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Le pape François, l’Argentine et le diable

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1574833.jpgIllustration: l’ange déchu (et soucieux), sous la chaire à prêcher de la cathédrale Saint-Paul à Liège.

Depuis son élection, le pape François a plusieurs fois fait référence au diable lors de ses homélies, catéchèse, et angélus. Lors de sa première messe, « pro ecclesia », au lendemain de son élection, il a notamment déclaré « celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable », citant l’écrivain Léon Bloy, mais aussi « quand on ne confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon. » Il est revenu sur ce thème devant les cardinaux, avant que ceux-ci ne se séparent, à l’issue du conclave : il ne faut jamais « cédé au pessimisme, à l’amertume que le diable offre chaque jour ». Lors de la messe des Rameaux, il a de nouveau fait référence au malin qu’il a expressément cité dans son deuxième tweet : « nous ne devons pas croire au Malin qui dit que nous ne pouvons rien faire contre la violence, l’injustice, le péché. »

 Ces constantes références au diable interpellent dans les pays occidentaux où la figure du malin n’est plus si souvent utilisée. Mais il ne faut pas oublier que le nouveau pape n’est pas européen mais argentin et que cela peut peut-être expliquer certaines choses.

Le père Michel Anquetil, prêtre du diocèse de Coutances, en France, vit depuis plus de trente ans en Argentine, et officie dans le diocèse de Viedma, en Patagonie, dans l’Etat de Rio Negro: “ La plupart des croyants ici croient que l’esprit du mal existe : ils peuvent le constater tous les jours avec les guerres, les inégalités. Les gens pensent que cet esprit agit chez les personnes qui ont le pouvoir. En plus, ils croient très fort en Dieu, mais croient encore plus dans la figure du Jésus crucifié qu’en la Résurrection “.

Le père Anquetil souligne bien qu’en tant qu’Argentin, « on croit très fort en l’esprit du bien mais on constate aussi que l’esprit du mal agit en nous et autour de nous si on le laisse agir. Et le monde est très souvent marqué par beaucoup de signes négatifs. ». Il remarque également que la religiosité qui marque tant les latino-américains est « populaire ». « Notre grande mission est ainsi de déterminer ce qui est de Dieu et ce qui ne l’est pas » ajoute-t-il, constatant qu’en Europe, « l’homme étant très sécularisé, ces différences ne sont plus aussi voyantes ». Une différence qui explique peut-être la surprise des Occidentaux vis-à-vis de ces références au diable.

 On ne peut pas s’empêcher de se remémorer l’enseignement constant de l’Eglise:

 “ …Cette chute est refus de Dieu, avec l'état conséquent de damnation ; elle consiste dans le choix libre de ces Esprits qui ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son règne, usurpant ses droits souverains…   “ Vous deviendrez comme Dieu” ou “comme des Dieu… “. Ainsi, l'Esprit malin tente de transférer à l'Homme l'attitude de rivalité, d'insubordination et d'opposition à Dieu qui est presque devenu le but de toute son existence “ ( Bienheureux Jean-Paul II ). "Celui qui ne croit pas au diable ne croit pas dans 'Evangile." (Du même).

 “Le malin cherche toujours à gâcher l’œuvre de Dieu, en semant la division dans le cœur de l’homme, entre corps et âme, entre l’homme et Dieu, dans les rapports interpersonnels, sociaux, internationaux, et aussi entre l’homme et la création. Le malin sème la guerre; Dieu crée la paix.” ( Benoît XVI ).

 “Le diable est bien évidemment le grand séducteur parce qu’il essaie d’amener l’homme au péché en présentant le mal comme le bien. Mais nous sommes responsables de la chute parce que la conscience a la capacité de distinguer ce qui est bon de ce qui est mal.” (Cardinal Georges COTTIER)

Source: http://fr.radiovaticana.va/news/2013/04/04/le_pape_françois,_l’argentine_et_le_diable/fr1-679556

Commentaires

  • On peut effectivement se demander ce que sélectionnent des Évangiles ceux qui ne croient pas au diable. Ils ne se rendent même plus compte qu'ils sont ainsi entrés complètement dans son jeu. Il n'est de pire despote que celui qui réussit à vous faire croire qu'il n'existe pas. On devient alors esclave en croyant qu'on ne l'est pas.

  • Très juste! Paul Evdokimov dans son livre "Gogol et Dostoievki" décrit très bien cette approche quand il écrit: "C'est aussi que Gogol, avant de voir l'homme, a vu le diable sans masque, sans «lueur rouge parmi le tonnerre et les éclairs, les ailes roussies», mais «en veston», tout comme le monsieur trivial et ridicule qui vient voir Ivan Karamazov en éternel imitateur, en parasite et en singe de Dieu. Gogol a vu justement qu'il est terrifiant par sa platitude et sa médiocrité, et que c'est son air terriblement comme «tout le monde» qui dévoile sa véritable identité. On sait bien que « la plus belle ruse du Diable est de nous persuader qu'il n'existe pas », et Gogol insiste sur la cécité flagrante de tous. On ne sert jamais si bien Satan qu'en l'ignorant; car son nom est 'légion', ce qui signifie qu'il est partout disséminé."

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