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La mission depuis Vatican II

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Le concile Vatican II a été le prétexte à une perversion de la mission évangélisatrice de l’Église. Le mensuel « La Nef » publie sous la signature de l’abbé Fabrice Loiseau une « petite explication » d’un grand désordre qui, selon son auteur, serait en voie de résorption. Extraits :

Certaines propositions du récent Synode (sur la « nouvelle évangélisation ») ont permis d’aborder la question théologique de l’évangélisation des personnes appartenant à des religions non chrétiennes. Bien que le Magistère depuis Vatican II ait maintes fois affirmé la doctrine catholique sur le sujet, cette annonce de la foi à tous les hommes religieux est sans arrêt remise en cause par des théologiens, des universités ou des missionnaires. Nous assistons depuis cinquante ans à un véritable brigandage du concile. Il est important de refaire le point.

(…) La proposition n. 6 (de ce synode) a pour titre la proclamation de l’Évangile : « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la Vérité (1 Tm 2, 4). » Puisque l’Église croit dans ce plan divin du Salut universel, elle doit être missionnaire (Evangelii Nuntiandi) …

Dans la proposition 53, si le dialogue interreligieux, particulièrement avec les musulmans, est encouragé avec force, il est cependant précisé « qu’il dépend toujours de la formation adéquate des partenaires, de leur fondement ecclésial authentique comme chrétiens et d’une attitude de respect de la conscience des personnes et de la liberté religieuse pour tous ». Cette proposition devra tenir compte de la proposition 10 : le droit à proclamer et à entendre l’Évangile : « Proclamer la Bonne Nouvelle et la personne de Jésus est une obligation pour tout chrétien, fondée de l’Évangile : “Allez donc, de toutes les nations faites des disciples les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit” (Mt 28, 19). En même temps, c’est un droit inaliénable de toute personne, quelle que soit sa religion ou son absence de religion, d’être en mesure de connaître Jésus-Christ et l’Évangile. Cette proclamation, donnée de manière intègre, doit être proposée dans le plein respect de chacun, sans aucune forme de prosélytisme. » (…)

Un contexte encore difficile. Il est indéniable qu’une certaine théologie des religions a eu une influence décisive sur la missiologie.

La position pluraliste qui avait commencé avant le Concile présente bien évidemment des nuances selon les auteurs. Elle peut quand même se résumer à ceci : le christianisme doit renoncer à se prétendre l’unique Vérité de Salut, il doit renoncer à tout privilège parmi les religions. Le christianisme garde sa valeur pour les chrétiens, mais les autres religions, dans la mesure où elles sont fidèles à leurs textes fondateurs, ont une valeur égale. Au lieu de considérer le christianisme comme la voie ordinaire du salut, il serait temps de comprendre qu’il est plutôt désormais une voie extraordinaire ! Nombreux sont les théologiens qui, sous une forme ou une autre, ont défendu ces thèses, citons les principaux : John Hicks, Raimuno Pannikar, Aloysius Pieris, Karl Rahner, Hans Küng, Jacques Dupuis, Claude Geffré, etc.

Retenons le père Firth, car ce théologien présente une nouvelle conception de la mission. Peteners Oswald Firth, élu assistant général des oblats de Marie Immaculée en 2004, est actuellement à Rome et son objet est de déconstruire le concept de l’évangélisation. Pour lui le changement de paradigme opéré par Vatican II dans la relation de l’Église avec les religions non-chrétiennes appelle à reconnaître la présence dynamique de Dieu dans les autres traditions religieuses ! Évangéliser, c’est uniquement entrer en dialogue avec les religions au plan quotidien de la spiritualité, de l’action pour la transformation de la société et, éventuellement, au plan de la doctrine. Dans leur quête du divin, les traditions religieuses non chrétiennes transcendent souvent les dichotomies existantes entre la recherche humaine de sa propre transcendance et les incarnations du divin dans les éléments naturels. C’est par là que les traditions religieuses deviennent des voies menant au Salut par Jésus-Christ. Les nobles vérités de Bouddha, la dévotion à Brahman dans l’hindouisme ou la fraternité de l’islam sont des possibilités de salut sans l’Évangile. L’évangélisation ne saurait être un appel à la conversion pour les non-chrétiens car ils sont déjà convertis. Firth n’est pas condamné, il continue d’avoir une influence sur les communautés missionnaires. Vous l’aurez compris, il s’agit plus d’une apostasie que d’une nouvelle approche de la mission.

Il serait irréaliste et naïf de croire que ces théologiens n’ont pas eu d’influence sur l’ensemble des communautés missionnaires. L’Église asiatique a été particulièrement touchée dans son rapport à l’hindouisme, au bouddhisme et aux différentes religions orientales. C’est également le cas dans l’ensemble des pays musulmans où la situation est fort critique.(…) . Si chaque demande doit faire l’objet d’un grand discernement, il est essentiel d’être attentif aux signes du temps comme l’exige le concile ! Pourquoi imposer à certains sept ans de catéchuménat ? Pourquoi rejeter ces requêtes qui finissent par aboutir chez les évangéliques ? Pourquoi interdire à certains prêtres au Maroc d’annoncer l’Évangile alors qu’ils le faisaient avec prudence ? Pourquoi une conférence épiscopale d’un pays musulman a-t-elle autorisé des chrétiens qui épousaient une musulmane à prononcer la Shaada devant un officier d’état civil ? Tous ces comportements ne sont pas seulement d’un ordre prudentiel, ils sont souvent les conséquences d’une théologie déficiente.(…)

Il faut reconnaître cependant que la déclaration Nostra Aetate présente une nouveauté (et non une rupture) en invitant les catholiques au dialogue avec les autres religions et à reconnaître ce qu’il y a de vrai et de saint dans celles-ci. C’est la première fois qu’un concile parle dans de tels termes des religions non-chrétiennes, sa véritable pensée, cependant, pourrait se résumer ainsi : la plénitude du salut et de la vérité révélée ne se vit pleinement que dans le mystère de l’Église.

La finalité du dialogue, c’est l’annonce. L’annonce de la foi n’était donc pas annulée par le dialogue interreligieux ; dès la reconnaissance affirmée des rayons de vérité (venant de ces religions) illuminant tous les hommes, la déclaration Nostra Aetate ajoute aussitôt : « Toutefois, elle annonce et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est la Voie, la Vérité et la Vie (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toute chose. » Nulle part il n’est dit que les œuvres caritatives dispensent de l’annonce, que la mission constituerait juste une libération politique ou que la voie ordinaire du Salut passerait désormais par toutes les religions ! (…)

En refusant cette annonce de la foi, on crée une nouvelle anthropologie, l’homme n’ayant plus besoin de la Vérité pour aimer Dieu ; on réduit alors la relation à Dieu à la sensibilité, la sincérité, l’engagement humanitaire et l’éthique. Le Salut de l’homme ne pourrait alors se révéler qu’à travers ces idéologies et ces comportements contradictoires ; c’est le signe de l’absurde, la conséquence en serait la fin du Royaume de Dieu ! F.L »

Tout l’article ici : La mission depuis Vatican II

Commentaires

  • Excellent article qui cerne très bien un problème trop souvent occulté. La théologie du pluralisme est en effet une apostasie, une négation du Kérygme, une insulte aux milliers de missionnaires qui depuis le début du christianisme ont versé leur sang pour l'annonce de l'Evangile.

    Cette mentalité, hélas répandue, est un fruit pourri de l'"esprit" du Concile et pourtant je suis une "conciliaire" convaincue, mais dans l'optique du Magistère.

    La façon dont sont traités certains musulmans qui demandent le baptême est particulièrement infamante, on fait tout pour les décourager et en effet ils finissent par se tourner vers les évangéliques qui, eux, n'ont pas oublié "malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile" (St. Paul).

    Il faudrait demander à tous ces missionnaires apostats (en fait des assistants sociaux d'une ONG "Eglise") si vraiment ils auraient entendu parler du Salut en Christ si un certain Paul au lieu de rester bien peinard à Tarse à faire des tentes
    n'avait pas enduré toutes les épreuves pour proclamer l'Evangile aux gentils sans se demander si quelque philosophe, stoïcien par exemple, n'avait quelques "nobles idées" et donc était un "converti d'avance".

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