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"Aucun changement effectif"; ce que contient le rapport du Synode publié hier

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De Matthieu Lasserre sur le site de La Croix :

Place des femmes, célibat des prêtres… ce que contient le rapport du Synode

Analyse

Le rapport de la XVIe Assemblée du Synode des évêques a été publié samedi 28 octobre dans la soirée, après le vote des participants. Sans entériner aucun changement effectif, le document dessine une Église plus « inclusive », où la synodalité est érigée en maître mot.

29/10/2023

Dans la salle Paul VI, les pères et mères synodaux sont debout et applaudissent chaudement le point final d’un long mois de travaux. Vers 20 h 30, samedi 28 octobre, le pape François vient tout juste de conclure, après une courte prière les travaux de la XVIe Assemblée générale du Synode des évêques au Vatican. Les débats autour de l’avenir de l’Église catholique ont abouti, au terme de 1 251 amendements et d’un vote sur chaque paragraphe, d’un document précisant les contours d’une Église où chaque fidèle doit trouver l’accueil et s’impliquer dans ses décisions ; une Église ouverte aux pauvres, aux blessés et au monde.

Les 42 pages du rapport final, dont la totalité des paragraphes ont été approuvés aux deux tiers, se divisent en trois parties : synodalité, mission et communauté ecclésiale. Il détaille les opinions, les questions à traiter et formule 81 propositions qui devront pour la plupart être tranchées lors du prochain Synode des évêques, en octobre 2024.

Le document, sorte de « procès-verbal fidèle aux échanges » comme le qualifie un participant aux débats, couvre ainsi un vaste éventail de sujets, au risque de ne pas dégager de priorités majeures : œcuménisme, rôle des conférences épiscopales, diaconat féminin, formation à la synodalité, numérique, etc. En ressortant de la lecture du document se dégage l’esquisse d’une nouvelle manière de concevoir l’Église, les ministères et la mission, où l’inclusion et la participation de tous deviennent les maîtres mots - sans que rien n’ait encore été décidé. Les protagonistes du Synode s’étaient d’ailleurs attelés ces dernières semaines à tempérer les attentes des observateurs.

La place des femmes

Sans surprise, c’est au sein de la section « tous disciples, tous missionnaires », dédiée au souci de l’inclusion, que les opinions ont le plus divergé. Ainsi, la proposition de poursuivre « la recherche théologique et pastorale sur l’accès des femmes au diaconat » récolte le plus grand nombre de votes contre (67). Le rapport évoque également la possibilité que le résultat de ces études pourrait ne pas être présenté dès la prochaine Assemblée. Deux autres paragraphes mentionnant cette question ont reçu respectivement 69 et 61 oppositions. La place des femmes, à laquelle un chapitre entier est consacré, fait l’objet de nombreuses propositions : lutte contre la discrimination au travail au sein de l’Église, accès élargi aux responsabilités et à la formation théologique, évolution vers un langage plus inclusif.

Autre point qui suscitait la controverse ses dernières semaines : le célibat des prêtres. Pourtant, aucune proposition sur ce point ne devrait être au menu des discussions du prochain Synode. Le seul paragraphe survolant le sujet a été disputé (55 votes contre). « Différentes évaluations ont été exprimées », indique laconiquement le document. « Il ne s’agit pas d’un thème nouveau, qui doit être approfondi », peut-on lire, sans plus de précisions.

De la même manière, presque aucune mention n’est faite de l’homosexualité ou des personnes LGBT. « L’identité de genre » et « l’orientation sexuelle » ne sont évoquées qu’aux côtés de l’intelligence artificielle ou de la fin de vie pour parler de controverses dans la société ou pour « promouvoir des initiatives permettant un discernement partagé sur les questions doctrinales, pastorales et éthiques controversées ». Des voix se sont déjà élevées sur l’absence de réflexion ou de propositions ambitieuses, rappelant que beaucoup attendaient une prise de position sur la bénédiction des couples homosexuels.

Parmi les autres pistes de réflexion figurent l’élargissement du ministère de lecteur à la prédication, le renforcement du diaconat ou la capacité des évêques à rendre compte de leur travail. Autant d’évolutions potentielles qui témoignent d’un décentrement de l’Église susceptible de la rendre mieux à même de rejoindre les fidèles dans le monde actuel. « Au fond, tout cela relève de la question de l’égalité baptismale, que l’on soit laïc ou ordonné, souligne un membre du groupe des experts théologiens du Synode. Chacun de nous doit apporter à l’Église ce qu’il est, car il est une manifestation Dieu. »

Plébiscite de la synodalité

Plus largement, les conclusions du Synode consacrent la méthode souhaitée par le pape François pour réformer la prise de décision dans l’Église. D’abord, la synodalité doit être renforcée par « l’élargissement du nombre de personnes impliquées dans les processus synodaux », en surmontant les résistances de certains catholiques, pour irriguer l’ensemble de la structure ecclésiale. Une révision du Code de droit canonique est ainsi envisagée pour redéfinir et clarifier la place de la synodalité dans l’Église.

Ensuite, le Synode a voté pour l’adoption de la « conversation dans l’Esprit » - cette méthode de discernement adoptée durant les échanges dans la salle Paul-VI - dans l’ensemble de l’Église catholique, en tenant compte des particularités culturelles. « Dans une Église très divisée, l’apprentissage de l’écoute mutuelle est un signal fort, une réussite, se réjouit le théologien jésuite Christoph Theobald, lui aussi membre de l’Assemblée.

Des conclusions définitives dans un an

Autre thème cher au pape et largement repris durant les débats, l’attention de l’Église aux pauvres a fait l’objet d’un long chapitre, remonté parmi les premiers par rapport à la première version du document. Des pauvres qui demandent « de l’amour à l’Église » et qui prennent plusieurs visages : « ceux qui n’ont pas le nécessaire pour mener une vie digne », les « migrants et les réfugiés »« les peuples autochtones, originaires et afro-descendants » , les victimes d’abus, du racisme, de « l’exploitation économique », les « personnes âgées vulnérables »… Les participants au Synode proposent notamment de mieux faire connaître la doctrine sociale de l’Église ou de repenser le diaconat.

Pour mettre en place toutes ces petites révolutions, le rapport trace plusieurs pistes pour remodeler les structures de l’Église et la rendre plus à l’écoute de la base, avec l’obligation pour les évêques de créer un conseil pastoral diocésain et le renforcement des Assemblées continentales, comme du rôle des provinces sous la responsabilité de l’archevêque. L’objectif affiché est de promouvoir la synodalité partout. « L’accent est mis sur une ecclésiologie moins universaliste, décrypte un autre expert présent au Synode. Dans la lignée de Vatican II, c’est une façon d’aborder l’Église à partir de la base, de la communion des Églises locales, dans laquelle l’évêque de Rome reste le garant de l’universalité et de la diversité. »

« Que devrions-nous changer pour que ceux qui se sentent exclus puissent faire l’expérience d’une Église plus accueillante ?, interrogent ainsi les pères et mères synodaux. L’écoute et l’accompagnement ne sont pas seulement des initiatives individuelles, mais une forme d’action ecclésiale. » Ce Synode dessine une Église catholique qui aime mieux accueillir que condamner, mais qui se refuse au périlleux exercice de toucher au dogme.

Les conclusions de l’Assemblée synodale doivent à présent être envoyées à nouveau dans les Églises locales, a indiqué le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du Synode des évêques, lors de la présentation du rapport. « Des recherches canoniques, théologiques et pastorales devront être menées » durant les onze prochains mois sur les thèmes abordés, a-t-il ajouté. Avant que les débats ne reviennent au Vatican et que le pape tire les conclusions définitives d’un processus de quatre années.

Commentaires

  • La question des revendications des homosexuels commence (ou achève) d'être lassante. En effet : il faut savoir que
    1. C'est une infime minorité d'homosexuels qui demande une bénédiction, la grande majorité d'entre eux ne demande rien et ne veut surtout pas que l'Eglise se mêle de leurs façons de vivre;
    2. Je ne vois pas ce que l'Eglise aurait à gagner à demander quelles sont les orientations sexuelles des personnes qui viennent assister à une messe. Cette question relève du confessionnal et non d'une exposition publique.
    3. Je suis déjà passablement agacé de voir, dans de très nombreuses églises, des panneaux ornés d'un arc-en-ciel. Un catholique correctement catéchisé sait que l'arc-en-ciel est le signe de l'Alliance que Dieu a donné après le déluge mais - car il y a un mais - le catéchisme ayant fait défaut, beaucoup de gens pensent que l'arc-en-ciel sert à montrer que la paroisse accueille chaleureusement les personnes se reconnaissant dans les revendications des mouvements LGBTQ+ et tutti quanti. Donc, tournons une fois pour toutes la page des questions se rapportant à l'homosexualité et parlons des progrès que nous devons tous faire sur les chemins qui mènent à la sainteté. Ce sera amplement suffisant et bien plus intéressant que les palabres qui font le bonheur des groupes de réflexions qui ne représentent qu'eux-mêmes.

  • Ce qui se dégage de cette première session est du vent. Tout ça pour ça ! C'est exactement ce que j'avais prévu. On va soumettre ce blabla aux diocèses pour instaurer d'autres blablas au niveau local, que l'on va faire remonter à Rome pour d'autres blablas. Pensons au nombre de voyages, aux tonnes de papier, aux innombrables bureaucrates consacrés à cette entreprise remarquable. C'est l'image de l'impuissance de l'Eglise actuelle. Une Eglise incapable de lignes claires et de décisions concrètes.
    L'examen du sujet du célibat sacerdotal, pour lequel il n'y a pas d'objections théologiques, est reporté à... plus tard alors qu'il s'agissait de la question la plus importante et la plus urgente étant donné toutes les dérives observées dans le monde.
    Parmi elles, la double vie de certains prêtres, très courante en Afrique. De plus, le célibat obligatoire a pour conséquence d'attirer les candidats homosexuels pour lesquels le renoncement au mariage n'est pas un sacrifice et qui acquièrent ainsi un statut social et un paravent . Quand on sait que , en très grande majorité, les abuseurs de mineurs sont des homosexuels, il faudrait changer la discipline si l'on veut juguler le fléau des abus. Du moins, il conviendrait de s'interroger au lieu de repousser la question.
    Quant à l'attention en faveur des pauvres en tout genre, l'Eglise la promeut depuis 2000 ans ! Personne ne va voter contre !
    Ce rapport veut simplement donner l'illusion de l'unité en n'abordant pas clairement les vraies questions.

  • Les homosexuels ont demandé de pouvoir donner leur sang; On les a autorisés et depuis ils ne se pressent pas pour le donner. Ce sera la même chose pour les bénédictions. On fait pression et une fois qu'on a obtenu satisfaction , on s'en désintéresse. Il faut savoir que ces personnes ont de relations sexuelles nombreuses notamment pendant leur jeune âge et que ces couples sont très instables. Ce que propose l'Eglise dans son catéchisme est très sage et n'a pas besoin d'être modifié.
    Le pape a dit récemment dans une entrevue que le mariage des prêtres, l'ordination des femmes comme diacres et prêtres n'était pas d'actualité. Pourquoi faire un synode couteux qui n'aura aucun intérêt et suite?
    (Dans les années 90,la mode était aux synodes diocésains, qu'en reste-il ? Rien).
    Cela entraine des divisions inutiles. On aurait aimé un synode pour être comme un congrès évangélisation avec mise en commun de toutes les idées en ce sens. Il faut tout oser comme le disait St Eugène de Mazenod.

  • Mille fois d'accord avec Denis Crouan !

  • Il est peut-être heureux que cela n'ait accouché de rien. Car il y a des accouchements, sous Césarien, qui causent de la douleur.
    Ce qui avait été semé pouvait-il féconder quelque chose, même si des femmes étaient de la partie ?

  • Si ce Synode, en permettant aux gens de s'exprimer, permet, sans rien changer sur le fond, de calmer l'Eglise d'Allemagne et les progressistes, c'est alors une grande réussite.
    Je serais tout de même étonné qu'ils acceptent un tel non-résultat. Il faudra voir ce qui se passera l'année prochaine.

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