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"Spiritus Domini" : la leçon du pape François sur comment instituer des ministères féminins

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Denis Crouan, sur pro Liturgia, adapte une note publiée par Daniel Millette sur "One Peter Five" :

"Spiritus Domini" : la leçon du pape François sur comment instituer des ministères féminins :

Dans un moment d’égarement, j’ai lu le dernier Motu proprio du pape François : « Spiritus Domini ». Ce qui était particulièrement intéressant n’était pas que les femmes puissent être officiellement lectrices et acolytes : non. Ce qui était intéressant, c’est de voir la stratégie employée par le pape pour changer les choses. Un coup de stylo, une inspiration de l’Esprit Saint et voilà que les femmes pourront accéder aux sanctuaires jusqu’ici réservés aux ministres de l’autel.

En lisant Motu proprio, on est - si tant est qu’on tienne à la Tradition catholique - étonné, confus. « Spiritus Domini » commence par parler vaguement de charismes : on en a tous, écrit le pape qui rappelle qu’ils servent édifier l’Église. Fort bien. Mais soudain, ces charismes sont « appelés ministères parce qu’ils sont publiquement reconnus et institués par l’Église ». Transformer tous les charismes en ministères devant être reconnus par l’Église est pour le moins curieux, surtout si l'on considère le contexte de ce Motu proprio.

« La vérité rend libre » disait le pape Jean-Paul II. Ici, la vérité oblige à dire qu’avec son Motu proprio, le pape François approuve cette désobéissance qui, des années durant, a conduit certaines femmes à jouer aux acolytes et aux lectrices avec les encouragements des évêques diocésains. En résumé, la désobéissance est assimilée à un charisme.

Et ensuite ? François va-t-il approuver les péchés contre le sixième commandement sous prétexte que les gens les commettent de toute façon ? Va-t-il rendre la présence au messes dominicales facultative parce que de moins en moins de gens vont à l’église ? Après tout... On sait que quand on dépasse les bornes, il n’y a plus de limites.

L’idée des charismes et des ministères étant passablement confuse, François tente alors de s’en sortir en replaçant les « ministères laïcs » dans un contexte prétendument historique. Il explique que « suivant une vénérable tradition, l’accueil des “ministères laïcs”, que saint Paul VI régula dans le Motu Proprio “Ministeria quaedam” (17 août 1972), précéda en préparation la réception du sacrement de l’ordre, tout en conférant ces ministères à d’autres fidèles masculins convenables. » Autrement dit, si le pape dit qu’il va pleuvoir, il devra pleuvoir. Ou du moins devra-t-il y avoir une pluie que ne verront que ceux qui sont suffisamment saints et éclairés. Si François annonce que la “vénérable tradition” suivie par Paul VI pour ce qui concerne les ordres mineurs peut être rejetée au nom d’une « perspective contemporaine », alors il faut que les choses soient ainsi pour ceux qui sont assez éclairés pour les voir ainsi.

Le pape François poursuit : « Certaines Assemblées du Synode des Évêques ont souligné la nécessité d’approfondir doctrinalement le sujet... » Nous sommes en 2021. Nous sommes dans une crise mondiale. Et ce qui est le plus important, c’est d’autoriser des femmes à faire les lectures et à servir à l’autel. François sait-il que dans de nombreux pays, il y aura bientôt davantage de femmes dans le chœur des églises que de fidèles dans les nefs ? Sait-il que dans les pays où la pratique dominicale reste vive, la question des lectrices et des acolytes femmes ne se pose pas ?

En continuant la lecture du Motu proprio, on découvre que François évoque la nécessité de changer ce qui est en place. Le P. James Martin qui milite depuis longtemps pour le sacerdoce féminin et la bénédiction des couples homosexuels a dû bondir de joie en lisant de tels propos. Il va pouvoir changer ce qui est en place ! Et le pape de lâcher au passage une bombe sur le Code de Droit canonique qui précise que « les laïcs hommes qui ont l’âge et les qualités requises établies par décret de la conférence des Évêques, peuvent être admis d'une manière stable par le rite liturgique prescrit aux ministères de lecteur et d’acolyte » (Can. 230 - § 1). A quoi bon conserver un rite liturgique qui n’a plus guère de sens ?

Il y aurait bien d’autres choses à dire à propos du nouveau Motu proprio. D’abord qu’il ne donne pas les véritables raisons pour lesquelles les femmes peuvent devenir des acolytes et des lectrices. Le simple fait d’être une épouse, une mère ou même une religieuse n’est-il pas suffisant ? Est-ce plus valorisant pour une femme de servir un homme (prêtre) à une table (autel) devant une assemblée de plus en plus réduite et souvent vieillissante ? Ensuite, François répond-il à un vieux rêve féministe ou bien, comme il est légitime de le penser, veut-il préparer les esprits à la prochaine étape qui sera le sacerdoce féminin ?

Quoi qu’il en soit, ce qui ressort le plus dans “Spiritus Domini”, c’est l’utilisation dévoyée du terme “ministère”. Rien de surprenant. Quelle est la paroisse qui n’a pas un bataillon de ministres de quelque chose ? Il y a le ministère du réglage des micros, le ministère du chant, le ministère du décorum... Il y a aussi le ministère des signes : la personne qui l’exerce change l’ordonnancement de l’église aussi souvent qu’elle peut, ce qui lui permet de se sentir importante. On n’a pas encore songé à créer un ministère des ministères, mais cela ne saurait tarder : il serait chargé de distribuer les rôles aux fidèles qui veulent se sentir indispensables. Il va de soi que tous ces ministères pourraient être considérés comme des charismes.

Demeurent deux problèmes : le premier est que le sentimentalisme qui gouverne l’Église n’est pas un ministère ; le second, est que transformer le mot “ministère” en mantra n’a aucun fondement théologique.

Gageons que le ministère le plus utile aujourd’hui serait celui de la sauvegarde de l’Église. Pas besoin de Motu proprio pour l’exercer en toute légitimité.

(D’après Daniel Millette)

Commentaires

  • A lire l'article on se croirait revenu au 19 Eme siècle...mais qui a accompagné le Christ tout le long du chemin de croix alors que ses disciples avaient fichu le camp!!... combien de femmes s'investissent dans le catéchisme ( on compte les hommes sur les doigts d'une main et encore ) et une lectrice viendrait troubler l'ordre??? Quant à l'acolytat ( inexistant la plupart du temps d'ailleurs) je suppose qu'on parle d'enfants et pas d'adultes ....

  • "La vérité vous rendra libre" est surtout une citation de Jésus dans st Jean... Peut-être que la vérité serait surtout de savoir lire les signes des temps contrairement à ce que vous affirmez ici ?

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