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L’Eglise en Asie : quelles perspectives ?

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image_preview.jpgDans le n° 232- décembre 2011 du mensuel « La Nef », Florence Eibl et Christophe Geffroy ont publié l’interview que leur a accordée Mgr Georges Colomb, supérieur général des Missions Etrangères de Paris. Cette société (photo) fondée voici 350 ans a formé jusqu’à aujourd’hui plus de 4200 prêtres et évêques partis « ad vitam, ad extra, ad gentes Elle a contribué à l’évangélisation de nombreux pays d’Extrême-Orient : la Thaïlande, le Vietnam, la Chine, le Cambodge, l’Inde, le Laos, le Japon, la Corée, la Malaisie, Singapour, la Birmanie. Au XXe siècle, elles ont envoyé des prêtres à Taïwan, à l’île Maurice, à Madagascar et en Indonésie. Elle a donné à l’Église de nombreux martyrs et confesseurs de la foi, dont 23 saints canonisés. Aujourd’hui encore, elle continue de prendre part à l’annonce de l’Évangile en envoyant en Asie et dans l’Océan indien des prêtres missionnaires à vie. Vingt-cinq séminaristes français se préparent actuellement à la vie sacerdotale et missionnaire.

Actuellement encore l’esprit asiatique semble réfractaire au christianisme. Pourtant, les Églises d’Asie sont bien vivantes et un intérêt nouveau pour l’Évangile se manifeste. Extraits de l’ interview de Mgr Colomb  (les italiques et les grasses sont de notre rédaction)

Minorité

« Le christianisme n’est la religion dominante d’aucun pays en Asie, à l’exception des Philippines et du Timor oriental. Dans l’ensemble du continent, le nombre des catholiques est évalué à 3 % pour une population supérieure à quatre milliards d’habitants. Le Vietnam et la Corée du Sud comptent chacun 7 ou 8 % de catholiques, l’Inde, 3 %, la Chine 1 %, le Japon 0,3 % (…)

Ces chiffres peuvent sembler inquiétants mais en fait, même dans les pays où les chrétiens ne représentent qu’un très faible pourcentage de la population, les intellectuels et les hommes politiques chrétiens jouent un grand rôle. En Corée, beaucoup de parlementaires sont chrétiens. En Chine, le christianisme séduit certains intellectuels qui sont convaincus que la modernisation de la Chine passe par une appropriation de l’héritage chrétien. À Canton, à Pékin, des professeurs essayent d’introduire l’enseignement de la théologie dans les universités. L’université de Wuhan s’intéresse à saint Thomas d’Aquin ! »

Voilà pour les intellectuels, mais par quels moyens peut-on  amener au Christ tout un peuple imprégné par une « forma mentis » hindouiste, bouddhiste ou confucianiste? 

Témoignage

« (…) L’Église est tenue d’annoncer le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Mais nous avons le devoir de faire l’effort de connaître les univers religieux et spirituels qui nous environnent en pays de mission, pour mieux offrir le témoignage de l’espérance qui est en nous. Dans son Audience générale du 21 avril 1999, le pape Jean-Paul II nous invite à ne pas craindre que puisse être lésée l’identité de l’autre dès lors que cette annonce est faite dans le plus grand respect de sa liberté. Par ailleurs, le témoignage d’une foi chrétienne vraiment vécue est mieux compris que des argumentations théologiques abstraites. Le monde d’aujourd’hui a davantage besoin de témoins que de docteurs et lorsque les docteurs sont écoutés, c’est parce qu’ils sont aussi des témoins. Les Asiatiques, au moins dans le monde chinois, sont allergiques à une théologie abstraite qui cherche à forcer l’adhésion. Leur approche est esthétique, poétique, humaine. »

Certains peuples asiatiques dont la mentalité traditionnelle a été déstabilisée par le matérialisme marxiste ou le consumérisme libéral pourraient-ils « basculer » vers le Christianisme ?

En Chine, l’attrait pour un modèle alternatif…

(…) Plusieurs phénomènes sont intéressants à observer en Asie, notamment en Chine, dont l’émergence des « chrétiens culturels ». Ce ne sont pas des baptisés mais des personnes qui s’intéressent au christianisme, souvent des étudiants ou des enseignants. Ils ne trouvent pas de réponses à leur questionnement personnel dans le matérialisme consumériste qui a succédé au matérialisme dialectique. Ils lisent la Bible et sont curieux de l’enseignement éthique de l’Église. Ils pensent que la foi chrétienne est nécessaire au développement de la démocratie car elle exige une conscience personnelle responsable et un sens du bien commun. Mais ils ne connaissent pas l’Église ou ils la connaissent mal. Quant à l’Église de Chine, elle traverse une grande épreuve ; elle est à la fois servie par des saints et trahie par certains clercs opportunistes. Cependant, malgré des divisions qui sont la conséquence d’une politique religieuse stupide, elle accueille chaque année des catéchumènes. Il serait audacieux de parler d’un basculement du pays vers le christianisme, mais il est certain que l’Esprit souffle où il veut et que personne ne pourra le bâillonner (…) »

Et pour le Japon consumériste ?

L’Église est très peu présente dans la société japonaise, et sa visibilité très réduite ne lui permet pas d’envisager de grandes activités d’évangélisation. Les Japonais ont pourtant un grand besoin de l’Évangile, comme le montre un nouveau phénomène inquiétant : ces derniers mois, le nombre des suicides a été très élevé dans la région de Fukushima. Ces personnes qui ont tout perdu n’ont pas pu trouver de l’aide ni un chemin de vie, elles ont choisi la mort. Il est à craindre, pourtant, que le débat suscité par le tsunami s’en tienne finalement à la réévaluation des risques liés aux centrales nucléaires et à une réflexion sur les moyens de produire assez d’électricité pour satisfaire la demande. Tout le système économique du Japon repose sur la sur-consommation. De nombreuses entreprises ont tout intérêt à étouffer le débat et à ne pas laisser l’Église poser les bonnes questions qui remettraient en cause le matérialisme consumériste. Celui-ci fait encore l’objet, d’ailleurs, d’un très large consensus dans la société. Et au Japon, on ne fait rien sans le consensus (…).

Une Eglise identitaire et courageuse

« La caractéristique de l’’Église en Asie est d’être minoritaire. Les fidèles ont appris à vivre dans un contexte où ils doivent se faire petits. Des groupes religieux fanatiques font l’objet d’une bienveillance gouvernementale complice, qu’il s’agisse de groupes islamistes en Indonésie ou hindous en Inde ; les chrétiens en sont les victimes et leur courage, leur témoignage de foi sont édifiants. Enfin, les catholiques d’Asie nous donnent une leçon d’espérance et de dynamisme. Ce sont des gens libres, parfois beaucoup plus libres que nous ne le sommes en France. Ils n’ont pas de complexes, ils sont fiers d’être catholiques et ils le disent ». Tout l’article ici : L'Asie face à l'Évangile

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