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Père, Fils et Saint Esprit

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Evangile du Dimanche de la Trinité : Jean, chap. 16, vv 12-15 :

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu'il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (homelies.fr - Archive 2007)

« Les temps sont accomplis : le Règne de Dieu est tout proche » (Mc 1, 14) : tel est le message proclamé par Jésus à l’aube de son ministère public et dont il va expliciter progressivement le contenu par toute sa vie, sa mort et sa résurrection. La Bonne Nouvelle, c’est que Dieu le Père règne en son Fils Jésus-Christ, agissant dans l’Esprit. Cette présence trinitaire bienveillante ne s’est pas interrompue au moment de l’Ascension : Jésus demeure présent et agissant au cœur de son Église, « tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20). Par l’Esprit « qui nous guide vers la vérité toute entière », Notre-Seigneur nous dévoile le visage du Père et nous fait participer à sa vie filiale.

Cette révélation trinitaire qui parcourt tout l’évangile, culmine dans le triduum pascal : le Père a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique. L’absolu de la filiation du Christ nous est révélé le vendredi saint lorsque Jésus se livre à la mort avec une confiance inébranlable dans la puissance vivificatrice de son Père. Au matin de Pâques, le Père nous révèle l’absolu de sa paternité lorsqu’il relève son Fils d’entre les morts et l’exalte à sa droite en tant que Seigneur et Sauveur universel. Enfin le jour de Pentecôte, Jésus ressuscité envoie d’auprès du Père l’Esprit Saint, en qui nous devenons participants de la vie divine (2 P 1, 4), cohéritiers avec le Christ, partageant sa filiation dans l’unique Esprit.

Ainsi les trois Personnes sont solidairement impliquées dans le mystère de notre salut : l’initiative vient du Père qui envoie le Fils, et c’est vers le Père et en lui que converge l’humanité réconciliée, sous la conduite de l’Esprit. C’est le Paraclet en effet qui conduit l’Église-Épouse jusqu’à la cité sainte où son Époux l’attend. Pour nous qui sommes encore en chemin, les Béatitudes nous enseignent que les vicissitudes du temps présent ne sont pas un obstacle à la participation à la gloire du Père, puisque celle-ci resplendit déjà sur la face du Christ pauvre, doux, miséricordieux, assoiffé de justice, persécuté. Les épreuves de la vie sont le creuset dans lequel sont purifiées notre foi, notre espérance et notre charité, car « la détresse produit la persévérance ; la persévérance produit la valeur éprouvée ; la valeur éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne trompe pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, qui nous a été donné » (2nd lect).

Tout au long de ce cheminement, qui se déroule dans le clair-obscur de la foi, l’Église ne se lasse pas de chercher les traces de son Seigneur. Elle se plonge bien sûr dans les Écritures pour y rencontrer celui que son cœur aime ; mais elle s’instruit aussi dans le grand livre de la Nature, que le Seigneur a orné de tant de beauté, afin que sa présence et son action y soient perceptibles par tous. La création toute entière en effet est l’œuvre de la Trinité. « Le Père ne prononce qu’une seule Parole, et il la prononce dans un éternel silence » (Saint Jean de la Croix) ; mais ce Verbe unique contient en lui le germe de toutes créatures. C’est en effet « en lui, le premier-né par rapport à toute créature, que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui » (Col 1, 15-17). Aussi la Sagesse incréée se reflète-t-elle dans tous les êtres, couvrant de son ombre le monde inanimé, laissant des vestiges de sa beauté dans les êtres vivants, et créant l’homme « à son image et selon sa ressemblance » (Ga 1, 26), afin de pouvoir l’épouser lorsque les temps seraient accomplis. Dans son Itinéraire de l’esprit vers Dieu, saint Bonaventure s’écrie plein d’émerveillement :

« Celui que tant de splendeur créée n’illumine pas est un aveugle. Celui que tant de cris n’éveillent pas est un sourd. Celui que toutes ces œuvres ne poussent pas à louer Dieu est un muet. Celui que tant de signes ne force pas à reconnaître le Premier Principe est un sot. »

Oui nous en avons la paisible certitude : « Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total » (Col 3, 19) ; c’est en lui que le Père veut « nous introduire en sa présence, saints, irréprochables et inattaquables. Mais il faut que par la foi, nous tenions solides et fermes ; ne nous laissant pas détourner de l’espérance que nous avons reçue en écoutant l’Évangile proclamé à toute créature sous le ciel » (Col 3, 22-23), et que l’Esprit nous fait connaître.

Dès à présent nous pouvons déjà jouir des prémices de ce qui constituera notre béatitude éternelle, car dans sa folie d’amour, le Dieu trois fois Saint a voulu élire sa demeure dans notre cœur. « Nous portons notre ciel en nous », écrivait Saint Élisabeth de la Trinité, car « l'Amour, l’Amour infini qui nous enveloppe, c’est toute la Trinité qui repose en nous ». Nous sommes la demeure de la Trinité ; la Trinité est notre demeure : « La Trinité, voilà notre chez nous, la maison paternelle d'où ne devons jamais sortir ».

« Seigneur, à voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, que sommes-nous pour que tu penses à nous et nous prennes en souci » (Ps 8) ? Toutes ces merveilles que nous pouvons contempler chaque jour et que nos intelligences commencent à peine à sonder, nous dépassent infiniment et chantent ta gloire bien mieux que nous ne pourrions le faire. Et pourtant, c’est « avec les fils des hommes que tu trouves tes délices » (1ère lect.) ; tu as voulu élire ta demeure dans le cœur de ceux qui t’ignorent, te refusent, te rejettent. Ne permets pas que nous soyons ingrats ; guéris-nous de notre cécité ; donne-nous de reconnaître les signes de ta présence et de te glorifier pour ta patience, ta miséricorde et ta bonté, toi qui es Père, Fils et Saint Esprit, Dieu d’amour à jamais vivant. Amen ! »

Père Joseph-Marie

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