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Le malaise de la génération Jean-Paul II et Benoît XVI

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A la question (formulée ICI) :

"La génération Jean Paul II, puis Benoit XVI qui s'est construite sur une anthropologie morale très exigeante est-elle déstabilisée par le virage pris par le Synode?"

Jean-Marie Guénois répond : 

"Il est clair que la génération Jean-Paul II et Benoît XVI, clerc ou laïque, est plongée dans un profond embarras. Le malaise est maintenant certain. Très engagée, cette génération est partagée en raison de sa loyauté, de sa fidélité au pape et de sa foi chrétienne, très profonde dans l'Eglise catholique - on ne le souligne pas assez car l'Eglise n'est pas une organisation de courants politiques mais une association de croyants - et de ses engagements sociaux réels. On raille tellement facilement les familles nombreuses catholiques, avec leur «catho-mobile», leurs looks «cyrillus» digne de la sympathique caricature du film de «la vie est un long fleuve tranquille». Les cathos sont les premiers à s'amuser de cela et ils manient comme tous l'autodérision et l'humour.

Mais François connaît mal le concret de la situation des catholiques en Europe et aux Etats-Unis. Il semble ne pas percevoir que ces familles plus nombreuses que la moyenne ont certes des allures bourgeoises - et certaines le sont profondément - mais elles ne sont plus ce qu'elles sont par mimétisme social mais par conversion profonde à la suite des appels à la «sainteté» de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Elles sont encore moins les riches familles de Buenos Aires avec plusieurs chauffeurs attitrés quand ce n'est pas un pilote d'hélicoptère familial!

En Europe ou aux Etats-Unis, les familles catholiques dites aisées ne le sont pas quand elles deviennent nombreuses. Beaucoup d'évêques français par exemple - alors que cette prévenance anti famille catho n'existe pas dans d'autres épiscopats - semblent, par pure idéologie, comme aveugles devant cette réalité sociale. Au lieu de la regarder en face ils y voient des habitus bourgeois ou soupçonnent une volonté de reproduction sociale alors qu'il y a là une véritable générosité et un lourd sacrifice d'ouverture à la vie…

Très dur donc pour cette génération de familles chrétiennes de constater que l'Eglise catholique qui devrait les saluer et les soutenir - ce que tant de prêtres et beaucoup d'évêques font admirablement - ne les reconnaît pas pour ce qu'ils sont en vérité et non en caricature. Ils se sentent comme raillés, catalogués, comme n'étant peut-être pas de «vrais» chrétiens parce qu'ils ne seraient pas des militants de l'option préférentielle pour les pauvres…

Or pauvres, ils le sont souvent, si l'on rapporte souvent le seul salaire au nombre de personnes à charge… Par ailleurs, les organismes humanitaires catholiques savent très bien que beaucoup de dons viennent de ces familles. Il y a un authentique engagement chrétien dans ces familles qui sont d'ailleurs - ce n'est pas un hasard - les principales pourvoyeuses de vocations religieuses.

Il ne faudrait donc pas qu'une forme d'injustice idéologique soit exacerbée par certains caciques du pontificat (actuel) pour frapper les générations Jean-Paul II et Benoît XVI qui forment les forces vives de l'Eglise de France (et pas seulement de France) et qui n'ont surtout pas besoin d'être découragées en ce moment.."

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