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Cinq mots pour résumer la foi chrétienne

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Jean-Pierre Snyers propose cinq mots pour situer l'essentiel de la foi chrétienne :

Finalement, l'essentiel de la foi chrétienne tient en cinq mots : création, chute, incarnation, rédemption, résurrection. Telle est sa colonne vertébrale. Niez l'un d'entre eux ; tout l'édifice s'écroule et la prédication apostolique se transforme en une mixture aussi inodore qu'insipide. Cinq mots qu'il convient de dire et de redire, de graver une bonne fois pour toutes dans la tête de ceux que nous sommes appelés à catéchiser.

Création ? Avant d'être créateur de ce monde visible, Dieu a créé le monde invisible : celui des anges. Quand ? Hier, aujourd'hui et demain. Réponse « absurde » à une question absurde dès que l'on a à l'esprit que Dieu est l'éternité qu'il est une « une autre dimension ». Caractéristique de ces êtres vivants ? La liberté : l'incroyable faculté de « ne pas être obligé de... ». L'inverse de ce que sont les robots.

Chute ? Par un orgueil incompréhensible, certains de ces anges se sont révoltés. Ceux à qui Dieu avait donné de l'être ont voulu devenir l'Etre ; rejeter et dépasser Celui qui est la perfection et l'existence. Le rejet :  l'enfant qui dit à son père : « Je ne te connais pas, tu n'es pas mon père ».  Conséquence : drame incommensurable ; le mal naît et avec lui, l'inverse de la vie ( la mort). Nouvelle création : l'univers que nous connaissons. Il devait être bon (et il l'est à certains égards), mais il est détraqué. Dès le big bang, la trajectoire part en zigzag. Les responsables ? Les anges déchus, les démons. Admirable sur le plan de sa finalité (de l'amibe à Einstein, avouez que l'on va du plus simple au plus complexe), la création ne l'est pas sur le plan des moyens (cataclysmes naturels, extermination des faibles par les forts, disparitions violentes de certaines espèces animales...). Je sais qu'il y en a qui affirment que Dieu a fait un monde inachevé, que c'est à nous qu'il appartient de le rendre meilleur. Allons bon ! Qui peut se contenter d'une réponse aussi naïve ? En quoi cela peut-il expliquer la présence de lois naturelles aussi brutales qu'indignes d'un être infiniment bon ? Bref, si Dieu est l'auteur d'un univers aussi ambivalent que celui que nous connaissons, je ne suis pas pressé de le rencontrer. Poursuivons. « Arrive » l'être humain. Doué de liberté, il emboîte le pas au mal. Cependant, à la différence des anges déchus, il ne le crée pas, il ne fait que lui dire « oui ». Vous suivez ? Résumons. Le monde tel que nous le connaissons n'est plus celui qui était prévu dans le plan de Dieu. Par exemple, la mort n'en faisait pas partie. « C'est par l'envie du diable que la mort est arrivée », dit l'Ecriture. « Dieu n'a pas fait la mort », dit-elle encore.

Incarnation ? Que pouvait faire notre Créateur face à cette situation ? Laisser l'univers tel qu'il est ?... C'est alors « qu'une idée folle lui est venue » (excusez-moi pour cette expression inadéquate). Quelle idée ? Devenir lui-même créature pour lui donner la chance de redevenir ce pourquoi elle était faite. La conséquence du péché étant la mort, qui pouvait nous délivrer sinon Dieu lui-même ?

Rédemption ? Qu'est-ce à dire ? Dans son « Petit catéchisme », Jean Guiton nous offre une image éclairante. Je vous la livre telle que je m'en souviens.« Imaginons, un filet à l'intérieur duquel des oiseaux sont prisonniers. Impossible de le traverser. Sans un secours extérieur, tous sont voués à la mort. Mais voici que surgit du ciel un oiseau plus fort que les autres qui, au péril de sa vie, parvient à traverser ce fameux filet. Grâce à son sacrifice, tous les oiseaux prisonniers sont maintenant délivrés, libres de s'envoler vers le ciel ». Voilà ce que le Christ a accompli pour nous sur la croix. Mort à notre place. A sa suite, saint Maximilien Kolbe l'aura imité. Mort à Auschwitz à la place d'un père de famille. Vous me direz peut-être : pourquoi Dieu n'a-il pas fait de même pour les anges déchus ? La réponse tombe sous le sens. Comment voulez-vous que Dieu s'incarne en un démon ; c'est à dire en un être qui est, si j'ose dire, « le mal à l'état pur » ?   Que deviendront les démons ? A mon sens, ils disparaîtront. En s'enfonçant toujours plus dans une espèce d'entonnoir, de moins-être en moins-être, ils finiront dans l'anéantissement.

Résurrection ? L'apothéose : le sommet du sommet de la foi chrétienne. L'éternité enfin retrouvée. Oui, « retrouvée ». Si, comme l'a écrit Lamartine : « L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux », nous savons au fond de nous-mêmes que nous sommes faits pour une autre réalité que celle que nous connaissons. En nous, subsiste une « nostalgie d'un paradis perdu ».  De grâce n'attendons pas en cette vie terrestre ce que Dieu nous promet pour l'au-delà. A la question : « Quel est selon vous le plus grand mal de notre époque ? », Gustave Thibon répondait : « Exiger du temps qu'il tienne les promesses de l'éternité. Simone Weil a tout dit : « Dieu et l'homme sont comme deux amants qui se sont trompés sur le lieu du rendez-vous : l'homme attend Dieu dans le temps et Dieu attend l'homme dans l'éternité ».

Voilà. Terminé. Je sais que mes propos sont bien imparfaits. Je sais aussi que j'ai usé de mots humains pour parler de ce qui échappe à nos sens. Tant pis ! Ma réflexion est une approche. Sans plus !  Nous aurons tous des questions à poser lorsque nous arriverons là-haut. Puissions-nous au moins garder à l'esprit les cinq mots sans lesquels le christianisme n'a plus aucune raison d'être.

Jean-Pierre Snyers - jpsnyers.blogspot.com 

Commentaires

  • Il me semble qu'on peut nuancer le jugement porté sur notre monde. En effet, il fonctionne et évolue sans désemparer, depuis treize à quatorze milliard d'années, avec les mêmes quelques lois et constantes universelles de départ. Sans révision, sans réparation, sans entretien. Avouons que nous serions heureux et fiers, en tant qu'hommes, de pouvoir créer une machine aussi gigantesque et aussi extraordinairement fiable.
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    En fait, ce que nous appelons 'cataclysme naturel' ne résulte que de la perception imparfaite que nous avons de ce monde. Or, une avalanche (de neige ou de pierres) par exemple n'est pas un 'cataclysme' pour le monde, puisqu'elle répond à la loi universelle de la gravitation, sans laquelle notre monde n'existerait pas, ou serait un chaos inimaginable. Nous ne pouvons 'juger' le monde créé par Dieu à l'aune de notre imperfection. Si les avalanches n'existaient plus, ce serait alors le signal d'un vrai 'cataclysme' pour notre monde qui s'écroulerait.
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    De même, peut-on parler d'une 'extermination' des faibles par les forts dans le monde du vivant ? Je ne me sens pas une âme d'exterminateur en mangeant une truite ou une fraise, qui sont des êtres vivants plus faibles que moi. Le propre du vivant est lié à sa survie à travers les multiples chaînes alimentaires croisées. Et lorsqu'un virus me parasite, se nourrit de mon corps et m'extermine (si on veut parler ainsi) qui donc est le faible et le fort ?

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