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Une parution attendue : le malentendu islamo-chrétien (mise à jour 9/10/2012)

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Le malentendu islamo-chrétien, Salvator, septembre 2012, 224 pages (21 €).

Présentation de l’éditeur :

  Se comprend-t-on mal entre chrétiens et musulmans ? Ou est-ce l’Islam lui-même qui est mal compris ? Voire le christianisme ?

  Trop longtemps coupés des chrétiens d’Orient, ceux d’Occident ne découvrent qu’aujourd’hui l’enracinement de l’Islam dans une dérive première de la foi chrétienne, remontant à la fin du 1er siècle : celle des nazaréens. Les recherches récentes, notamment par Antoine Moussali († 2003) dont l’auteur de ce livre fut un collaborateur, rejoignent les conclusions des traditions chrétiennes orientales. Ainsi, des progrès décisifs ont été accomplis dans la compréhension du texte coranique et des manipulations qu’il a subies.

  Quant à la tradition latine, ses a priori et ses blocages par rapport à l’islam sont ici abordés de front.

  Sur de telles bases, des perspectives nouvelles s’ouvrent pour un dialogue entre chrétiens et musulmans épris de vérité et de paix.

Avec une post-face de Mgr Jean-Pierre Cattenoz, Archevêque d’Avignon, qui a passé 14 années en Afrique du nord et sahélienne.

Tout en présentant les résultats et l’histoire de la recherche islamologique [1], cette étude de deux cents pages éclaire les causes de la mécompréhension de l’Islam dans l’Eglise latine. Ces causes sont liées tout autant au manque de liens avec les chrétientés orientales, surtout pré-chalcédonniennes (Chaldéens, Coptes, etc.), qu’à la manière dont la Révélation a été traitée : si elle est le tournant de l’histoire en même temps que son avenir, peut-elle être séparée de celle-ci et être analysée conceptuellement comme un objet d’étude ? C’est cette voie qui a prévalu peu à peu dans la pensée occidentale.

Dans un tel cadre, l’Islam – ainsi que tous les phénomènes post-chrétiens – est devenu incompréhensible, car quels concepts (sur Dieu ou sur l’homme) pourraient rendre compte de ce courant politico-religieux ? Et quels points à ajouter ou à retirer le rendraient comparable à une religion préchrétienne par exemple comme l’hindouisme ancien ? La notion même de « religions » (au pluriel) n’est-elle pas une catégorie fallacieuse et vide, qui n’a d’autre effet que d’occulter la nouveauté radicale de la Révélation, faisant passer du monde préchrétien au monde marqué précisément par la Révélation… mais aussi par ses dérivations ?

Car, dès la fin de l’époque apostolique, des contrefaçons post-chrétiennes de la Révélation ont vu le jour ; par définition, elles ont des points communs avec elle, mais la renversent ; et elles aussi ont eu bientôt des répercussions mondiales. C’est de tout cela que sort le monde d’aujourd’hui. L’Islam – élaboré au long de la seconde partie du 7e siècle – s’enracinait dans un courant antérieur ; il n’a rien à voir ni avec un jeu de divergences conceptuelles sur Jésus ou sur le salut, ni avec un mystérieux projet de Dieu, comme la pseudo-mystique de Louis Massignon a tenté de le faire croire. Les dialogues islamo-chrétiens bâtis depuis 50 ans sur ces élucubrations se vouaient à l’impasse, si ce n’est à pire.

C’est à la base, sur une théologie de l’histoire et de la Rencontre, qu’il faut repenser le mystère de la Révélation et du devenir humain, personnel ou collectif : la réalité du Salut s’étend au passage vers l’au-delà et à la perspective du Jugement lié à la Venue du Christ. Cette perspective constitue même le nœud autour duquel peut s’articuler un dialogue vrai.

Commentaires

  • Nous avons tous entendu que l'Islam est une religion de paix et de tolérance. Ce n'est vrai que dans un certain sens : La paix n'est obtenue qu'à l'issue de la jihad, quand les populations sont soumises à l'Islam. La tolérance est acquise au prix de l'acceptation du statut de dhimmi et du payement de diverses taxes (jizya, kharâj,...) dont les Musulmans sont exempts, ce qui incite naturellement les pauvres à se convertir pour y échapper.

  • Votre propos est ambigu, à l'instar, d'ailleurs, de l'article sur lequel je reviendrai dans un autre post. Islam, religion de paix, oui : tout d'abord pour l'individu et c'est, effectivement, à la suite d'un combat, le grand combat avec et contre son ego, que cette paix s'obtient.
    Quant au petit djihad que vous croyez seul susceptible de conclure la paix avec les non-musulmans, vous commettez plusieurs erreurs. En un, ce qui définit la paix, entre musulmans et non-musulmans, c'est le traité et celui-ci ne nécessite, en aucune manière, un conflit préalable. Consultez l'Histoire, notamment en pays de Cham (Palestine, Liban, Syrie) ou en Espagne, les cas d'accords sans conflit y furent d'autant plus légion que les conditions de la domination musulmane se révélaient bien moins lourdes que celles des Byzantins ou des Wisigoths.
    Le paiement du kharaj (taxe agricole sur les terres cultivées) n'était exigé qu'en cas de soumission par voie de force. Sous le khalife 'Umar, il variait, à l'hectare, entre 2 DH pour l'orge, à 12 DH, pour la vigne. Les termes de chaque traité sans conflit établissant, dans les autres cas, l'assiette de l'impôt. A partir du khalife Uthman, les exploitants agricoles musulmans payent, également, un impôt moindre mais analogue (al iqta'a). Quant à la jezia, s'il y eut, à différentes périodes, des excès, dans l'établissement de son montant, elle variait, sous le khalife 'Umar, de 0 à 48 DH, selon la fortune de l'administré. Le pauvre non-musulman bénéficiait, à l'instar du pauvre musulman, de la même quote-part de l'impôt sur la fortune (azzakat) versé par tout musulman aisé (2,5% de son patrimoine évalué annuellement).
    Le musulman devait fournir, en outre, un effort de guerre dont était dispensé le non-musulman, uniquement tenu à neutralité. Certes, le partage de butin ne concernait que les musulmans et la possibilité d'en profiter, tout comme celle d'échapper au kharaj, a pu jouer, ici et là, un rôle non-négligeable dans les conversions.
    Mais vous noterez qu'à la fin du 16ème siècle, Istanbul, première cité européenne avec 600 000 habitants, ne compte pas plus de 53% de musulmans, le restant partagé entre trois autres groupements religieux (chrétiens non-orthodoxes, chrétiens orthodoxes et juifs)... Une réalité qui se passe, ici, d'autres commentaires...
    La base du dialogue, c'est la volonté de connaître l'Autre, son histoire, la qualité de son existence... Bien à vous,

  • @ Ian Mansour de Grangee

    Vous nous parlez d’Istanbul (ex Constantinople) et d'autres invasions et colonisations musulmanes en terres chrétiennes, qui ont duré depuis le VIIè s jusqu'au XVIIIè s, soit sur plus d'un millénaire. Nous n'avons effectivement pas toujours une information fiable disponible sur le taux d'islamisation des populations, depuis la conquête musulmane jusque aujourd'hui. Prenons quand même l'exemple de la Turquie dont vous parlez. Ce pays compte aujourd'hui 75 millions d'habitants, presque tous musulmans. Il parait qu'il ne resterait que 200.000 chrétiens, soit 0,26%. Le taux d'islamisation semble donc beaucoup plus important que celui de l'Égypte, pourtant envahie et colonisée bien avant. Il y resterait aujourd'hui environ 7 millions de chrétiens, sur une population totale de 84 millions d'habitants, soit 8,3%. Comment expliquer que la Turquie, plus proche de l'Europe, ait connu une islamisation beaucoup plus importante que l'Égypte, un pays d'Afrique ? J'ai l'impression que le taux de chrétiens résiduels varie très fort d'un pays musulman à l'autre. Cela va de 0% (au Maroc par exemple) jusque 9% en Égypte (je pense que c'est le plus haut). Il y a donc certainement énormément de facteurs qui doivent être pris en compte, pays par pays, pour analyser ce phénomène d'islamisation.

  • Vous insistez beaucoup sur le caractère invasif des musulmans. Vous auriez pu rappeler, également, les multiples situations où l'islam s'est répandu par des voies tout-à-fait pacifiques. Et rappeler, par exemple, que de notables minorités chrétiennes et juives existaient bel et bien, sept siècles après l'arrivée des premiers musulmans en Espagne. Combien y resta-t-il de musulmans un siècle et demi plus tard ? Dans quel contexte géopolitique s'effectua le quasi-anéantissement des communautés chrétiennes au Maroc, par les Almohaves, au XIIème siècle ? Prenez la peine de mesurer les situations dans leur contexte et à l'échelle des temps...

  • Sans présumer de la valeur de l’ouvrage présenté – j’espère avoir l’occasion de le lire, un jour prochain, au fin fond de mes sables mauritaniens – je m’interroge sur l’apologie qu’en fait son éditeur. « Dialogue entre chrétiens et musulmans épris de vérité et de paix », à la bonne heure ! Nous avons tous, de fait, beaucoup à retrouver de l’injonction coranique à développer « la compétition dans les bonnes œuvres ».
    Cependant, c’est déjà flouer ce dialogue que d’affirmer, coup sur coup, « l’enracinement de l’Islam dans une dérive première de la foi chrétienne, remontant à la fin du 1er siècle : celle des Nazaréens » et « des progrès décisifs ont été accomplis dans la compréhension du texte coranique et des manipulations qu’il a subies ». On reste, en somme, dans la sempiternelle querelle sur la falsification. Torah et Evangile pour les musulmans, Coran pour les juifs et chrétiens, les sources des uns ne seraient, pour les autres, que tromperies. De quel dialogue parlons-nous donc ?
    Il y a, pourtant, mieux à faire et l’auteur de l’article nous en indique, à son insu, de bonnes pistes, en rappelant que « les apparences communes avec le salut chrétien sont dues au mécanisme historique d’une dérivation – toute contrefaçon, même radicale, ressemble à son modèle. » Sans insister, encore, sur l’attaque insidieuse évoquant la « contrefaçon » du modèle chrétien que constituerait l’islam, il faut relever la considération sur « les apparences communes » entre les saluts chrétien et musulman. Elles sont, en effet, trompeuses.
    La différence, fondamentale, relève de l’appréciation de la faute d’Adam – Paix et Bénédictions sur Lui (P.B.L.). Dans le judaïsme et le christianisme, ce péché originel constitue une tache indélébile, contraignant le Divin Créateur à une terrible colère, sanctionnant la descendance d’Adam – P.B.L. – L’Homme est coupable et le demeurerait si, le temps aidant, Dieu n’avait, dans Sa Toute Miséricorde, accordé son Pardon, tout d’abord via l’Alliance avec Abraham – P.B.L. – singulièrement acérée par la loi mosaïque – on en est là, chez les juifs – puis par le sacrifice du Divin Incarné – argument paulinien du rachat de l’Humanité. Sans relever, ici, les nombreux paradoxes à ce schéma un tantinet simpliste (d’Abel à Joseph, en passant par Hénoch ou Noé, les cas de pureté quasi-angélique ne manquent pas ; tandis que la loi d’airain de l’église Catholique fut longtemps remarquable d’oppression) la culpabilité native de l’Homme ne peut être effacée que par la soumission à la Loi (Moïse – P.B.L) ou la fraternité dans le Christ – P.B.L.
    En islam, la faute d’Adam - P.B.L. - signale, tout simplement, un truisme : la faiblesse est humaine. Émanation de l’Illimité dans les limites de conditions existentielles nécessaires, exactement ajustées à l’ordre de la Création, l’Homme y perdrait le sens de son origine et de sa fin ultime, si Celui-là n’était intervenu pour lui rappeler celui-ci. Adam tombe et appelle ; aussitôt, Dieu lui enseigne, totalement Libre et instantanément Miséricordieux, les paroles du pardon. Cent quarante-quatre mille prophètes se succèderont, ainsi, pour rappeler aux humains, selon leurs lieux et époques, les meilleures voies de retour sur soi, le prophète Mohammed venant exprimer le dernier Rappel, à l’échelle de l’Humanité tout entière, pour affronter la mondialisation et les temps eschatologiques.
    Parmi les nombreuses méditations que nous offrent ses singulières nuances d’approche, permettez-moi d’insister, ici, sur la suivante, particulièrement sensible de nos jours : dans les versions juive et chrétienne, la première surtout, le schéma sous-tend une idée intrigante : la Création Divine n’était pas initialement parfaite. Dans la musulmane, rejoignant, ce faisant, des approches pas forcément théistes extrême-orientales (cf. la notion chinoise de conformité), la Création Divine, parfaite, demande à être étudiée, pour mieux s’y insérer… Si le salut, dans l’Au-delà, repose sur la fidélité au Rappel, celle-ci institue, en ce bas monde, la paix, par juste adéquation…

  • Le converti à l'Islam qu'est Mr de Grange veut justifier son rattachement à ce qu'il croit être une "religion" comparable au christianisme qu'il n'a jamais compris mais qu'il veut rejeter. Il ne sait pas que sa nouvelle "religion" n'est jamais que la continuation d'une vieille contrefaçon politique et messianiste du christianisme apostolique, qui se transmit aux Arabes au cours du 7e siècle par ses promoteurs, et qui prit peu à peu son autonomie sous des couleurs arabes : l'Islam. Voir à ce sujet le site d'une étude de 1100 pages, www.lemessieetsonprophete.com.

    Au 19e siècle a été inventé le mythe de l’Andalousie musulmane ouverte et tolérante. En réalité, elle ne fut tolérante ni à l’égard des juifs (qui quittèrent pour se réfugier dans les Etats chrétiens du nord de la péninsule), ni à l’égard des chrétiens.
    “Le mythe andalou peut encore nous donner de beaux films, comme celui de Youssef Chahine, mais il est en perte de vitesse. Son grand prêtre, Jean Daniel, reconnaît aujourd’hui que « l’esprit de Cordoue » n’a vraiment soufflé que pendant soixante années (sans d’ailleurs nous dire lesquelles). C’est bien peu pour un paradis qui a duré huit siècles. Et même Guy Sorman, qui professe à l’égard de l’Islam un optimisme que nous aimerions partager, a soigneusement évité de tomber dans le piège (Cf. « Les enfants de Rifaa », p.97).” - [page web http://www.natureculture.org/wiki/index.php?title=Pour_en_finir_avec_le_mythe_andalou]

    Voir aussi le livre de Bat Ye’or, Face au danger intégriste – juifs et chrétiens sous l’islam, Berg Intern. éd., 2005. Extraits sur http://islam-juifs-chretiens-persecutes.skynetblogs.be/archive/2008/05/16/nbsp.-5.html, dont celui-ci :
    “(p.52) En Espagne les révoltes de muwallads (néoconvertis) furent quasi permanentes contre les Arabes immigrés qui s’étaient taillés de larges domaines exploités par les Chrétiens, serfs ou esclaves. Les extorsions fiscales et les expropriations allumaient des foyers insurrectionnels continuels de muwallads et de mozarabes (Chrétiens dhimmis) sur toute la péninsule hispanique. Les chefs rebelles étaient exécutés par crucifixion et les insurgés passés au fil de l’épée. Durant toute l’époque de l’émirat hispano-omeyyade jusqu’au Xe siècle, ces conflits ensanglantèrent l’Espagne et alimentèrent des haines religieuses endémiques. Une lettre de Louis le Pieux aux Chrétiens de Mérida en 828 évoque leur situation sous Abd al-Rahman II et le règne précédent : usurpations de leurs biens, augmentation injuste des tributs exigés, suppression de la liberté (esclavage ?), oppression par « de lourdes et iniques contributions ». Ibn Hafsoun, décédé en 918, chef de la rébellion muwallad au sud de l’Andalousie, soulevait les paysans contre, disait-il, le gouvernement qui leur enlevait leurs biens en les soumettant à de lourds tributs et contre les Arabes qui les accablaient d’humiliations et les traitaient en esclaves”

    Pour d’autres données : http://eecho.fr/?p=32
    http://www.lemessieetsonprophete.com/annexes/Al-Andalus_dhimmis&opression.htm
    http://www.lemessieetsonprophete.com/annexes/Al-Andalus_histoire_et_mythe.htm

  • Contrairement à ce qu'affirme M. Ian mansour de Gangee, la notion de péché originel, telle que le christianisme la conçoit, n'existe pas dans le judaïsme.

    Si l'Eglise veut un dialogue réellement ouvert et franc avec l'islam elle devrait prendre ses distances avec les idées de Louis Massignon que l'islamologue Maxime Rodinson q ualifiait de "confit en islam", surtout le soufisme. Or Massignon est encore le maitre à penser de trop de responsables catholiques du dialogue Eglise-islam. Nous en avons un bel exemple chez un évêque belge.

    Si depuis deux siècles on a publié des montagnes d'ouvrages et de thèses sur l'exégèse historico-critique du N.T. il faut bien savoir que ce genre de recherche est peu répandue dans le monde académique occidental et taboue chez les théologiens musulmans. C'est ce que vient de dire Salman Rushdie dans ses mémoires et ce dont se plaignent amèrement les convertis qui ne se sentent pas soutenus par la hiérarchie.

    Le comble étant atteint chez quelques rares théologiens censés catholiques qui au nom du sacro-saint pluralisme disent qu'il faudrait considérer Mahomet comme un prophète tardif d'un judéo-christianisme dissident et le Coran comme une sorte de livre deutérocanonique

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