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Le sort ignoré des réfugiés irakiens et des réfugiés chrétiens en particulier

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par Giorgio Bernardelli (Bussola Quotidiana) 04-05-2011

"Depuis des semaines, on parle beaucoup des réfugiés et du principe selon lequel un pays ne peut pas être laissé seul pour faire face aux situations d'urgence comme celle que nous avons vu à Lampedusa. Principe sacro-saint universellement reconnu. Toutefois, si on le prenait vraiment au sérieux, on pourrrait procéder à un examen de conscience sur une autre situation encore plus tragique, de laquelle on parle volontiers, mais où l'on est encore un peu moins prêt à partager les responsabilités. Je veux parler de la tragédie oubliée des réfugiés irakiens, qui pour la plupart sont des chrétiens persécutés dont les souffrances devraient particulièrement nous tenir à coeur.

Lorsque nous parlons de l'Irak, en fait, on évoque souvent les centaines de milliers de personnes - qui en raison de la guerre de 2003 et de beaucoup de tragédies plus récentess - ont été forcées de fuir leurs foyers. Peut-être qu'il est temps de commencer à se demander où ils ont ainsi disparu. Découvrir que le plus gros contingent séjourne encore dans des camps improvisés à la hâte dans les pays voisins pendant la guerre de 2003: les estimations les plus fiables évoquent 450 000 réfugiés irakiens qui ont vécu pendant des années en Jordanie et 150 000 autres en Syrie. Sans commune mesure donc avec les 30 000 réfugiés qui sont arrivés à Lampedusa. Ce sont des gens qui se trouvent donc "dans les limbes"; la Jordanie et la Syrie n'étant pas signataires de la Convention sur les réfugiés, le statut juridique des Irakiens séjournant à l'intérieur de leurs frontières est par conséquent assez précaire. Ils survivent en grande partie grâce à l'aide des organisations humanitaires internationales (à Amman, en Jordanie, Caritas est en première ligne, avec le soutien de certaines ONG italienne).

Il n'est pas question de revenir sur ses pas: selon une enquête menée par le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, 95 pour cent de ces Irakiens n'ont pas l'intention de revenir dans leur pays, en particulier ceux issus des minorités les plus menacées. Tous rêvent d'obtenir obtenir un visa pour un pays tiers, mais leur espoir est incertain: les États-Unis eux-mêmes - le pays qui, ces dernières années,
plus précisément en 2007, a ouvert ses portes après avoir desserré les restrictions pour l'immigration irakienne - en a accepté environ 60 000. En Europe, les choses se présentent très mal: même en Suède, où la vague d'émotion soulevée par la guerre aurait dû en faire le pays le plus disposé à les accepter, on est désormais très réticent à leur accorder le statut de réfugié. Ainsi, depuis un certain temps, les expulsions ont commencé: l'agence européenne Frontex - dont il a été question à plusieurs reprises ces dernières semaines - en accord avec les gouvernements suédois et britanniques, a procédé à des rapatriements vers Bagdad. Une mesure qui avait été suspendue en octobre après une décision de la Cour européenne des droits de l'homme établissant que la région de la capitale irakienne était trop dangereuse pour y envisager les retours. Mais il a suffi que la vague d'émotion provoquée par le massacre  qui a eu lieu dans la cathédrale de Notre-Dame du Perpétuel Secours soit passée pour que l'on recommence comme si rien ne s'était passé.

En fait, les réfugiés irakiens qui ont fui leur pays se retrouvent donc atuellement en Jordanie et en Syrie. Deux pays - il est presque superflu de souligner - qui vivent des semaines très troublées à la suite des émeutes qui secouent le monde arabe. Les Irakiens doivent faire face à une situation sans perspectives d'avenir alors que la communauté internationale semble bien éloignée de leur sort. Cette situation dans les camps de réfugiés à Amman est très bien relatée par l'hebdomadaire américain National Catholic Reporter qui lance un nouvel avertissement très sérieux: même les fonds fournis par les pays donateurs pour l'assistance à ces réfugiés sont en baisse. Alors que les gens continuent à arriver d'Irak, même dans le contexte de violence de ces derniers mois.

"C'est une crise largement sous-estimée - dit Bob Carey, vice-président de l'International Rescue Committee -. Il est illusoire de croire que la situation puisse s'améliorer, en réalité c'est l'inverse." "Il n'existe aucune stratégie de sortie pour ces réfugiés qui vivent hors d'Irak - renchérit Vivian Manneh du Catholic Relief Services (Caritas Etats-Unis). En effet, si les troupes américaines quittent le pays à la fin de cette année, que leur arrivera-t-il? Resteront-ils piégés dans ce vide? Ce que je sais, c'est que les pays dans lesquels ils ont trouvé refuge ne veulent pas voir se répéter le scénario des réfugiés palestiniens." Et les chrétiens sont susceptibles d'être de nouveau les premiers à en subir les conséquences."

(trad. par nos soins)

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