamentation et de la réclamation : l’Église ne nous aime pas, ne nous comprend pas, nous exclut. On encourage des prières à l’occasion du remariage et la pratique de la communion eucharistique « en conscience » sans voir la contradiction avec l’enseignement du Christ que le Magistère actualise. Personnellement je suis convaincu au contraire que cet enseignement (exigeant, c’est vrai) est source de paix, de conversion, de croissance.

C.G. : Comment expliquer aux politiques que le mariage, par sa stabilité, contribue au bien commun de la société ?

A.B. : […] Il y a une sorte d’aveuglement politique, médiatique et plus largement sociétal qui fait qu’on s’interdit de voir le lien entre des familles heureuses et une société heureuse. D’un côté on promeut toutes les configurations possibles et imaginables de « contrat » à géométrie variable, d’un autre côté on affaiblit toujours plus la famille dite « traditionnelle » : papa, maman et les enfants. Or cela coûte cher, même au plan économique, à plus forte raison au  plan éducatif et donc aussi en termes d’avenir pour le pays. Il faudrait avoir le courage de résister aux slogans égalitaires : il n’est pas vrai que tous les choix ont le même impact social, il est donc légitime que l’État en valorise certains, y compris au plan financier. Mais en arrière-plan ce sont des conversions plus profondes qu’il faut préparer et initier .

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