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Famille

  • Beauraing, 28-29 juin : Pèlerinage des Sacrés Coeurs de Jésus et Marie

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  • Léon XIV : Le mariage n'est pas "un idéal", mais le canon du véritable amour entre l'homme et la femme

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    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

    Léon XIV : Le mariage n'est pas un idéal, mais le canon du véritable amour entre l'homme et la femme 

    Le sens de cette phrase ne doit pas être négligé, car aujourd'hui trop souvent la loi morale est réduite à un idéal difficilement atteignable. Le mot « canon », dans le langage religieux, désigne une règle officielle de l'Église, une norme juridique et morale, une loi objective, que tous les chrétiens sont tenus d'observer.

    Le mariage, un et indissoluble, formé par un homme et une femme, est une institution divine et naturelle, voulue par Dieu lui-même et élevée par Jésus-Christ à la dignité de sacrement. La famille, fondée sur le mariage, est donc une véritable société dotée d'une unité spirituelle, morale et juridique, dont Dieu a établi la constitution et les droits. Quiconque observe cette loi reçoit de Dieu toutes les grâces nécessaires à son respect. 

    Présenter le mariage comme un idéal, et non comme une loi à laquelle serait liée une grâce, revient à affirmer que ce modèle n'appartient pas au monde de la réalité, mais à celui des désirs, parfois inaccessibles. C'est donc tomber dans le relativisme moral. Les hommes, pour vivre, ont besoin de principes qui peuvent et doivent être vécus : l'un d'eux est le mariage. L'idée, au contraire, que « le mariage est un idéal » transparaît dans l'exhortation apostolique Amoris Laetitia de 2016, dans laquelle le pape François insiste sur le fait que cet idéal doit être proposé progressivement, en accompagnant les personnes sur leur chemin. Or, la morale catholique n'est pas graduelle et ne souffre aucune exception : elle est absolue ou elle ne l'est pas. La possibilité d'« exceptions » à la loi naît précisément de l'idée d'un idéal impraticable. Telle était la thèse de Luther, qui soutenait que Dieu avait donné à l'homme une loi impossible à suivre. Luther a donc développé le concept de « foi fiduciaire » qui sauve sans œuvres, précisément parce que les commandements ne peuvent être observés. À la conception luthérienne de l'impraticabilité de la loi, le Concile de Trente a répondu que l'on est sauvé par la foi et les œuvres. Le Concile a anathématisé quiconque affirmait que « pour l'homme justifié et constitué en grâce, les commandements de Dieu sont impossibles à observer » (Denz-H, n. 1568) et a affirmé : « Dieu, en effet, ne commande pas l'impossible ; mais lorsqu'il commande, il nous exhorte à faire ce que nous pouvons, à demander ce que nous ne pouvons pas, et il nous aide afin que nous puissions » (Denz.H, n. 1356).

    On peut se trouver confronté à des problèmes apparemment insurmontables, mais dans ce cas, il faut tout mettre en œuvre, de toutes ses forces, pour observer la loi naturelle et divine et demander l'aide de Dieu pour surmonter le problème. La foi catholique est que cette aide ne manquera pas et que tout problème sera résolu. Dans des cas exceptionnels, Dieu nous offrira une aide extraordinaire de grâce, précisément parce qu'il ne nous a pas donné une loi impraticable. La doctrine n'est pas un idéal abstrait et la vie d'un chrétien n'est rien d'autre que la pratique des commandements, selon l'enseignement de Jésus : « Celui qui garde mes commandements et les observecelui-là m'aime » ( Jn 14, 21).   

    C'est pourquoi, dans une interview de 2019 rapportée par Corrispondenza Romana, le cardinal Burke expliquait : « Quelqu'un a dit qu'en fin de compte, nous devons comprendre que le mariage est un idéal que tout le monde ne peut pas atteindre et que nous devons donc adapter l'enseignement de l'Église aux personnes qui ne sont pas en mesure de respecter leurs vœux de mariage. Mais le mariage n'est pas un « idéal ». Le mariage est une grâce et lorsqu'un couple échange ses vœux, tous deux reçoivent la grâce de vivre un lien fécond et fidèle pour la vie. Même la personne la plus faible, la moins formée, reçoit la grâce de vivre fidèlement l'alliance du mariage » ( ici ).

    Mais lisons attentivement les paroles de Léon XIV : « Ces dernières décennies, nous avons reçu un signe qui nous réjouit et nous fait réfléchir : je fais référence au fait que des époux ont été proclamés bienheureux et saints, non pas séparément, mais ensemble, en tant que couples mariés. Je pense à Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ; ainsi qu’aux bienheureux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi, dont la vie familiale s’est déroulée à Rome au siècle dernier. Et n’oublions pas la famille polonaise Ulma : parents et enfants unis dans l’amour et le martyre. Je disais que c’est un signe qui nous fait réfléchir. Oui, en désignant les époux comme des témoins exemplaires, l’Église nous dit que le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour connaître et accueillir l’amour de Dieu et pour vaincre, par sa force unificatrice et réconciliatrice, les forces qui désintègrent les relations et les sociétés . »

     « C'est pourquoi, le cœur rempli de gratitude et d'espérance, je vous dis, chers époux : le mariage n'est pas un idéal, mais le canon du véritable amour entre un homme et une femme : un amour total, fidèle et fécond (cf. saint Paul VI, Encyclique Humanae vitae , n. 9). En vous transformant en une seule chair, ce même amour vous rend capables, à l'image de Dieu, de donner la vie ».

     « Je vous encourage donc à être des exemples de cohérence pour vos enfants, en vous comportant comme vous le souhaitez, en les éduquant à la liberté par l'obéissance, en recherchant toujours en eux le bien et les moyens de le développer. Et vous, les enfants, soyez reconnaissants envers vos parents : dire « merci » pour le don de la vie et pour tout ce qu'elle nous donne chaque jour, est la première façon d'honorer votre père et votre mère (cf. Ex 20, 12) . »

    Au début et à la fin de son homélie, le Pape est revenu sur un thème qui lui est cher : la prière de Jésus au Père, tirée de l'Évangile de Jean : « Que tous soient un » ( Jn 17, 20). Non pas une uniformité indistincte, mais une communion profonde, fondée sur l'amour de Dieu lui-même ; « uno unum », comme le dit saint Augustin ( Sermo super Ps.  127) : un dans l'unique Sauveur, embrassé par l'amour éternel de Dieu. « Bien-aimés, si nous nous aimons ainsi les uns les autres, sur le fondement du Christ, qui est « l'Alpha et l'Oméga », « le commencement et la fin » (cf.  Ap  22, 13), nous serons signe de paix pour tous, dans la société et dans le monde. Et n'oublions pas : l'avenir des peuples se construit dans les familles . » 

  • Provocation : quand l'affiche d'un colloque assimile l'Incarnation à une GPA

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    De Baudoin Moucadel sur le Journal du Dimanche :

    La GPA illustrée… par la Vierge Marie ? L’affiche polémique d’un événement organisé à l'université Paris-Panthéon-Assas

    Un tableau de Fra Angelico, représentant la Vierge Marie et l’ange Gabriel, a été utilisé pour illustrer l’affiche d’un colloque sur la GPA organisé au sein de l’université parisienne. Face à la polémique, la direction de la fac assure ne pas avoir été consultée.

    Les nouvelles résistances à la gestation pour autrui | CNRS Sciences  humaines & sociales

    La Vierge Marie a eu recours à une gestation pour autrui (GPA). C’est en tout cas ce que suggère sans ambiguïté l’affiche du colloque « Les nouvelles résistances à la gestation pour autrui ». Cet évènement, qui se tiendra au sein de l’université Paris-Panthéon-Assas mardi 10 juin prochain, est organisé entre autres par le CNRS. Afin de faire la promotion du colloque, un célèbre tableau de Fra Angelico a été choisi. Il représente la scène de l’Annonciation, où l’Ange Gabriel vient annoncer à la Vierge Marie qu’elle attend un enfant : Jésus Christ.

    Sous-entendu explicite : Jésus est le fruit d’une GPA, Marie ayant porté un enfant sans qu’il n’y ait de fécondation naturelle. De quoi heurter de nombreuses personnes et susciter la polémique, aussi bien au sein qu’en dehors de l’université. « J’ai été blessé de voir être comparé l’annonciation à la GPA, qui est une pratique menant à la marchandisation du corps humain. Je l’ai vu comme une provocation lancée aux chrétiens », dénonce par exemple Louis, étudiant en licence de droit à Assas.

    Une affiche « provocatrice »

    Plusieurs personnalités ont également réagi sur les réseaux sociaux à ce détournement. « « C’est une provocation blessante et une erreur : Marie est vraiment la mère de Jésus. Elle l’a conçu, porté, mis au monde, nourri, élevé et elle vivait même encore avec lui quand il avait plus de 30 ans. Rien à voir avec la GPA », cingle ainsi l’abbé Amar, auteur de nombreux livres sur la foi chrétienne, sur X.

    Cet évènement a pour objectif de réfléchir à la lutte contre la GPA, en France et dans le monde. Au programme de la journée : différentes prises de paroles, effectuées par des personnalités du milieu juridique. On retrouve ainsi parmi les intervenants Benjamin Moron-Puech, secrétaire général de l’association Alter Corpus, qui « promeut les droits des minorités corporelles ». Mais aussi l’avocate Caroline Mecary, candidate de la Nupes aux législatives en 2022.

    Réponse ferme de l’université

    Ce mercredi matin, le président de l’université Paris-Assas, Stéphane Braconnier, a annoncé sur LinkedIn avoir demandé la suppression de l’affiche polémique. « La manière dont a été faite, ces derniers jours, la promotion d’une rencontre universitaire consacrée à la GPA […] a pu légitimement heurter ou choquer, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Université », affirme-t-il.

    « Un choix inutilement provocateur »

    Le président de l’université parisienne déplore le « choix inutilement provocateur du support de communication utilisé pour cette rencontre, conçu hors de l’université et qui n’a pas été soumis, en amont, à la direction de la communication, ni formellement autorisé en aval ». En conséquence, l’affiche a été supprimée des sites internets dépendants de la fac. Le président a également demandé que le logo et « toute mention de l’établissement » soient retirés du visuel.

    Une décision qui satisfait certains élèves de l’université. « La réponse du président est à la hauteur selon moi. La conférence en elle-même ne me pose pas de problème, il faut bien que tous puissent s’exprimer sur des sujets », se réjouit Victor, étudiant en deuxième année de sciences politiques.

     

    Belgicatho relaie cette proposition de protestation :

    OBJET : Un blasphème public contre la Vierge Marie. Ne restons pas silencieux.

    Le 10 juin, un colloque sur la GPA se tiendra à l’université Paris-Panthéon-Assas. Le scandale vient surtout de l’affiche choisie pour l’annoncer : une reproduction du tableau de l’Annonciation de Fra Angelico, comme si Marie était une mère porteuse.

    Marie s’est consacrée à Dieu, non à un dessein humain. Assimiler sa maternité à une GPA est un détournement sacrilège de l’un des plus grands mystères catholiques : l’Incarnation du Fils de Dieu.

    Signez ici pour protester : https://action.st-padre-pio.fr/je-ne-tolere-pas-linjure-faite-a-la-sainte-vierge

    Merci de transférer ce message à vos proches pour que la voix des chrétiens se fasse entendre.

  • GPA : qu’en est-il des enfants nés grâce à cette technique ? Quelles traces en gardent-ils ? Et les femmes enceintes ?

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    De

    Où es-tu, Maman?

    2 juin 2025

    Dans les nouvelles sur les naissances par GPA (Gestation Pour Autrui), le discours se centre souvent sur le désir d’enfant, surtout s’il s’agit de célébrités (…). Mais qu’en est-il des enfants nés grâce à cette technique ? Quelles traces en gardent-ils ? Et les femmes enceintes ?

    La militante et avocate française Olivia Maurel vient de publier « Où es-tu, Maman ? » (Editions du Rocher), un livre dans lequel elle raconte son histoire à la première personne (…). Il y a trois ans, grâce à un test génétique, Olivia a découvert ce qu’elle soupçonnait depuis longtemps : sa mère n’était pas sa mère biologique, car elle était née par GPA traditionnelle. Cette révélation lui a permis de connaître son identité et de se réconcilier avec son passé. Aujourd’hui, elle n’hésite pas à parler du syndrome d’abandon et d’autres troubles qui l’ont toujours accompagnée.

    Olivia est désormais porte-parole de la Déclaration de Casablanca, une initiative internationale qui rassemble un groupe d’experts plaidant pour l’abolition universelle de la GPA. Le 8 avril, elle a rencontré le Bureau permanent de la Conférence de La Haye. Son message est clair : tant que la GPA existera, des milliers d’enfants se retrouveront dans une situation de vulnérabilité.

    – La publication de votre livre a fait la une en France. Qu’est-ce que l’écriture de ce livre a représenté pour vous : rouvrir des blessures ou les guérir ?

    Écrire ce livre a été un processus intense, mélange de catharsis et de confrontation. D’une part, cela a signifié rouvrir certaines blessures, revisiter des souvenirs parfois douloureux. Mais en même temps, mettre des mots sur ces expériences m’a permis de leur donner un sens, de les apprivoiser et, d’une certaine manière, de les surmonter. Ce fut à la fois un acte de vulnérabilité et de résilience.

    – Je ne sais pas si vous vous doutiez que votre histoire personnelle allait devenir une cause mondiale : pourquoi avoir décidé de la rendre publique ?

    Honnêtement, je ne pensais pas que mon histoire prendrait une telle ampleur. Au départ, mon approche était avant tout personnelle : j’avais besoin de mettre des mots sur ce que j’avais vécu, de donner un sens à mon parcours. Mais très vite, j’ai réalisé que mon histoire trouvait un écho bien au-delà de ma propre expérience. J’ai reçu des témoignages de personnes qui se reconnaissaient en moi, qui trouvaient du courage dans mon histoire. Cela m’a convaincue que la rendre publique n’était pas seulement un acte personnel, mais aussi un moyen de changer les mentalités et d’ouvrir un dialogue nécessaire.

    – Depuis lors, vous êtes devenue la porte-parole de la Déclaration de Casablanca, vous avez écrit un livre, vous avez rencontré une partie de votre famille biologique, vous avez voyagé dans de nombreux pays ; mais vous avez également rompu toute relation avec vos parents et vous avez été critiquée pour vos déclarations contre ce marché qui brasse des milliards chaque année. Cela valait-il la peine de vous engager dans la voie du militantisme ?

    C’est une question que je me suis souvent posée. Le militantisme est un chemin exigeant et souvent douloureux, et les conséquences personnelles ne sont pas négligeables. Perdre ses liens familiaux et s’exposer aux critiques et aux attaques est un prix très élevé à payer. Mais quand je vois l’impact de mon engagement, les débats qu’il a suscités, les personnes qui se sentent enfin écoutées et soutenues, je sais que cela en vaut la peine. Si je devais recommencer, oui, je prendrais la même décision. Car le silence ne protège personne, et dénoncer une injustice, aussi puissante soit-elle, est une nécessité. Ce combat va au-delà de ma propre histoire. Il s’agit de donner la parole à ceux qui n’en ont pas.

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  • le Pape Léon XIV insiste sur la nécessité de témoigner de «l'expérience merveilleuse de la rencontre avec Jésus» auprès des familles éloignées de Dieu

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    De Jean-Benoît Harel sur Vatican News :

    Léon XIV exhorte l’Église à aller à la rencontre des familles éloignées de Dieu

    Au lendemain du Jubilé des familles ce lundi 2 juin, le Pape Léon XIV a adressé un message aux participants d’un colloque consacré à l’évangélisation auprès des familles d’aujourd’hui. Il s’est inquiété d’une forme de privatisation de la foi, empêchant les familles éloignées de la foi «de connaître la richesse et les dons de l'Église». Au contraire, le Saint-Père exhorte à «aller “à la pêche“ de cette humanité, à la sauver des eaux du mal et de la mort à travers la rencontre avec le Christ».

    «Il est particulièrement urgent d'accorder une attention particulière aux familles qui, pour diverses raisons, sont spirituellement plus éloignées». Dans un message envoyé ce lundi 2 juin aux participants d’un colloque réunis par le dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, le Pape Léon XIV a insisté sur la nécessité de témoigner de «l'expérience merveilleuse de la rencontre avec Jésus» auprès des familles éloignées de Dieu.

    «Une attention particulière»

    Au lendemain du jubilé des familles, qui s’est tenu du 30 mai au 1er juin à Rome, le Saint-Père a réaffirmé l’importance du rôle de la famille dans la société, comme «membres vivants du Corps mystique du Christ et premier noyau ecclésial auquel le Seigneur confie la transmission de la foi et de l'Évangile, en particulier aux nouvelles générations».

    Alors que «notre époque se caractérise par une recherche croissante de spiritualité», notamment chez les plus jeunes, Léon XIV demande à l’Église d’accompagner cette aspiration, en accordant une «attention particulière» aux familles les plus éloignées de Dieu, par méconnaissance ou manque d’intérêt. «Combien de personnes ignorent aujourd'hui l'invitation à la rencontre avec Dieu!», déplore-t-il.

    «Une “privatisation de la foi“»

    Face à cette demande, le Successeur de Pierre constate «une “privatisation de la foi“» qui empêche d’inviter à rencontrer Dieu, et de «connaître la richesse et les dons de l'Église, lieu de grâce, de fraternité et d'amour!»

    Ainsi, même «avec des désirs sains et saints (…) pour gravir les beaux sentiers de la vie et de la pleine joie», ces familles s'appuient sur «de faux points d'appui» qui les éloignent de Dieu. Parmi ces points d’appui trompeurs, le Pape cite d’abord les «modèles de vie illusoire, où il n'y a pas de place pour la foi», largement diffusé par les médias et les réseaux sociaux.

    Former des communautés pour rencontrer Jésus

    Ensuite, le Saint-Père évoque les jeunes qui préfèrent la cohabitation au mariage chrétien. Il estime que ces jeunes «ont en fait besoin que quelqu'un leur montre de manière concrète et compréhensible, surtout avec l'exemple de sa vie, ce qu'est le don de la grâce sacramentelle et quelle force il donne; qu'il les aide à comprendre “la beauté et la grandeur de la vocation à l'amour et au service de la vie“ que Dieu donne aux époux mariés».  

    Autre domaine où les faux points d’appui sont nombreux, c'est celui de l’éducation. «De nombreux parents, ont besoin de communautés qui les soutiennent en créant les conditions pour qu'ils rencontrent Jésus», a assuré le Saint-Père dans son message.

    “Ce qui anime l'Église dans ses efforts pastoraux et missionnaires, c'est précisément le désir d'aller «à la pêche» de cette humanité, de la sauver des eaux du mal et de la mort à travers la rencontre avec le Christ.”

     

    Pour inviter à la rencontre du Christ, le Souverain pontife met en garde contre «la plus grande erreur que nous puissions commettre en tant que chrétiens»: «prétendre que la grâce du Christ consiste dans son exemple et non dans le don de sa personne», reprenant ainsi les mots de saint Augustin.

    Alors que la vie chrétienne est parfois présentée comme «un ensemble de préceptes à observer» ou «une religion moralisatrice, lourde, peu attrayante et, d'une certaine manière, irréalisable dans le concret de la vie quotidienne», Léon XIV insiste sur «l'expérience merveilleuse de la rencontre avec Jésus, Dieu qui se donne à nous».

    Une mission pour toute l’Église

    Être «pêcheurs» de ces familles est l’une des missions des évêques, «successeurs des apôtres et pasteurs du troupeau du Christ», mais aussi un appel pour les laïcs.

    “Je vous demande donc de vous associer à l'effort avec lequel toute l'Église part à la recherche de ces familles qui, seules, ne s'approchent plus d'eux; de comprendre comment cheminer avec eux et comment les aider à rencontrer la foi, en devenant à leur tour des «pêcheurs» d'autres familles.”

    Le même Jésus-Christ

    Face au découragement, et aux nombreuses blessures que portent les familles aujourd’hui, Léon XIV propose de se tourner vers l’Évangile, et de se plonger toujours dans «la tendresse de Dieu, qui valorise et aime l'histoire de chaque personne». «Il ne s'agit pas de donner des réponses hâtives à des questions difficiles, mais plutôt d'être proche des personnes, de les écouter, d'essayer de comprendre avec elles comment affronter les difficultés», conclut-il, conscient des adaptations à faire à chaque génération.

    Enfin, invitant chacun à «cultiver et renouveler son identité de croyants», le Saint-Père met en évidence un véritable point d’appui: «au milieu de tant de changements, Jésus-Christ reste “le même hier, aujourd'hui et à jamais“». 

    En relation : Le pape exhorte les catholiques à lutter contre la cohabitation en témoignant fidèlement du mariage

  • Un nouvel observatoire ausculte l’évolution du catholicisme en France

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    De Tribune Chrétienne :

    Naissance d’un observatoire pour ausculter l’évolution du catholicisme en France

    Lancé le lundi 2 juin à Paris avec le soutien du Fonds du bien commun de Pierre-Édouard Stérin, le tout nouvel Observatoire français du catholicisme entend mesurer les évolutions spirituelles des Français. Son premier sondage révèle que 37 % se déclarent en « quête spirituelle »

    Dans une France de plus en plus sécularisée, une initiative originale voit le jour : un observatoire entièrement dédié au catholicisme. Le 2 juin, à Paris, a été officiellement lancé l’Observatoire français du catholicisme (OFC), fruit du travail de laïcs engagés, soutenus par des mécènes privés, notamment le Fonds du bien commun fondé par Pierre-Édouard Stérin. Ce projet répond à un besoin largement exprimé par les acteurs pastoraux : mieux connaître les évolutions des croyances et des pratiques religieuses pour y répondre avec justesse. Aurélie Pirillo, directrice de l’OFC, résume l’intention : il s’agit de produire des analyses régulières et accessibles sur la vie catholique dans notre pays.

    La Croix précise que 46 % des Français se déclarent encore catholiques, avec une forte disparité selon les âges. Et pourtant, les aspirations spirituelles persistent. D’après l’étude Ifop commandée pour ce lancement, 37 % des Français se disent en « quête spirituelle », et 52 % prient ou méditent au moins de temps en temps.

    Mais cette prière prend des formes variées. Les chiffres cités par le quotidien indiquent que 46 % s’adressent à Dieu, 19 % à la Vierge Marie, 18 % à Jésus-Christ, 5 % à des saints, et 8 % au cosmos. 18 % affirment ne prier « personne en particulier ». Parmi les attentes exprimées, le besoin de silence et de ressourcement est central. 64 % des Français – et jusqu’aux deux tiers des 18-24 ans – aspirent à plus de silence, de contemplation et de méditation. Un quart aimerait vivre une retraite en silence, un autre être accompagné dans un chemin spirituel, et un troisième avoir un accès facilité à des lieux de prière.

    Pour Arnaud Bouthéon, cofondateur de l’OFC et engagé de longue date dans l’évangélisation, ces données sont essentielles : « Qui savait, par exemple, que pendant la pandémie, 55 % des paniers repas distribués aux migrants provenaient des paroisses ? » L’observatoire veut aussi documenter cette présence chrétienne discrète mais active dans la société française.

    Autour de ce projet, plusieurs visages connus dans le paysage catholique : Samuel Pruvot (Famille Chrétienne), Élisabeth Geffroy (La Nef), Damien Thomas (Fonds du bien commun). L’OFC se veut indépendant, mais la Conférence des évêques de France y voit un outil précieux. Monseigneur Bruno Valentin, évêque de Carcassonne, déclare : « Ce projet nous intéresse pour comprendre comment la société évolue dans son rapport à la spiritualité et au catholicisme. »

    Notons que l’étude s’est également penchée sur les intentions de prière : 53 % des Français prient pour la santé d’un proche, 35 % pour leur propre santé, 26 % pour la paix intérieure, et 25 % pour la paix dans le monde. En revanche, seuls 8 % prient pour le salut éternel, et 16 % pour la réussite matérielle.

    Deux nouvelles études sont prévues avant la fin de l’année : l’une sur les parcours de conversion ou de retour à la foi, l’autre sur les dynamiques internes des communautés pratiquantes. L’objectif est de bâtir, au fil des années, un véritable socle de données pour nourrir la mission de l’Église. À travers ce nouvel observatoire, c’est un peu du cœur religieux de la France que l’on tente d’écouter à nouveau les battements.

    En relation : Ces lueurs d’espoir dans le tableau très sombre de l’état du catholicisme en France

  • Le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour surmonter les forces qui désagrègent les relations et les sociétés (Léon XIV)

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    JUBILÉ DES FAMILLES, DES ENFANTS, DES GRANDS-PARENTS ET DES PERSONNES ÂGÉES

    HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

    Place Saint-Pierre
    VIIe dimanche de Pâques - Dimanche 1er juin 2025

    L’Évangile qui vient d’être proclamé nous montre Jésus qui, lors de la dernière Cène, prie pour nous (cf. Jn 17, 20) : le Verbe de Dieu fait homme, désormais proche de la fin de sa vie terrestre, pense à nous, ses frères, se faisant bénédiction, supplication et louange au Père, avec la force de l’Esprit Saint. Et nous aussi, alors que nous entrons, remplis d’émerveillement et de confiance, dans la prière de Jésus, nous sommes impliqués par son amour dans un grand projet qui concerne toute l’humanité.

    Le Christ demande en effet que nous soyons tous « un » (v. 21). Il s’agit là du plus grand bien que l’on puisse désirer, car cette union universelle réalise entre les créatures la communion éternelle d’amour dans laquelle s’identifie Dieu lui-même, comme le Père qui donne la vie, le Fils qui la reçoit et l’Esprit qui la partage.

    Le Seigneur ne veut pas que nous nous unissions pour former une masse indistincte, comme un bloc anonyme, mais il souhaite que nous soyons un : « Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi » (v. 21). L’unité pour laquelle Jésus prie est donc une communion fondée sur l’amour même dont Dieu aime, d’où viennent la vie et le salut. En tant que telle, elle est avant tout un don que Jésus vient apporter. C’est en effet, du fond de son cœur d’homme que le Fils de Dieu s’adresse au Père en disant : « moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (v. 23).

    Écoutons avec admiration ces paroles : Jésus nous révèle que Dieu nous aime comme Il s’aime Lui-même. Le Père ne nous aime pas moins qu’Il n’aime son Fils unique, c’est-à-dire infiniment. Dieu n’aime pas moins, parce qu’Il aime d’abord, Il aime le premier ! Le Christ Lui-même en témoigne lorsqu’Il dit au Père : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (v. 24). Et il en est ainsi : dans sa miséricorde, Dieu veut depuis toujours rassembler tous les hommes auprès de lui, et c’est sa vie, donnée pour nous dans le Christ, qui nous rend un, qui nous unit entre nous.

    Écouter aujourd’hui cet Évangile, pendant le Jubilé des familles et des enfants, des grands-parents et des personnes âgées, nous comble de joie.

    Très chers amis, nous avons reçu la vie avant même de la vouloir. Comme l’enseignait le pape François, « tous les hommes sont des enfants, mais aucun de nous n’a choisi de naître » (Angelus, 1er janvier 2025). Mais ce n’est pas tout. Dès notre naissance, nous avons eu besoin des autres pour vivre, seuls nous n’y serions pas y arriver : c’est quelqu’un d’autre qui nous a sauvés, en prenant soin de nous, de notre corps comme de notre esprit. Nous vivons donc tous grâce à une relation, c’est-à-dire à un lien libre et libérateur d’humanité et de soin mutuel.

    Il est vrai que parfois cette humanité est trahie. Par exemple, chaque fois que l’on invoque la liberté non pour donner la vie, mais pour la retirer, non pour secourir, mais pour offenser. Cependant, même face au mal qui s’oppose et tue, Jésus continue de prier le Père pour nous, et sa prière agit comme un baume sur nos blessures, devenant pour tous une annonce de pardon et de réconciliation. Cette prière du Seigneur donne pleinement un sens aux moments lumineux de notre amour les uns pour les autres, en tant que parents, grands-parents, fils et filles. Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde : nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”, dans nos familles et là où nous vivons, travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux, mais un, toujours, en toutes circonstances et à tous les âges de la vie.

    Mes très chers amis, si nous nous aimons ainsi, sur le fondement du Christ, qui est « l’alpha et l’oméga », « le commencement et la fin » (cf. Ap 22, 13), nous serons un signe de paix pour tous, dans la société et dans le monde. Et n’oublions pas : c’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples.

    Au cours des dernières décennies, nous avons reçu un signe qui nous remplit de joie et qui nous fait réfléchir : je veux parler du fait que des couples mariés ont été proclamés bienheureux et saints, non pas séparément, mais ensemble, en tant que couples mariés. Je pense à Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ; et j’aime rappeler les bienheureux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi, dont la vie familiale s’est déroulée à Rome au siècle dernier. Et n’oublions pas la famille polonaise Ulma : parents et enfants unis dans l’amour et dans le martyre. Je disais que c’est un signe qui fait réfléchir. Oui : en désignant comme témoins exemplaires des époux, l’Église nous dit que le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour connaître et accueillir l’amour de Dieu et surmonter, par sa force qui unifie et réconcilie, les forces qui désagrègent les relations et les sociétés.

    C’est pourquoi, le cœur plein de reconnaissance et d’espérance, je vous dis, à vous les époux : le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond (cf. Saint Paul VI, Lettre encyclique Humanae vitae, 9). Tout en vous transformant en une seule chair, cet amour vous rend capables, à l’image de Dieu, de donner la vie.

    C’est pourquoi je vous encourage à être, pour vos enfants, des exemples de cohérence, en vous comportant comme vous voulez qu’ils se comportent, en les éduquant à la liberté par l’obéissance, en recherchant toujours en eux le bien et les moyens de le faire grandir. Et vous, enfants, soyez reconnaissants envers vos parents : dire “merci” pour le don de la vie et pour tout ce qui nous est donné chaque jour avec elle, c’est la première manière d’honorer son père et sa mère (cf. Ex 20, 12). Enfin, à vous, chers grands-parents et personnes âgées, je recommande de veiller sur ceux que vous aimez, avec sagesse et compassion, avec l’humilité et la patience que les années enseignent.

    Dans la famille, la foi se transmet avec la vie, de génération en génération : elle est partagée comme la nourriture sur la table et les affections du cœur. Cela en fait un lieu privilégié pour rencontrer Jésus, qui nous aime et veut notre bien, toujours.

    Et j’aimerais ajouter une dernière chose. La prière du Fils de Dieu, qui nous donne l’espérance tout au long du chemin, nous rappelle aussi qu’un jour nous serons tous unum (cf. saint Augustin, Sermo super Ps. 127) : une seule chose dans l’unique Sauveur, étreints par l’amour éternel de Dieu. Non seulement nous, mais aussi nos pères et nos mères, nos grands-mères et nos grands-pères, nos frères, nos sœurs et nos enfants qui nous ont déjà précédés dans la lumière de sa Pâque éternelle, et que nous sentons présents ici, avec nous, en ce moment de fête.

  • Cardinal Eijk : L'Institut JPII et l'Académie pontificale pour la vie doivent être « clairs et sans ambiguïté »

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    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    Cardinal Eijk : L'Institut JPII et l'Académie pontificale pour la vie doivent être « clairs et sans ambiguïté »

    « Nous devons transmettre la vérité sur le mariage et sur la vie sexuelle. C'est peut-être difficile, mais c'est possible. »

    Le cardinal Willem Eijk d'Utrecht a la réputation, parmi ses frères cardinaux, d'être une voix claire et franche sur les questions de la vie et de la bioéthique.

    Son franc-parler, typique d'un Néerlandais, lui a également valu des critiques, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église, aux Pays-Bas et à l'étranger.

    Mais cela lui a également valu une réputation de clarté en période de confusion, en particulier dans un pays comme les Pays-Bas, qui a été le pionnier de la légalisation et de la pratique de l’euthanasie, de l’avortement, du mariage homosexuel et de l’activisme transgenre.

    Le cardinal Eijk, qui se décrit lui-même comme un lecteur de Pillar — « dans le bon sens du terme », dit-il — a donné la conférence inaugurale de la troisième Conférence internationale de bioéthique , organisée par la Fondation Jérôme Lejeune à Rome, pour discuter de la science et de la bioéthique au service de la vérité.

    Après son exposé, Eijk a parlé avec The Pillar du catholicisme et de la bioéthique, d'Evangelium vitae et de la mission de l'Académie pontificale pour la vie sous le pontificat de Léon XIV.

    L'interview a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.

    Cardinal Willem Eijk d'Utrecht. Crédit : Edgar Beltrán/Pillar Media.

    Quel est selon vous le rôle et la nécessité de la bioéthique aujourd’hui, notamment d’un point de vue chrétien ?

    Nous devons nous opposer à la culture actuelle, qui ne reconnaît pas la valeur intrinsèque de la vie humaine. Notre tâche est de transmettre la vérité sur Dieu, l'homme et le monde, ainsi que les vérités métaphysiques et la vérité sur les valeurs et les normes morales.

    Et peut-être n'avons-nous pas connu beaucoup de succès dans le monde ces derniers temps. On constate l'augmentation du nombre d'avortements. Par exemple, aux États-Unis, l'année dernière, on a recensé près d'un million d'avortements. On constate également la décision du Parlement français, l'an dernier, d'inscrire dans la Constitution le droit de promouvoir l'avortement pour les femmes et, il y a quelques jours, de légaliser le suicide assisté. C'est un problème croissant.

    Mais, malgré tout, nous ne devons pas baisser les bras, ni perdre courage. Ces dernières années, j'ai constaté aux Pays-Bas un nombre croissant de jeunes demandant à être admis dans l'Église. Moins qu'en France, mais c'est une tendance claire. Et ces jeunes découvrent le Christ et l'Évangile, ainsi que les enseignements moraux de l'Église, grâce à internet, TikTok et les réseaux sociaux. On ne s'y attendrait pas, mais c'est ainsi.

    Et quand ils viennent voir un prêtre pour demander le baptême ou la confirmation, ils en savent déjà beaucoup sur la foi parce qu’ils lisent beaucoup sur le catholicisme sur Internet et les réseaux sociaux.

    Ces jeunes sont enclins à accepter toute la doctrine de l'Église. Je pense donc qu'il y a un changement générationnel au sein de l'Église. Les choses vont changer et elles changent déjà.

    Je constate également aux Pays-Bas une attitude moins négative envers l'Église et la foi qu'il y a quelques années. Il y a donc un changement, un changement positif. Je pense que nous devons continuer à transmettre la vérité aux croyants des jeunes générations. L'Église sera peut-être petite, mais le pape Benoît XVI a toujours parlé d'une minorité créative capable d'initier une nouvelle culture.

    Vous venez de prendre la parole lors d'une conférence organisée par la Fondation Jérôme Lejeune. Quel est, selon vous, le plus grand héritage du Vénérable Jérôme Lejeune ?

    Il était un fervent défenseur de la valeur intrinsèque de la vie humaine. Il était un généticien célèbre pour sa découverte de la trisomie 21 en 1958, mais il était catholique pratiquant. Et cela lui a coûté cher, car ce faisant, il a perdu le respect de ses collègues. Il est devenu un peu marginal, mais il n'a pas abandonné pour autant.

    Il fut l'un des rares défenseurs de la valeur intrinsèque de la vie humaine dans les années 60, 70 et 80. Il fut également étroitement impliqué dans la fondation de l'Académie pontificale pour la vie.

    Je l'ai rencontré une fois. À l'époque, j'étais en vacances en France, alors que j'étais séminariste, avec un ami. Nous sommes allés dans son laboratoire. Je lui ai parlé et il m'a dit : « Peut-être qu'un jour tu seras évêque, alors il faudra que tu proclames la vérité. » Il n'était donc pas seulement un scientifique, mais un prophète (rires). Il était très gentil avec nous ; il ne nous connaissait pas et nous n'étions que deux jeunes séminaristes. Mais on voyait vite qu'il était un chrétien convaincu à tous égards.

    Vous avez mentionné dans votre discours que cette année marque le 30e anniversaire d' Evangelium vitae. Pensez-vous que l'Église aurait besoin d'une encyclique actualisée qui applique les principes d' Evangelium vitae aux nouvelles questions bioéthiques ?

    Evangelium vitae reste très utile, même après 30 ans. Son diagnostic sur la culture de la mort est toujours d'actualité.

    Mais il est vrai que de nouvelles techniques et problématiques ont été développées. Par exemple, Evangelium vitae n'aborde pas la question du genre, du choix de son identité de genre, de la nécessité de changer son sexe biologique autant que possible pour l'adapter à son identité de genre choisie. C'est un sujet qu'Evangelium vitae n'a pas abordé, car il n'était pas encore très répandu à l'époque. Pourtant, il existait bel et bien. Il y avait déjà des cliniques pour personnes transgenres aux Pays-Bas il y a 30 ans, mais ce n'était pas un sujet suffisamment répandu pour être abordé dans l'encyclique.

    Bien sûr, le Dicastère de la Doctrine de la Foi a publié une déclaration sur les traitements transgenres, mais une nouvelle encyclique qui dirait quelque chose sur les nouvelles techniques qui n’étaient pas en vogue en 1995 serait plutôt bien.

    Le cardinal Eijk lors de son discours. Crédit : Edgar Beltrán/Pillar Media.

    Quel est, selon vous, le rôle approprié d’institutions telles que l’Institut Jean-Paul II et l’Académie pontificale pour la vie dans les discussions académiques sur la bioéthique et la défense de la vie durant ce pontificat ?

    Il est très important que nous cherchions à rétablir l'unité dans l'Église. Cela doit passer par une proclamation de la foi claire et sans ambiguïté. Cela devrait également se faire dans le domaine de la morale et de l'éthique.

    Il n'est peut-être pas facile d'observer la morale catholique. Certains peuvent avoir des difficultés avec elle, mais nous devons être clairs et sans ambiguïté sur les vérités fondamentales de notre foi.

    Même dans ce domaine, les choses évoluent. Nous avons lancé nos cours de préparation au mariage dans le diocèse sous la forme d'une série de cinq soirées. Nous expliquons la théologie du corps. Nous parlons de la doctrine de l'Église sur la contraception et de la planification familiale naturelle. Et la réaction est généralement la suivante : « Oh, c'est magnifique. On n'avait jamais entendu ça. »

    Et cela me fait comprendre très clairement que nous devons transmettre la vérité sur le mariage et la vie sexuelle. C'est peut-être difficile, mais c'est possible. Lors de notre dernier cours, nous avons accueilli 12 couples, soit 24 jeunes, qui ont entendu ce message et y sont ouverts.

    J'ai également expliqué ce problème samedi dernier à des groupes de jeunes adultes du diocèse de Bois-le-Duc, et ils étaient tous très ouverts. Certains plus âgés étaient plus critiques, c'étaient les rebelles des années 60, 70 et 80, des gens de mon âge. Cela témoigne d'un changement générationnel.

    Le pape Léon XIV a déclaré qu'il avait choisi ce nom en raison de son prédécesseur, Léon XIII, et de sa proposition d'une réponse nouvelle, mais fidèle, aux problèmes sociaux de son époque. Les questions bioéthiques constituent un enjeu social majeur de notre époque. Quels conseils donneriez-vous au pape Léon XIV pour y faire face ?

    Je pense que ce que je viens de dire vaut également pour lui : nous devons être clairs dans notre enseignement, sans ambiguïté. Clairs et courageux dans notre enseignement de la vérité de la foi catholique, y compris la doctrine catholique sur les questions morales, qui est la question la plus controversée.

    Si le pape proclame clairement et sans ambiguïté cette partie de la doctrine, cela aidera grandement les gens à redécouvrir la vérité. Et il faut les y aider. Face à l'ambiguïté, les gens commencent à se perdre et à douter. Mais si le pape et les évêques, ainsi que les prêtres bien sûr, sont clairs dans leur enseignement, cela aidera grandement les gens à redécouvrir la vérité du Christ, de l'Évangile, et la manière de le suivre.

    Pourquoi ne pas abandonner ces problèmes ? Pourquoi continuer à espérer que la société puisse réellement changer ?

    Quand je regarde les jeunes et la façon dont ils embrassent la foi de l’Église, cela me donne beaucoup de courage.

    Bien sûr, l'Église sera minuscule. Elle sera très petite. Elle est déjà marginalisée. J'ai dû fermer de nombreuses églises, surtout dans les villages, par manque de fidèles actifs et de moyens financiers. Nous dépendons entièrement des contributions des fidèles.

    Mais dans les villes, nous constatons que les paroisses prospèrent et que c'est là que se produisent la plupart des fruits de la conversion. Je pense donc qu'il faut continuer. Et nous ne devrions pas nous préoccuper du nombre de fidèles, mais de leur qualité.

    On constate donc que le nombre de fidèles diminue aux Pays-Bas, mais que leur qualité augmente, même parmi les catholiques les plus âgés, car les générations plus âgées, restées fidèles à l'Église, vont encore à l'église le dimanche ; elles croient, prient et entretiennent une relation avec le Christ. Elles viennent pour prier. Elles sont donc plus ouvertes à tous les enseignements de l'Église.

    Quand je suis devenu évêque, beaucoup de gens critiquaient mes sermons (rires). Maintenant, j'entends plus souvent des avis d'accord, même lorsque je prêche sur le ciel et l'enfer. Les gens sont donc plus ouverts à l'enseignement de la foi. Nous devons avoir le courage de proposer cette vérité aux gens afin qu'ils ne soient pas confus, mais qu'ils puissent accepter et connaître le Christ et l'Évangile.

  • Journée de commémoration de l’Holocauste au Cambodge; comment Pol Pot a aboli la famille, tirant les leçons de la Révolution française

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    De Valter Lazzari sur la NBQ :

    Comment Pol Pot a aboli la famille, tirant les leçons de la Révolution française

    Le 20 mai est la Journée de commémoration de l’Holocauste chaque année au Cambodge. Car ce jour-là, l’Angkar a imposé l’obligation de la vie collective et a détruit la famille. D’où vient cette idéologie mortelle ? De France, à partir de la Révolution française.
     
    20_05_2025

    Génocide des Khmers rouges, ossuaire de Siem Reap (La Presse)

    Cela fait cinquante ans. Le 20 mai est la Journée de commémoration de l’Holocauste chaque année au Cambodge. Car ce jour-là, l’Angkar a imposé l’obligation de la vie collective et a détruit la famille.

    Les « libérateurs » avaient des idées claires : une société pure, une véritable égalité , non pas le socialisme mais le communisme. La République démocratique du Kampuchea est née . Il y avait avant tout l' Angkar , qui n'était pas une personne, il n'y avait pas de leader charismatique, pas de césarisme, pas de culte de la personnalité. L’Angkar était une entité collective, une Commission, on peut la traduire par « l’Organisation ». Oui, il y avait Kieu Sampam mais il n'était pas au sommet, c'était Pol Pot, qui n'apparaissait même pas en public. La dévotion était due à l'Angkar .

    Une palingénésie, repartant de l'An Zéro, pour une Société nouvelle. Dans lequel il n'y avait de la place que pour deux grandes classes : Les paysans (collectivisés) sont le Peuple ancien ou simple Peuple des campagnes ou plutôt des territoires "libérés" dans les années et les mois précédant le 17 avril 1975. Ils devaient haïr tous les habitants des villes. Et ils l’ont bien enseigné aux enfants qui composaient leur armée (les enfants soldats n’ont pas été inventés en Afrique).

    Il y avait ensuite le Nouveau Peuple ou Peuple du 17 avril, car ils avaient été « libérés » après le 17 avril. Et tous étaient des ennemis potentiels, car corrompus par les modes de vie occidentaux. Ils représentaient une menace : les personnes instruites, les professionnels, les enseignants, les médecins, les avocats, les locuteurs de langues étrangères, les personnes portant des lunettes, les personnes faibles et handicapées, les moines, les nonnes et, en bref, tous les habitants de la ville. « Les nouveaux venus sont une plante parasite : ils ont perdu la guerre et sont prisonniers de guerre . » « Il n'y a aucun avantage à vous garder ici, il n'y a aucun inconvénient à vous perdre . »

    Il fallait les rééduquer : c'est pour cela qu'ils furent tous expulsés des villes. À la campagne, dans les fermes collectives, tout vêtement coloré était interdit, il fallait donc les teindre en noir, tout le monde s'habillait en noir. La religion est interdite, les origines et les croyances religieuses sont répudiées. Commerce interdit, éducation interdite, argent et propriété privée abolis. Les familles ont été divisées et les gens ont été déportés dans différentes parties du pays : hommes avec hommes, femmes avec femmes ; avec des mères seules ayant des enfants de moins de 6 ans. Résultat? Plus de 3 millions de Cambodgiens tués par les Cambodgiens eux-mêmes, soit un quart de la population : comme si 15 millions d'Italiens avaient été tués par d'autres Italiens.

    Demandons-nous comment il a pu se faire que ce pays ait connu la terreur (même ceux qui cueillaient simplement des fruits sauvages étaient punis de mort) et soit tombé dans la famine, allant même jusqu’au cannibalisme ? Comment la tragédie de la soi-disant République démocratique du Kampuchea, 1975-79, a-t-elle pu se produire ?

    Suong Sikoeun était un cadre de ce régime : il publia ses puissants mémoires en France ( Itinéraire d'un intellectuel khmer rouge éd. Cerf). Son apprentissage, comme celui de tous les autres, s'est déroulé à Paris, sanctuaire des étudiants cambodgiens, où une série de professeurs d'université les ont initiés aux concepts de la Révolution de 1789 combinés à l'expérience communiste. Suong confesse : « Mon processus a été lent et remonte aux années 1950, lorsque j’étais au lycée : je suis devenu passionné par la Révolution française. J'ai fait miens les idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité. Et encore plus quand je suis venu en France pour l'université. Au fil des années, je me suis lancé à corps perdu dans des activités et des débats politiques, en arrivant peu à peu à la conclusion que seule une révolution violente, menée par une poignée de militants dévoués et résolus, intimement liés aux masses, sous la direction du Parti marxiste-léniniste, pourrait mettre fin aux maux dont souffraient mon pays et mon peuple : la domination étrangère, l’oppression féodale et l’injustice sociale. (…) Je lisais avidement tout ce qui concernait la Révolution française, avec une préférence pour les Jacobins et leur chef, Robespierre, qui était mon héros, mon idole. Et je me suis décidé à l'idée d'une transformation de la société par la méthode révolutionnaire et à la nécessité d'une dictature prolétarienne."

    En bref, c'est ce que soutenait (bien que moqué) le cardinal archevêque de Paris Jean-Marie Lustiger, qui dans son livre-entretien (La Scelta di Dio, Longanesi) indiquait dans le mélange entre la Révolution de 1789 et le marxisme , dont était imprégnée une certaine culture française du XXe siècle, la responsabilité d'avoir « armé le canon » du génocide cambodgien.

    C'est une histoire qui commence il y a longtemps, la rédemption par Dieu est remplacée par l'idée d'auto-rédemption par l'homme. L'histoire antique et médiévale est marquée par la présence de sectes professant des hérésies manichéennes et gnostiques : les Cathares (XIe-XIIIe siècles), les Frères du Libre Esprit (XIIe-XIVe siècles) (Adamites, Béghards, Hussites, Taborites, ...), les Frères Apostoliques (XIIIe-XIVe siècles), Fra Dolcino : l'avènement d'un renouveau radical du genre humain et l'instauration d'un état définitif de perfection. Puis, au sein de la révolte protestante, des chefs se sont investis en prophètes : T. Műnzer : « que tous étaient égaux, que toutes choses étaient communes à tous les hommes, que chacun recevait selon ses besoins, mais... un impie n'a pas le droit de vivre s'il entrave les pieux... l'épée est nécessaire pour les exterminer ». La « Nouvelle Jérusalem » est Münster : là, pour la première fois, la terreur systématique est appliquée comme moyen de réaliser le rêve messianique de « refaire la création ». L’enthousiasme de F. Engels et de l’historiographie marxiste pour ce « prophète du communisme » est bien connu, car son esprit égalitaire se combinait avec l’action révolutionnaire. Les constantes de ces phénomènes révolutionnaires sont : la création d’un monde nouveau et parfait n’est possible qu’en faisant table rase de l’ancien monde ; toujours la pratique de la Terreur ; la subordination coercitive de tout et de tous au plan politique aujourd'hui pour parvenir demain à la liberté absolue .

    Démocratie totalitaire : son théoricien le plus éminent est Jean Jacques Rousseau . Il nie le péché originel, l'homme est intrinsèquement bon et a vécu heureux dans "l'état de nature" (le bon sauvage) mais l'évolution des rapports sociaux, la naissance de la propriété privée le corrompent. Il faut alors un contrat social : « Chacun de nous met en commun sa propre personne et toute sa propre puissance sous la direction suprême de la volonté générale . » Dans la douce contrainte de Rousseau, la guillotine et le Goulag apparaissent en filigrane . Car « Comment peut-on espérer qu'une multitude aveugle, souvent ignorante de ses propres désirs, exprime une volonté commune ? La sollicitude active d'un leader qui incarne la volonté générale jusqu'à ce que le peuple soit éduqué à la vouloir. »

    D'où vient l'homo ideologicus ? Dans les sociétés de pensée (salons philosophiques, groupements politiques, loges maçonniques et, plus tard, partis idéologiques). Ils parlent de tout, ils se basent sur des mots, pas sur la réalité ; c'est le domaine de l'opinion : il faut briser les obstacles à la liberté, qui sont l'expérience, la tradition, la foi. « Dans les révolutions, l’abstraction tente de s’élever contre le concret. C'est pour cela que l'échec est inhérent aux révolutions" (J. Ortega y Gasset, Masse e aristocrazia , Volpe). Selon A. Cochin ( Mechanics of Revolution , Rusconi) nous avons trois phases.

    Une première étape d'incubation idéologique (1750-1789) : où la Terreur domine déjà les lettres, une Terreur exsangue, dont l'Encyclopédie fut le Comité de Salut public et D'Alembert le Robespierre : avec l'instrument de la diffamation (infamie ) . Le réseau d'entreprises réparties sur toute la France adopte cette méthode.

    Ensuite, deuxième étape, la philosophie devient action politique pour la réalisation de la volonté générale. Cochin fournit la preuve des manipulations par lesquelles les « sociétés » parvenaient à faire adopter des résolutions avant le vote dans les assemblées et, par le biais du réseau corporatif, à les faire converger rapidement vers Paris. Les institutions représentant le peuple de Paris, la Commune et les Sections, finirent par être dominées par une petite minorité de révolutionnaires professionnels , eux-mêmes dirigés par des tireurs de ficelles, les chefs jacobins. Il fallait créer un produit maniable, le citoyen , c’est-à-dire un individu sans protections sociales. Et ainsi affaiblir les liens familiaux « Les enfants appartiennent à la République, avant leurs parents » (GJ Danton).

    Troisième phase (1793-94) : l'État révolutionnaire . Celui qui incarne la volonté générale a le devoir d'élargir le champ des ennemis du peuple et de « punir non seulement les traîtres mais aussi les indifférents » (Saint-Just, Terreur et liberté , Editori riuniti). Ennemis du peuple : le terme (sinistrement abondant dans le vocabulaire communiste) est né avec la Terreur jacobine. Elle est globale : par exemple, dans la loi du 22 prairial an II, la définition des « ennemis du peuple » est si vague que tout le monde peut y être inclus : puisqu'il suffit d'« inspirer le découragement », de chercher à « corrompre les mœurs » ou à « altérer la pureté et la puissance des principes révolutionnaires », rien n'étant défini sur ce que signifient ces termes très généraux. Le droit-devoir d’exercer la terreur : « La terreur n’est rien d’autre qu’une justice prompte, sévère, inflexible ; c'est donc une émanation de la vertu. » Et la machine de la Terreur se nourrit de dénonciation et se couvre de silence. Il faut alors trouver les « coupables » des échecs révolutionnaires (famine, effondrement de la production, défaites militaires, ...). Finalement, la Révolution dévore ses enfants.

    Voici les étapes de la démocratie totalitaire et voici le Kampuchea démocratique : contrairement à l'Occident, où ce trouble-fête de l'Église vous empêche de faire les choses exactement comme elles devraient être faites, à l'Est les étudiants étaient assidus et savaient appliquer les théories avec le plus grand zèle.

  • Le pape demande aux diplomates de respecter le mariage et les enfants à naître si l'on veut l'harmonie civile

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    DISCOURS DU PAPE LÉON XIV AUX MEMBRES DU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE

    Salle Clémentine
    Vendredi 16 mai 2025

    source

    Éminence,
    Excellences,
    Mesdames et Messieurs,
    Que la paix soit avec vous !

    Je remercie S.E. M. George Poulides, Ambassadeur de la République de Chypre et Doyen du Corps diplomatique, pour les paroles cordiales qu’il m'a adressées en votre nom à tous, et pour le travail inlassable qu’il poursuit avec la vigueur, la passion et l’amabilité qui le caractérisent. Ces qualités lui ont valu l’estime de tous mes prédécesseurs qu’il a rencontrés au cours de ces années de mission auprès du Saint-Siège, et en particulier du regretté Pape François.

    Je voudrais également vous exprimer ma gratitude pour les nombreux messages de vœux qui ont suivi mon élection, ainsi que pour les messages de condoléances au décès du Pape François provenant aussi de pays avec lesquels le Saint-Siège n’entretient pas de relations diplomatiques. Il s’agit là d’une marque d’estime significative qui encourage à approfondir les relations mutuelles.

    Dans notre dialogue, je voudrais que le sentiment d’appartenance à une famille prenne toujours le pas. En effet, la communauté diplomatique représente toute la famille des peuples, partageant les joies et les peines de la vie ainsi que les valeurs humaines et spirituelles qui l’animent. La diplomatie pontificale est, en effet, une expression de la catholicité même de l’Église et, dans son action diplomatique, le Saint-Siège est animé par une urgence pastorale qui le pousse non pas à rechercher des privilèges, mais à intensifier sa mission évangélique au service de l’humanité. Il combat toute indifférence et rappelle sans cesse les consciences, comme l’a fait inlassablement mon vénérable prédécesseur, toujours attentif au cri des pauvres, des nécessiteux et des marginalisés, mais aussi aux défis qui marquent notre temps, depuis la sauvegarde de la création jusqu’à l’intelligence artificielle.

    En plus d’être le signe concret de l’attention que vos pays accordent au Siège Apostolique, votre présence aujourd’hui est pour moi un don qui permet de renouveler l’aspiration de l’Église – et la mienne personnelle – à rejoindre et à étreindre tous les peuples et toutes les personnes de cette terre, désireux et en quête de vérité, de justice et de paix ! D’une certaine manière, mon expérience de vie, qui s’est déroulée entre l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et l’Europe, est représentative de cette aspiration à dépasser les frontières pour rencontrer des personnes et des cultures différentes.

    Grâce au travail constant et patient de la Secrétairerie d’État, j’entends consolider la connaissance et le dialogue avec vous et vos pays, dont j’ai déjà eu la grâce d’en visiter un bon nombre au cours de ma vie, en particulier lorsque j’étais prieur général des Augustins. Je suis convaincu que la Divine Providence m’accordera d’autres occasions de rencontres avec les réalités dont vous êtes issus, me permettant ainsi de saisir les opportunités qui se présenteront pour confirmer la foi de tant de frères et sœurs dispersés à travers le monde, et pour construire de nouveaux ponts avec toutes les personnes de bonne volonté.

    Dans notre dialogue, je voudrais que nous gardions à l’esprit trois mots clés qui constituent les piliers de l’action missionnaire de l’Église et du travail diplomatique du Saint-Siège.

    Le premier mot est paix. Trop souvent, nous considérons ce mot comme “négatif”, c’est-à-dire comme la simple absence de guerre et de conflit, car l’opposition fait partie de la nature humaine et nous accompagne toujours, nous poussant trop souvent à vivre dans un “état de conflit” permanent : à la maison, au travail, dans la société. La paix semble alors n’être qu’une simple trêve, une pause entre deux conflits, car, malgré tous nos efforts, les tensions sont toujours présentes, un peu comme des braises qui couvent sous la cendre, prêtes à se rallumer à tout moment.

    Dans la perspective chrétienne – comme dans d’autres expériences religieuses – la paix est avant tout un don le premier don du Christ : « Je vous donne ma paix » (Jn 14, 27). Elle est cependant un don actif, engageant, qui concerne et implique chacun de nous, indépendamment de notre origine culturelle et de notre appartenance religieuse, et qui exige avant tout un travail sur soi-même. La paix se construit dans le cœur et à partir du cœur, en déracinant l’orgueil et les revendications, et en mesurant son langage, car on peut blesser et tuer aussi par des mots, pas seulement par des armes.

    Dans cette optique, je considère que la contribution que les religions et le dialogue interreligieux peuvent apporter pour favoriser des contextes de paix est fondamentale. Cela exige naturellement le plein respect de la liberté religieuse dans chaque pays, car l’expérience religieuse est une dimension fondamentale de la personne humaine, sans laquelle il est difficile, voire impossible, d’accomplir cette purification du cœur nécessaire pour construire des relations de paix.

    À partir de ce travail, auquel nous sommes tous appelés, il est possible d’éradiquer les prémices de tout conflit et de toute volonté destructrice de conquête. Cela exige également une sincère volonté de dialogue, animée par le désir de se rencontrer plutôt que de s’affronter. Dans cette perspective, il est nécessaire de redonner un souffle à la diplomatie multilatérale et aux institutions internationales qui ont été voulues et conçues avant tout pour remédier aux conflits pouvant surgir au sein de la Communauté internationale. Bien sûr, il faut encore la volonté de cesser de produire des instruments de destruction et de mort, car, comme le rappelait le  pape François dans son dernier Message Urbi et Orbi, « aucune paix n’est possible sans véritable désarmement [et] le besoin de chaque peuple de pourvoir à sa propre défense ne peut se transformer en une course générale au réarmement » [1].

    Le deuxième mot est justice. Poursuivre la paix exige de pratiquer la justice. Comme je l’ai déjà évoqué, j’ai choisi mon nom en pensant avant tout à Léon XIII, le Pape de la première grande encyclique sociale, Rerum novarum. Dans le changement d’époque que nous vivons, le Saint-Siège ne peut s’empêcher de faire entendre sa voix face aux nombreux déséquilibres et injustices qui conduisent, entre autres, à des conditions de travail indignes et à des sociétés de plus en plus fragmentées et conflictuelles. Il faut également s’efforcer de remédier aux inégalités mondiales, qui voient l’opulence et la misère creuser des fossés profonds entre les continents, entre les pays et même au sein d’une même société.

    Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de s’efforcer à construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées. Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, « une société très petite sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile » [2]. En outre, personne ne peut se dispenser de promouvoir des contextes où la dignité de chaque personne soit protégée, en particulier celle des plus fragiles et des plus vulnérables, du nouveau-né à la personne âgée, du malade au chômeur, que celui-ci soit citoyen ou immigrant.

    Mon histoire est celle d’un citoyen, descendant d’immigrés, lui-même émigré. Au cours de la vie, chacun d’entre nous peut se retrouver en bonne santé ou malade, avec ou sans emploi, dans sa patrie ou en terre étrangère : cependant sa dignité reste toujours la même, celle d’une créature voulue et aimée de Dieu.

    Le troisième mot est vérité. On ne peut construire des relations véritablement pacifiques, même au sein de la Communauté internationale, sans vérité. Là où les mots revêtent des connotations ambiguës et ambivalentes ou le monde virtuel, avec sa perception altérée de la réalité, prend le dessus sans contrôle, il est difficile de construire des rapports authentiques, puisque les prémisses objectives et réelles de la communication font défaut.

    Pour sa part, l’Église ne peut jamais se soustraire à son devoir de dire la vérité sur l’homme et sur le monde, en recourant si nécessaire à un langage franc qui peut au début susciter une certaine incompréhension. Mais la vérité n’est jamais séparée de la charité qui, à la racine, a toujours le souci de la vie et du bien de tout homme et de toute femme. D’ailleurs, dans la perspective chrétienne, la vérité n’est pas l’affirmation de principes abstraits et désincarnés, mais la rencontre avec la personne même du Christ qui vit dans la communauté des croyants. Ainsi, la vérité ne nous éloigne pas, mais au contraire elle nous permet d’affronter avec plus de vigueur les défis de notre temps comme les migrations, l’utilisation éthique de l’intelligence artificielle et la sauvegarde de notre Terre bien-aimée. Ce sont des défis qui exigent l’engagement et la collaboration de tous, car personne ne peut penser les relever seul.

    Chers Ambassadeurs,

    mon ministère commence au cœur d’une année jubilaire, dédiée d’une façon particulière à l’espérance. C’est un temps de conversion et de renouveau, mais surtout l’occasion de laisser derrière nous les conflits et d’emprunter un nouveau chemin, animés par l’espérance de pouvoir construire, en travaillant ensemble, chacun selon ses sensibilités et ses responsabilités, un monde dans lequel chacun pourra réaliser son humanité dans la vérité, dans la justice et dans la paix. Je souhaite que cela puisse se réaliser dans tous les contextes, à commencer par les plus éprouvés, comme celui de l’Ukraine et de la Terre Sainte.

    Je vous remercie pour tout le travail que vous accomplissez afin de construire des ponts entre vos pays et le Saint-Siège, et de tout cœur je vous bénis, ainsi que vos familles et vos peuples. Merci !

    [Bénédiction]

    Et merci pour tout le travail que vous accomplissez !

    ___________________________________________________

    [1] Message Urbi et Orbi 20 avril 2025.

    [2] Léon XIII, Lett. enc. Rerum novarum, 15 mai 1891, n.9.

  • Sainte Jeanne Beretta Molla : une mère de famille et un médecin exemplaires (28 avril)

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    D'Evangile au Quotidien :

    Sainte Jeanne Beretta Molla
    Mère de famille, médecin exemplaire

    Gianna Beretta naît à Magenta (Milan) le 4 octobre 1922. Dès son enfance, elle accueille avec une adhésion totale le don de la foi et une éducation fortement chrétienne qu'elle reçoit de ses parents extraordinaires. Ceci la porte à considérer la vie comme un don merveilleux de Dieu, à avoir confiance en la Providence, à être certaine de la nécessité et de l'efficacité de la prière.

    Durant les années de lycée et d'université, alors qu'elle s'adonne avec sérieux aux études, elle traduit sa foi en s'engageant dans un apostolat généreux pour les jeunes de l'Action Catholique Italienne et charitable pour les personnes âgées et les pauvres avec la Conférence St-Vincent-de-Paul.

    Docteur en médecine et en chirurgie en 1949 à l'Université de Pavie, elle ouvre en 1950 un dispensaire à Mesero, près de Magenta. Elle se spécialise en pédiatrie à l'Université de Milan en 1952 et préfère parmi ses assistés les mamans, les enfants, les personnes âgées et les pauvres.

    Alors qu'elle remplit sa charge de médecin, qu'elle ressent et pratique comme une « mission », elle accroît encore son engagement dans l'Action Catholique, en se donnant sans compter pour les « plus jeunes ». En même temps, elle exprime en faisant du ski et de l'alpinisme sa grande joie de vivre et son bonheur de jouir de l'œuvre de Dieu dans la nature. Elle s'interroge, prie et fait prier pour sa vocation qu'elle considère aussi comme un don de Dieu. En choisissant l'appel au mariage, elle y répond avec tout son enthousiasme et elle s'y donne totalement : « pour former une famille vraiment chrétienne ».

    Elle se fiance avec l'Ingénieur Pietro Molla et, durant les fiançailles, elle est radieuse par son comportement et par son sourire. Elle en remercie sans cesse le Seigneur. Elle se marie le 24 septembre 1955 dans la basilique St-Martin à Magenta. Elle est une femme heureuse. En novembre 1956, elle devient maman pour la première fois : Pierluigi naît ; puis en décembre 1957, c'est Mariolina ; en juillet 1959, c'est Laura la troisième. Elle sait harmoniser avec simplicité et équilibre ses devoirs de mère, d'épouse, de médecin et sa grande joie de vivre.

    En septembre 1961, vers le 2ème mois d'une nouvelle grossesse, elle connaît la souffrance et le mystère de la douleur : un fibrome à l'utérus apparaît. Il faut l'opérer. Tout en sachant les risques que cela comporte de continuer la grossesse, elle supplie le chirurgien de ne pas recourir à l'avortement, mais de sauver la vie qu'elle porte en elle et elle se confie à la prière et à la Providence.

    La vie est sauve. Elle remercie le Seigneur et passe les 7 mois qui la séparent de la naissance avec une force d'âme incomparable et avec une ardeur de chaque instant comme mère et médecin. Anxieuse, elle craint que son bébé puisse naître souffrant et demande à Dieu que cela lui soit épargné.

    Quelques jours avant l'accouchement, tout en se confiant pleinement à la Providence, elle est prête à donner sa vie pour sauver celle de son enfant : « Si vous devez décider entre moi et l'enfant, n'hésitez pas : choisissez, et je l'exige, l'enfant. Sauvez-le ». Le matin du 21 avril 1962, Gianna Emanuela est née, saine et sauve.

    Le matin du 28 avril, malgré tous les efforts et les soins pour sauver aussi la mère, au milieu de douleurs indicibles, après avoir répété: « Jésus, je t'aime. Jésus, je t'aime », elle meurt saintement.

    Elle avait 39 ans. Son enterrement est une grande manifestation unanime de profonde émotion, de foi et de prière. Elle repose aujourd'hui au cimetière de Mesero, à 4 km de Magenta.

    « Immolation préméditée », c'est ainsi que saint Paul VI a défini le geste de Jeanne Beretta à l'Angélus du 23 décembre 1973 en évoquant « Une jeune mère du diocèse de Milan qui, pour donner la vie à sa fille, a sacrifié la sienne dans une immolation préméditée ». La référence christologique au Calvaire et à l'Eucharistie du Saint Père est évidente.

    Gianna Beretta Molla a été béatifiée le 24 avril 1994, lors de l'Année Internationale de la Famille, et canonisée, le 16 mai 2004, par saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).

    L'Ingénieur Pietro Molla, avec les enfants Pierluigi, Laura et la dernière fille Gianna Emanuela, étaient présents lors de la cérémonie : c’était la première fois, dans l’histoire millénaire de l’Église, qu’il se vérifiait un cas pareil.

     Pour un approfondissement biographique :
    >>> Sainte Gianna Beretta Molla, Mère de famille

    Cette mère italienne a sacrifié sa vie pour son bébé à naître

    et aussi : Sainte Gianna Beretta Molla donne la vie, au prix de la sienne

  • Katalin Novak : la véritable urgence mondiale est l’effondrement des naissances

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    De Riccardo Cascioli sur la NBQ :

    Novak : La véritable urgence mondiale est l’effondrement des naissances

    Aujourd’hui, 75 % des pays du monde ont des taux de fécondité inférieurs au seuil de remplacement des générations. Il est urgent d’inverser la tendance pour éviter un désastre économique et social. Aujourd’hui en Occident il est commode de ne pas avoir d’enfants, les États doivent empêcher cette discrimination et créer un environnement favorable à la famille et à la vie. Katalin Novak, ancienne présidente de la République hongroise et fondatrice d'une ONG internationale qui lutte contre la crise démographique, prend la parole.   

    11_04_2025

    Katalin Novak

    « L’effondrement démographique est une urgence mondiale et doit être placé au premier rang des priorités dans les relations internationales ». C'est ce qu'affirme Katalin Novak, ancienne ministre de la Famille et ancienne présidente de la République en Hongrie, où les politiques familiales et natalistes des 15 dernières années ont obtenu des succès significatifs. Nous l'avons rencontrée à Londres en février dernier, lors de la Conférence ARC dont elle était l'une des promotrices et où elle a présenté la nouvelle organisation non gouvernementale XY Worldwide qu'elle a fondée avec le démographe Stephen Shaw. En effet, la tendance démographique mondiale est alarmante : s’il est vrai que l’hiver démographique est particulièrement rigoureux dans les pays développés, où le déclin des naissances dure depuis des décennies, 75 % des pays du monde ont désormais des taux de fécondité inférieurs à 2,1 enfants par femme, qui est le niveau de remplacement de la population. Et à ce rythme, d’ici la fin du siècle, tous les pays le seront, avec de graves conséquences économiques et sociales. Aujourd'hui déjà, le taux de fécondité mondial est de 2,2 enfants par femme, l'ONU prévoit une baisse à 1,68 d'ici 2050 et à 1,57 d'ici 2100. D'ici là, la population mondiale aura diminué en chiffres absolus pendant au moins vingt ans.

    Katalin Novak, mariée et mère de trois enfants, véritable architecte des politiques familiales et natalistes de la Hongrie, après sa démission forcée de la présidence de la République en février 2024, a donc décidé de passer de la Hongrie de laboratoire aux politiques globales.

    Madame Novak, la Hongrie est souvent citée en exemple par ceux qui prônent des politiques pro-famille et pro-natalité. Quel est le véritable équilibre de votre expérience ?

    J'ai été responsable des politiques familiales pendant huit ans et les résultats ont été très positifs. Lorsque j’ai commencé en 2010 en Hongrie, le taux de fécondité était très bas et en 2011, il a atteint un niveau historiquement bas de 1,21 enfant par femme. Depuis, la tendance s'est inversée : le taux de fécondité a augmenté de 25 %, ce qui est un véritable succès. Au cours des mêmes années, le nombre de mariages a doublé et les avortements ont diminué de moitié. Malheureusement, la tendance s’est interrompue avec la pandémie de Covid, puis avec la guerre en Ukraine, avec toutes les conséquences économiques que cela a entraînées. Cependant, une culture pro-famille a été créée qui, je crois, nous permettra de revenir sur la bonne voie.
    Mais maintenant, je m’attaque à ces problèmes à l’échelle mondiale, car il s’agit d’une urgence mondiale et nous souhaitons donc y remédier.

    Que comptez-vous faire avec votre association ?

    Nous faisons d’abord des recherches pour comprendre et expliquer les raisons de ces faibles taux de fécondité, puis nous travaillons sur la communication et ensuite en tant que consultants auprès des gouvernements, des États, des collectivités locales ; même les entreprises, car elles souhaitent changer le climat autour du choix d’avoir des enfants et mieux comprendre les implications négatives de ces faibles taux de fécondité.

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