Henri le Barde est un blogueur intéressant ("le temps d'y penser"); il titre son dernier post "Rideau"; nous partageons assez son sentiment :
extraits :
Internet est comme le bénévolat, c’est un océan infesté de requins. Vous y plongez la main, on vous happe le bras. Difficile de dire non, d’arrêter, de faire des pauses.
Difficile également d’y construire dans le dur (pas impossible, mais difficile), du moins collectivement. Internet, (...) encourage à la futilité, à l’instant. Combien de temps passé sur Twitter à découvrir, discuter, certes, mais également à dérouler un fil sans fin quand la consultation de blogs passionnants passe au second plan ? Sans même parler des livres qui s’entassent sur la table de chevet…
La blogosphère catholique tourne en rond. Pardonnez-moi, chers amis, mais c’est vrai. Quelques-uns ont su construire quelque chose à partir de leur blog (souvent d’ailleurs en le dépassant : un blog n’est une réussite que s’il est une étape), d’autres savent mettre leur expertise (théologie, droit, etc.) au service de leur foi et du témoignage… Mais dans la majorité des cas, des graines sont semées, pleines de promesses, mais combien tombent sur le chemin : on y confie ses états d’âme, ses amorces de réflexion, ses regrets… Qu’en sortira-t-il ? Et s’il n’y a évidemment rien de condamnable à cela, cela joue nécessairement sur la durée de vie supportable du blog.(...)
Les débats récents m’ont épuisé. Quand j’ai débarqué sur le web, c’était pour autre chose. Le temps d’y penser avait une promesse différente. Mais les impératifs de promotion du site m’ont amené sur les réseaux. Où tout se passe, où tout se joue. Il faut attraper les balles au bond, réagir, commenter, si possible dans les 24 heures. Et au final, tout le monde dit la même chose. Sur Twitter, on suit quelqu’un juste parce qu’il est catho, par courtoisie. Même s’il ne fera que retwitter ou partager les mêmes liens.Le militantisme a également fait des ravages. Je ne supporte plus Twitter, ces échanges sempiternels, prévisibles, laconiques, cet amas d’immodestie, de mise en scène continue de soi. Ces hashtags militants, ces clashs, ces faux accès d’autodérision et cette alternance de bisounoursisme dégoulinant et de cynisme au petit pied. Je ne supporte surtout plus de m’être pris au jeu.
Bilan négatif ? N’allez pas le croire. J’y ai fait de nombreuses rencontres – certaines encore virtuelles, d’autres devenues réelles, avec quelques liens d’amitié à la clé et un « réseau » catholique (mais pas seulement) élargi.
Aujourd’hui, une étape importante du projet de loi qui a jalonné la vie récente de la cathosphère sera franchie. Comme je l’ai écrit précédemment sur ce blog, il convient pour moi de passer à autre chose, de tourner la page, non pour fermer le livre mais en écrire un autre chapitre. (...)
Commentaires
Peut-être aurait-il pu prendre l'image des chrétiens souffrant le martyre dans les arènes romaines ou sur les échafauds de la Révolution française. Des foules aussi applaudissaient à leur supplice. Que pouvaient donc se dire ces martyrs ? Que leur sacrifice ne servait à rien, que c'était tourner en rond, qu'il valait mieux tourner la page ?
.
En fait, je crois que nous mesurons très rarement nous-mêmes le résultat de nos actions ou de nos paroles. Même quand nous avons l'impression qu'elles ne servent à rien, Dieu sait s'en servir pour toucher le cœur des autres. Ne nous préoccupons pas de savoir qui est touché, comme si nous voulions nous en glorifier nous-mêmes.
.
Même quand des gens ne nous montrent que leur aspect extérieur, leur cœur est toujours là, que Dieu seul voit. Le plus agressif contre nous peut être celui dont Dieu touchera le cœur en premier.
Alceste.
Cette analyse souligne le fait qu'internet est chronophage et trop dans l'instantané. On est d'accord. En revanche le reste me parait a côté du sujet.
Internet est un outil d'information et de communication. Ce n'est pas une organisation.
C'est comme mélanger la presse (en fait les media) et les acteurs de la société politique, civile, ecclésiale...
Il y a une réelle urgence pour informer et former les catholiques. Tous les jours on tombe sur des âneries dans les média voir des mensonges organisés.
Le web est la chance des catholiques pour reprendre ce sujet à peu de frais (je ne parle pas de la peine des blogueurs mais des frais financiers).
Les KTO de la génération de 68 ont soit perdu la foi et basculé dans le fourre-tout politiquement correct soit se sont extraits du système.
Il reste que le vrai message chrétien pour notre monde aujourd'hui est absent de la société.
Informer et mettre en réseau ceux qui rejettent la société 68 est une priorité.
Ce qui se passe en France est éclairant à ce sujet.
La montée de la contestation a propos du mariage pour tous à été possible grâce à la mise en relation d'un tas de personne en hibernation.
Le Salon Beige compte 1.1 millions de visite en une semaine. Ça en dit long sur la mutation en cours.
Ces personnes ne vont plus se renseigner dans la presse complice mais dans un blog tenu par des bénévoles !
Dit qu'on tourne en rond est inapproprié.
Tout cela ne changera pas la face du monde en une semaine. Mais une étape a été franchie : les journaux sont lu avec méfiance (à raison) et certains blogs sortent des tiroirs infamants dans lesquels certains les cataloguaient.
Pourquoi ? Parce que les opposants au mariage dit pour tous ont fait l'expérience dans la rue et ont vu la différence e ter del récit de la presse et celle des blogs. CQFD
Alors les amis continuez, ne lâchez rien !
Comme dit Zemmour on attend tous la fin de cette société soixante huitarde et je sens que les premiers signes apparaissent. Ne tournez pas la page maintenant !
Bernie
"Internet est un outil d'information et de communication. Ce n'est pas une organisation. "
C'est mon métier :)
"En revanche le reste me parait a côté du sujet. "
Mon activité professionnelle (médias, communication) d'un côté, ma modeste expérience de blogueur de l'autre et enfin des discussions avec d'autres blogueurs aussi (voire plus) engagés que moi m'incitent à penser que, non, je ne suis pas à côté du sujet.
Nous sommes un certain nombre à ressentir une certaine lassitude, non pas d'Internet, mais de la façon dont nous sommes happés par lui. Plutôt qu'être dans le monde Internet, nous devenons du monde Internet si nous n'y prenons garde. Alors, oui, se ressourcer, prendre de la distance, réfléchir en prenant un petit congé sabbatique peut être bienvenu, nécessaire voire salutaire au sens le plus chrétien du terme.
Quand je dis que je tourne la page, continuez un tout petit peu la phrase. Je ne ferme pas un livre mais souhaite commencer un nouveau chapitre. Les messages reçus d'amis blogueurs (ainsi que le recul effectué également par d'autres) me convainquent donc que j'ai raison.
La question n'est pas d'avoir raison ou tort.
Je comprends que la difficulté de l'invasion internet dans nos vie est réelle.
Du repos, un break, c'est bon. C'est nécessaire.
En fait je ne dois pas bien comprendre ce que vous entendez par tourner la page.
Moi je comprends que ce blogueur entendait que tout est plié.
En fait tout contine. Il y aura PMA et GPA...
La perception des lecteurs peut etre celle de l'abandon, du renoncement.
Bonne soirée et merci pour votre travail !