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Ce catho-laïcisme qui pervertit la culture catholique

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Interrogé par la Nuova Bussola Quotidiana, Mgr Negri - qui vient de fêter à Ferrare le 10e anniversaire de sa consécration épiscopale - dénonce les méfaits du laïcisme qui s'est introduit au sein de la culture catholique (extraits) :

"Pauvreté culturelle". Le lien entre foi et culture a été au centre de la réflexion de don Giussani et de Jean-paul II. 

Cette citation de Jean-Paul II a confirmé et élargi l'enseignement de don Giussani à propos de la foi et de la culture: "La foi qui ne devient pas culture n'a pas été vraiment accueillie, pleinement vécue, humainement repensée". Adoptant ce point de vue, je perçois là un grand malaise. L'irruption d'une sorte de catho-laicisme  au sein de la culture catholique. Un catholicisme qui essaie de cohabiter avec un laïcisme constitué essentiellement par le refus de la tradition chrétienne, voire de la présence chrétienne. Prenons un exemple: l'histoire de l'Eglise lue et interprétée presque universellement, même dans le monde catholique, comme une histoire dont il faut se libérer, plus remplie d'ombres et d'erreurs, de fautes et d'incompréhensions, que de clarté. Il s'agit ici d'une irréalisme total, auquel même les saints échappent de justesse, mais seulement selon une acception moraliste et piétiste qui ne rend pas gloire aux saints, mais illustre bien la mesquinerie intellectuelle avec laquelle l'histoire de l'Eglise est abordée. 

Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

Depuis quelques années, durant la messe, j'invoque chaque jour Antoine Eleonore Leon Leclerc de Juinier, évêque de Paris de 1782 jusqu'à son renoncement à l'archiépiscopat par refus de se soumettre à Napoléon. Il se rendit à l'Assemblée Constituante quand celle-ci décréta la confiscation des biens de l'Eglise et fit une déclaration très simple: " Saisissez-vous de cet argent, vous avez l'arrogance pour le faire et vos lois vous y autorisent. Mais, moi, je peux vous prédire ce qui arrivera: en quelques mois, vous répartirez ces biens à bas prix entre vous et les pauvres seront sans la moindre ressource car, depuis des siècles, l'Eglise a utilisé son argent et ses biens dans un unique but: rendre moins amère la misère des pauvres." Existe-t-il aujourd'hui quelqu'un, y compris parmi les ecclésiastiques, qui non seulement aurait connaissance de ces faits, mais se sentirait en accord profond avec cet homme précisément parce qu'il s'est fait la voix d'une conscience authentique et critique de l'histoire de l'Eglise? Est-il acceptable que des ecclésiastiques, des hommes de culture catholique, aient a priori une position destructrice face à l'Eglise et à son histoire, s'accordant à sauver tant bien que mal l'Eglise d'aujourd'hui, comme si l'Eglise d'aujourd'hui était née ou naissait à l'improviste, sans aucun lien vital ou existentiel avec la tradition qui, partant de Jésus et de ses disciples, arrive inévitablement à nous.

Vous avez parlé de catho-laicisme à d'autres occasions... 

Il n'est pas concevable, et il est insupportable, que les médias anticatholiques, laïcisés, soient en mesure de pénétrer aussi massivement et lourdement dans la vie de l'Eglise, que ce soient eux qui déterminent l'image des prêtres de première catégorie que l'on oppose au pauvre clergé qui a vécu son existence selon les circonstances concrètes de sa vie, en obéissant à ses bergers et en cherchant à améliorer la vie du peuple qu'il guidait. Accepter que le modèle de vie ecclésiastique soit formulé selon le point de vue de ceux qui jusqu'à présent - et aujourd'hui encore - veulent la perte de l'Eglise, est une position suicidaire.

En dix ans, beaucoup de choses ont changé dans le monde. Aujourd'hui, la persécution des chrétiens est un phénomène sans précédents...

Depuis que j'ai fait afficher le signe du Nazaréen images.jpgsur le fronton du palais épiscopal, presque chaque jour, des centaines de touristes s'arrêtent et demandent des explications, la plupart ne sachant meme pas ce que cela signifie. Cependant, cette persécution nous rappelle que nous vivons un combat eschatologique entre la culture de la vie - l'avènement du Christ - et la culture de la mort, qui est le néant, et qui devient l'alternative à Dieu. Voici donc les proportions de l'affrontement dans lequel nous vivons, nous devons être conscients que la dimension du martyre mord notre quotidien. Nous devons savoir que, ce qui est en jeu, c'est une adhésion au Christ qui nous met face au monde comme des personnes susceptibles d'etre éliminées d'un moment à l'autre. (...)

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