Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le pape et la politique

IMPRIMER

De Bruno d’Otreppe dans « La Libre » :

François péroniste.jpgLe site Vatican Insider relevait cette semaine que François a refusé un don de 16 millions 666 mille pesos argentins (ce qui équivaut à un peu plus d’un million d’euros). Celui-ci avait été offert par le président Mauricio Macri à la fondation pontificale Scholas Occurrentes. Le Pape, demandant de refuser le don, aurait écrit dans un post-scriptum pour argumenter sa réponse qu’il n’aimait pas ce chiffre "666".

 Il est difficile d’affirmer que ce post-scriptum décrit la principale raison du refus du Pape. Il en va sans doute d’un clin d’œil ironique dont il est friand. Ce qui est certain par contre, c’est que le Pape et Mauricio Macri ne sont pas les meilleurs amis du monde, et que le Pape et le diable sont les pires ennemis du monde. 

Macri et François, c’est peu dire, ne partagent en effet pas la même vision de la politique. Libéral avant tout, le nouveau président argentin prend des décisions économiques qui sont loin de ravir les mouvements sociaux de son pays avec lesquels François garde de bonnes relations. La rencontre entre les deux hommes en février dernier au Vatican fut d’ailleurs qualifiée de froide. Et le Pape aurait vu dans le don de Macri un geste politique, intéressé et presque hypocrite alors que de nombreuses mesures d’austérité sont à l’agenda du gouvernement argentin. 

Mais ce post-scriptum rappelle aussi à quel point le pape François a ressorti la figure du diable qu’il évoque continuellement. Alors que les catholiques eux-mêmes l’avaient presque remisé dans des recoins de sacristie, François ne cesse de leur rappeler que le "prince du monde" est un acteur réel qui est loin d’être un mythe ou une métaphore. "De quoi dois-je me défendre ? Que dois-je faire ? s’est un jour inquiété François. ‘Endosser l’armature de Dieu’ , nous dit saint Paul, car ce qui est de Dieu nous protège, pour résister aux tentations du diable. Est-ce clair ?" Le sourire du Pape cache parfois de bien graves mises en garde. Mauricio Macri n’a plus qu’à se tenir coi.

Ref. Le Pape, le diable et le président argentin

Classé au centre-droit de l’échiquier politique, Mauricio Macri est président de la république argentine depuis le 10 décembre 2015. Il succède à la péroniste Cristina Kirchner qui ne pouvait se représenter.

JPSC

Commentaires

  • Voici une belle leçon que Messieurs Kockerols et De Kesel devraient lire et prendre pour leur compte, eux qui se cache derrière une soit disant approbation de leur décision du Saint Siège: Les propos du Sait Siège sont directement à l'opposé de leurs actions.

    Prions pour ces pauvres hommes.

  • Que le pape refuse un cadeau, c'est son problème.

    Que le pape soit l'adversaire politique d'un président d'Argentine... Quelle importance ?

  • Extrait du dernier billet en date de Sandro Magister sur le site
    http://chiesa.espresso.repubblica.it

    Asuncion, le 11 juillet 2015, au cours du discours qu’il a prononcé devant les représentants de la société civile du Paraguay, au premier rang desquels se trouvaient le président Horacio Cartes et les autres autorités du pays.

    À un moment donné, le pape a cessé de lire le texte écrit qu’il avait sous les yeux et il a improvisé en ces termes :

    "Il y a [une] chose que, avant de terminer, je voudrais mentionner. Et cela, comme il y a des politiciens présents ici – y compris le Président de la République – je le dis fraternellement, n’est-ce pas ? Quelqu’un m’a dit : ‘'Écoutez, telle personne a été séquestrée par l’armée, faites quelque chose’'. Je ne dis pas que ce soit vrai, ou que ce ne soit pas vrai, que ce soit juste, que ce ne soit pas juste, mais l’une des méthodes des idéologies dictatoriales du siècle passé, auxquelles je me suis référé tout à l’heure, c’était d’éliminer les gens, ou par l’exil, ou par la prison, ou dans les camps d’extermination nazis ou staliniens par la mort, n’est-ce pas ? Pour qu’il y ait une vraie culture chez un peuple, une culture politique et du bien commun, [il faut qu’il y ait aussi] des procès rapides, des procès transparents. Et un autre genre de stratagème ne sert pas. La justice transparente, claire ! Cela va nous aider tous. Je ne sais pas ça existe ici ou non, je le dis avec tout le respect. On m’en a fait part quand j’entrais. On me l’a dit ici. Et il m’a été demandé de prier pour quelqu’un. Je n’ai pas bien entendu le nom de famille".

    Le nom que François n’avait pas "bien entendu" était celui d’Edelio Murinigo, un officier kidnappé, depuis plus d’un an, non pas par l’armée régulière paraguayenne – contrairement à ce que le papa avait compris – mais par l’"Ejercito del pueblo paraguayo", un groupe terroriste marxiste-léniniste actif dans le pays depuis 2008.

    Et pourtant, bien qu’ayant affirmé très clairement son ignorance à ce sujet, François n’a pas craint d’utiliser les informations peu nombreuses et peu claires qu’il avait mal entendues peu de temps auparavant pour accuser carrément le président paraguayen d’un crime assimilé aux pires méfaits nazis ou staliniens et dont il n’était pas coupable.

    Honneur au président Cartes pour l’élégance avec laquelle il s’est abstenu de réagir à l'impressionnant affront public qu’il avait reçu.

Les commentaires sont fermés.