De l'abbé Christophe Cossement sur son blog :
L’Esprit réalise la paix
homélie de l’Ascension, 29 mai 2025
Avez-vous parfois comme moi la nostalgie des quelques années de la vie publique du Christ, quand on pouvait aller ici ou là l’écouter, assister à un de ses miracles, sentir son regard posé sur les gens ? Comme cela devait être motivant de pouvoir dire à un membre de notre famille ou un ami : viens écouter quelqu’un qui change la vie ! Le Christ pourrait nous sembler moins accessible aujourd’hui qu’en ce temps-là, mais il nous dit que c’est le contraire. Cela nous motive à chercher comment mieux vivre en chrétien après l’Ascension, dans le régime de la foi pure.
Écoutons d’abord les mots du Seigneur à ses disciples, qui leur donne en quelque sorte le programme dont nous vivons encore 2000 ans plus tard : à vous d’être témoins de la souffrance du Christ, de sa résurrection, de la conversion que l’on peut vivre en son nom pour le pardon de nos péchés ! À vous d’accueillir le baptême dans l’Esprit Saint, qui réalise la grande communion avec Dieu. Jésus avait dit au sujet du don de l’Esprit que c’est lui qui rendait son ascension intéressante : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16,7).
Aujourd’hui commence la première neuvaine de l’histoire des chrétiens, la neuvaine avant la Pentecôte qui nous fait demander davantage le don du Saint-Esprit. Le chrétien vit de la vie du Christ par le Saint-Esprit. C’est lui qui réalise l’intimité avec Dieu, cette intimité qui est la nourriture de notre cœur et de notre âme. Les apôtres ne doivent pas rester là à regarder vers le ciel — le ciel est une image de ce qui nous dépasse, un symbole du transcendant — car le ciel s’ouvre dans leur cœur. Avec l’Esprit commence cette intimité avec le Père qui nous fortifie et nous pousse à être témoins, à proposer à d’autres ce contact avec le Dieu vivant qui nous restaure et nous nourrit de son amour. Tout avait commencé au baptême de Jésus (Lc 3), où le ciel s’ouvrit et l’Esprit descendit sur Jésus. Maintenant l’Esprit veut descendre sur chacun de nous. Jésus a obtenu pour nous ce don, par son sacrifice, détruisant le péché, c’est-à-dire ce qui empêche l’intimité avec Dieu. Il a inauguré pour nous « un chemin nouveau et vivant » (He 10,20), par lequel nous pouvons avancer vers Dieu avec un cœur en paix.
L’âme qui se laisse ainsi nourrir par Dieu plutôt que par ses conquêtes personnelles devient vraiment capable de paix. Elle est capable de chercher la justice par-dessus ses intérêts propres. Elle devient un point d’ancrage pour le Royaume que le Christ a inauguré. Elle comprend que ses désirs infinis ne seront pas comblés par les biens finis de la terre, mais seulement par l’amour infini du Créateur. Alors elle devient capable de changer le monde. « Acquiers la paix, et des milliers autour de toi trouveront le salut », disaint saint Séraphim de Sarov.