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D'après Bruno Colmant, « nous avançons comme des somnambules vers la guerre »

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D'Olivier Mouton sur Trends Tendances (Le Vif) :

Bruno Colmant : « Nous avançons comme des somnambules vers la guerre »

31-05-2023

« Charles de Gaulle avait dit en son temps que le pire scénario serait une guerre russo-américaine sur le territoire européen, craint l’économiste, alors que l’escalade en Ukraine se poursuit. Nous y sommes. »

L’économiste Bruno Colmant exprime régulièrement sa préoccupation au sujet de l’évolution de la guerre en Ukraine. Cette semaine, il l’a réitérée dans un post sur LinkedIn : « Sans tomber dans les affres d’un pessimisme stérile, je crois que la guerre ukrainienne va se terminer de plus en plus mal. Certes, les actualités ont surmonté l’effet de sidération de l’attaque russe de 2022. Mais nous assistons, silencieusement, à une escalade…”

Le post a toutefois été supprimé par le réseau parce qu’il était illustré par une photo sur laquelle apparaissait le nazi Joachim von Ribbentrop, ministre allemand des Affaires étrangères sous Hitler, avant la Seconde guerre mondiale.

Bruno Colmant, qui est également officier de réserve, explique sa crainte singulière à Trends Tendances.

Quelle est votre préoccupation actuelle ?

J’ai le sentiment que nous avançons comme des somnambules vers la guerre. Nous sommes désormais entrés dans une phase où l’on fournit de l’armement offensif à l’Ukraine. L’Allemagne est réhabilitée en tant que puissance militaire comme elle ne l’avait plus été depuis 1945. Vraiment, je ne suis pas rassuré par l’évolution de cette guerre. On ne parle plus de paix, on ne parle que d’armement.

L’incursion au-delà de la frontière ou les drones à Moscou, cela vous inquiète ?

Oui, parce que l’on dépasse l’approche défensive pour passer à l’offensive. L’Union européenne se laisse entraîner par un courant inquiétant qui m’inquiète beaucoup. Charles de Gaulle avait dit en son temps que le pire scénario serait une guerre russo-américaine sur le territoire européen. Nous y sommes. C’est d’ailleurs pour cela que de Gaulle avait décidé des sous-marins nucléaires, afin de pouvoir tirer tous azimuts.

Bien sûr, nous pourrions aussi aller en Ukraine vers un conflit gelé comme une forme de Verdun des temps modernes. Mais au vu de la sophistication des armements, on pourrait assister à ses choses bizarres.

On vous reprochera de ne pas soutenir l’Ukraine et, ce faisant, de ne pas arrêter Poutine qui serait tenté d’agir de la même manière avec d’autre…

Mais est-ce vraiment cohérent de dire cela ? Poutine s’en prendrait-il vraiment à d’autres pays alors qu’il peine à gérer ses propres frontières ? Je n’arrive pas vraiment à le croire. On reste un peu trop dans la logique de 40-45 en pensant qu’un pays peut agir de la sorte. Il s’en prendrait, en outre, à des pays de l’Otan et ce serait cataclysmique.

Donc, un embrasement généralisé n’est pas possible ?

Le risque, c’est d’avoir une guerre dont le degré va encore augmenter, avec une sophistication et une implications plus grandes. On a déjà donné des armements défensifs, des missiles de courte puis de longue portée, des tanks, bientôt des F16… tout !

Il faut sortir de cette logique. Je ne comprends pas pourquoi les Nations unies n’initient pas par ailleurs un processus de paix.

Peut-être que j’exprime cela parce que je suis d’une génération à qui l’on a beaucoup parlé des deux guerres mondiales. Mais ce n’est pas en humiliant l’Allemagne après la Première guerre mondiale que l’on a empêché le désastre de la Seconde, bien au contraire.

Lire également : Le colonel Lawrence Wilkerson : « Les États-Unis utilisent l’Ukraine pour rétablir leur hégémonie sur l’Europe »

Commentaires

  • Mr Colmant est prudent et cohérent; il faut parler de paix et non d'augmenter sans cesse les dons d'armements à l'Ukraine. Le pouvoir en Ukraine est dans une vision nihiliste du tout ou rien, en sacrifiant une grosse partie de la jeunesse de leur pays sous les obus de la Fédération de Russie. Il y a de plus en plus de mercenaires polonais ou baltes et anglo-saxons et même djihadistes sur le front ukrainien. Cette logique de guerre, qui néglige nos propres besoins - il faudrait panser les plaies après la crise du Covid - est en train de nous amener à une guerre de pus en plus ouverte avec la Russie. Pour le plus grand bien de l'industrie de guerre anglo-américaine. Le cours des actions de fabrication militaire a bondi, comme ceux des entreprises pharmaceutique dans la crise précédente...

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