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Castellucci à Anvers

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A l'occasion de sa programmation à Anvers, Catho.be met en ligne un commentaire très favorable à la pièce de Roberto Castellucci "Sur le concept du visage du Fils de Dieu". Ce commentaire est dû à l'aumônier des artistes, le frère Alain Arnould, dominicain; on le trouvera ici : info.catho.be.

On trouvera un tout autre point de vue sous la plume de Monseigneur Brincard, évêque du Puy-en-Velay :

"Il n’est point nécessaire d’avoir vu la pièce de Roméo Castellucci pour dire que sa seule lecture amène à s’interroger sur la notion de culture et, partant, sur ce qu’il faut entendre par « liberté artistique ».
Pour ma part j’estime que la pièce de Castellucci est – et je pèse mes mots - violente, pénible et inutilement provocante.

Pour un croyant – et c’est une évidence – Jésus n’est certes pas un « concept » mais le « Témoin fidèle, le Premier né d’entres les morts, le Chef des rois de la terre » (Apocalypse 1). C’est dire que la relation personnelle avec Jésus est notamment celle de la foi, de l’adoration aimante, du service des plus petits et des plus pauvres en lesquels « le Témoin fidèle » veut être servi avec prédilection. Comment ne pas être profondément atteint par une pièce de théâtre dont certaines scènes dépassent l’entendement et, par voie de conséquence, le supportable ? Pour atténuer le scandale il ne suffit pas de dire que les intentions de l’auteur sont bonnes ni même que certaines clés de compréhension permettent de faire des découvertes apaisantes. L’art véritable est un langage dont la clarté rend le beau accessible à tous. L’art qui aide l’homme à être plus conscient de sa dignité est un art au service de la splendeur du vrai et de la beauté du bien. Lorsqu’il est chrétien, un tel art sait montrer comment en Jésus, Dieu tire d’un drame « un effet sublime d’amour ».

Faut-il le rappeler, il y a des libertés « liberticides »… l’art n’y trouve certes pas son compte. Par ailleurs, affirmer que « foi et culture » ont des liens profonds et nécessaires relève de l’évidence. Ces liens font l’objet d’heureux approfondissements, en particulier par des enseignements magistériels d’une grande richesse. Il arrive aussi – et je ne suis pas le seul à le déplorer – que la relation intrinsèque entre foi et culture donne parfois lieu à des développements hasardeux justifiant par des arguments spécieux l’injustifiable.

Je pose à présent deux questions :
- La pièce de Castellucci fait-elle partie d’une culture qui élève l’homme et donc nous humanise ?
- Cette pièce de Castellucci aide-t-elle le croyant chrétien à avoir un regard plus profond sur « Celui qui nous aime et nous a lavés de son sang » ?

Même après avoir lu les déclarations de Catellucci, je ne parviens pas à répondre positivement à ces deux questions." ...

source : Benoît-et-moi

Commentaires

  • Bien sûr l'éloge de la pièce de Castellucci peut étonner et choquer beaucoup. En France elle fut d'ailleurs l'objet de polémiques animées entre certains évêques et autres ecclésiastiques.

    Je connais Alain Arnould, aumônier des artistes à Bruxelles et je crois que ce dominicain très doué, sympathique et enthousiaste est sincère dans la relation de ce qu'il a ressenti dans cette oeuvre. En tout cas il ne le fait certainement pas avec une arrière pensée hostile envers ceux qui ne pensent pas comme lui. Il fait du bon boulot par sa présence et son témoignage dans le milieu artistique et par les temps qui courent ce n'est vraiment pas évident.

    Evidemment par la force des choses il est en contact avec différentes formes de l'art contemporain qu'il aime (sans exclusive), c'est bien son droit.

    La perception du christianisme dans l'art contemporain pose souvent problème, hostilité certes mais aussi ignorance et préjugés. Et puis une surenchère dans l'art de choquer pour le plaisir de choquer. Mais il y aussi de l'art contemporain chrétien dont cet aumônier organise des expositions à la cathédrale de Bruxelles.

    De toute façon je comprends l'indignation et les protestations de certains catholiques blessés par la pièce mais je désapprouve les actions - un peu infantiles - du style boules puantes et autres lancement d'oeufs.

  • La condition humaine des lépreux est aussi dramatique et douloureuse, mais la mettre simplement en spectacle serait vide de sens, si l'on ne montrait aussi la compassion et l'intervention du Christ pour ces rejetés. Ou, à la suite et à l'exemple du Christ, la sollicitude de tous les chrétiens pour eux, à l'image de saint François et saint Damien, qui ne se contentaient pas de bonnes intentions ou de «créations artistiques».

    Le Christ a souffert, pleuré et agi devant les souffrances de ses contemporains, montrant par là l'amour de Dieu pour tous les hommes. Avant de dire que cette représentation nous parle du Christ, ne faudrait-il pas nous dire ce qu'en retiennent les spectateurs. Pour eux, ce «visage du Christ» exposé est-il oui ou non indifférent aux souffrances et questions des hommes ?

    Dans un entretien au Monde (*), Castelluci répond : «Oui, il est indéchiffrable, c'est ce qui fait la force de ce tableau. Selon les moments, on peut y voir de l'indifférence, de l'ironie, voire de la cruauté». Indifférence, ironie, cruauté, tous sentiments mauvais mais associés par l'auteur lui-même au visage du Christ qu'il a choisi d'afficher ! Si ces sentiments-là face à la souffrance humaine le fascinent, ne devait-il pas afficher alors une représentation du visage de Satan ?

    M.Castelluci nous montre un «Visage du Christ» peint au XVè siècle, comme on aurait peint aussi une énigmatique «Joconde». Je ne suis pas sûr qu'il montre aux spectateurs le vrai visage du Christ. Et j'ai même peur qu'il ne montre en subliminal le visage de son Adversaire. Mais cela, ce sont les spectateurs qui peuvent nous le dire. Ont-ils été évangélisés, ont-ils été convertis au Christ ou à son Adversaire ?

    On peut être aumônier des artistes et ne pas tout tolérer de ceux-ci, au nom d'une certaine conception de l'art qui a tendance à prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.

    (*) http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/10/26/romeo-castellucci-la-foi-est-a-mille-lieues-de-l-ideologie_1594003_3246.html

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