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Gustave Thibon (1903-2001) : je suis devenu un agnostique adorateur

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Dépouillé, vidé. Ainsi en va-t-il, un jour entre les jours, pour  « chaque homme en sa nuit » (c’est, sinon le sens, le titre d’un roman de Julien Green).

Je me souviens d’avoir rendu visite à un vieux médecin liégeois cancéreux, très croyant et devenu silencieux à l’orée du grand passage. Seule, dans sa chambre absolument noire, brûlait une petite lumière rouge, brillant dans la nuit de sa vie comme la lampe du Saint-Sacrement. Peut-être en était-ce une d’ailleurs, je ne sais pas.  

Tel était aussi  devenu, me semble-t-il, le philosophe Gustave Thibon dans ses vieux jours. Il l’avait d’ailleurs avoué :

« Dieu a d'abord été pour moi puissance et lois, puis lumière et amour, et enfin absence et nuit. C’est peut-être en cela qu’Il ressemble le plus à Lui-même. Il me devient chaque jour de moins en moins étranger et de plus en plus inconnu : je suis devenu un agnostique adorateur.

« Ce n’est pas la vertu que Dieu demande, c’est d’être trouvé pauvre. »
« Je n’aspire pas à éclairer les hommes avec ma lanterne, dit-il, ma seule ambition est de les aider à mieux contempler le Soleil après l’avoir peut-être secrètement poursuivi de ruine en ruine, à travers les éboulements successifs des images et des idées que nous nous faisons de Lui. »

« II faudrait montrer aux hommes le vrai Dieu — Celui qui, par pudeur et par respect, s’est dépouillé de sa puissance, le Dieu enfant et le Dieu crucifié qui, étant tout amour, s’est fait toute faiblesse, le Dieu qui nous attend en silence et dont nous sommes responsables sur la terre ».

Je sais bien que l’Église est nécessaire, comme la coupe est nécessaire au vin; je sais bien qu’un Dieu sans Église, c’est le commencement des Églises sans Dieu. La source ne daignant pas se faire connaître elle-même, il faut bien transmettre; et transmettre c’est trahir, tradere c’est tout à la fois la tradition et la trahison.

Religion d’aujourd’hui; elle a banni l’étroitesse, mais aux dépens de la profondeur : œcuménisme « de grande surface », charité diluée en humanitarisme, la confusion succédant à l’exclusion, un universalisme bâtard au lieu d’un particularisme qui touchait à l’universel par ses racines et qui, si mutilant qu’il fût (« si ton œil te scandalise ... »), s’apparentait plus à la voie étroite de l’Évangile qui mène au pays sans frontière — alors qu’on tourne en rond sur la voie large ouverte aujourd’hui...

« J’aime notre époque parce qu’elle nous force à choisir entre la puissance de l’homme et la faiblesse de Dieu. Religion nue où l’attente du miracle fait place à l’adoration du mystère » ...

 Gustave Thibon "Ce n’est pas la vertu que Dieu demande, c’est d’être trouvé pauvre ». Le Forum Catholique

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