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Lire en vacances : découvrir ou redécouvrir Marie Noël

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imagesCAG4Y52R.jpgNée à Auxerre dans une famille très cultivée mais peu religieuse, Marie Noël, de son vrai nom Marie Rouget (1883-1967), resta célibataire et s’éloigna très peu de sa ville natale. Sa vie ne fut pas si lisse pour autant : un amour de jeunesse déçu (et l’attente d’un grand amour qui ne viendra jamais), la mort de son jeune frère un lendemain de Noël (d’où elle prit son pseudonyme), les crises de sa foi...tout cela sous-tend une poésie aux airs de chanson traditionnelle.

Les admirateurs du génie de la muse d'Auxerre savent qu'il existe un mystère Marie Noël. D'où, bien des fables qui circulent à son sujet : les uns lui prêtant des aventures sentimentales qui n'ont jamais eu lieu que dans leur imagination ; d'autres faisant de cette fille d'humaniste, chargée de parchemins universitaires, une autodidacte ; d'autres encore, une institutrice, ou une bergère. Certains critiques, comme l’auteur de l’ « histoire littéraire du sentiment religieux en France », l'abbé Henri Bremond  (1865-1933), un moderniste de la première heure, ne voient en elle que « gaminerie angélique » …

Voici un échantillon de sa poésie, extrait de sa Liturgie des Heures monastiques :

 

A mâtines

(Fragment)

 

Vêts-moi, Père ! Je n'ai ni chaussures, ni bourse.
Donne-moi ce qu'il faut pour reprendre ma course.

Baigne mon âme en l'innocence du matin,
Dans le bruit de la source et dans l'odeur du thym ;

Fais couler sur mes mains le ciel rose et l'arôme
Tendre du jeune jour pour que mon oeuvre embaume ;

Donne à ma voix le son transparent des ruisseaux ;
Donne à mon coeur l'essor ingénu des oiseaux ;

Verse le calme ailé des brises sur ma face,
En mes yeux la candeur immense de l'espace ;

A mes pieds nus parmi les herbes en émoi
Prête un pas large et pur pour m'en aller vers Toi.

Et par les prés flottants voilés de mousselines,
Par le recueillement limpide des collines,

Mène-moi dans le haut et lumineux versant,
Aux cimes d'où l'eau vive éternelle descend.

Conduis-moi lentement seul à travers les choses
Le long des heures tour à tour brunes et roses,

Seul avec Toi, du ciel aspirant tout l'espoir,
De la paix du matin jusqu'à la paix du soir.

 

 

A Complies

(Fragment)

J'entre dans le sommeil, aveugle et sans défense.
O mon Père, voici la clef de ma maison.
Garde tout ce que j'ai, ma vie et ma raison,
Et ta Grâce : le Ciel dont tu me fais l'avance.

Bonsoir, Père ! J'ai mis mes deux mains dans ta main.
Le sommeil - ou la mort - traverse la nuit brève.
Souffle un peu sur la bulle errante de mon rêve
Pour qu'elle apporte en moi mes roses de demain.

Bonsoir, Père ! Tes doigts ont scellé mes paupières,
Le sommeil - ou la mort - s'en vient à pas légers,
Et vers minuit m'appelleront douze dangers.
Mais je m'endors sans crainte en chantant mes prières.

Car je te sais, ô Père, assis à mon chevet,
Et si quelque vertige affole et perd mon âme,
Tu la retourneras vers Toi, comme une femme
Retourne dans le lit son petit qui rêvait.

Je ne suis pas un saint, mon Dieu, pour que tu veuilles
Me bercer dans tes bras et chasser mes frissons.
Je ne suis qu'un enfant, je n'ai que mes chansons
Et je ne vaux pas mieux qu'un oiseau sous les feuilles.

Et je ne sais pourquoi tu m'aimes… les chemins
Me mènent tous à Toi sans lutte, sans secousse;
Le sommeil - ou la mort - glisse dans la nuit douce…
Bonsoir, Père, reçois mon âme entre tes mains.

Lire plus, ici Marie Nöel

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