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Ce que révèlent les cent premiers jours du pontificat de François

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« Un homme conduit par l’Esprit » par Stefania Falasca (Source - traduit de l'italien)

Cent jours avec François

Après les cents jours du pontificat du Pape François, on peut largement observer qu’il a démontré par ses gestes et paroles son attachement au nom qu’il s’est choisi, un nom symbolique, étroitement lié à la conversion de la vie et à un christianisme vécu avec une profonde authenticité.

Il est aussi naturel que ses principes de pensée et son regard sur l’Eglise soient en  rapport avec la spiritualité ignacienne, étant donné sa formation. La capacité de discernement au travers du filtre intérieur pour sortir du mal vers le bien est en effet un des point majeur et un des « trésors » de la pensée ignacienne que le Pape Bergoglio applique non seulement à son cheminement personnel mais aussi à son activité pastorale et à sa façon de gouverner, de s’imposer au sein de l’Eglise.

images.jpgParmi les modèles auxquels le Pape se réfère se détache un maître mais dont le nom n’est pas encore répandu mais pourtant indiqué comme tel par le Pape lui-même. Un maître qui vécut il y a cinq siècles et avec lequel se perçoivent des affinités sélectives et une convergence de pensée. Il s’agit d’un jésuite de la première heure, le premier compagnon d’Ignace de Loyola à la Sorbonne, le premier prêtre de la Compagnie de Jésus qui fut, à tous les niveaux et de façon singulière, un artisan de la réforme catholique et un précurseur de l’œcuménisme. Il s’agit de Pierre Favre.

Né en Haute-Savoie en 1506, il meurt à Rome en1547 quelques semaines avant son départ pour le Concile de Trente. Même s’il est peu connu aujourd’hui,  son nom et son œuvre sont liés au moment crucial d’une période durant laquelle on assista à des retournements et à des déchirements au sein de la chrétienté, situation très semblable à celle que l’on vit aujourd’hui. Ignace disait souvent de lui : « c’est quelqu’un qui fait jaillir l’eau de la roche ». Il l’indiquait comme le guide spirituel le plus efficace par son don de conduire les âmes à Dieu et il ne cacha pas son intention de vouloir l’installer à sa place à la tête de la Compagnie à Rome. Le futur docteur de l’Eglise, Pierre Canisius, amené au Christ par le Père Favre, disait « n’avoir jamais vu, ni entendu qu’il y eut un théologien plus sage et plus profond, ni quelqu’un à la vertu plus éminente et rare. »

La physionomie du Père Favre qui émerge de ses écrits est celle d’un contemplatif en action, d’un homme attiré sans répit vers le Christ, maître d’oraison, expert à discerner les esprits, compréhensif envers les personnes, passionné par la cause des frères séparés. Les intuitions les plus typiques du Père Favre proviennent chez lui de dons totalement reçus se rapportant au  « magistère affectif » c'est-à-dire à la capacité de communiquer spirituellement avec les personnes, à la grâce de savoir pénétrer dans les conditions de chacun.

Ainsi conduisit-il au Christ, sans prosélytisme, de nombreuses personnes de toutes conditions et de tous les lieux qu’il traversa au cours de son ministère : France, Italie, Allemagne, Espagne, Portugal. Traversant l’Europe il voit et ressent toutes les misères ce qui le rend extraordinairement compréhensif et accueillant, spécialement préparé à comprendre immédiatement chacun.

Sans déranger personne, il se révèle capable d’attirer les autres vers le Christ par l’évidence de sa propre spiritualité personnelle, marquée par un profond et authentique rapport à Dieu.

Dans ses réflexions sur l’Esprit-Saint se trouvent ses affinités profondes avec le Magistère du Pape François.

Le père Favre écrivit une espèce de journal intime, le « Memoriale », afin d’y consigner l’action de Dieu dans sa vie. De ce « Memoriale » émerge la sensibilité d’un homme qui a vécu une longue expérience de l’action de l’Esprit-Saint par lequel il se sent continuellement conduit, protégé dans son corps et souvent illuminé en son âme

L’Esprit le conduit à un constant discernement de la volonté divine non seulement en ce qui concerne sa vie intérieure, mais aussi en ce qui concerne son apostolat. L’action apostolique du Père Favre n’est pas possible sans être disciple de l’Esprit-Saint lequel conduit non seulement à ce qu’il est utile de faire mais inspire la façon de le faire. Cet aspect à été plusieurs fois repris par le pape François et le père Favre est alors explicitement cité, par exemple lors d’une méditation de 2005 « l’humilité,  chemin vers Dieu ».

« Le Spiritus principalis, droit et bon » comme l’appelait le père Favre lui permet d’être toujours plus intimement uni au Christ. Il fait l’expérience de la façon dont l’influence de l’Esprit de Dieu élargit son cœur vers toute chose et vers chaque homme. Cette ouverture du cœur se concrétise dans la prière de supplication, dans la promptitude au sacrifice, dans l’action de grâce envers Dieu au nom de ceux qui n’ont pas de gratitude, dans la préoccupation envers les nations et leurs responsables, ainsi que pour les personnes les plus ignorées et les plus pauvres.

Tout ce cheminement est imprégné et immergé dans la prière. Le croisement fécond de la prière et du service est souvent le sujet des réflexions du Père Favre. Ceci apparaît habituellement au travers de l’accomplissement de son ministère en tant que prêtre : les confessions, les prédications, l’administration des sacrements. Dans les pages de son « Memoriale », ardentes de charité apostolique, on pourrait percevoir une anticipation des exhortations du Concile Vatican II adressées aux prêtres pour qu’ils unissent leur vie intérieure à l’exercice de leur ministère.

Il n’est donc pas étonnant que les paroles de Pape François semblent faire écho à celles du Père Favre : « Essaye continuellement de te renforcer dans l’Esprit de Dieu, pour être libre face pour un plus grand et divin service, c’est Lui qui ouvre le cœur des hommes, Lui qui fait avancer son Eglise. »

Stefania Falasca 

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